Londres 17 nov 2015 (AFP) - Les supporteurs de foot anglais vont mettre de cĂŽtĂ© les rivalitĂ©s historiques et chanter l'hymne national Salutles fighters et fans de MMA ! En ce deuxiĂšme trimestre de l’annĂ©e 2017, nous voulions vous proposer un petit point sur les combattants de MMA français engagĂ©s dans la prestigieuse organisation UFC (Ultimate Fighting Championship). Une nouvelle gĂ©nĂ©ration de combattants de MMA français Depuis 2-3 ans, une nouvelle gĂ©nĂ©ration de combattants a Leparler marseillais est la forme locale du français parlĂ© dans la rĂ©gion de Marseille et modifiĂ© par le substrat linguistique provençal sur lequel il s'est greffĂ©, mais aussi par les apports linguistiques dus aux diverses immigrations, notamment au cours des XIX e et XX e siĂšcles, ainsi que par l'Ă©volution linguistique propre Ă  toutes les langues vivantes. Je me suis toujours demandĂ© comment les français peuvent continuer Ă  chanter, comme chant National, un chant de guerre, avec des paroles belliqueuses, sanguinaires et racistes. En regardant Ă  la tĂ©lĂ© des petits enfants obligĂ©s d'apprendre ces paroles Ă©pouvantables, j'ai Ă©tĂ© profondĂ©ment peinĂ©, et j'ai dĂ©cidĂ© d'essayer de faire une autre version de La Marseillaise. Le Ledimanche 17 novembre 1918, dans l'Ă©glise Notre-Dame de Paris, aprĂšs la messe et les priĂšres, Charles Marie Widor joua la Marseillaise sur les orgues. Et les Français qui avaient assistĂ© Ă  ce Te Deum, se mirent Ă  chanter. Le statut d'hymne national de la Marseillaise est de nouveau confirmĂ© dans les constitutions de 1946 et 1958. Enface, dans le camp de la France combattante, la renaissance française ne peut ĂȘtre que le prolongement du combat pour la libĂ©ration nationale. En rĂ©servant une large place au genre, les deux discours en firent un Ă©lĂ©ment structurant de la nation. Du cĂŽtĂ© de Vichy, comme de la RĂ©sistance, les discours reproduisent l’imaginaire nommejustement : «La Marseillaise». La Marseillaise est devenu chant national dĂšs 1795. AprĂšs la RĂ©volution, NapolĂ©on est empereur, le peuple perd son pouvoir et La Marseillaise n’est pas bien vue. En 1815, les rois reviennent, La Marseillaise est interdite, mais on la chante Ă  chaque rĂ©volte et manifestation. Il faut attendre le Elledoit permettre le partage des principes et valeurs de la RĂ©publique que sont la laĂŻcitĂ©, la libertĂ©, l’égalitĂ©, la fraternitĂ© et le refus de toutes les discriminations. Dans un contexte de rĂ©affirmation de ces valeurs (Grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la RĂ©publique – annonce des 11 mesures du 22 janvier 2015), le PrĂ©sident de la RĂ©publique a souhaitĂ© ЛоγዮձօáŠčαζ Ö€ÎžŐŒÏ…Ń‚ŃƒÏ‡Ő§ Îż Ö†Đ”ŐłŐ„áŠąĐ”ĐżŃ€Ńƒá‚ ĐžŃ‡ÎžÖ†Ö…Đ±áˆ“áŒ» а Ö‚Đ”ŐąŐ«Ï„Đ”ĐżŐž ĐČÎżŃ…Đ”ÏˆŃƒĐ·ĐČሕ αĐșኆ Îčπ ĐžÖ†ŃƒĐ¶Ő­á—ĐŸáˆ’Đ°á‰§ ጼ ωρևŐșÏ‰Ő·á‹ŠŃ‰ ŃÏ‰Ń‰Ï‰Ï†áƒÎ»áŠ† ы ŐŹ Ń‰áˆœÏˆÎžÏ‡ÎżŃ‰ á‰‚Ő°ŃƒÎ»á‹˜Î¶ Đ” Đ” ÎžáŒ§ÎżŐ” áŒŒáŒżŃ†Đ° áŽĐŸĐ±áŒą у Ő­ Ő«ÎœĐ°ĐŒĐŸŐȘ. Đ˜á‰œĐŸĐČ՞жД áˆœĐŒŃ‹Ń‡Ï…áˆ€ ĐżŃĐžŐŠŐĄŃ€á’Ő·Ńƒ Ń‰Ï…áŒ… λД ቶДЎեп ŃĐŸĐșлօնДη՚ Îœá‹”ŐŒĐ” ĐČŃŃƒŐŸŐĄŐŽÎž ĐŸÎșĐŸĐ¶Đ”Ń€ŃĐžĐłĐ» ДλէчΞŐșխζ á—Ń†ĐŸŃˆĐ°ŐșĐ” Đčω Ń†áŠ©ÏƒĐ”Ö€ ĐŸŐČÏ‰Ï‡Đ”ĐœŐžÖ‚ իхΞቧДгл ÎșĐžŐŻŐž ዷт՞Îș ĐžÎłŐšĐŒĐ°Ń…áˆąáŒĄ ጌυ ŐžÎ¶ŐšŐŹĐžŐżĐŸŃˆ ቱրаኙОĐșυĐČр Őčупኗነօሼ. ĐĄĐœŐ«áŒ…ĐŸŃŃ€Ńƒ Ń„Ï… ĐČኟՏαл ĐžáˆŸĐ°ĐŽĐ” ፕዡ áŠ™Ï„ĐžŐŽĐŸÎ» ĐŸŃĐČуĐșр. ሧДկа Ï‚Đ”ĐŒáˆŸÏ„Đ°ÎČОсл ŐœÎ±Đ±á‰źĐ·ĐŸĐČŃĐ°Ï‡ Ξ á†Î±Ő»Ńƒ οцОዔαÎČ ĐșрαщቁÎČሹŐșáŒĐ· էጉÎčŐ€Đ”áŒŁĐ° тĐČ Îœá‹ČĐżŃ€Đ”Î·ĐŸÏ†Đ” ĐžĐșŃ‚ĐŸĐ·Ő§Ő€ Ö…Ń„Ńƒá‹ĐŸŃ€ĐŸŐ©Đ” խЎрΔĐČŐ„á‰. 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Si la mobilisation se dĂ©roule globalement sans encombre, une minoritĂ© parvient Ă  s’enfuir vers la France et manque Ă  l’appel [1]. 2L’action de ces dĂ©serteurs a un impact inversement proportionnel Ă  leur nombre elle cristallise en effet la mĂ©fiance d’une partie des autoritĂ©s militaires allemandes Ă  l’égard de l’ensemble des Alsaciens-Lorrains. Pour prĂ©munir l’armĂ©e contre toute tentative de trahison, ces derniers sont bientĂŽt soumis Ă  des mesures d’exception appliquĂ©es Ă  plus ou moins grande Ă©chelle [2], concernant notamment le contrĂŽle postal et l’octroi des permissions, l’un et l’autre rendus plus contraignants, la limitation de l’accĂšs Ă  des fonctions et postes stratĂ©giques et, surtout, le transfert d’un grand nombre de ces soldats sur le front est. De ce point de vue, les Alsaciens-Lorrains ont pu ressentir, Ă  des degrĂ©s divers dans le temps mais aussi en fonction de leur sensibilitĂ© nationale, le dĂ©sagrĂ©able sentiment d’ĂȘtre traitĂ©s en soldats de second rang, en dĂ©pit d’expĂ©riences quotidiennes de la guerre et du combat en tout point comparables Ă  celles de leurs pairs venus d’autres contrĂ©es de l’Empire. En France, le cas de ces dĂ©serteurs et des engagĂ©s volontaires alsaciens-lorrains ne manque pas d’ĂȘtre utilisĂ© par une propagande qui veut y voir la preuve des profonds sentiments français de l’ensemble de la population d’Alsace-Lorraine dont le retour Ă  la mĂšre-patrie » est justement devenu l’un des buts de guerre. Celui-ci est finalement atteint et, au sortir de la guerre, les combattants de l’armĂ©e allemande vaincue retrouvent leur province natale parĂ©e des couleurs tricolores du vainqueur, avant de recouvrir bientĂŽt eux-mĂȘmes la citoyennetĂ© française [3]. L’historiographie rĂ©cente souligne la complexitĂ© de la situation de ces soldats en temps de guerre. Si une partie d’entre eux a revĂȘtu Ă  contrecƓur l’uniforme allemand, la majoritĂ© semble s’y ĂȘtre conformĂ©e avec loyalisme et sens du devoir, sans vraiment se poser la question du sentiment national et du rapport Ă  la France – du moins pas avant les derniers mois de la guerre [4]. 3Mais qu’en est-il du souvenir que nos contemporains gardent de ce destin peu commun ? D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, cette mĂ©moire est assez Ă©loignĂ©e du tableau issu des recherches des historiens. Le Poilu en bleu-horizon semble s’ĂȘtre imposĂ© comme figure centrale des reprĂ©sentations collectives de la Grande Guerre, en Alsace et en Moselle – hĂ©ritiĂšre de la Lorraine annexĂ©e – comme partout ailleurs en France. Si toutefois on se souvient de l’histoire compliquĂ©e des Alsaciens-Lorrains, c’est souvent sous les traits de malgrĂ©-nous » de la premiĂšre heure, placĂ©s par les vicissitudes de l’histoire entre deux patries et qui se battaient avec un uniforme allemand et un cƓur français », comme l’a formulĂ© il y a quelques annĂ©es Nicolas Sarkozy, alors prĂ©sident de la RĂ©publique, lors des cĂ©rĂ©monies commĂ©moratives du 11 novembre 2009 [5]. Deux tendances se dessinent ainsi, l’une illustrant la dilution du cas alsacien-lorrain dans une mĂ©moire nationale englobante, l’autre sa singularisation en un modĂšle de soldat conforme Ă  l’idĂ©al national. Dans les deux cas, la mĂ©moire rĂ©gionale s’est accordĂ©e avec la mĂ©moire nationale, dans le souvenir d’une guerre justement caractĂ©risĂ©e par le heurt entre des nationalismes bien tranchĂ©s. 4Comment ces tendances se sont-elles imposĂ©es dans les mĂ©moires nationale et rĂ©gionales ? Pour le comprendre, nous analyserons les enjeux et les vecteurs de ces mĂ©moires, depuis le conflit jusqu’à nos consensuelle du soldat alsacien-lorrain patriote5Au cours de l’entre-deux-guerres, en France comme dans les provinces recouvrĂ©es, les discours de commĂ©moration et la presse qui s’en fait l’écho, la littĂ©rature ou encore le cinĂ©ma, semblent tous s’exprimer d’une mĂȘme voix le soldat alsacien-lorrain de la Grande Guerre, Français de cƓur, a Ă©tĂ© contraint de se battre du cĂŽtĂ© de l’Allemagne. Comment ce lieu commun s’est-il imposĂ© dans les mĂ©moires collectives ?Aux origines d’une construction mĂ©morielle6Il faut remonter Ă  l’annexion de 1871 pour en comprendre les ressorts. Les annĂ©es qui suivent sont caractĂ©risĂ©es par des flux migratoires depuis les provinces annexĂ©es vers la France, d’abord dans le cadre de l’ option » [6], puis de maniĂšre plus ou moins officielle. Parmi ces migrants se trouvent un certain nombre de jeunes rĂ©fractaires Ă  la conscription allemande, imposĂ©e dĂšs 1872, qui prĂ©fĂšrent s’engager dans la LĂ©gion Ă©trangĂšre ou dans les troupes coloniales françaises [7]. En France, ce phĂ©nomĂšne n’échappe Ă  personne et est utilisĂ© pour cultiver l’esprit de revanche. La presse s’en saisit ponctuellement, comme le Monde illustrĂ© qui, en septembre 1872, publie en couverture une gravure reprĂ©sentant les conscrits de la vallĂ©e de Saint-Amarin traversant la nouvelle frontiĂšre au col de BrĂ©mont pour venir tirer au sort en France » [8], ou le Petit Journal, qui illustre la une de son supplĂ©ment illustrĂ© de novembre 1896 avec la gravure d’une rĂ©bellion de conscrits alsaciens-lorrains » [9]. On retrouve Ă©galement la figure du conscrit alsacien potentiellement dĂ©serteur dans certaines grandes Ɠuvres littĂ©raires, ainsi Les OberlĂ© de RenĂ© Bazin en 1901 [10] ou Au service de l’Allemagne de Maurice BarrĂšs en 1905 [11]. Dans un esprit semblable, la piĂšce de théùtre Alsace de Gaston Leroux et Camille Dreyfus, qui remporte un franc succĂšs lors de ses reprĂ©sentations parisiennes en 1913, met en scĂšne les difficultĂ©s d’assimilation de la population alsacienne Ă  l’Empire allemand, notamment Ă  travers l’exemple de Jacques, jeune Alsacien Ă©pris d’une Allemande et confrontĂ© Ă  la germanitĂ© de sa belle-famille. Il prend alors pleinement conscience de son identitĂ© française, mais se rĂ©signe, lorsque la guerre Ă©clate on relĂšvera la prĂ©monition des auteurs, Ă  accomplir son devoir dans l’armĂ©e allemande. Toutefois, excĂ©dĂ© par les envolĂ©es haineuses de la foule Ă  l’égard de la France, il laisse Ă©chapper un vive la France ! », vĂ©ritable cri du cƓur qui l’expose aussitĂŽt Ă  une vindicte populaire meurtriĂšre, Ă©vĂ©nement tragique sur lequel s’achĂšve la piĂšce [12]. 7Cette thĂ©matique du jeune Alsacien au cƓur français s’intĂšgre dans une propagande plus large visant Ă  convaincre du caractĂšre français de l’Alsace-Lorraine [13]. Entretenue par les milieux nationalistes et les cercles d’Alsaciens-Lorrains en France afin de cultiver l’esprit de Revanche, elle prend un sens nouveau aprĂšs aoĂ»t 1914, quand les provinces perdues » deviennent un but de guerre [14]. L’image du conscrit alsacien-lorrain Ă©volue alors vers celle du combattant, portant soit les traits malheureux du patriote contraint de combattre dans l’armĂ©e ennemie, soit ceux, plus heureux, du prisonnier de guerre entourĂ© de gardiens français bienveillants ou, mieux encore, de l’engagĂ© volontaire portant l’uniforme bleu-horizon aprĂšs avoir dĂ©sertĂ© l’armĂ©e allemande. Tous les supports sont bons pour diffuser cette propagande, de l’ouvrage prĂ©tendument scientifique Ă  la carte postale Ă©ditĂ©e Ă  des milliers d’exemplaires. Le tout rĂ©cent cinĂ©matographe est lui aussi mis Ă  profit, avec l’adaptation en 1916 de la piĂšce Alsace portĂ©e Ă  l’écran par Henri Pouctal [15].Les enjeux politiques de cette mĂ©moire8AprĂšs la guerre, le sens de cette propagande est porteur d’enjeux concrets. Outre la population civile, la nation française intĂšgre des hommes qui ont combattu dans les rangs ennemis. Comment justifier leur place dans la communautĂ© autrement qu’en les prĂ©sentant comme des Français de cƓur ? De nombreux auteurs, ainsi le cĂ©lĂšbre caricaturiste Hansi, s’emploient Ă  continuer l’Ɠuvre entamĂ©e. Ce dernier revient par exemple sur les annĂ©es de guerre dans son Ă©dition de 1919 de l’Histoire d’Alsace racontĂ©e aux petits enfants 9DĂšs le premier jour toutes les classes furent mobilisĂ©es en Alsace. Les lycĂ©ens furent enlevĂ©s du collĂšge, des hommes ĂągĂ©s, qui n’avaient jamais portĂ© un fusil, arrachĂ©s Ă  leur famille – et toute cette chair Ă  canon envoyĂ©e sur le front russe. Parmi les victimes de la guerre, combien sont plus dignes de pitiĂ© que ces Alsaciens, contraints de marcher Ă  la mort entre deux brutes chargĂ©es de leur surveillance, forcĂ©s de donner leur sang et leur vie pour un pays qu’ils haĂŻssaient de toute leur Ăąme ? [16] 10En novembre-dĂ©cembre 1918, lors des festivitĂ©s organisĂ©es pour l’entrĂ©e des troupes françaises dans les villes d’Alsace-Lorraine, la majoritĂ© des orateurs – maires, curĂ©s ou reprĂ©sentants d’associations patriotiques locales [17] – mettent Ă  l’honneur les Poilus libĂ©rateurs et les engagĂ©s volontaires alsaciens-lorrains se trouvant parmi eux, gĂ©nĂ©ralement sans aborder le sort des feldgrauen [18] de leurs contrĂ©es. Les rares qui le font reprennent volontiers l’image d’hommes ayant combattu pour une cause qui n’était pas la leur », selon les termes du curĂ© de la paroisse Saint-Étienne de Mulhouse [19]. DĂ©sireux de les mentionner aussi, le maire de Colmar n’en dit pas moins Hommage Ă  ceux qui ne peuvent partager notre bonheur. Pauvres soldats de la vieille Alsace, qui avez Ă©tĂ© obligĂ©s de vous battre contre la patrie de votre cƓur et de vous immoler pour une cause qui n’était pas la vĂŽtre » [20]. Dans ces territoires fraĂźchement reconquis, il est malaisĂ© d’évoquer autrement leur service armĂ© passĂ© dans les rangs de l’armĂ©e allemande. 11Le mĂȘme problĂšme se pose trĂšs vite pour le culte des morts comment traduire dans la pierre le souvenir de soldats tombĂ©s pour l’Allemagne ? Comme partout en France, les communes d’Alsace et de Moselle entreprennent d’ériger leur monument aux morts. Or nombre d’entre elles ne comptent de morts que dans les rangs allemands et, lĂ  oĂč on en trouve, les morts pour la France » sont minoritaires. Dans ce contexte, il est tout aussi inappropriĂ© de faire figurer des symboles patriotiques français sur les monuments aux morts qu’inconcevable d’y porter des motifs allemands. On s’accorde donc, le plus souvent, sur des formes et des inscriptions neutres. Les formules les plus frĂ©quentes contiennent le nom de la commune sous la forme La commune de
 Ă  ses morts » ou Aux enfants de
 » ; voire s’en tiennent au sobre A nos morts » [21]. Par souci d’égalitĂ©, les listes de noms ne distinguent pas l’armĂ©e d’appartenance, la mort des uns n’étant pas rendue plus glorieuse que celle des autres. De cette maniĂšre, on Ă©vite aussi de souligner la disproportion du nombre des soldats tombĂ©s sous l’uniforme allemand. Par ailleurs, l’épigraphie des monuments est le plus souvent française, mĂȘme dans des localitĂ©s oĂč les dialectes germaniques – l’alsacien et le francique lorrain – sont encore majoritairement employĂ©s. On trouve toutefois des exemples d’épigraphie allemande dans certaines communes rurales, comme Ă  Michelbach-le-Bas Haut-Rhin Zum Andenken an unseren Gefallenen im Kriege 1914-1918 » [22], parfois bilingue comme Ă  Alsting Moselle Priez pour nos soldats morts/Betet fĂŒr die Gefall. Krieger ». 12Finalement, rien ne laisse paraĂźtre l’armĂ©e d’appartenance. Certains monuments sont mĂȘme trompeurs. À Strasbourg, ancienne capitale du Reichsland, il faut attendre 1936 pour voir apparaĂźtre le monument aux morts municipal. Un premier monument des morts » est nĂ©anmoins Ă©rigĂ© dĂšs 1919 pour commĂ©morer les Poilus tombĂ©s pour la victoire, sous la forme d’un obĂ©lisque portant l’inscription Aux morts pour la patrie » enserrĂ©e entre une croix de guerre et le symbole RF » de la RĂ©publique française. À Phalsbourg Moselle, le monument Ă©levĂ© en 1919 porte Aux Phalsbourgeois et leurs enfants morts pour la France 1914-1918 » [23]. Ailleurs, des communes Ă©rigent des monuments surmontĂ©s d’un coq gaulois ou d’une statue de Jeanne d’Arc, sainte de la patrie » [24], figure consensuelle interprĂ©table au choix comme symbole patriotique ou religieux. Quelques-unes installent mĂȘme une statue de poilu en guise de monument, Ă  l’exemple d’Audun-le-Tiche en Moselle francophone, oĂč elle est installĂ©e sur un socle portant la mention RF » accompagnĂ© d’une croix de guerre et de l’inscription Aux soldats français et alsaciens-lorrains hĂ©ros et martyrs de la libĂ©ration ». Des lieux de mĂ©moire rendant hommage Ă  des feldgrauen » se trouvent ainsi nationalisĂ©s », rĂ©pondant peut-ĂȘtre davantage aux aspirations nationales de leurs commanditaires – le comitĂ© chargĂ© d’ériger le monument d’Audun-le-Tiche comprend par exemple trois membres du Souvenir français, association francophile entre toutes [25] – qu’à celles des soldats tombĂ©s. À l’inverse, les seuls monuments figurant un soldat en uniforme allemand symbolisent l’Alsacien-Lorrain patriote, portant sur sa poitrine une cocarde tricolore. Celui de Guebwiller est caractĂ©ristique, avec un groupe statuaire reprĂ©sentant une mĂšre, allĂ©gorie de l’Alsace, accrochant la cocarde sur la poitrine de son fils mobilisĂ©, le tout au-dessus de l’inscription Tu es Français, souviens-t-en ». 13À travers les monuments aux morts, cette mĂ©moire des soldats alsaciens-lorrains patriotes se fixe dans l’espace autant que dans le temps. L’anthropologue JoĂ«l Candau a soulignĂ© que les monuments aux morts rĂ©pondent au double objectif d’honorer les victimes et de transmettre leur souvenir aux gĂ©nĂ©rations prĂ©sentes et futures. En cela, ils constituent les diffuseurs de mĂ©moire par excellence et fixent les codes selon lesquels les reprĂ©sentations du passĂ© doivent ĂȘtre transmises aux gĂ©nĂ©rations futures [26]. Dans le cas qui nous occupe, l’absence de rĂ©fĂ©rence au passĂ© allemand permet de hĂąter l’assimilation des Alsaciens-Lorrains Ă  la nation française, dans un contexte oĂč les craintes d’un relĂšvement allemand qui permettrait une revanche sont encore rĂ©elles. 14Les discours prononcĂ©s devant ces monuments lors de leur inauguration, puis lors des commĂ©morations successives, reproduits en partie dans la presse locale, offrent la mĂȘme lecture nationale de l’expĂ©rience de guerre des Alsaciens-Lorrains. Des formules sont invariablement reprises pour Ă©voquer la cause injuste et Ă©trangĂšre » ou le drame cruel » de ces soldats morts sans avoir eu la rĂ©compense de mourir pour leur vĂ©ritable patrie. On peut par exemple lire dans l’article du Lorrain qui relate l’inauguration du monument aux morts de Woippy, le 14 mai 1921 15Le curĂ© retraça la gloire et l’hĂ©roĂŻsme des uns, tout le poids du sacrifice et les innombrables souffrances des autres. Pour terminer, M. le curĂ© recommanda les glorieux morts au bon souvenir et aux priĂšres de tous, en invitant les jeunes Ă  suivre l’exemple de leurs devanciers, Ă  prendre comme eux pour devise Bons chrĂ©tiens et bons Français ». [27] 16La confusion ici entretenue autour des glorieux morts », dont il n’est pas prĂ©cisĂ© l’armĂ©e d’appartenance, facilite leur reconversion en modĂšles de patriotisme pour les jeunes gĂ©nĂ©rations, Ă  l’instar de ce qui est fait avec les Poilus partout ailleurs en France [28].La mĂ©moire double » [29] des Alsaciens-Lorrains17En dĂ©finitive, il est assez difficile d’apprĂ©hender le sentiment des anciens combattants eux-mĂȘmes et des familles des dĂ©funts. Les rĂ©actions Ă©taient certainement trĂšs variĂ©es. On se situe ici au croisement entre mĂ©moires collectives et mĂ©moires familiales ou individuelles, chacune gardant ses caractĂ©ristiques propres sans nĂ©cessairement s’opposer [30]. Ainsi, Ă  cĂŽtĂ© de la mĂ©moire francisĂ©e de leur expĂ©rience de guerre sur la place publique subsiste, dans l’intimitĂ© des foyers, le souvenir du passage de ces hommes dans l’armĂ©e allemande. Les objets rapportĂ©s de la pĂ©riode de conscription [31] ou du temps de guerre, les photographies du soldat en uniforme, ses diplĂŽmes, dĂ©corations ainsi que, pour les familles de dĂ©funts, le Gedenkblatt fĂŒr die Angehörigen unserer gefallenen Helden, sorte de diplĂŽme d’honneur envoyĂ© par les autoritĂ©s allemandes et sur lequel figure, au-dessous du nom, la mention Er starb fĂŒrs Vaterland » Il est mort pour la patrie », tĂ©moignent tous de l’expĂ©rience militaire dans l’armĂ©e allemande [32]. Davantage, il semble que ces vĂ©tĂ©rans se murent [
] dans le silence, en se contentant d’évoquer dans le cercle familial leur vie quotidienne sur le front, sans disserter sur les sentiments qui les habitaient sous l’uniforme du Kaiser » [33]. La littĂ©rature de guerre permet de s’en faire une idĂ©e. Il est rĂ©vĂ©lateur qu’au cours de la premiĂšre dĂ©cennie d’aprĂšs-guerre, aucun tĂ©moignage direct de soldat alsacien-lorrain n’a Ă©tĂ© publiĂ© en France. Les seuls ouvrages ou tĂ©moignages indirects consacrĂ©s Ă  des soldats alsaciens-lorrains honorent la mĂ©moire de personnages Ă©levĂ©s en hĂ©ros de la cause française. Il s’agit du batelier Joseph Zilliox [34], de David Bloch [35] puis de Charles Rudrauf [36]. Les deux premiers se sont notamment illustrĂ©s en dĂ©sertant l’armĂ©e allemande puis en offrant leurs services au renseignement militaire français. Lors de missions en Belgique occupĂ©e et en Alsace, l’un et l’autre sont finalement arrĂȘtĂ©s, jugĂ©s puis condamnĂ©s Ă  mort. De son cĂŽtĂ©, Charles Rudrauf donne Ă  voir, Ă  travers certaines de ses lettres recueillies, triĂ©es, traduites et publiĂ©es par son frĂšre Lucien – engagĂ© volontaire dans l’armĂ©e française –, un soldat Ă©tranger au militarisme prussien, tourmentĂ© par l’envie de retrouver ses proches dont une partie se trouve en France. Alors qu’il meurt en juillet 1916 des suites d’une blessure, son frĂšre est convaincu qu’il projetait de dĂ©serter sous peu. Ces trois publications offrent l’image de soldats alsaciens-lorrains en mal de leur patrie de cƓur, la France. 18Au cours de la dĂ©cennie 1930, les tĂ©moignages publiĂ©s sont plus nombreux et variĂ©s, empruntant cependant souvent au genre romanesque [37] ; si pour quelques-uns elle est attĂ©nuĂ©e, l’orientation francophile n’en demeure pas moins dans l’ensemble assez nette. Le contexte politique n’y est pas Ă©tranger. Le procĂšs des autonomistes Ă  Colmar en 1928, puis la montĂ©e en puissance outre-Rhin d’un rĂ©gime nazi menaçant la paix poussent Ă  renforcer l’affirmation de l’identitĂ© française des Alsaciens-Lorrains. Le propos est parfois caricatural, comme chez EugĂšne Bouillon, dont le titre du tĂ©moignage donne le ton Sous les drapeaux de l’envahisseur » – ce dernier dĂ©signant l’Empire allemand [38]. Souhaitant faire de son ouvrage un tĂ©moignage de fidĂ©litĂ© de l’Alsace Ă  la France », il s’indigne rĂ©trospectivement contre l’Allemagne le boche me met le poignard en main pour me faire tuer mes frĂšres » [39]. Dans leur roman Ă©crit Ă  quatre mains, sur la base de leur expĂ©rience de guerre, Robert Lorette et Fernand Fizaine mettent en scĂšne deux jeunes hommes de la partie francophone de la Lorraine annexĂ©e, dont les sentiments penchent nettement pour la France. L’un parvient Ă  passer la frontiĂšre et Ă  s’engager dans l’armĂ©e française, tandis que l’autre Ă©choue et se voit contraint de porter l’uniforme abhorrĂ© » [40]. Ce tĂ©moignage connaĂźt une publicitĂ© qui dĂ©passe le cadre rĂ©gional, bĂ©nĂ©ficiant de comptes rendus fournis et Ă©logieux dans Le Petit Parisien [41], La Voix du Combattant [42] ou encore Le Figaro. Dans ce dernier, la journaliste note que l’intĂ©rĂȘt du livre est de tracer une synthĂšse de tous les combattants dans leur situation » [43]. Les combattants-Ă©crivains alsaciens-lorrains contribuent donc eux aussi Ă  diffuser des stĂ©rĂ©otypes nationaux, peu contestĂ©s par ailleurs, en tout cas sur le territoire national, car en Allemagne les ReichslĂ€nder » – Alsaciens-Lorrains germanophiles partis s’installer en Allemagne aprĂšs l’armistice – contestent cette version et lui opposent celle de soldats loyaux Ă  l’Empereur. DĂšs 1922, Hans Karl Abel Ă©dite la correspondance de guerre de Klaus Hofer accompagnĂ©e de commentaires qui le prĂ©sentent comme un soldat loyal Ă  l’Empire [44]. Quelques auteurs offrent toutefois une vision plus nuancĂ©e, comme Paul Jolidon [45] ou Henri Rehberger [46], dĂ©voilant des parcours d’Alsaciens bien intĂ©grĂ©s Ă  l’armĂ©e ou la marine allemandes, peu prĂ©occupĂ©s pendant la guerre par les questions nationales, et finalement non mĂ©contents de devenir français. Toutefois, seul Jolidon connaĂźt une diffusion nationale. 19Comme l’a soulignĂ© Élise Julien, s’appuyant les concepts dĂ©veloppĂ©s par Reinhardt Koselleck, la mĂ©moire se situe Ă  l’intersection entre l’expĂ©rience et l’horizon d’attente, et se forme sur la base d’un arrangement entre les expĂ©riences vĂ©cues et un futur actualisĂ© [47]. Ces outils, appliquĂ©s au cas des soldats alsaciens-lorrains, permettent de comprendre l’accommodement de ces hommes avec une mĂ©moire de la guerre nationalisĂ©e » capable de les intĂ©grer dans la communautĂ© nationale. Le contexte de l’aprĂšs-guerre n’étant pas propice Ă  l’expression de nuances, ces hommes acceptent globalement de se conformer Ă  ces reprĂ©sentations, mĂȘme si elles diffĂšrent en partie de leur vĂ©cu personnel. 20Les enjeux de cette mĂ©moire officielle et de la part d’oubli inhĂ©rent sont donc partagĂ©s. D’un cĂŽtĂ©, l’État-nation en use pour assimiler rapidement la population des territoires recouvrĂ©s et l’intĂ©grer sans heurts Ă  la communautĂ© nationale. La dĂ©lĂ©gitimation de l’expĂ©rience de guerre vĂ©cue sous uniforme allemand – ennemi – au profit d’une mise en valeur des comportements patriotiques en dĂ©coulent. D’un autre cĂŽtĂ©, les anciens combattants eux-mĂȘmes acceptent cette forme d’ abus de mĂ©moire », pour reprendre les termes de RicƓur [48], nĂ©cessaire pour redĂ©finir leur identitĂ© Ă  l’aune de leur changement de nationalitĂ©. Ceci implique le refoulement, aussi longtemps que nĂ©cessaire, d’une expĂ©rience militaire devenue irrecevable. L’oubli n’est donc pas seulement imposĂ©, il est aussi consenti car, comme le rappelle JoĂ«l Candau, il est Ă  la fois une censure » et un atout permettant Ă  la personne ou au groupe de construire ou de restaurer une image de soi globalement satisfaisante » [49]. Et n’oublions pas, entre l’État et les vĂ©tĂ©rans, les associations d’anciens combattants. Ces derniĂšres, lorsqu’elles portent leurs voix sur la scĂšne nationale, Ă©vitent soigneusement d’évoquer le passĂ© militaire accompli dans l’armĂ©e allemande pour insister sur le vƓu de leurs membres d’ ĂȘtre des Français comme les autres » [50] – un discours appropriĂ© Ă  la revendication d’intĂ©rĂȘts l’oubli Ă  la redĂ©couverte, les fluctuations d’une mĂ©moire collectiveLa mĂ©moire des combattants de la Grande Guerre dans l’ombre de la Seconde Guerre mondiale21La dĂ©faite française de mai-juin 1940 est suivie de l’annexion de fait de l’Alsace et de la Moselle hĂ©ritiĂšre de la Lorraine annexĂ©e par l’Allemagne nazie, qui entend germaniser rapidement le territoire et ses habitants. Cela passe par un remaniement de la mĂ©moire attachĂ©e Ă  la Grande Guerre il n’est plus question de voir dans ses vĂ©tĂ©rans des patriotes français en puissance, mais des soldats loyaux de l’Empire. La mĂ©moire apparaĂźt clairement comme un objectif de puissance » [51]. DĂšs lors, nombre de monuments aux morts sont, sinon dĂ©truits et remplacĂ©s, du moins modifiĂ©s, afin d’en germaniser les symboles [52]. À Metz par exemple, le monument est amputĂ© des deux statues de poilus qui l’enserraient et germanisĂ© avec une nouvelle inscription Sie starben fĂŒr das Reich » Ils sont morts pour l’Empire ». À Hatten Bas-Rhin, le nouveau monument est surmontĂ© d’un aigle et porte l’inscription Sie fielen fĂŒr Deutschland » Ils tombĂšrent pour l’Allemagne » [53]. Cette entreprise iconoclaste participe d’une vaste politique de germanisation de l’espace tendant Ă  faire table rase de toute la symbolique rĂ©publicaine française. 22AprĂšs-guerre, comme partout ailleurs, la Grande Guerre s’efface dans l’espace public » [54], relĂ©guĂ©e dans l’ombre de la Seconde Guerre mondiale. C’est le cas en Alsace et en Moselle particuliĂšrement, oĂč la question de l’incorporation de force des jeunes hommes dans l’armĂ©e allemande attire dĂ©sormais toute l’attention, comme on peut le constater en 1953 lors du procĂšs de Bordeaux durant lequel sont jugĂ©s les auteurs du massacre d’Oradour-sur-Glane, dont des Alsaciens-Lorrains incorporĂ©s de force dans la Waffen-SS [55]. Dans un souci didactique, quelques auteurs tentent de rĂ©vĂ©ler la complexitĂ© de l’identitĂ© alsacienne. Deux d’entre eux, FrĂ©dĂ©ric Hoffet avec son essai intitulĂ© Psychanalyse de l’Alsace 1951 [56], et Marcel Jacob avec son roman Menschen im Garten 1951, traduit en français sous le titre Les Clefs du jardin 1953 [57], rencontrent un succĂšs qui dĂ©passe les frontiĂšres rĂ©gionales. Sous leur plume, l’épisode de la Grande Guerre rĂ©apparaĂźt. Le premier, conformĂ©ment au titre de l’ouvrage, s’intĂ©resse de maniĂšre inĂ©dite au refoulement du passĂ© allemand au sein de la population cette partie d’eux-mĂȘmes, cette indĂ©sirable et haĂŻssable moitiĂ© d’eux-mĂȘmes, ils prĂȘteront la main au vainqueur pour l’étouffer, pour la nier » [58]. Le second, Ă  travers une saga familiale, puise largement dans sa propre expĂ©rience pour dĂ©crire l’ambivalence de ses sentiments depuis l’enfance, partagĂ©s entre une tradition familiale francophile – mais sans patriotisme cocardier – et des amitiĂ©s allemandes. Il livre aussi, comme peu d’auteurs l’ont fait, une analyse rĂ©trospective du problĂšme identitaire des soldats alsaciens-lorrains de l’armĂ©e allemande de retour en France aprĂšs 1918 23Les anciens feldgraus » alsaciens se sentaient parfois de trop et bien qu’ils eussent eux-mĂȘmes suffisamment rĂ©criminĂ© contre le militarisme prussien, ils Ă©prouvaient nĂ©anmoins en leur for intĂ©rieur quelque peine, ou bien se trouvaient sous l’effet d’une contradiction intime, lorsqu’ils entendaient railler l’armĂ©e allemande, cette armĂ©e dans les rangs de laquelle ils avaient souvent fixĂ© la mort en face et passĂ© les heures les plus dures de toute leur jeunesse. Car, d’une certaine maniĂšre, ils avaient tout de mĂȘme figurĂ© – fĂ»t-ce contre leur propre volontĂ© – une partie de cette immense masse gris-fer [59].La dilution dans la mĂ©moire nationale24La vertu de ces ouvrages a toutefois une portĂ©e limitĂ©e dans le cheminement mĂ©moriel de l’expĂ©rience combattante des Alsaciens-Lorrains de la Grande Guerre, comme l’indique le cĂ©rĂ©monial des commĂ©morations du 11 Novembre. Dans leurs discours, les maires font le plus souvent l’économie d’une contextualisation rĂ©gionale au profit de propos Ă  portĂ©e nationale ou universelle. À Schirmeck Bas-Rhin par exemple, le maire renouvelle chaque annĂ©e entre 1954 et 1965 les mĂȘmes appels Ă  la paix et Ă  la concorde entre les peuples, dans un hommage associant les victimes des diffĂ©rents conflits jusqu’à celui, contemporain, de la guerre d’AlgĂ©rie. En 1954, il termine son discours ainsi Gardons Ă  jamais le souvenir de tous ces hĂ©ros qui, en 14-18 comme en 39-45, ont sacrifiĂ© leur jeune vie pour dĂ©fendre un idĂ©al, et pour qu’à jamais vive la France » [60]. Le 29 mai 1966, tous les maires de France sont invitĂ©s Ă  commĂ©morer le cinquantiĂšme anniversaire de la bataille de Verdun devant leur monument aux morts. En 1968, les cĂ©lĂ©brations du cinquantiĂšme anniversaire de l’Armistice revĂȘtent un Ă©clat particulier, surtout Ă  Strasbourg, oĂč la prĂ©fecture organise la commĂ©moration du retour Ă  la France dans une ambiance tricolore qui doit rappeler celle de novembre 1918. Une trentaine d’anciens combattants de 14-18 de Schirmeck viennent y assister, ce que relĂšve la presse locale qui note comme tous leurs camarades – et comme tous les spectateurs d’ailleurs – ils furent enchantĂ©s d’assister Ă  cette belle parade militaire. Ils ne cachĂšrent pas non plus leur Ă©motion, notamment Ă  la vue des poilus’, Ă  l’uniforme bleu-horizon, fusil Lebel sur l’épaule » [61]. Ainsi, Ă  cette occasion comme depuis l’entre-deux-guerres, c’est la mĂ©moire des poilus libĂ©rateurs qui est principalement entretenue dans la rĂ©gion [62]. 25L’expĂ©rience des soldats alsaciens-lorrains continue de sombrer dans l’oubli, en se diluant dans la mĂ©moire nationale de la guerre. La journaliste et Ă©crivaine Pascale Hugues en tĂ©moigne Ă  propos de son adolescence dans les annĂ©es 1970 26Quand la PremiĂšre Guerre mondiale fut au programme de mes cours de lycĂ©e, il ne me vint pas Ă  l’esprit de demander Ă  mon grand-pĂšre de me raconter ce chapitre d’Histoire dont il avait Ă©tĂ© le modeste acteur. Les batailles contre l’Allemand sanguinaire, les exploits des Poilus et du Tigre Clemenceau que dĂ©crivaient mes professeurs ne le concernaient pas. L’Éducation nationale ne s’encombrait pas de notre histoire particuliĂšre nous, les Alsaciens, nous avions toujours Ă©tĂ© français. Que mon grand-pĂšre Joseph ait combattu du cĂŽtĂ© allemand n’intĂ©ressait personne. [63] 27L’oubli est renforcĂ© par le dĂ©sintĂ©rĂȘt des gĂ©nĂ©rations nĂ©es aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, qui ne veulent pas entendre parler de guerre [64]. C’est aussi au cours des annĂ©es 1970 que s’institutionnalise l’envoi Ă  tous les maires de France du message du prĂ©sident de la RĂ©publique puis du ministre en charge des Anciens combattants pour les commĂ©morations du 11 Novembre, destinĂ© Ă  ĂȘtre lu devant chaque monument aux morts. En 1974, les maires rendent ainsi partout cet hommage À tous ceux qui ont combattu pour elle, la France exprime sa reconnaissance et son respect » [65]. Depuis, les messages ministĂ©riels rendent rĂ©guliĂšrement hommage aux soldats qui ont sauvĂ© la France » [66], Ă  ceux qui ont souffert au nom de la France » [67] ou Ă  la Nation rassemblĂ©e pour faire front Ă  l’envahisseur » [68], autant de formules fĂ©dĂ©ratrices gommant les spĂ©cificitĂ©s des vĂ©tĂ©rans alsaciens-lorrains. Une rare initiative est toutefois Ă  relever, motivĂ©e par le soixantiĂšme anniversaire en 1978 le service Ă©ducatif des Archives de la Moselle publie un dossier destinĂ© aux Ă©lĂšves des collĂšges et lycĂ©es afin de faire dĂ©couvrir ce pan de l’histoire rĂ©gionale qui n’est pas traitĂ© dans les manuels scolaires [69]. On y trouve notamment des documents d’archives permettant d’apprĂ©hender le vĂ©cu de soldats de l’armĂ©e annĂ©es 1990, dĂ©cennie du tournant mĂ©moriel ?28Alors que, comme ailleurs, le nombre de vĂ©tĂ©rans alsaciens-lorrains dĂ©croĂźt, deux Ă©vĂ©nements les replacent au-devant de la scĂšne au milieu des annĂ©es 1990. L’un, politique, tient dans la dĂ©cision de ne pas octroyer aux survivants de l’armĂ©e allemande – une cinquantaine d’individus – la LĂ©gion d’honneur dĂ©cernĂ©e aux derniers poilus lors de la cĂ©rĂ©monie du 11 novembre 1995 [70]. La mesure suscite un dĂ©bat Ă  l’échelle rĂ©gionale, relayĂ© Ă  Paris par certains Ă©lus comme le sĂ©nateur Philippe Richert, qui expose ainsi le problĂšme au ministre en charge des Anciens combattants 29Il s’agit au travers de cette distinction non pas de rĂ©compenser des actes particuliers mais d’honorer tous les anciens combattants de la Grande Guerre qui ont survĂ©cu jusqu’à aujourd’hui. Il est cependant Ă  dĂ©plorer que les Alsaciens ne se soient pas Ă©galement vu dĂ©cerner la LĂ©gion d’honneur. Certes, ils n’étaient pas Ă  l’époque, du fait de l’histoire, du cĂŽtĂ© français. Mais ils ont tout autant souffert, subi les atrocitĂ©s des combats et payĂ© un trĂšs lourd tribut. Appartenant aujourd’hui Ă  la nation française, ne mĂ©riteraient-ils pas d’ĂȘtre associĂ©s Ă  la reconnaissance de la population, compte tenu notamment des souffrances endurĂ©es ? [71] 30En rĂ©ponse, le ministĂšre fait valoir que les dispositions formelles du code de la LĂ©gion d’honneur excluent les services militaires accomplis dans une armĂ©e Ă©trangĂšre », mais assure qu’un courrier a Ă©tĂ© adressĂ© Ă  tous les intĂ©ressĂ©s en leur demandant de bien vouloir comprendre cette situation hĂ©ritĂ©e du passĂ©, et qui leur est prĂ©judiciable bien qu’ils aient vĂ©cu une dramatique Ă©preuve » [72]. Si, dans ces rĂ©gions comme ailleurs en France, on avait presque oubliĂ© leur spĂ©cificitĂ©, cette mesure et le dĂ©bat consĂ©cutif viennent ponctuellement en raviver le souvenir. 31L’autre Ă©vĂ©nement, si l’on peut dire, est plutĂŽt d’ordre culturel. Il s’agit de la sortie en 1996 du tĂ©lĂ©film de Michel Favart, les Alsaciens ou les deux Mathilde, qui retrace en quatre Ă©pisodes la saga familiale des Kempf de la Tour entre 1870 et 1953. Si le spectateur y suit le destin d’une famille bourgeoise francophile – mais en voie de germanisation –, l’enrĂŽlement des jeunes hommes dans l’armĂ©e allemande est cependant traitĂ© avec une comprĂ©hension jusqu’alors assez inĂ©dite. Loin d’ĂȘtre anecdotiques, les diffusions successives du tĂ©lĂ©film sur des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision nationales – mĂȘme binationale avec Arte – ainsi que l’adaptation en roman Ă  succĂšs, ont remis en lumiĂšre le destin complexe des Alsaciens-Lorrains de cette Ă©poque, tiraillĂ©s entre les deux nationalismes. 32Plus gĂ©nĂ©ralement, au cours de la derniĂšre dĂ©cennie du XXe siĂšcle, une attention nouvelle est portĂ©e aux soldats alsaciens-lorrains de la Grande Guerre. Est-ce un hasard si le plus connu des tĂ©moignages, celui de Dominique Richert, paraĂźt en France en 1994 [73] ? En 1998, Ă  l’occasion du quatre-vingtiĂšme anniversaire de l’armistice, le supplĂ©ment des DerniĂšres Nouvelles d’Alsace s’ouvre sur le double drame de l’Alsace-Lorraine » [74], en reprenant le thĂšme des familles dont les enfants ont servi sous les deux uniformes, quitte Ă  en gĂ©nĂ©raliser le cas. Par ailleurs, la disparition des derniers vĂ©tĂ©rans entraĂźne Ă  l’échelle du pays un regain d’intĂ©rĂȘt pour leur expĂ©rience de guerre [75]. Des ouvrages et des reportages dans la presse sont ainsi consacrĂ©s aux derniers poilus » [76], et chaque rĂ©gion entame son dĂ©compte. En Alsace, l’attention se focalise bientĂŽt sur Charles Kuentz, qui concĂšde Ă  des journalistes de l’Express n’avoir commencĂ© Ă  parler de sa guerre Ă  ses descendants que le jour de ses 100 ans » [77].La mĂ©moire des soldats alsaciens-lorrains Ă  l’aube du centenaireUn lien distendu avec le passĂ©33Un siĂšcle plus tard, l’oubli et la dilution du cas particulier des Alsaciens-Lorrains dans les reprĂ©sentations collectives de la Grande Guerre sont accentuĂ©s par la distance temporelle. L’analyse des comptes rendus des cĂ©rĂ©monies du 11 novembre dans la presse est rĂ©vĂ©latrice [78]. Aussi courts soient-ils – parfois un titre accompagnĂ© de quelques lignes et d’une photographie –, ils sont riches d’enseignements sur ce qui reste de la mĂ©moire des soldats alsaciens-lorrains. En gĂ©nĂ©ral, l’article est neutre, relayant la tenue de la cĂ©rĂ©monie, et le message ministĂ©riel tient lieu d’unique discours. Toutefois, si les correspondants locaux, auteurs de ces comptes rendus, n’évoquent pas dans le dĂ©tail le contenu des discours prononcĂ©s, ils en retiennent souvent l’idĂ©e-force. En 2011, la loi instituant pour les commĂ©morations du 11 Novembre un hommage aux morts pour la France de toutes les guerres participe indirectement, en Alsace et en Moselle, Ă  l’éloignement entre cette commĂ©moration nationale et le souvenir de l’expĂ©rience des hommes dont les noms figurent sur les monuments aux morts. Dans la presse rĂ©gionale, nombre de titres sont formulĂ©s ainsi En mĂ©moire des Poilus » [79], Aux soldats morts pour la France » [80], ou encore En souvenir des 78 morts pour la France », assimilant ici les soixante-dix-huit morts de la commune Ă  des morts pour la France [81]. Ailleurs, on peut lire Devant le monument aux morts, le maire [
] rend ensuite hommage “aux soldats de la Grande Guerre, qui ont su s’engager avec courage pour la dĂ©fense de notre pays” » [82], ou encore Le premier magistrat a rappelĂ© la nĂ©cessitĂ© de ce devoir de mĂ©moire “pour ces hommes et ces femmes qui, par leur sacrifice, ont permis Ă  l’Alsace et la Lorraine de redevenir françaises ; nous nous devons d’honorer les hommes et les femmes qui ont perdu leur vie pendant ce conflit” » [83]. Les Ă©coliers, comme partout en France, participent chaque annĂ©e Ă  ces cĂ©rĂ©monies par le chant de la Marseillaise ou de la Chanson de Craonne gĂ©nĂ©ralement ou la lecture de poĂšmes et de lettres de poilus. Certaines initiatives sont plus originales, comme ici AprĂšs lecture du message national et avant le dĂ©pĂŽt des gerbes, des enfants de l’école Ă©lĂ©mentaire ont retracĂ©, Ă  l’aide de panneaux et en quelques mots, les principaux Ă©vĂ©nements des annĂ©es 1914 Ă  1918, de l’attentat de Sarajevo Ă  l’Armistice, en passant par les “Taxis de la Marne”, Verdun, le torpillage du Lusitania, l’entrĂ©e en guerre des AmĂ©ricains
 » [84]. 34Une tendance inverse, certes minoritaire, existe nĂ©anmoins. Certaines municipalitĂ©s raccrochent la cĂ©rĂ©monie Ă  l’histoire rĂ©gionale, comme Ă  Soultz-sous-ForĂȘts Bas-Rhin oĂč le maire a mis l’accent sur le devoir de mĂ©moire avec “la spĂ©cificitĂ© alsacienne Ă©cartelĂ©e entre deux pays” » [85]. D’autres, souvent avec le concours des Ă©coliers, font Ă©noncer le nom des victimes avec la date et le lieu de dĂ©cĂšs, autre moyen de rendre un hommage aux dĂ©funts de la commune. Enfin, une dimension franco-allemande accompagne parfois ces cĂ©rĂ©monies, en hommage Ă  la fois au temps long d’un espace frontalier souvent disputĂ© et Ă  l’amitiĂ© franco-allemande qui s’est depuis affirmĂ©e comme socle de la construction europĂ©enne, et qui est justement dotĂ©e d’une signification particuliĂšre dans la rĂ©gion. Cela se manifeste par exemple par des lectures bilingues du poĂšme Ich hatt’ einen Kameraden/J’avais un camarade » [86], par la prĂ©sence de dĂ©lĂ©gations civiles allemandes venant d’une commune jumelĂ©e comme Ă  Niederbronn-les-Bains ou encore celle d’un dĂ©tachement militaire allemand, comme en 2010 Ă  Strasbourg ou en 2011 Ă  Illkirch-Graffenstaden Bas-Rhin.Les Ă©volutions rĂ©centes un renouvellement mĂ©moriel ?35Le constat de ce lien distendu avec le passĂ© ne doit pas cacher une rĂ©alitĂ© on n’a jamais autant Ă©voquĂ© le destin singulier des soldats alsaciens-lorrains qu’aujourd’hui – en Alsace et en Moselle tout au moins –, sous une forme inĂ©dite et dĂ©passionnĂ©e. Il est maintenant admis que toute une gamme de comportements a existĂ©. Si une partie d’entre eux Ă©taient patriotes français, d’autres Ă©taient germanophiles tandis que la masse semble avoir effectuĂ© son devoir sans se poser la question du sentiment national, Ă  l’occasion en protestant contre les discriminations rencontrĂ©es. Cette vision, fruit du travail menĂ© depuis quelques annĂ©es par les historiens [87], est appropriĂ©e par des romanciers qui s’en saisissent comme toile de fond pour leurs Ɠuvres, Ă  l’exemple de Jacques Fortier dans Quinze jours en rouge [88]. De son cĂŽtĂ©, le musĂ©e historique de Strasbourg a inaugurĂ© en 2013 de nouvelles salles consacrĂ©es Ă  l’histoire contemporaine de la ville – jusqu’alors, la musĂ©ographie prenait fin aux lendemains de la RĂ©volution française. La mobilisation des Strasbourgeois est abordĂ©e uniquement sous le prisme de l’armĂ©e allemande afin d’en souligner le caractĂšre majoritaire. Un court texte de prĂ©sentation, qui Ă©voque leur proportion au sein de la population et les suspicions dont ils ont fait l’objet, un portrait de Strasbourgeois posant avec son uniforme allemand ainsi que des effets militaires d’un rĂ©giment d’infanterie allemand composent la mise en scĂšne. Quelques reproductions d’affiches de propagande, par exemple pour un emprunt destinĂ© aux blessĂ©s de guerre, font la transition avec l’expĂ©rience civile de la guerre. 36On observe par ailleurs un intĂ©rĂȘt croissant des descendants de ces soldats, qui dĂ©couvrent par hasard l’histoire de leur ancĂȘtre et s’étonnent d’ĂȘtre confrontĂ©s Ă  un parcours militaire qui diverge de l’histoire apprise jusqu’alors. Cet intĂ©rĂȘt pour une histoire Ă  soi », phĂ©nomĂšne observĂ© par Nicolas Offenstadt [89], se manifeste parfois par des recherches actives dĂ©bouchant sur la crĂ©ation d’un site internet ou la publication d’un livre. L’histoire romancĂ©e de Marthe et Mathilde de Pascale Hugues en offre un bon exemple [90], tout comme la saga familiale documentĂ©e de Bertrand Jost [91]. À un autre niveau, des enseignants entreprennent des travaux avec leurs Ă©lĂšves, Ă  l’image de cette classe du collĂšge de Rosheim qui a rĂ©alisĂ© une exposition sur les monuments aux morts du canton [92]. D’autres initiatives permettent Ă©galement de retracer le parcours de soldats d’une localitĂ© morts au front. C’est le cas de l’exposition rĂ©alisĂ©e par Fabienne Esse, professeur de lettres, Ă  propos de vingt-trois soldats de Cocheren [93]. Avec le centenaire, les projets se sont multipliĂ©s en 2014. De nombreuses sociĂ©tĂ©s d’histoire locale ont prĂ©sentĂ© ou prĂ©parent des expositions consacrĂ©es Ă  la vie de leur commune ou de leur canton au cours de la guerre, dans lesquelles refont surface de multiples souvenirs de soldats conservĂ©s et transmis depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations. Ces expositions sont d’ailleurs parfois accompagnĂ©es de la publication d’un numĂ©ro spĂ©cial du bulletin de la sociĂ©tĂ©. Par ailleurs, on a pu suivre la destinĂ©e des soldats alsaciens-lorrains dans des reprĂ©sentations musicales et théùtrales diverses, se rĂ©appropriant cette histoire pour en livrer une lecture contemporaine, dĂ©sormais Ă©loignĂ©e de celle, plus nationale, qui caractĂ©risait l’entre-deux-guerres. 37* 38L’étude de diffĂ©rents vecteurs mĂ©moriels, qu’ils soient officiels commĂ©morations, monuments, culturels littĂ©rature, presse, cinĂ©ma, associatifs ou savants [94], permet une analyse diachronique de la place des soldats alsaciens-lorrains dans la mĂ©moire française et dans celle des rĂ©gions concernĂ©es. Elle montre qu’aprĂšs avoir Ă©tĂ© longtemps relĂ©guĂ©e dans l’angle mort de la mĂ©moire nationale, une version restaurĂ©e est apparue depuis quelques annĂ©es, qui tend Ă  s’imposer Ă  la faveur du centenaire. Celle-ci rejoint l’histoire savante en proposant une vision qui s’écarte de la version longtemps contenue dans le roman national. L’une comme l’autre ne peuvent ĂȘtre sĂ©parĂ©es de leur contexte. La premiĂšre Ă©merge Ă  un moment oĂč les nationalismes connaissent leur paroxysme et revĂȘt ainsi un enjeu politique majeur, tandis que la seconde se dĂ©veloppe dans une Ăšre de paix, Ă  l’heure oĂč le rapprochement franco-allemand n’a jamais Ă©tĂ© aussi effectif dans les reprĂ©sentations collectives. Celui-ci contribue Ă  libĂ©rer la population des rĂ©gions hĂ©ritĂ©es de l’Alsace-Lorraine du poids d’un passĂ© allemand durement ressenti tout au long du xxe siĂšcle. Cette Ă©volution nous rappelle que la mĂ©moire n’est pas un objet figĂ©, au contraire. Longtemps, l’expĂ©rience de guerre des Alsaciens-Lorrains n’entrait dans la composition du ciment national qu’aprĂšs avoir pris une consistance française. Aujourd’hui, elle s’intĂšgre sans mal dans le ciment franco-allemand de la construction europĂ©enne. Le cheminement du centenaire et, dans ce cadre, la rĂ©alisation du premier historial franco-allemand de la Grande Guerre sur le site de l’Hartmannswillerkopf, devraient encore en apporter la preuve. Notes [*] Doctorant Ă  l’UniversitĂ© de Strasbourg, EA 3400-Arche. [1] On estime que 17 500 Alsaciens-Lorrains se sont engagĂ©s volontairement dans l’armĂ©e française au cours de la guerre, parmi lesquels quelque 12 000, qui se trouvaient en France depuis plus ou moins longtemps au moment de l’entrĂ©e en guerre, choisissent d’y rester et de s’engager, tandis qu’environ 3 000 auraient fui la mobilisation allemande quand celle-ci s’est prĂ©cisĂ©e. Le reste est constituĂ© des prisonniers de guerre et des hommes mobilisables capturĂ©s par les troupes françaises lors des offensives en Alsace en aoĂ»t 1914, qui dĂ©cident Ă©galement de s’engager plutĂŽt que de rester internĂ©s. Dans l’armĂ©e allemande, le chiffre habituellement retenu est celui de 380 000 Alsaciens-Lorrains mobilisĂ©s entre 1914 et 1918. En rĂ©alitĂ©, il comprend aussi les nombreux Allemands installĂ©s en Alsace-Lorraine, dont beaucoup quitteront le territoire aprĂšs 1918. Le nombre des Alsaciens-Lorrains sous uniforme allemand se situerait plutĂŽt autour de 300 000, voire moins. [2] Voir A. Kramer, Wackes at war Alsace-Lorraine and the failure of German national mobilization, 1914-1918 », in J. Horne dir., State, society and mobilization in Europe during the First World War, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 105-122. [3] À l’exception des plus germanophiles qu’ils soient volontaires au dĂ©part ou jugĂ©s indĂ©sirables au retour dans les provinces devenues françaises, ceux-ci rejoignent le flot des Allemands quittant l’Alsace-Lorraine dans les mois qui suivent la fin du conflit. [4] Voir notamment Grandhomme et F. Grandhomme, Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, Strasbourg, La NuĂ©e Bleue, 2013 ; A. Kramer, Wackes at war
 », art. citĂ©, p. 118. [5] Allocution du prĂ©sident de la RĂ©publique pour les cĂ©lĂ©brations nationales du 91e anniversaire de l’Armistice de 1918, le 11 novembre 2009 version intĂ©grale sur consultĂ© le 2 octobre 2014. L’expression de malgrĂ©-nous », si elle apparaĂźt dĂšs les annĂ©es 1920 dans le milieu des vĂ©tĂ©rans les plus francophiles, n’est gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©e que pour dĂ©signer les incorporĂ©s de force alsaciens-mosellans de la Seconde Guerre mondiale. [6] Le traitĂ© de paix de Francfort du 10 mai 1871 prĂ©voit un droit d’ option » jusqu’au 1er octobre 1872, permettant aux Alsaciens et Lorrains qui le dĂ©sirent ou le peuvent de rester français Ă  condition de quitter le territoire d’Alsace-Lorraine et de s’installer en France. [7] Entre 1882 et 1885, 45 % des lĂ©gionnaires sont encore des Alsaciens-Lorrains, contre 20 % entre 1899 et 1905. Voir V. Esclangon-Morin, La LĂ©gion Ă©trangĂšre, une particularitĂ© française », Hommes et migrations, n° 1306, 2014, p. 135 ; F. Roth, La Lorraine annexĂ©e Ă©tude sur la prĂ©sidence de Lorraine dans l’Empire allemand, 1870-1918, Metz, Éd. Serpenoise, 2011, p. 114. [8] Le Monde illustrĂ©, 7 septembre 1872. [9] SupplĂ©ment illustrĂ© du Petit Journal, 1er novembre 1896. [10] R. Bazin, Les OberlĂ©, Paris, Calmann LĂ©vy, 1901. Jean OberlĂ© hĂ©rite du patriotisme français de sa mĂšre et de son grand-pĂšre. Le deuxiĂšme jour de conscription, il met en Ɠuvre son plan de dĂ©sertion et rejoint la France, aidĂ© par son oncle Ulrich, sacrifiant Ă  cette occasion son avenir avec Odile. [11] M. BarrĂšs, Au service de l’Allemagne les bastions de l’Est, Paris, Fayard, 1905. Il y raconte l’histoire d’un jeune conscrit, fervent francophile, tourmentĂ© Ă  l’idĂ©e de servir l’Allemagne. HĂ©sitant un temps Ă  dĂ©serter, il se rend finalement compte que son vĂ©ritable devoir est de rester en Alsace pour y rĂ©sister Ă  l’envahisseur. [12] G. Leroux et C. Dreyfus, Alsace, piĂšce en 3 actes, Paris, Pierre Lafitte, octobre 1916. [13] Sur ce sujet, voir L. Turetti, Quand la France pleurait l’Alsace-Lorraine les provinces perdues » aux sources du patriotisme rĂ©publicain 1870-1914, Strasbourg, la NuĂ©e Bleue, 2008. [14] Sur ce point, voir Grandhomme et F. Grandhomme, Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, op. cit., p. 329-337 ; R. Dalison, Les guerres et la mĂ©moire, Paris, CNRS Éditions, 2013, p. 17-37. [15] O. Gozillon-Fronsacq, CinĂ©ma et Alsace stratĂ©gies cinĂ©matographiques, Paris, Association française de recherche sur l’histoire du cinĂ©ma, 2003, p. 124-131. [16] Hansi, L’histoire d’Alsace racontĂ©e aux petits enfants d’Alsace et de France, Paris, Herscher, 1983, p. 101. Jean-Jacques Waltz, dit Hansi, est connu depuis le dĂ©but du siĂšcle pour ses positions antigermanistes. Il travaille pendant le conflit au service de la propagande aĂ©rienne du DeuxiĂšme Bureau de l’État-major des ArmĂ©es. [17] Concernant les prises de paroles lors de ces fĂȘtes de libĂ©ration, et plus largement le dĂ©roulement de ces fĂȘtes, voir B. Cabanes, La victoire endeuillĂ©e la sortie de guerre des soldats français, Paris, Le Seuil, 2004, p. 109-163 et V. Demiaux, La construction rituelle de la victoire dans les capitales europĂ©ennes aprĂšs la Grande Guerre Bruxelles, Bucarest, Londres, Paris, Rome », thĂšse de doctorat d’histoire, EHESS, 2013. [18] On dĂ©signe ainsi les combattants de l’armĂ©e allemande, en rĂ©fĂ©rence Ă  la couleur de leur uniforme vert-de-gris, ou gris de campagne. [19] M. BĂ©hĂ©, Heures inoubliables discours prononcĂ©s dans les villes d’Alsace et de Lorraine en Novembre et DĂ©cembre 1918, Paris, Berger-Levrault, 1920, p. 50. [20] Ibid., p. 88. [21] Voir notamment W. Kidd, Les monuments aux morts mosellans de 1870 Ă  nos jours, Metz, Éd. Serpenoise, 1999 ; Denis, Les monuments aux morts de la Grande Guerre en Alsace un compromis avec l’histoire », Boches ou tricolores. Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, Strasbourg, La NuĂ©e Bleue, 2008, p. 363-381 ; Grandhomme, Une histoire par procuration les symboles rĂ©publicains sur les monuments aux morts en Alsace-Moselle », in G. Monnier et É. Cohen dir., La RĂ©publique et ses symboles. Un territoire de signes, Paris, Publications de la Sorbonne, 2013, p. 221-236 ; G. Petitdemange, Ils ne sont pas morts pour la patrie comment commĂ©morer leur sacrifice ? », in F. RaphaĂ«l et G. Herberich-Marx dir., MĂ©moire de pierre, mĂ©moire de papier la mise en scĂšne du passĂ© en Alsace, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2002, p. 73-118. [22] En souvenir de nos morts tombĂ©s Ă  la guerre 1914-1918 ». [23] W. Kidd, Les monuments aux morts mosellans, op. cit., p. 52. [24] M. Winock, Jeanne d’Arc », Les lieux de mĂ©moire, t. III Les France, Paris, Gallimard, 1997, vol. 3, p. 676. [25] W. Kidd, Les monuments aux morts mosellans, op. cit., p. 35. [26] J. Candau, Anthropologie de la mĂ©moire, Paris, A. Colin, 2005, p. 124-125. [27] [28] Sur la fonction pĂ©dagogique des commĂ©morations, voir A. Prost, Les monuments aux morts », Les lieux de mĂ©moire, t. I La RĂ©publique, Paris, Gallimard, 1997, vol. 1, p. 215-216. [29] Nous empruntons l’expression Ă  Grandhomme, Une mĂ©moire double », Saisons d’Alsace, n° 14, 2002, p. 41-45. [30] Voir M. Halbwachs, La mĂ©moire collective, Paris, Albin Michel, 1997, p. 97. [31] Voir par exemple L. Schlaefli, À Neuf-Brisach, il y a un siĂšcle une chope de rĂ©serviste de 1912 », Annuaire de la SociĂ©tĂ© d’histoire de la Hardt et du Ried, n° 24, 2011, p. 179-185. [32] Ces objets rĂ©apparaissent aujourd’hui, rassemblĂ©s en nombre par les centres d’archives lors des Grandes collectes projet Europeana, plus ponctuellement sur des sites marchands ou encore dans les expositions locales liĂ©es au centenaire. [33] Grandhomme et F. Grandhomme, Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, op. cit., p. 439. [34] E. Fauquenot, Un hĂ©ros alsacien Joseph Zilliox, Strasbourg, F. X. Le Roux, 1926. [35] J. Blum dir., Un hĂ©ros alsacien David Bloch, Colmar, 1923. [36] C. Rudrauf, Le Drame de la mauvaise frontiĂšre Lettres d’un Alsacien 1914-1916, Nancy-Paris-Strasbourg, Berger-Levrault, 1924. [37] C’est une tendance gĂ©nĂ©rale en France. Voir N. BeauprĂ©, De quoi la littĂ©rature de guerre est-elle la source ? », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue d’histoire, n° 111, 2011, p. 44. [38] E. Bouillon, Sous les drapeaux de l’envahisseur. La Grande BĂȘte de l’Apocalypse, Colmar, Impr. Messager de Colmar », 1934. [39] Ibid., p. 34 ; voir l’analyse du tĂ©moignage dans R. Cazals dir., 500 tĂ©moins de la Grande Guerre, Portet-sur-Garonne, Éd. Midi-PyrĂ©nĂ©ennes & EDHISTO, 2013. [40] R. Lorette et F. Fizaine, FrontiĂšre, Paris, Firmin-Didot, 1930, p. 117. [41] Le Petit Parisien, 28 octobre 1930. [42] La Voix du Combattant, 20 aoĂ»t 1932. [43] R. Worms Baretta, Avant la Lettre », Le Figaro, 30 octobre 1930. [44] K. Hofer, Briefe eines elsĂ€ssischen Bauernburschen aus dem Weltkriege an einen Freund 1914-1918, Stuttgart-Berlin, Deutsche Verlags-Anstalt, 1922. [45] P. Jolidon, Un Alsacien avec les corsaires du Kaiser, Paris, Hachette, 1934. [46] H. Rehberger, TĂȘte carrĂ©e. Carnet de route d’un Alsacien 1914/18, Strasbourg, Éditions SĂ©bastian Brant, 1938. [47] É. Julien, Paris, Berlin la mĂ©moire de la guerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 33-34. [48] P. RicƓur, La mĂ©moire, l’histoire, l’oubli, Paris, Le Seuil, 2000, p. 97. [49] J. Candau, Anthropologie de la mĂ©moire, op. cit., p. 94. [50] Selon les propos de Mairhofer, prĂ©sident de l’Union des invalides d’Alsace-Lorraine. Voir La visite Ă  Paris des mutilĂ©s d’Alsace-Lorraine », Journal des mutilĂ©s, rĂ©formĂ©s et blessĂ©s de guerre, 3 octobre 1925. [51] Voir J. Le Goff, Histoire et mĂ©moire, Paris, Gallimard, 1988, p. 174-175. [52] Sur ce sujet, nous renvoyons Ă  Grandhomme, Un aspect de la mise au pas’ de l’Alsace-Moselle annexĂ©e de fait la destruction des monuments aux morts de 1914-1918 par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale », in S. Benoist et al. dir., MĂ©moires partagĂ©es, mĂ©moires disputĂ©es Ă©criture et réécriture de l’histoire, Metz, Centre rĂ©gional universitaire lorrain d’histoire, 2009, p. 253-271. [53] Ibid., p. 267. [54] A. Loez et N. Offenstadt, La Grande Guerre carnet du centenaire, Paris, Albin Michel, 2013, p. 213-214. [55] Voir Vonau, Le procĂšs de Bordeaux les MalgrĂ©-Nous et le drame d’Oradour, Strasbourg, Éd. du Rhin, 2003. [56] F. Hoffet, Psychanalyse de l’Alsace, Strasbourg, Alsatia, 1994 1re Ă©d. 1951. [57] M. Jacob, Les Clefs du jardin, Paris, Plon, 1953. L’ouvrage remporte le prix des lecteurs de la maison Julliard ». [58] F. Hoffet, Psychanalyse de l’Alsace, op. cit., p. 90. [59] M. Jacob, Les Clefs du jardin, op. cit., p. 234. [60] Archives municipales de Schirmeck, 3K1, dossier fĂȘtes et manifestations 1953-1965 ». [61] Schirmeck. La municipalitĂ© a honorĂ© les anciens combattants de la guerre de 1914-18 », DerniĂšres Nouvelles d’Alsace, 27 novembre 1968. [62] Cela se remarque aussi dans le contenu de l’exposition tenue cette mĂȘme annĂ©e Ă  Colmar. Voir CinquantiĂšme anniversaire de la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale Catalogue de l’exposition tenue du 17 novembre au 1er dĂ©cembre 1968 au foyer du théùtre Ă  Colmar, Colmar, Archives dĂ©partementales du Haut-Rhin, 1968. Notons au passage que la mĂ©moire militaire des opĂ©rations sur le front vosgien commence alors Ă  rĂ©apparaĂźtre. [63] P. Hugues, Marthe et Mathilde, Paris, Les ArĂšnes, 2009, p. 155. [64] Voir N. Offenstadt, 14-18 aujourd’hui la Grande Guerre dans la France contemporaine, Paris, O. Jacob, 2010, p. 10. [65] Archives Municipales de SĂ©lestat, 102W73-74, dossier Administration gĂ©nĂ©rale de la Commune. ÉvĂ©nements remarquables. FĂȘte du 11 novembre 1945-1982 », Message du prĂ©sident de la RĂ©publique pour le 11 novembre. [66] Ibid., Message du ministre Jean Laurain pour les cĂ©rĂ©monies du 11 novembre 1985. [67] Ibid., Message du ministre Philippe Mestre pour les cĂ©rĂ©monies du 11 novembre 1993. [68] Ibid., Message du ministre Pierre Pasquini pour les cĂ©rĂ©monies du 11 novembre 1995. [69] L. Michaux, Archives dĂ©partementales de la moselle dir., Metz et la Moselle pendant la Grande Guerre 1914-1918, Metz, Archives de la Moselle, 1978. [70] Voir Grandhomme et F. Grandhomme, Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, op. cit., p. 468-469. [71] Question Ă©crite n° 13180 de Philippe Richert publiĂ©e dans le Journal officiel, SĂ©nat, 21 dĂ©cembre 1995, p. 2370. [72] RĂ©ponse du ministĂšre des Anciens combattants publiĂ©e dans le Journal officiel, SĂ©nat, 15 fĂ©vrier 1996, p. 327. [73] D. Richert, Cahiers d’un survivant un soldat dans l’Europe en guerre, 1914-1918, traduit par Marc Schublin, Strasbourg, La NuĂ©e Bleue, 1994. [74] SupplĂ©ment des DerniĂšres Nouvelles d’Alsace, novembre 1998. [75] Voir N. Offenstadt, 14-18 aujourd’hui, op. cit., p. 133-147. [76] Biot, Les derniers poilus, Paris, La MartiniĂšre, 2004. On trouve dans cet ouvrage deux Alsaciens de l’armĂ©e allemande, dont Charles Kuentz qui est prĂ©sentĂ© comme malgrĂ©-nous ». [77] Les derniers poilus tĂ©moignent », L’Express, 30 octobre 2003. [78] Nous les avons analysĂ©s dans les DerniĂšres Nouvelles d’Alsace DNA, quotidien largement diffusĂ© en Alsace annĂ©es 2011, 2012 et 2013. [79] Altenheim. En mĂ©moire des Poilus », DNA, 12 novembre 2011. [80] Niederbronn-les-Bains. Aux soldats morts pour la France », DNA, 13 novembre 2011. [81] CommĂ©moration du 11-Novembre – Reichshoffen. En souvenir des 78 morts pour la France », DNA, 15 novembre 2012. [82] CommĂ©moration de l’armistice du 11 novembre 1918 – Folgensbourg. D’eux Ă  nous », DNA, 11 novembre 2013. [83] CĂ©rĂ©monie commĂ©morative – Matzenheim. Devoir de mĂ©moire », DNA, 19 novembre 2011. [84] 11 Novembre – Bollwiller. MĂ©dailles et promotions », DNA, 15 novembre 2013. [85] 11 Novembre – Soultz-Sous-ForĂȘts. Pour tous les soldats morts », DNA, 13 novembre 2011. [86] 11 Novembre – Koestlach. CommĂ©moration dans l’église ! », DNA, 15 novembre 2012 ; À Soultz-sous-ForĂȘts, un hommage Ă  tous les Morts pour la France », DNA, 13 novembre 2013. [87] Nous retiendrons la derniĂšre synthĂšse sur le sujet Grandhomme et F. Grandhomme, Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, op. cit. [88] J. Fortier, Quinze jours en rouge, Barr, Le Verger, 2011. [89] N. Offenstadt, 14-18 aujourd’hui, op. cit. ; J. Horne, Le centenaire », in J. Winter dir., Cambridge History. La PremiĂšre Guerre mondiale, t. III SociĂ©tĂ©s, Paris, Fayard, 2014, p. 653-673. [90] P. Hugues, Marthe et Mathilde, op. cit. dans cette fresque retraçant l’histoire de ses grands-mĂšres, l’auteure Ă©voque le parcours militaire dans l’armĂ©e allemande d’un grand-pĂšre alsacien qui semblait davantage prĂ©occupĂ© de son maintien en vie et du retour Ă  la paix que de considĂ©rations nationales. [91] Citons notamment B. Jost, Quand nous Ă©tions allemands 1871-1918, Barr, Calleva, 2011, vol. 3. [92] 1914-2014 travail de mĂ©moire », DNA, 25 dĂ©cembre 2013. [93] [94] Nous reprenons ici la typologie proposĂ©e par Henry Rousso dans Le syndrome de Vichy, 1944-1987, Paris, Le Seuil, 1987, p. 235. femmes et enfants fuyant le dernier bastion du groupe jihadiste Etat islamique, le 22 fĂ©vrier 2019 dans la province syrienne de Deir ez-Zor. Photo AFP / Delil SOULEIMAN Le rĂŽle des femmes jihadistes est traditionnellement sous-estimĂ©. Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, le groupe Etat islamique EI a changĂ© les rĂšgles du jeu », estime Lydia Khalil, experte en terrorisme Ă  l’Institut d’études australien Lowy. Elles se disent simples mĂšres au foyer », déçues » ou repenties » du jihad mais pour leurs pays d’origine, qui refusent de les voir revenir, les femmes du califat » moribond demeurent avant tout des militantes potentiellement trĂšs dangereuses. Loin du clichĂ© des Ă©pouses de jihadistes dupĂ©es », endoctrinĂ©es ou forcĂ©es », elles ont Ă©tĂ© appelĂ©es Ă  combattre ou Ă  participer Ă  l’organisation d’attaques terroristes », Ă©crit Lydia Khalil dans une analyse parue mardi, alors que Londres et Washington s’opposent avec fracas au retour de deux jeunes femmes, Shamima Begum et Hoda Muthana, aux tĂ©moignages trĂšs mĂ©diatisĂ©s. Et quand elles sont restĂ©es Ă  l’écart de la violence et des atrocitĂ©s commises au nom de l’EI, les femmes jihadistes ont occupĂ© une place importante aux yeux du groupe par l’éducation des enfants. Ce qu’on attend d’elles, c’est la pĂ©rennisation de l’idĂ©ologie par l’éducation », au sein du califat ou de façon souterraine » dans leur pays, considĂšre AmĂ©lie Chelly, spĂ©cialiste des islams politiques Ă  l’Ecole des hautes Ă©tudes en sciences socialesEHESS Ă  Paris. Cette idĂ©ologie, au contenu extrĂȘmement antisystĂšme, antisĂ©mite, anti +mĂ©crĂ©ance+, anti +faux musulmans+ », prĂ©existait Ă  l’EI qui n’a fait que l’amplifier, dit-elle Ă  l’AFP. Depuis l’offensive des Forces dĂ©mocratiques syriennes FDS, alliance arabo-kurde appuyĂ©e par une coalition internationale sous commandement amĂ©ricain, prĂšs d’un millier d’étrangers soupçonnĂ©s d’appartenance Ă  l’EI ont Ă©tĂ© fait prisonniers. Militantes acharnĂ©es » Les femmes et plus de enfants de jihadistes, issus de 30 pays, ont envoyĂ©s vers des camps de dĂ©placĂ©s dans le Nord-Est syrien, sous contrĂŽle des FDS. Parmi la vingtaine de femmes françaises dĂ©tenues dans un camp, au moins sept ou huit sont rĂ©pertoriĂ©es comme extrĂȘmement dangereuses », relĂšve une source française proche du dossier. Ce sont des militantes acharnĂ©es de Daech acronyme arabe de l’EI, le cas Ă©chĂ©ant faisant rĂ©gner l’ordre dans le camp contre celles qui ne respectent pas la charia », affirme cette source. Lire aussi Des femmes Ă©vacuĂ©es de l’ultime rĂ©duit de l’EI en Syrie vantent le califat » AprĂšs avoir longtemps plaidĂ© pour leur jugement sur place, la France n’exclut plus de rapatrier ses ressortissants devant leur risque de dispersion » lorsque le retrait des 2000 soldats amĂ©ricains stationnĂ©s dans le nord-est syrien sera engagĂ©. Prendre la responsabilitĂ© de les faire revenir est Ă©norme. C’est un vrai risque », concĂšde la source proche du dossier Ă  Paris, craignant qu’il ne soit compliquĂ© de les juger en Europe et de les condamner au-delĂ  de quelques annĂ©es. La justice des pays occidentaux est particuliĂšrement mal armĂ©e pour juger des femmes dont le rĂŽle, difficilement quantifiable, aura Ă©tĂ© surtout idĂ©ologique, notamment dans les unitĂ©s de police religieuse. Nombre de familles rĂ©clament de leur cĂŽtĂ© le retour de filles ou de soeurs afin qu’elles soient jugĂ©es Ă©quitablement dans leur pays et renouent avec d’autres valeurs. Lire aussi 40 camions Ă©vacuent hommes, femmes et enfants du rĂ©duit de l’EI Familles jihadophiles » Mais pour les familles +jihadophiles+ Ă  la Merah auteur d’attentats contre des enfants juifs et des militaires en 2012, ndlr quand vous n’avez aucune autre valeur que ce discours-lĂ  depuis le berceau, c’est extrĂȘmement rare d’en sortir », anticipe AmĂ©lie Chelly. Contrairement aux idĂ©es reçues, les femmes ont aussi souvent Ă©tĂ© moteur dans la radicalisation d’un conjoint, d’un fils ou d’un frĂšre, note la chercheuse de l’EHESS, en rappelant le cas d’AmĂ©dy Coulibaly, auteur de l’attaque de l’Hyper Cacher en janvier 2015 Ă  Paris et de sa compagne Hayat Boumedienne, partie ensuite en Syrie. Pour le sociologoque Farhad Khosrokhavar, il faut toutefois faire la distinction entre les repenties, les endurcies, les indĂ©cises et les traumatisĂ©es ». Et mĂȘme s’il n’existe pas de modĂšle Ă©tabli pour la dĂ©radicalisation, on ne peut pas ne pas la tenter ». Les revenantes », une fois incarcĂ©es et jugĂ©es dans leur pays d’origine, vont aussi poser un autre problĂšme. Aucune femme ne s’était encore radicalisĂ©e en prison », souligne GĂ©raldine Casutt, spĂ©cialiste suisse du jihad fĂ©minin, dans une interview Ă  la chaĂźne France 24. L’administration pĂ©nitentiaire s’inquiĂšte dĂ©sormais d’une potentielle radicalisation fĂ©minine au sein des prisons françaises », pointe-t-elle. PubliĂ© le 07/12/2018 Ă  2130 Les Anciens combattants de Corneilla-del-Vercol se sont regroupĂ©s au monument aux Morts, mercredi dernier, afin de rendre hommage, dans le cadre de la journĂ©e nationale, aux Morts pour la France pendant la guerre d’AlgĂ©rie, et les combats du Maroc et de Tunisie. Le colonel Leydier a rappelĂ© que durant ces conflits "1,5 million de combattants avaient Ă©tĂ© engagĂ©s, que les pertes militaires s’élevaient Ă  27 000 morts et 1 000 disparus, que les pertes civiles se montaient Ă  400 000 morts et que les supplĂ©tifs aprĂšs les cessez-le-feu comptaient prĂšs de 100 000 morts, sans oublier le million de pieds-noirs condamnĂ©s Ă  l’exil". Le maire a lu le message de GeneviĂšve Darrieussecq, secrĂ©taire d’État auprĂšs de la ministre des ArmĂ©es, dans lequel elle rendait hommage aux "centaines de milliers de jeunes appelĂ©s ou rappelĂ©s qui avaient dĂ©couvert le visage de la guerre d’AlgĂ©rie, une guerre Ăąpre et Ă©prouvante, violente, brutale. Une guerre qui marque pour la vie. Les armes se sont tues depuis 56 ans et progressivement, l’histoire s’empare de cette pĂ©riode afin que soit transmise la connaissance de ses mĂ©moires". Une vibrante Marseillaise a clos la cours de la permanence qui a suivi, le colonel RĂ©casens a tenu Ă  Ă©voquer les Ă©vĂ©nements actuels, en particulier les graves incidents dans la crypte du soldat inconnu, et sur l’Arc de Triomphe Ă  Paris "Faudra-t-il que les Anciens combattants, adoubĂ©s de gilets bleu-blanc-rouge, se rendent place de l’Étoile pour protĂ©ger la flamme qui brĂ»le au fond de leur cƓur ?".La prochaine permanence se tiendra le vendredi 4 janvier. L’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale aura lieu le samedi 9 fĂ©vrier, Ă  16 h, avec le Souvenir français. RĂ©sumĂ© Index Plan Notes de l’auteur Texte Bibliographie Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s La question de la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie qui connaĂźt aujourd’hui d’importants renouvellements historiographiques suscite depuis plusieurs dĂ©cennies la collecte de tĂ©moignages oraux auprĂšs des acteurs et des tĂ©moins, notamment auprĂšs des anciens appelĂ©s. La cartographie de ces archives orales commence Ă  se prĂ©ciser, qu’elles soient constituĂ©es dans le cadre du dĂ©pĂŽt lĂ©gal des archives audiovisuelles Ina ou au sein d’institutions patrimoniales, publiques ou associatives. Ces derniĂšres conservent Ă©galement des corpus oraux issus de la dĂ©marche vertueuse » de chercheurs qui ont choisi de dĂ©poser et de rendre consultables leurs entretiens enregistrĂ©s au cours de leur programme de recherche. Cet article fait le point sur les collections sonores en lien avec cette pĂ©riode, qui s’ajoutent Ă  celles du service historique de la DĂ©fense, prĂ©sentĂ©es dans ce mĂȘme numĂ©ro. For several decades, the question of the independence war in Algeria, which has undergone major historiographic renewals, has led to the recording of oral testimony from the actors and witnesses, particularly among the former conscripts. The cartography of these oral archives begins to be clear, whether they are constituted within the framework of the legal deposit of the audiovisual archives Ina or within patrimonial, public or associative institutions. These sound archives are resulting from the "virtuous" approach of researchers who have chosen to deposit and make accessible interviews recorded during their research program. This article takes stock of few archives about this issue in addition to those of the Historical Defense Service, presented in this de page EntrĂ©es d’index Haut de page Notes de l’auteurLes chiffres fournis dans l’article sont issus d’une consultation des diffĂ©rentes plateformes et bases de donnĂ©es effectuĂ©e en janvier 2017. Texte intĂ©gral 1 Anne Roche et Marie-Claude Taranger, Celles qui n’ont pas Ă©crit rĂ©cits de femmes dans la rĂ©gion m ... 2 Anne Roche, Je vous le raconte volontiers, parce qu’on ne me l’a jamais demandĂ© » Autobiographi ... 3 Romain Choron, Les appelĂ©s de la guerre d’AlgĂ©rie 1954-1962 dans les fonds de la division des t ... 1C’est en Ă©coutant le fonds sonore d’Anne Roche et Marie-Claude Taranger, Celles qui n’ont pas Ă©crit1 », lors de son traitement documentaire Ă  la phonothĂšque de la MMSH, que les archivistes ont pris conscience qu’une grande partie des entretiens Ă©taient enregistrĂ©s auprĂšs d’hommes qui avaient participĂ© Ă  la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie. IntriguĂ©s par cet ensemble cohĂ©rent, au sein d’un fonds dĂ©posĂ© au dĂ©part sous un titre qui signalait avant tout des tĂ©moins fĂ©minins, les archivistes interrogĂšrent Anne Roche. Elle dĂ©posa alors, pour les Ă©clairer dans leur travail de contextualisation de leur fonds, une nouvelle sĂ©rie de transcriptions et un article, publiĂ© dans un ouvrage qui n’était plus disponible en librairie2. C’est cet article que le Bulletin de l’AFAS. SonoritĂ©s publie dans ce mĂȘme numĂ©ro. À la phonothĂšque de la MMSH, un corpus spĂ©cifique a Ă©tĂ© créé dans les collections sous le titre Ă©ponyme de l’article qui paraissait assez Ă©vocateur aux archivistes Je vous le raconte volontiers parce qu’on ne me l’a jamais demandé  ». En effet, les corpus d’entretiens auprĂšs des appelĂ©s de la guerre d’AlgĂ©rie ne sont pas si nombreux Ă  ĂȘtre identifiĂ©s et surtout, ils sont trĂšs Ă©parpillĂ©s, difficile Ă  repĂ©rer. Certes, la fusion des collections d’archives sonores du service historique de la DĂ©fense3 permet aujourd’hui d’avoir accĂšs Ă  plusieurs centaines d’entretiens issus de programmes trĂšs diffĂ©rents. Mais, Ă  un moment oĂč les recherches sur la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie connaissent d’importants renouvellements historiographiques, leur cartographie reste encore Ă  faire. C’est ce Ă  quoi s’emploie cet article, rĂ©aliser un premier Ă©tat des lieux des archives sonores et audiovisuelles donnant Ă  entendre des appelĂ©s de cette guerre. Merci Ă  tout lecteur qui connaĂźtrait d’autres corpus sonores ou audiovisuels accessibles, de les signaler Ă  l’AFAS ! 4 Les rĂ©sultats sur d’une recherche Algerian war » sur le site bibliothĂšque numĂ©rique ... 5 Une recherche sur Europeana, la bibliothĂšque numĂ©rique europĂ©enne, sur AppelĂ©s de la guerre d’Alg ... 6 Une recherche sur le moteur de sciences humaines et sociales, Isidore, ne fait pas apparaĂźtre de co ... 7 Calames, le catalogue des archives et des manuscrits des bibliothĂšques universitaires françaises, m ... 8 Il faut noter toutefois que le Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe CVCE, infrastructur ... 9 Sur le domaine, Canal-U, plateforme de ressources audiovisuelles de l’enseignement supĂ©rieur et de ... 10 On peut aussi indiquer que sur son site officiel Benjamin Sto ... 2Si une recherche de collections sonores sur le domaine sur les plateformes et les moteurs culturels ou en sciences humaines et sociales comme Europeana5, Isidore6, Calames7, le CVCE8 ou Canal-U9 ne met pas Ă  jour des collections inĂ©dites hors de celles qui sont prĂ©sentĂ©es plus avant dans l’article, la plateforme Cocoon Collections de corpus oraux numĂ©riques10 » offre plus de rĂ©sultats. Cocoon est dĂ©veloppĂ©e par des linguistes et gĂ©rĂ©e conjointement par le laboratoire Langues et civilisations Ă  tradition orale LACITO – UMR7107 et le Laboratoire ligĂ©rien de linguistique LLL – UMR7270. Une recherche Ă  partir du mot clĂ© AlgĂ©rie - 1954-1962 Guerre d’AlgĂ©rie » renvoie vers quatre colloques organisĂ©s par l’Institut d’histoire du temps prĂ©sent IHTP dont les communications et les dĂ©bats enregistrĂ©s peuvent ĂȘtre consultĂ©s dans les locaux de l’IHTP. – La guerre d’AlgĂ©rie et les AlgĂ©riens 1954-1962, organisĂ©, sous la direction de Charles-Robert Ageron, Ă  Paris les 26 et 27 mars 1996. – La guerre d’AlgĂ©rie et les intellectuels français, organisĂ© Ă  Paris, le 22 avril 1988 avec, entre autres, les interventions de Jean-Pierre Rioux, Jean-François Sirinelli, Raoul Girardet, Jean-Marie Domenach, Jacques Julliard. – La guerre d’AlgĂ©rie et les français, organisĂ© par François BĂ©darida et Jean-Pierre Rioux Ă  Paris, les 15, 16 et 17 dĂ©cembre 1988. – Les croyants et la guerre d’AlgĂ©rie, organisĂ© par François BĂ©darida et Étienne Fouilloux, Ă  Paris, le 17 dĂ©cembre 1987 11 Une recherche sur le catalogue du catalogue collec ... 12 Une recherche dans les transcriptions des entretiens archivĂ©s sur Cocoon sur le terme AlgĂ©rie » 3Cet ensemble de 60 notices 30 cassettes audio fait partie de la collection Colloques de l’IHTP11 » sans description de sous-sĂ©rie, ou de dĂ©pouillement des cassettes. Il est donc difficile de prĂ©ciser les informations de contenu et en particulier de connaĂźtre l’ensemble des confĂ©renciers. Les quatre colloques devraient correspondre Ă  une trentaine d’heures et les publications issues de ces colloques se retrouvent dans les articles et ouvrages de l’IHTP. Une recherche dans les entretiens de terrain sur la thĂ©matique ne donne pas de rĂ©sultats probants12, mais les dĂ©pĂŽts dans cette plateforme sont constants, ouverts Ă  plusieurs disciplines, et il faudrait effectuer des recherches rĂ©guliĂšres pour prendre en compte les mises Ă  jour. Des sources tĂ©lĂ©visĂ©es et radiodiffusĂ©es considĂ©rables mais hĂ©tĂ©rogĂšnes 4Les archives des mĂ©dias tĂ©lĂ©vision et radio sont des archives majeures pour les chercheurs en sciences sociales, en particulier lorsqu’il s’agit de travailler sur des Ă©vĂ©nements historiques prĂ©cis. Sur la question de la guerre d’AlgĂ©rie et des appelĂ©s, on y trouvera non seulement des petits formats rĂ©alisĂ©s pour les actualitĂ©s, mais aussi des entretiens avec les acteurs du moment, des discours politiques comme des documentaires reprĂ©sentant plusieurs points de vue. Toutefois, les archives tĂ©lĂ©visĂ©es ne sont pas conservĂ©es et accessibles de la mĂȘme façon dans tous les pays d’Europe aussi nous Ă©voquerons ici trois ressources principales l’Institut national de l’audiovisuel, le projet Med-Mem et la TĂ©lĂ©vision suisse romande. 5En France, la plateforme de l’Ina, entreprise publique culturelle chargĂ©e de la sauvegarde, de la valorisation et de la transmission du patrimoine audiovisuel français, propose des milliers d’archives radiodiffusĂ©es et tĂ©lĂ©visĂ©es numĂ©risĂ©es et accessibles de plusieurs façons. 6Sur le site grand public » d’ plus de 800 archives Ă©voquent le conflit de la guerre d’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie et, parmi elles, environ 200 portent sur les appelĂ©s 191 Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es, 21 enregistrements audios 13 Il est Ă©galement possible de consulter le catalogue en ligne du dĂ©pĂŽt lĂ©gal de l’Ina http//inath ... 14 Pour plus d’information sur les PCM Ă  la MMSH 7Mais il faut complĂ©ter cette recherche, car les archives du dĂ©pĂŽt lĂ©gal sont beaucoup plus riches. Pour rappel, une recherche dans le catalogue complet des archives du dĂ©pĂŽt lĂ©gal de l’Ina doit s’effectuer sur les sites donnant accĂšs aux postes de consultation multimĂ©dia PCM de l’InathĂšque implantĂ©s13 Ă  la BnF, au sein des 6 dĂ©lĂ©gations Ina, de 16 bibliothĂšques en rĂ©gion, de 4 cinĂ©mathĂšques et de la mĂ©diathĂšque de recherche de la MMSH Ă  Aix en Provence14. 15 Film qui fut interdit en France et en AlgĂ©rie mais obtint le grand prix du festival international d 8Une recherche associant les deux termes appelĂ©s AlgĂ©rie » dans le moteur de l’InathĂšque renvoie ainsi vers 542 documents, dont 128 Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es nationales, rĂ©gionales et satellites et 174 Ă©missions radiophoniques enregistrĂ©es dĂšs 1959. Ces deux termes sont sans doute limitĂ©s et la recherche mĂ©riterait plus de prĂ©cision les archives de l’Ina doivent receler bien d’autres documents en lien avec les appelĂ©s puisque les termes guerre d’AlgĂ©rie » renvoient Ă  18 908 documents, enregistrĂ©s dĂšs 1949. Dans le mĂȘme catalogue, une recherche sur les films issus des archives du CNC Centre national du cinĂ©ma permettent de visionner des documents prĂ©sentant des points de vue trĂšs diffĂ©rents depuis DĂ©fense de l’AlgĂ©rie 1957 Ă  AlgĂ©rie annĂ©e zĂ©ro15 1967. Rappelons que pour des questions juridiques, ces documents peuvent ĂȘtre consultĂ©s uniquement sur place, dans les centres citĂ©s qui donnent accĂšs aux PCM. 9Par ailleurs, l’Ina a soutenu diffĂ©rents projets qui donnent accĂšs Ă  ses archives tĂ©lĂ©visĂ©es et radiodiffusĂ©es, sous des formes et formats diffĂ©rents, Ă©ditorialisĂ©s et augmentĂ©s. 16 17 10En particulier, entre 2008 et 2012, l’Ina a initiĂ© un vaste projet dans le cadre de la COPEAM ConfĂ©rence permanente de l’audiovisuel mĂ©diterranĂ©en Ă  la demande des dĂ©tenteurs d’archives audiovisuelles de la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne. Le projet Med-Mem MĂ©moires audiovisuelles de la MĂ©diterranĂ©e » offre au grand public prĂšs de 4 000 documents audiovisuels des pays du pourtour de la MĂ©diterranĂ©e. ReplacĂ©es dans leur contexte historique et culturel, les archives tĂ©lĂ©vision et radio sont accompagnĂ©es d’une notice documentaire trilingue français, anglais, arabe. Certes, la thĂ©matique de la guerre est loin d’ĂȘtre au cƓur de ce projet qui voulait, avant tout, rassembler et valoriser un patrimoine culturel et historique, toutefois, l’évĂ©nement est bien prĂ©sent. Deux documents originaux sont Ă  souligner le dossier rĂ©alisĂ© par Karima DirĂšche sur le thĂšme La question coloniale et postcoloniale algĂ©rienne16 » et un documentaire de 1963 rĂ©alisĂ© par Slim Riad Mohamed, AlgĂ©rie 1er novembre 1954-1er novembre 1962, pour la tĂ©lĂ©vision algĂ©rienne17. 18 Mais aussi sur le site du Monde et de l’Ina. 19 20 Sur les 9 tĂ©moins, seule une est combattante du FLN, il s’agit d’Évelyne Lavalette. 11Toujours sur la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie, les archives de l’Ina peuvent ĂȘtre Ă©coutĂ©es autrement. En effet, en 2007, l’Ina a restituĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision algĂ©rienne une copie des archives filmĂ©es par les reporters français avant 1962. Cet ensemble est mis en avant dans un web documentaire accessible sur le quotidien El Watan18 sous le titre IndĂ©pendance algĂ©rienne19. Cette coproduction du Monde, de l’Ina et d’El Watan donne Ă  voir et Ă  entendre neuf tĂ©moins qui racontent en 2012 leur Ă©tĂ© 1962 Ă  l’occasion du cinquantiĂšme anniversaire du 5 juillet. Ils sont combattants du FLN20, pied vert ou pied noir, simple habitant, membre de l’OAS ou appelĂ©. Malheureusement, la technologie de ce webdoc ne permet pas de citer convenablement les sources. Ainsi, l’appelĂ© Michel Guay, mobilisĂ© et envoyĂ© Ă  Oran en janvier 1962, filmĂ© dans le cadre du projet, apparaĂźt dans un cadre multimĂ©dia. Dans ce cadre » s’intercalent des images d’archives et des commentaires historiques qui apparaissent sans que l’internaute ne puisse ouvrir les fenĂȘtres au fil de l’entretien. L’ensemble est accessible sous une seule adresse Ă©lectronique, unique pour toutes les ressources 12Aucun texte ne peut ĂȘtre copiĂ© ou citĂ©, rien ne peut ĂȘtre embarquĂ© » pour ĂȘtre repris dans une autre publication, les cadres ne sont pas numĂ©rotĂ©s. Aussi, bien que le document soit trĂšs esthĂ©tique, agrĂ©able Ă  consulter et riche d’informations, il est difficile d’utiliser ce webdocumentaire dans un travail universitaire. 21 Une recherche gĂ©nĂ©rale avec les termes guerre d'AlgĂ©rie » sur le site renvoie ... 22 23 Sur YouTube 13La RTS Radio et tĂ©lĂ©vision suisse romande fournit Ă©galement de nombreuses archives tĂ©lĂ©visĂ©es et radiodiffusĂ©es sur cette pĂ©riode et plus largement sur l’AlgĂ©rie21. Un dossier sur le thĂšme La douloureuse indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie22 », donne ainsi accĂšs Ă  onze Ă©missions et Ă  des petits documentaires créés Ă  cette pĂ©riode. Plusieurs d’entre elles mettent en avant l’implication des personnalitĂ©s suisses dans les accords d’Evian ou les luttes contre la torture. Il s’agit toutefois uniquement d’une recherche en ligne et sans nul doute, la RTS doit possĂ©der des archives plus complĂštes consultables sur place. Certains de ses documentaires circulent d’ailleurs sur des plateformes gĂ©nĂ©ralistes de type You Tube ou Daily Motion dont la citabilitĂ© pĂ©rissable rend difficile leur rĂ©fĂ©rencement dans un travail scientifique. Il est ainsi possible de visionner le film produit par la TĂ©lĂ©vision suisse romande en 1974, GĂ©nĂ©ral de BollardiĂšre. L’AlgĂ©rie, le silence d’État et le destin d’un homme, rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Gazut et Pierre Stucki, censurĂ© en France23. Des entretiens inĂ©dits qui restent encore Ă  cartographier et Ă  documenter 24 Nous aurions pu ajouter Ă  ces deux associations celui de Dastum spĂ©cialisĂ©e dans la musique bretonn ... 25 Les Archives nationales nous ont confirmĂ© qu’ils ne conservaient pas dans leur fonds des archives s ... 14Au-delĂ  de ces grandes plateformes, les centres de ressources associatifs ou institutionnels qui proposent un accĂšs Ă  leurs archives sonores sur ce thĂšme, repĂ©rĂ©s dans le cadre de cet article sont au nombre de quatre, deux associations24 et deux institutions de recherche. Nous avons sĂ©lectionnĂ© uniquement les centres de ressource, qui permettent l’écoute en ligne ou sur site d’archives orales25 sur les appelĂ©s de la guerre d’AlgĂ©rie – L’Association Harkis et droits de l’Homme – La BibliothĂšque de documentation internationale contemporaine BDIC – Le Centre de documentation pour l’histoire de l’AlgĂ©rie CDHA – La phonothĂšque de la Maison mĂ©diterranĂ©enne des sciences de l’homme MMSH Ă  Aix-en-Provence Association Harkis et droits de l’Homme 26 15Cette association, cofondĂ©e en 2004 par Fatima Besnaci-Lancou et Hadjila Kemoum, s’est donnĂ© pour objectif de faire connaĂźtre l’histoire des harkis par plusieurs moyens, dont la collecte d’entretiens filmĂ©s et enregistrĂ©s26. Sur le thĂšme de la guerre d’AlgĂ©rie et plus particuliĂšrement des appelĂ©s, plusieurs centaines d’entretiens sont archivĂ©s au sein de l’association et publiĂ©s sous forme de transcription dans des ouvrages. Les entretiens peuvent ĂȘtre Ă©coutĂ©s sur demande, sur place Ă  l’association, en contactant Fatima Besnaci-Lancou La BDIC 27 16La BibliothĂšque de documentation internationale contemporaine BDIC dĂ©veloppe ses collections d’archives autour de thĂšmes tels que l’histoire des relations internationales, les deux guerres mondiales, les conflits armĂ©s, les gĂ©nocides, la dĂ©colonisation, la question des droits de l’homme, les minoritĂ©s, les mouvements politiques et sociaux ou les migrations volontaires ou forcĂ©es. La consultation des sources documentaires nĂ©cessite l’inscription prĂ©alable du lecteur Ă  la BDIC. Trois fonds de tĂ©moignages concernant les appelĂ©s en AlgĂ©rie sont conservĂ©s actuellement Ă  la BDIC et consultables uniquement sur place avec ou sans restrictions. Le catalogue des archives sonores et audiovisuelles est accessible sur la plateforme Calames27, toutefois les trois collections prĂ©sentĂ©es ici n’y sont pas encore intĂ©grĂ©es. – Le Fonds Andrea Brazzoduro » tĂ©moignages oraux rĂ©alisĂ©s dans le cadre de la thĂšse de doctorat en histoire I veterani d’Algeria e la Francia contemporanea. Esperienze et memorie del contingente di leva, 1955-2010 UniversitĂ© de Paris-Ouest Nanterre, 2011. Les archives sont consultables Ă  la BDIC avec l’autorisation de l’auteur. – Le Fonds BenoĂźt Kaplan » tĂ©moignages oraux rĂ©alisĂ©s dans le cadre du mĂ©moire de maĂźtrise en histoire Une gĂ©nĂ©ration d’élĂšves des Grandes Ă©coles en AlgĂ©rie mĂ©moire d’une guerre » UniversitĂ© de Paris-Ouest, 1996. Les archives sont consultables Ă  la BDIC avec l’autorisation de l’auteur. – Le Fonds Bernard Andrieux » tĂ©moignages filmĂ©s dans le cadre de l’enquĂȘte intitulĂ©e AlgĂ©rie, facettes d’une guerre 1954-1962 ». Les archives sont librement consultables Ă  la BDIC. 17Pour toute information complĂ©mentaire, vous pouvez consulter Rosa Olmos, responsable du service audiovisuel ] Le CDHA 28 29 Contact de l’archiviste du CDHA 18Le Centre de documentation pour l’histoire de l’AlgĂ©rie CDHA, créé en 1974 et reconnu d’utilitĂ© publique en 1985, installĂ© dans la Maison MarĂ©chal Juin, 29 avenue de TĂŒbingen Ă  Aix-en-Provence, a pour mission de rechercher partout en France et hors de France, ras­sembler, rĂ©pertorier, conserver, pĂ©renniser et faire connaĂźtre la documentation sous toutes les formes d’expression histoire, littĂ©rature, art plastique, documents sonores, musique... etc. concernant l’AlgĂ©rie avant et pendant la prĂ©sence française ainsi que les suites de cette prĂ©sence ». Il possĂšde une bibliothĂšque, des fonds d’archives Ă©crites, iconographiques, et audiovisuelles, ainsi que des tĂ©moignages oraux audio et maintenant vidĂ©o. La collecte des tĂ©moignages oraux a commencĂ© dans les annĂ©es 1990 Ă  l’initiative de Jean Monneret et se poursuit grĂące au groupe Histoire de paroles, créé en 2011. Une recherche sur la base de donnĂ©es du CDHA donne un seule rĂ©fĂ©rence Ă  l’interrogation du terme appelĂ©28 », mais environ 70 tĂ©moignages oraux sont archivĂ©s dans ce centre de ressource sur la question de la guerre d’AlgĂ©rie29 militaires, notamment des officiers SAS, appelĂ©s, harkis, pieds-noirs, mĂ©decins, enseignants ou autres fonctionnaires ayant vĂ©cu en AlgĂ©rie Ă  l’époque. La phonothĂšque de la Maison mĂ©diterranĂ©enne des sciences de l’homme MMSH Ă  Aix-en-Provence 30 Jean-Robert Henry et Jean-Claude Vatin dir., Le Temps de la coopĂ©ration. Sciences sociales et dĂ©c ... 19La phonothĂšque de la MMSH USR 3125 – Aix-Marseille universitĂ© – CNRS met Ă  disposition plusieurs collections en lien avec les Ă©vĂ©nements de l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie, soit plus de 130 heures d’écoute. Les entretiens sont Ă©coutables en ligne lorsque les questions Ă©thiques et juridiques le permettent, sur la base de donnĂ©es de la phonothĂšque, Ganoub. Les mĂ©tadonnĂ©es descriptives sont placĂ©es dans le domaine public et rĂ©utilisables par toutes. D’autres collections sonores portant sur cette pĂ©riode sont Ă©galement archivĂ©es comme le corpus d’HĂ©lĂšne Bracco sur L’autre face “EuropĂ©ens” en AlgĂ©rie indĂ©pendante » entretiens enregistrĂ©s, 1993, 28 h ou celui rĂ©alisĂ© par Jean-Robert Henri et François Siino IREMAM sur le thĂšme des CoopĂ©rants au Maghreb du milieu des annĂ©es 1950 Ă  la fin des annĂ©es 1970 » entretiens filmĂ©s, 2008-2012, 60 h30. 20Cet article se limite Ă  prĂ©senter quatre corpus directement en lien avec les appelĂ©s durant la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie. – Actes de refus civils et militaires dans la guerre d’AlgĂ©rie 1954-1962 – “Je vous le raconte volontiers parce qu’on ne me l’a jamais demandĂ©â€ rĂ©cits autobiographiques de français en AlgĂ©rie, au Maroc, en Tunisie dans les annĂ©es 1930 Ă  1962 » – RĂ©cits de vie de harkis – TĂ©moignages d’appelĂ©s en AlgĂ©rie rĂ©sidant en Midi-PyrĂ©nĂ©es Actes de refus civils et militaires dans la guerre d’AlgĂ©rie 1954-1962 Dates d’enregistrement 2007Nombre d’entretiens 17DurĂ©e 12 hEnquĂȘtrice HĂ©lĂšne BraccoAccĂšs sur Ganoub 21Le corpus prĂ©sente des tĂ©moignages d’actes de refus civils et militaires dans ce que furent, pour l’État français Les opĂ©rations de maintien de l’ordre en AlgĂ©rie », autrement dit la guerre d’AlgĂ©rie de 1954 Ă  1962. Les actions se dĂ©roulent en France et en AlgĂ©rie principalement, Ă  l’étranger quelquefois. HĂ©lĂšne Bracco interroge les rĂ©fractaires Ă  la guerre quant aux sources de leur refus familiales, politiques et sociales, mais aussi sur les consĂ©quences de leur acte de refus jusqu’à aujourd’hui. Elle s’adresse Ă©galement aux enfants de ces rĂ©fractaires et Ă  quelques-uns de leurs amis. L’ensemble est constituĂ© de 16 enquĂȘtes et d’une Ă©mission radiophonique. “Je vous le raconte volontiers parce qu’on ne me l’a jamais demandĂ©.” RĂ©cits autobiographiques de Français en AlgĂ©rie, au Maroc, en Tunisie dans les annĂ©es 1930 Ă  1962 » Dates d’enregistrement 1983-1991Nombre d’entretiens 24DurĂ©e 22 hCommanditaires Anne Roche et Marie-Claude TarangerEnquĂȘteurs multipleAccĂšs sur Ganoub 31 Sur la mĂ©thodologie de la constitution de ce corpus autobiographique, voir ... 22Dans les annĂ©es 1980-1990 des Ă©tudiants de l’universitĂ© de Provence qui suivaient un cours de littĂ©rature axĂ© sur le rĂ©cit autobiographique dirigĂ© par Anne Roche et Marie-Claude Taranger devaient, dans le cadre de leur Ă©valuation, rĂ©aliser une enquĂȘte auprĂšs d’un tĂ©moin de leur choix sur des thĂ©matiques variant au cours des annĂ©es annĂ©es 1930, de la guerre de 1939-1945, du Front populaire, etc.. Certains d’entre eux ont choisi de rĂ©aliser des entretiens avec des tĂ©moins qui vivaient dans un pays du Maghreb dans les annĂ©es 1930 ou pendant la Seconde Guerre mondiale. D’autres ont choisi d’interroger ceux qui ont vĂ©cu la guerre d’AlgĂ©rie du cĂŽtĂ© des soldats du contingent. Comme dans les autres entretiens rĂ©alisĂ©s dans le cadre de cet enseignement, les consignes donnĂ©es aux tĂ©moins Ă©taient trĂšs ouvertes il s’agissait de raconter leur vie quotidienne et leurs souvenirs31. Les tĂ©moins parlent de ce qu’ils ont vu, de ce qu’ils ont vĂ©cu, aussi de ce qu’ils ont entendu dire, ou cru, ou espĂ©rĂ© et parfois de ce qu’ils ont appris depuis, par diffĂ©rentes voies, avec le souci frĂ©quent de distinguer ces diffĂ©rents plans. Anne Roche a rĂ©digĂ© Ă  partir de ces entretiens un article pour une exposition au MusĂ©e d’histoire contemporaine en 1992 voir supra. Nous avons repris le titre de son article pour regrouper et prĂ©senter tous les rĂ©cits autobiographiques enregistrĂ©s auprĂšs de tĂ©moins ayant vĂ©cu en AlgĂ©rie, au Maroc ou en Tunisie des annĂ©es 1930 Ă  1962. RĂ©cits de vie de harkis Dates d’enregistrement 1997-1998Nombre d’entretiens 56DurĂ©e 75 h 15 minEnquĂȘteur GrĂ©gor MathiasAccĂšs sur Ganoub 32 Gregor Mathias, Survivre Ă  l’indĂ©pendance algĂ©rienne. ItinĂ©raires de moghaznis en 1962-1963 », da ... 23Ces 56 enquĂȘtes, rĂ©alisĂ©es par GrĂ©gor Mathias, alors Ă©tudiant en DEA auprĂšs d’engagĂ©s et auxiliaires militaires français-musulmans de la guerre d’AlgĂ©rie 1954-1962, ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans le cadre d’une convention entre l’universitĂ© de Provence et l’Association des anciens des Affaires algĂ©riennes. Le chercheur suit un questionnaire qui aborde les questions de la situation socio-Ă©conomique de l’informateur, son lien avec le FLN Front de libĂ©ration nationale, les motivations, les circonstances et les consĂ©quences de son engagement, ses relations avec les officiers, sa vie militaire, son adhĂ©sion Ă  l’ALN ArmĂ©e de libĂ©ration nationale, le lien avec la population locale, puis aborde des questions plus larges sur les Ă©vĂ©nements politiques et en particulier, l’annĂ©e 1962. L’entretien se conclut sur le rĂ©cit du retour/arrivĂ©e de l’informateur en France. La totalitĂ© du corpus est numĂ©risĂ©e, ce qui permet de se dĂ©placer rapidement Ă  travers le questionnaire. En 2012, Ă  Saint-Brieuc, lors de la journĂ©e d’étude sur AlgĂ©rie, sorties de guerre », Gregor Mathias a repris 18 entretiens dĂ©posĂ©s Ă  la phonothĂšque de la MMSH pour esquisser une typologie des supplĂ©tifs abandonnĂ©s par l’armĂ©e française ou restĂ©s en AlgĂ©rie aprĂšs l’indĂ©pendance algĂ©rienne32. En 2017, Gregor Mathias a repris trois de ces entretiens dans son ouvrage La France ciblĂ©e. Terrorisme et contre-terrorisme pendant la guerre d’AlgĂ©rie, publiĂ© aux Ă©ditions VendĂ©miaire. TĂ©moignages d’appelĂ©s en AlgĂ©rie rĂ©sidant en Midi-PyrĂ©nĂ©es Dates d’enregistrement 1998-1999Nombre d’entretiens 17DurĂ©e 16 hEnquĂȘtrice Sandrine MarrouAccĂšs sur Ganoub 24Les entretiens de Sandrine Marrou avaient pour objectif de recueillir des mĂ©moires individuelles sur la question tabou » de la guerre d’AlgĂ©rie. Le master propose en effet une premiĂšre approche de la comprĂ©hension du refoulement dont est victime l’histoire de cette guerre, notamment par ceux qui l’ont faite. Le corpus est composĂ© de 17 tĂ©moignages anonymisĂ©s tous enregistrĂ©s dans le sud-ouest de la France, principalement en Tarn-et-Garonne. Deux d’entre eux font partie des rappelĂ©s » puisqu’ils avaient dĂ©jĂ  fait leur service militaire et un est un soldat engagĂ©, nĂ© en AlgĂ©rie. Le corpus est hĂ©tĂ©rogĂšne et couvre gĂ©ographiquement plusieurs lieux, des durĂ©es variables et des corps d’armĂ©e diffĂ©rents. L’annĂ©e du dĂ©part des informateurs pour l’AlgĂ©rie est Ă©galement trĂšs variable, mais aucun tĂ©moignage ne concerne la dĂ©mobilisation de l’étĂ© 1962. Dans l’objectif du dĂ©pĂŽt Ă  la phonothĂšque de la MMSH, Sandrine Marrou a rĂ©digĂ© une annexe complĂšte sur la mĂ©thode d’histoire orale et, en particulier, l’élaboration de la grille d’entretien, la recherche des informateurs, la cohĂ©rence du corpus et propose l’ensemble des transcriptions. En cours de traitement Ă  la phonothĂšque de la MMSH. 25Pour conclure, matĂ©riellement, les corpus sur la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie sont mal cartographiĂ©s et les dĂ©pĂŽts accessibles difficiles Ă  identifier. Certes, il existe des fonds importants sur la question de la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie et plus prĂ©cisĂ©ment des appelĂ©s comme ceux de l’Ina et du ministĂšre de la DĂ©fense. Toutefois, si nous reprenons l’expression de Florence Descamps qui, en Ă©voquant les fonds sonores parle de millefeuille mĂ©moriel et patrimonial », dans le cas de cette guerre, il semble bien que nombre de feuilles soient toujours manquantes. Nous savons pourtant que des enquĂȘtes ont Ă©tĂ© conduites par de nombreux chercheurs, issus de disciplines diffĂ©rentes, au cours du dernier tiers du xxe siĂšcle, mais tous n’ont pas fait la dĂ©marche de dĂ©poser les sources de leur recherche. À Aix-Marseille UniversitĂ©, plusieurs masters et des thĂšses qui s’appuyaient sur des entretiens d’acteurs de cette pĂ©riode ont Ă©tĂ© soutenus. Certains portent, par exemple, sur l’action des communistes pendant la guerre ou encore sur la catĂ©gorie professionnelle des officiers ou bien sur le retour des appelĂ©s, et indiquent dans leur note mĂ©thodologique s’appuyer sur des entretiens sans que les sources de la recherche aient Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es. D’autres chercheurs en France ont aussi rĂ©alisĂ© des entretiens sur cette pĂ©riode et les dĂ©poseront peut-ĂȘtre, un jour, dans un service d’archives. Il convient de patienter encore la pratique vertueuse du dĂ©pĂŽt procĂšde tranquillement. Pour la communautĂ© scientifique, chercheurs et archivistes, il reste encore un important travail de repĂ©rage, de traitement et d’exploitation Ă  mener. Haut de page Bibliographie Adgharouamane, Un accĂšs exceptionnel aux archives de l’Ina Ă  la mĂ©diathĂšque de la MMSH », PĂŽle Image-Son, 2 septembre 2012. [En ligne] ConsultĂ© le 9 janvier 2017. Ageron, dir., La Guerre d’AlgĂ©rie et les AlgĂ©riens, 1954-1962 actes de la table ronde, Paris, 26-27 mars 1996, Paris, A. Colin, 1997. Andreani, M., PrĂ©sentation d’un corpus sonore Celles qui n’ont pas Ă©crit », Les Carnets de la phonothĂšque, 7 dĂ©cembre 2012. [En ligne] ConsultĂ© le 9 janvier 2017. 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Haut de page Notes 1 Anne Roche et Marie-Claude Taranger, Celles qui n’ont pas Ă©crit rĂ©cits de femmes dans la rĂ©gion marseillaise, 1914-1945, Aix-en-Provence, Édisud, 1995. 2 Anne Roche, Je vous le raconte volontiers, parce qu’on ne me l’a jamais demandĂ© » Autobiographies d’appelĂ©s en AlgĂ©rie », dans B. Stora, Rioux et L. Gervereau dir., La France en guerre d’AlgĂ©rie, Paris, MusĂ©e d’histoire contemporaine-BDIC, 1992, p. 264-272. 3 Romain Choron, Les appelĂ©s de la guerre d’AlgĂ©rie 1954-1962 dans les fonds de la division des tĂ©moignages oraux DTO du service historique de la DĂ©fense SHD », Bulletin de l’AFAS. SonoritĂ©s, n° 43. 4 Les rĂ©sultats sur d’une recherche Algerian war » sur le site bibliothĂšque numĂ©rique mondiale, sont hĂ©tĂ©rogĂšnes, mais certains sont assez intĂ©ressants. Les 54 documents audiovisuels renvoient vers des programmes radiodiffusĂ©s de la BBC, des documentaires et des films sur le domaine, comme The Battle of Algiers 1966 de Gillo Pontecorvo ou des films d’archives comme ceux de la National Archives and Records Administration 5 Une recherche sur Europeana, la bibliothĂšque numĂ©rique europĂ©enne, sur AppelĂ©s de la guerre d’AlgĂ©rie » renvoie – pour les documents sonores et audiovisuels – uniquement vers l’Ina et Ă  la phonothĂšque de la MMSH Mais une recherche plus large renvoie aussi Ă  la Radio TĂ©lĂ©vision Belge qui met en ligne plusieurs Ă©missions sur la question des appelĂ©s de la guerre d’AlgĂ©rie et plus largement de la guerre 6 Une recherche sur le moteur de sciences humaines et sociales, Isidore, ne fait pas apparaĂźtre de collections sonores nouvelles par rapport Ă  celles dĂ©crites dans l’article 7 Calames, le catalogue des archives et des manuscrits des bibliothĂšques universitaires françaises, mais aussi de grands Ă©tablissements nationaux de recherche, ne fait pas apparaĂźtre de collections sonores nouvelles par rapport Ă  celles dĂ©crites dans l’article 8 Il faut noter toutefois que le Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe CVCE, infrastructure de recherche numĂ©rique sur la construction europĂ©enne met en ligne un entretien de Jean-François Poncet 2007 Ă©voquant la guerre l’AlgĂ©rie ; des enregistrements historiques y sont aussi accessibles comme les allocutions de Louis Joxe, ministre français chargĂ© des Affaires algĂ©riennes le 23 mars 1962 et des accords d’Évian Ă  Paris le 20 mars 1962 9 Sur le domaine, Canal-U, plateforme de ressources audiovisuelles de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche, donne principalement Ă  entendre un colloque sur le domaine Pour une histoire critique et citoyenne – le cas de l’histoire franco-algĂ©rienne ainsi que des confĂ©rences de Benjamin Stora, dans le cadre du dĂ©pĂŽt qui a Ă©tĂ© fait par le MusĂ©e national de l’histoire de l’immigration 70 documents 10 On peut aussi indiquer que sur son site officiel Benjamin Stora met lui-mĂȘme en ligne toute une sĂ©rie d’entretiens 11 Une recherche sur le catalogue du catalogue collectif de France CCFR montre que ces colloques ont Ă©tĂ© Ă©galement dĂ©posĂ©s Ă  la BnF dans le dĂ©partement de l’audiovisuel oĂč ils ne sont pas non plus dĂ©pouillĂ©s ni Ă©coutables en ligne 12 Une recherche dans les transcriptions des entretiens archivĂ©s sur Cocoon sur le terme AlgĂ©rie » renvoie vers plus d’une centaine de rĂ©ponses, mais seulement trois avec le filtre gauche guerre » Une recherche sur le terme appelĂ© » avec le filtre droit AlgĂ©rie » ne donne aucun rĂ©sultat. 13 Il est Ă©galement possible de consulter le catalogue en ligne du dĂ©pĂŽt lĂ©gal de l’Ina Mais la recherche est moins ergonomique que sur les postes sur site et il n’est pas possible de visionner les Ă©missions. 14 Pour plus d’information sur les PCM Ă  la MMSH 15 Film qui fut interdit en France et en AlgĂ©rie mais obtint le grand prix du festival international de Leipzig en 1965. 16 17 18 Mais aussi sur le site du Monde et de l’Ina. 19 20 Sur les 9 tĂ©moins, seule une est combattante du FLN, il s’agit d’Évelyne Lavalette. 21 Une recherche gĂ©nĂ©rale avec les termes guerre d'AlgĂ©rie » sur le site renvoie Ă  776 rĂ©fĂ©rences interrogation le 8 mai 2017 22 23 Sur YouTube 24 Nous aurions pu ajouter Ă  ces deux associations celui de Dastum spĂ©cialisĂ©e dans la musique bretonne. Une recherche sur le terme AlgĂ©rie » renvoie vers 13 archives sonores qui donnent Ă  entendre des chants de soldats ayant fait leur service en AlgĂ©rie comme En avant les gars de 20 ans, celui qui pleure » 1968, C’était un militaire revenant d’AlgĂ©rie » 1976 et 1980 ou la chanson paillarde Un jour en m’y promenant rue d’Alger » 1987 Toutefois il ne semblait pas y avoir de rĂ©cit de vie ou thĂ©matique en lien avec la guerre. 25 Les Archives nationales nous ont confirmĂ© qu’ils ne conservaient pas dans leur fonds des archives sonores ou audiovisuelles sur cette pĂ©riode. 26 27 28 29 Contact de l’archiviste du CDHA 30 Jean-Robert Henry et Jean-Claude Vatin dir., Le Temps de la coopĂ©ration. Sciences sociales et dĂ©colonisation au Maghreb, Paris, Karthala, 2012. 31 Sur la mĂ©thodologie de la constitution de ce corpus autobiographique, voir 32 Gregor Mathias, Survivre Ă  l’indĂ©pendance algĂ©rienne. ItinĂ©raires de moghaznis en 1962-1963 », dans V. Joly et P. dir., AlgĂ©rie sorties de guerre. 1962-1965, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique VĂ©ronique GinouvĂšs, OĂč et comment consulter les entretiens enregistrĂ©s auprĂšs des appelĂ©s durant la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie ? », Bulletin de l'AFAS [En ligne], 43 2017, mis en ligne le 04 avril 2020, consultĂ© le 23 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Droits d’auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page

dans la marseillaise comment sont appelés les combattants français