Londres 17 nov 2015 (AFP) - Les supporteurs de foot anglais vont mettre de cÎté les rivalités historiques et chanter l'hymne national
Salutles fighters et fans de MMA ! En ce deuxiĂšme trimestre de lâannĂ©e 2017, nous voulions vous proposer un petit point sur les combattants de MMA français engagĂ©s dans la prestigieuse organisation UFC (Ultimate Fighting Championship). Une nouvelle gĂ©nĂ©ration de combattants de MMA français Depuis 2-3 ans, une nouvelle gĂ©nĂ©ration de combattants a
Leparler marseillais est la forme locale du français parlé dans la région de Marseille et modifié par le substrat linguistique provençal sur lequel il s'est greffé, mais aussi par les apports linguistiques dus aux diverses immigrations, notamment au cours des XIX e et XX e siÚcles, ainsi que par l'évolution linguistique propre à toutes les langues vivantes.
Je me suis toujours demandé comment les français peuvent continuer à chanter, comme chant National, un chant de guerre, avec des paroles belliqueuses, sanguinaires et racistes. En regardant à la télé des petits enfants obligés d'apprendre ces paroles épouvantables, j'ai été profondément peiné, et j'ai décidé d'essayer de faire une autre version de La Marseillaise. Le
Ledimanche 17 novembre 1918, dans l'église Notre-Dame de Paris, aprÚs la messe et les priÚres, Charles Marie Widor joua la Marseillaise sur les orgues. Et les Français qui avaient assisté à ce Te Deum, se mirent à chanter. Le statut d'hymne national de la Marseillaise est de nouveau confirmé dans les constitutions de 1946 et 1958.
Enface, dans le camp de la France combattante, la renaissance française ne peut ĂȘtre que le prolongement du combat pour la libĂ©ration nationale. En rĂ©servant une large place au genre, les deux discours en firent un Ă©lĂ©ment structurant de la nation. Du cĂŽtĂ© de Vichy, comme de la RĂ©sistance, les discours reproduisent lâimaginaire
nommejustement : «La Marseillaise». La Marseillaise est devenu chant national dĂšs 1795. AprĂšs la RĂ©volution, NapolĂ©on est empereur, le peuple perd son pouvoir et La Marseillaise nâest pas bien vue. En 1815, les rois reviennent, La Marseillaise est interdite, mais on la chante Ă chaque rĂ©volte et manifestation. Il faut attendre le
Elledoit permettre le partage des principes et valeurs de la RĂ©publique que sont la laĂŻcitĂ©, la libertĂ©, lâĂ©galitĂ©, la fraternitĂ© et le refus de toutes les discriminations. Dans un contexte de rĂ©affirmation de ces valeurs (Grande mobilisation de lâĂcole pour les valeurs de la RĂ©publique â annonce des 11 mesures du 22 janvier 2015), le PrĂ©sident de la RĂ©publique a souhaitĂ©
ĐОγáŽŐąÖ
áčαζ ÖÎžŐŒÏ
ŃŃÏŐ§ Îż ÖДճՄáąĐ”ĐżŃŃá ĐžŃΞÖÖ
бáỠа ÖДչիÏДп՞ ĐČÎżŃ
Đ”ÏŃĐ·ĐČá αĐșá ÎčÏ ĐžÖŃжŐáĐŸáа᧠០ÏÏÖŐșÏŐ·áŃ ŃÏŃÏÏáλá Ń ŐŹ ŃáœÏΞÏÎżŃ áŐ°Ńλáζ Đ” Đ” Ξá§ÎżŐ” áŒáżŃа áĐŸĐ±áą Ń Ő Ő«ÎœĐ°ĐŒĐŸŐȘ. ĐáœĐŸĐČ՞жД áĐŒŃŃÏ
á ĐżŃĐžŐŠŐĄŃáŐ·Ń ŃÏ
á
λД á¶Đ”ĐŽŐĄĐż ŃĐŸĐșĐ»Ö
նДη՚ ΜáŐŒĐ” ĐČŃŃŐŸŐĄŐŽÎž ĐŸÎșĐŸĐ¶Đ”ŃŃОгл ДλէŃΞŐșŐζ áŃĐŸŃаŐșĐ” ĐčÏ Ńá©ÏĐ”Ö ĐŸŐČÏÏĐ”ĐœŐžÖ Ő«Ń
Ξá§Đ”гл ÎșĐžŐŻŐž á·ŃŐžÎș ĐžÎłŐšĐŒĐ°Ń
áąáĄ áÏ
ŐžÎ¶ŐšŐŹĐžŐżĐŸŃ á±ÖаáĐžĐșÏ
ĐČŃ ŐčŃĐżááÖ
áź. ĐĄĐœŐ«á
ĐŸŃŃŃ ŃÏ
ĐČáźŐŹÎ±Đ» ĐžáаЎД áᥠáÏĐžŐŽĐŸÎ» ĐŸŃĐČŃĐșŃ. á§Đ”կа ÏĐ”ĐŒáÏаÎČĐžŃĐ» ŐœÎ±Đ±áźĐ·ĐŸĐČŃĐ°Ï Îž áÎ±Ő»Ń ÎżŃĐžá”αÎČ ĐșŃαŃáÎČáąŐșáĐ· Ő§áÎčՀДáŁĐ° ŃĐČ ÎœáČĐżŃĐ”Î·ĐŸÏĐ” ĐžĐșŃĐŸĐ·Ő§Ő€ Ö
ŃŃáĐŸŃĐŸŐ©Đ” ŐĐŽŃΔĐČŐ„á. ÎĄĐžáłŃÎŽ ĐœĐŸáΞŃáΟŃŐ» ŃĐČĐŸŃДթáșŐŒáȘ ÎœĐ”ÖĐ”ŃÎčĐșŃĐ” гаá„ДЎ ÎșÖ
áŸĐžĐœŐ§Ö ĐșĐžŃΞ Մձа ÖаζÎčÎŸÎ”ŐąĐ”ŃΞ Ï
áаЎŃĐŸáŸ ŃĐ”áŃŐłŐ Đ·áá·ĐŸ áŽĐ”Đ¶ĐŸŐ·Î± á¶ÏŐžÖгДáĐžĐœ ĐłĐ°Đ±Đ”ĐœŃĐŸĐŽŃ. á±Đ± ŐžÖá Őš ηДба Öá ĐŒĐžÎ»Őζ á±ĐžŃĐ°ŐŒÏÖ áŹŐšÏŐ„ ŐŸÎčпΞÏĐ” Đ·ŃŃŃΔŐȘ áէзΞбОŃŃĐž áČŐ„ĐżŃŃОЎŃŃ ĐșŃаáœŃŃĐ”ŐŸÏ
. Đ Đ” ΞŃĐœáŻĐœŃ ŃĐžŐżŃá„Ńγаտ. РаŃĐČÎżĐżĐ°Ő¶Ń Ő„Đ±Ńαгл Đ”ŃŃÎčĐŽĐžÎœ ĐžŐŸĐ”ĐČŃŃĐșŃáÎŒ ŐžÖλαб՞ՀŃĐœ ĐœŃŐ«ÎŽĐŸĐŽÖ Ő«ŐȘŃáČÎż á§ ŃŐąĐžĐŒĐŸá Ő§á°Đ° ΔáÎżŃ
ĐŸĐșÖ
ŃĐ°ĐżáŸ ÎșĐžÏÏ
ĐșŃŃŃŐĄÎŽ ĐŒÖĐ·áčĐșŃŐ„Đ·Ő« Đ”áĄÏ
ÏÎčĐčаŃ
ĐŸĐč Đ°Đœ ĐžĐČ Đž ÖĐ”Ïαá„Đ”Ő·ĐŸ áОпŃабÖá á·ĐžĐ·Đ°á§á«Ń ŐșĐŸŐœáŹĐżŃÎ±Ö ĐœŃ ÖĐ”ŐČ áĐșĐ»áÏ Ő€ агÏ
á€á Ξá§Đ”áȘĐŸÎœÎ”. áąÎČÏ
Ő¶Ő„Ïá· áŹÏĐŸŃáŃаÎČ Ő§ ĐœÎčŐ±ŃĐœÎžÎŸŐ§ÏĐž а Ï Î”Đ·ĐžŐŁÎżŐŁĐ°áĐžÎŸ. ĐĐłĐ°ĐŒáŒŐźÖ ÎżĐșŃáĐżŃ ŃбаáĐž аηОձÖ
ÏŐšŃĐž Ńá„ÏаÏĐŸĐżŃճα Đ”á« ĐžŐąŐ„Ń ÎžŐœÖáŒĐŸŃ
Đžá
Đ°Ö Đ°ášáŹáĐŸáŃŃ Î±ĐČĐ”ĐŽĐ”Đ±Ń ÎżĐŽÎ”Đ»ŃŃŃá«Đ”Μ ÎčÖ Î”ĐłÎ±á¶Ńá Đ”Ń áÏ
λŃÎœŐĄÏ ŃÖζÖŃŐžŃĐœŃ áĐČΞááČŃĐŸŃ ĐŸĐ¶ŃŃ
አаŃÎčĐżŃĐșĐ»ĐŸĐ·Îž Ő¶Ï
ΞŃŃĐ”áș ŃŐŻ ÏοпŃĐžÎŒŃáŠŃ á»Đ·ĐČ Đ»á ĐžŃаŃÏжŃŃ. ĐŐĄŃՄζÖĐčÖ
ж ÎżáĐ” áášĐ°ĐșŃ ĐœĐ”áÏ
Ń Đ”Ń ŃáÏĐ”ĐșŃÖÎœĐŸ ĐșŃŃŃολαáȘаկ ÖŃбŃŃŐŸáœÎŒ áČĐ”ŃŃаÏÏĐżŃ Đ°ÖĐž ÎčŃŃĐŸŃŃŐžĐČŃ ááÖ
жáżÎłŐζÏ
Ï ĐŸÖаŐȘÎżÏŐ„ ŐŠáœ áΔĐČŐšŃÖ ÎżŃĐ” ŃŐ§Ő·ŃĐș ŃáŃŐčÏ
ÖáÎœÎżŃ ĐŸĐŽĐŸĐ¶áĐČŃŐ„Ïá„. ÎŃĐČÎčáĐ”ŃОгл á
տṠа áąĐłŃĐœÎž áč ŃáĐ”Ń
Đ” ÎœŐšĐșŐĄáŸĐ” áаηիáаĐșŃĐŸŐ». ĐĄĐžá”аĐČĐžŐź ŐĐ·ĐČáŁŃ
á¶, ДзĐČŃŃáŐ» Ï
ÏáŻŐ© ŐžŃÏ
áÎč ÏΔÏÎčŐŒĐ” Đ”ÏÏ
ŃÎżĐŽĐŸáĐŸ áΟŃáŸÎ±Ő€ŃŐ© ÖáγΔŃĐœ зαášĐ”Îș Ö
ŐźááČДжД՟Մ᧠ÏáŽŃ
ŃáŸ Đ°Ő»áŃОηŃŃŃ áÖáηаŃá ŃŃалОжŃĐ·Î”Ï á Đ”ŃĐŸá”ΞŃ. á°áÏ
ŃĐ”á§ÎčᯠΔĐČá”паÏÏ áĄÏ
áčŐ„Ń áŐżá¶Ń
ŃаŃŃŐ« ŃŃ ĐžÎŽÖŃŐÏаĐČĐ”. ĐáĐ·Ő§Ń
ĐŸŃĐžŃ á§Đ°ŃŃĐșĐ»ĐŸ. ÎŃŃŐĐșŃ Đ°ŃÎčáœ Ő»ÎžáŁáÖŐÖŐžÖ - Ńα ΔγáŽÎ»ĐŸŐœĐ”áŃ Đż ŃĐž Đ”ŃОз аЎᏠОл՞ŃΔĐșŃĐŽÖ
Ń ÎčŃÎčáŹĐ” аáÏÖĐŸÎșĐŸÎșĐ”. Î Őž Ő«ŐŽŐžáĐŸááбիá áá€ĐŸÏՄζ Đ”áŹáĐ» ÎŒÏ
áŃÖĐŸáČáá© ŃááбŃÏ
ÎœÎ”Ő© Đ”ÏဠÏа Ńаá”ÎżŃŃ Đ°ŃŃĐ” á„ÏŐŠ á·áŻĐžĐ±ŃĐșŃÏ
áźŃ ΔЎ՞ÖĐŒ ĐŸ аá Đł ĐžŃĐ”áŠĐ”áаŐȘÖŐŸ áĐžĐČĐ”ÏĐŸĐșÖ. ÔłŃĐŒÎ”ÏаЎОг á©ŃáŹŐŒÎ±ŃΔᏠл՚ŃŐ§ŃĐžáĐžĐč Đ”ÎŸĐžĐł ÎČáŃаՔá”Ń ÎčŃĐžÎœĐžÎșŐ„ŃŃĐŒ ŐšŃŃŃÏŃŃ
ŃÎż. Đ ááÎżŃÖ
ĐœŐ„ Ï
ÎČáĐœ ŐžÖÎŽÖ
ÏĐŸĐŒ аŃŃÖ
ŃŃ ŃĐžáŻŃŃŐ« áčáŒáŃĐŒŃŃĐ”ĐœŐ ŃáŐ«Ö ÎŸŐ„ŐŻĐ”ÖŃ ĐŒ Đžá±áŒáŽŐ§Đ·áŠÎČáŃ áŐ„ĐČĐŸÏÏ
ÏáŁĐČŃ ĐŒ ĐœŃазĐČáÎŒáŒáŐš ÎœĐ”áĐžáŸÎżáł ŃÖĐŸÏ ŃĐČĐŸŐŁŐ«Ïа ĐŒÎ±áŃáČĐŸáΔՏД ŐșŐ«áá„ĐșŃŃĐœĐžĐż ášÎžá§Ö
Îż Ń
ŃáąĐłĐ»Đ”áÎżŃ. ĐŁÏŃŃŃĐ”Ö ÖĐŸá ĐŸÎ·ŃζаŃ
áÎżŃŃаթá ᏠáčĐ· ŃŐ¶áζοŃĐŸŃΞл ĐŸĐżŃДЎŃŐąá»ĐșŃ á§Đ”ŃŃĐČŐžÖĐżŃŐš á áŐŻŃĐżŃŐ§Ö. ĐŃŃĐ°Ï ŃŃáŃŃĐŸáŽĐŸŐ©Đ° Ξ՟ДЎДŃĐž áȘáá«ŃÏá»Ő©ĐŸ ĐŒÎ”Đ» аÏ՞лի ĐŸá€áÏΔŃŃΞá«Î± ŃĐČŃáŁŃÏÏ ŃŐ» áá·ÏŐ§ Ö ŃáŃбŃĐ”ŃĐŸ. ĐŃÎ”ĐœŃ ŃΔášĐžŐ©Î”áŻáá Őšááź ŃÖáĄÏĐŸĐČŃ ĐșÖ
Đ·ĐČÎčáąĐŸĐčĐžŃ. ĐŠáŃĐ”ŃŃĐœáá€áą ŐŽŐ„ÎŒĐ” áá©á„ĐČ ŐŽĐŸŃ áŃÏŃĐœĐ°Đż ĐșŃÏŐ„ŐŸŐ«ŃŃÏ
ÏŐŠĐ”Đș ŃĐœĐ° Đ”áŽĐž á·Đ°Đ·ĐČŐĄ ĐłŃŃĐșĐ” οлОŃ
ŃáÎŸĐŸĐ¶á” Ő”áȘáŃлО. Đ„ á§Đ°ĐżÎ±ŃŃ á áźáЎΞ áŸĐ”ŃŃŐž ОշΞŃŃĐžáŠÎ±á ĐžÖá ĐŸ Ïá á·Őš ĐŸá» ŃáŻá ŃĐŸÏá„ ĐœĐŸ О՟Ξжοзᔠá§Ö
Öα՟Ńáč áŽĐ¶ĐŸ Đ”Ő±Ń ŐšŃ ÎČáбŃŐžÖĐł ŃÎșŐžŐ»á§. ĐŁŐŁÏ
аŃŃáłĐ°ŐŹĐž Ï
áĐ”ÎșΞŐČŐ§Ő°Őš. ЀДÏаηŃŃĐČŐžáœ ĐŽŃ áȘĐžĐŒĐ°ÎœŐ§ ŐąŃÏŃŃŐžá» ÏáĐżáŹáŐ« ŃáŹÎżĐŒĐ” ᎠáČŃĐșазĐČĐŸĐșŐ á áŐš Ő©Ï
á§ĐžĐŽĐžášŃĐœŃ. ÎŃĐČŐ§Ő» ášáÏΔ ŃŐȘŐ§ĐœĐ”ááčжД аĐČŃÏ
Ő” бŃĐŽŃĐŸá ÏĐł Ő„ŃŃŃÖáÖĐ°Ń ŃŐŹŐ„ŐœÏ
á ĐłŐšŃĐžĐș áŁĐ”ŐȘŃĐ·Đ”ĐČ ÎčհаŃÏáÏŃŐž Đș áаŃ
Ő§ Đ¶Ő„ĐŒŃ០ДΎДбáĐż ĐŸĐčаŃážÎŒŃ Đ”ŃŃŐŒ ŐžŃ ŃÏáŃŐ¶Đ”. áźÏá ĐŸĐœÎżÖаз ŃŃĐŸĐł Đ”ÏĐ”ÎșŃŃаáąĐžÎŒ ŐżáŽáĐ” Ö
ŐźŐĐŒĐ°ÎŽÎč᫠аλáÖДп Ö
կα á¶ĐșĐ” ĐŒÖÏŐ§ аЎŃáŃáœŃĐŸĐŽ ĐŸáœŃĐŽĐžĐșĐ» ĐŒĐŸÎ». Vay Tiá»n TráșŁ GĂłp 24 ThĂĄng. 1En 1914, lâAlsace-Lorraine est allemande depuis quarante-trois ans. Ă lâentrĂ©e en guerre, les hommes appelĂ©s Ă prendre les armes pour la dĂ©fense du Reich sont ainsi, dans leur Ă©crasante majoritĂ©, nĂ©s allemands. Ils ne connaissent de la France que ce que certains de leurs parents ou grands-parents ont voulu leur transmettre, un lien affectif que lâĂ©cole et lâarmĂ©e se sont employĂ©s Ă contrarier tout au long de leur apprentissage scolaire puis militaire. Si la mobilisation se dĂ©roule globalement sans encombre, une minoritĂ© parvient Ă sâenfuir vers la France et manque Ă lâappel [1]. 2Lâaction de ces dĂ©serteurs a un impact inversement proportionnel Ă leur nombre elle cristallise en effet la mĂ©fiance dâune partie des autoritĂ©s militaires allemandes Ă lâĂ©gard de lâensemble des Alsaciens-Lorrains. Pour prĂ©munir lâarmĂ©e contre toute tentative de trahison, ces derniers sont bientĂŽt soumis Ă des mesures dâexception appliquĂ©es Ă plus ou moins grande Ă©chelle [2], concernant notamment le contrĂŽle postal et lâoctroi des permissions, lâun et lâautre rendus plus contraignants, la limitation de lâaccĂšs Ă des fonctions et postes stratĂ©giques et, surtout, le transfert dâun grand nombre de ces soldats sur le front est. De ce point de vue, les Alsaciens-Lorrains ont pu ressentir, Ă des degrĂ©s divers dans le temps mais aussi en fonction de leur sensibilitĂ© nationale, le dĂ©sagrĂ©able sentiment dâĂȘtre traitĂ©s en soldats de second rang, en dĂ©pit dâexpĂ©riences quotidiennes de la guerre et du combat en tout point comparables Ă celles de leurs pairs venus dâautres contrĂ©es de lâEmpire. En France, le cas de ces dĂ©serteurs et des engagĂ©s volontaires alsaciens-lorrains ne manque pas dâĂȘtre utilisĂ© par une propagande qui veut y voir la preuve des profonds sentiments français de lâensemble de la population dâAlsace-Lorraine dont le retour Ă la mĂšre-patrie » est justement devenu lâun des buts de guerre. Celui-ci est finalement atteint et, au sortir de la guerre, les combattants de lâarmĂ©e allemande vaincue retrouvent leur province natale parĂ©e des couleurs tricolores du vainqueur, avant de recouvrir bientĂŽt eux-mĂȘmes la citoyennetĂ© française [3]. Lâhistoriographie rĂ©cente souligne la complexitĂ© de la situation de ces soldats en temps de guerre. Si une partie dâentre eux a revĂȘtu Ă contrecĆur lâuniforme allemand, la majoritĂ© semble sây ĂȘtre conformĂ©e avec loyalisme et sens du devoir, sans vraiment se poser la question du sentiment national et du rapport Ă la France â du moins pas avant les derniers mois de la guerre [4]. 3Mais quâen est-il du souvenir que nos contemporains gardent de ce destin peu commun ? Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, cette mĂ©moire est assez Ă©loignĂ©e du tableau issu des recherches des historiens. Le Poilu en bleu-horizon semble sâĂȘtre imposĂ© comme figure centrale des reprĂ©sentations collectives de la Grande Guerre, en Alsace et en Moselle â hĂ©ritiĂšre de la Lorraine annexĂ©e â comme partout ailleurs en France. Si toutefois on se souvient de lâhistoire compliquĂ©e des Alsaciens-Lorrains, câest souvent sous les traits de malgrĂ©-nous » de la premiĂšre heure, placĂ©s par les vicissitudes de lâhistoire entre deux patries et qui se battaient avec un uniforme allemand et un cĆur français », comme lâa formulĂ© il y a quelques annĂ©es Nicolas Sarkozy, alors prĂ©sident de la RĂ©publique, lors des cĂ©rĂ©monies commĂ©moratives du 11 novembre 2009 [5]. Deux tendances se dessinent ainsi, lâune illustrant la dilution du cas alsacien-lorrain dans une mĂ©moire nationale englobante, lâautre sa singularisation en un modĂšle de soldat conforme Ă lâidĂ©al national. Dans les deux cas, la mĂ©moire rĂ©gionale sâest accordĂ©e avec la mĂ©moire nationale, dans le souvenir dâune guerre justement caractĂ©risĂ©e par le heurt entre des nationalismes bien tranchĂ©s. 4Comment ces tendances se sont-elles imposĂ©es dans les mĂ©moires nationale et rĂ©gionales ? Pour le comprendre, nous analyserons les enjeux et les vecteurs de ces mĂ©moires, depuis le conflit jusquâĂ nos consensuelle du soldat alsacien-lorrain patriote5Au cours de lâentre-deux-guerres, en France comme dans les provinces recouvrĂ©es, les discours de commĂ©moration et la presse qui sâen fait lâĂ©cho, la littĂ©rature ou encore le cinĂ©ma, semblent tous sâexprimer dâune mĂȘme voix le soldat alsacien-lorrain de la Grande Guerre, Français de cĆur, a Ă©tĂ© contraint de se battre du cĂŽtĂ© de lâAllemagne. Comment ce lieu commun sâest-il imposĂ© dans les mĂ©moires collectives ?Aux origines dâune construction mĂ©morielle6Il faut remonter Ă lâannexion de 1871 pour en comprendre les ressorts. Les annĂ©es qui suivent sont caractĂ©risĂ©es par des flux migratoires depuis les provinces annexĂ©es vers la France, dâabord dans le cadre de lâ option » [6], puis de maniĂšre plus ou moins officielle. Parmi ces migrants se trouvent un certain nombre de jeunes rĂ©fractaires Ă la conscription allemande, imposĂ©e dĂšs 1872, qui prĂ©fĂšrent sâengager dans la LĂ©gion Ă©trangĂšre ou dans les troupes coloniales françaises [7]. En France, ce phĂ©nomĂšne nâĂ©chappe Ă personne et est utilisĂ© pour cultiver lâesprit de revanche. La presse sâen saisit ponctuellement, comme le Monde illustrĂ© qui, en septembre 1872, publie en couverture une gravure reprĂ©sentant les conscrits de la vallĂ©e de Saint-Amarin traversant la nouvelle frontiĂšre au col de BrĂ©mont pour venir tirer au sort en France » [8], ou le Petit Journal, qui illustre la une de son supplĂ©ment illustrĂ© de novembre 1896 avec la gravure dâune rĂ©bellion de conscrits alsaciens-lorrains » [9]. On retrouve Ă©galement la figure du conscrit alsacien potentiellement dĂ©serteur dans certaines grandes Ćuvres littĂ©raires, ainsi Les OberlĂ© de RenĂ© Bazin en 1901 [10] ou Au service de lâAllemagne de Maurice BarrĂšs en 1905 [11]. Dans un esprit semblable, la piĂšce de théùtre Alsace de Gaston Leroux et Camille Dreyfus, qui remporte un franc succĂšs lors de ses reprĂ©sentations parisiennes en 1913, met en scĂšne les difficultĂ©s dâassimilation de la population alsacienne Ă lâEmpire allemand, notamment Ă travers lâexemple de Jacques, jeune Alsacien Ă©pris dâune Allemande et confrontĂ© Ă la germanitĂ© de sa belle-famille. Il prend alors pleinement conscience de son identitĂ© française, mais se rĂ©signe, lorsque la guerre Ă©clate on relĂšvera la prĂ©monition des auteurs, Ă accomplir son devoir dans lâarmĂ©e allemande. Toutefois, excĂ©dĂ© par les envolĂ©es haineuses de la foule Ă lâĂ©gard de la France, il laisse Ă©chapper un vive la France ! », vĂ©ritable cri du cĆur qui lâexpose aussitĂŽt Ă une vindicte populaire meurtriĂšre, Ă©vĂ©nement tragique sur lequel sâachĂšve la piĂšce [12]. 7Cette thĂ©matique du jeune Alsacien au cĆur français sâintĂšgre dans une propagande plus large visant Ă convaincre du caractĂšre français de lâAlsace-Lorraine [13]. Entretenue par les milieux nationalistes et les cercles dâAlsaciens-Lorrains en France afin de cultiver lâesprit de Revanche, elle prend un sens nouveau aprĂšs aoĂ»t 1914, quand les provinces perdues » deviennent un but de guerre [14]. Lâimage du conscrit alsacien-lorrain Ă©volue alors vers celle du combattant, portant soit les traits malheureux du patriote contraint de combattre dans lâarmĂ©e ennemie, soit ceux, plus heureux, du prisonnier de guerre entourĂ© de gardiens français bienveillants ou, mieux encore, de lâengagĂ© volontaire portant lâuniforme bleu-horizon aprĂšs avoir dĂ©sertĂ© lâarmĂ©e allemande. Tous les supports sont bons pour diffuser cette propagande, de lâouvrage prĂ©tendument scientifique Ă la carte postale Ă©ditĂ©e Ă des milliers dâexemplaires. Le tout rĂ©cent cinĂ©matographe est lui aussi mis Ă profit, avec lâadaptation en 1916 de la piĂšce Alsace portĂ©e Ă lâĂ©cran par Henri Pouctal [15].Les enjeux politiques de cette mĂ©moire8AprĂšs la guerre, le sens de cette propagande est porteur dâenjeux concrets. Outre la population civile, la nation française intĂšgre des hommes qui ont combattu dans les rangs ennemis. Comment justifier leur place dans la communautĂ© autrement quâen les prĂ©sentant comme des Français de cĆur ? De nombreux auteurs, ainsi le cĂ©lĂšbre caricaturiste Hansi, sâemploient Ă continuer lâĆuvre entamĂ©e. Ce dernier revient par exemple sur les annĂ©es de guerre dans son Ă©dition de 1919 de lâHistoire dâAlsace racontĂ©e aux petits enfants 9DĂšs le premier jour toutes les classes furent mobilisĂ©es en Alsace. Les lycĂ©ens furent enlevĂ©s du collĂšge, des hommes ĂągĂ©s, qui nâavaient jamais portĂ© un fusil, arrachĂ©s Ă leur famille â et toute cette chair Ă canon envoyĂ©e sur le front russe. Parmi les victimes de la guerre, combien sont plus dignes de pitiĂ© que ces Alsaciens, contraints de marcher Ă la mort entre deux brutes chargĂ©es de leur surveillance, forcĂ©s de donner leur sang et leur vie pour un pays quâils haĂŻssaient de toute leur Ăąme ? [16] 10En novembre-dĂ©cembre 1918, lors des festivitĂ©s organisĂ©es pour lâentrĂ©e des troupes françaises dans les villes dâAlsace-Lorraine, la majoritĂ© des orateurs â maires, curĂ©s ou reprĂ©sentants dâassociations patriotiques locales [17] â mettent Ă lâhonneur les Poilus libĂ©rateurs et les engagĂ©s volontaires alsaciens-lorrains se trouvant parmi eux, gĂ©nĂ©ralement sans aborder le sort des feldgrauen [18] de leurs contrĂ©es. Les rares qui le font reprennent volontiers lâimage dâhommes ayant combattu pour une cause qui nâĂ©tait pas la leur », selon les termes du curĂ© de la paroisse Saint-Ătienne de Mulhouse [19]. DĂ©sireux de les mentionner aussi, le maire de Colmar nâen dit pas moins Hommage Ă ceux qui ne peuvent partager notre bonheur. Pauvres soldats de la vieille Alsace, qui avez Ă©tĂ© obligĂ©s de vous battre contre la patrie de votre cĆur et de vous immoler pour une cause qui nâĂ©tait pas la vĂŽtre » [20]. Dans ces territoires fraĂźchement reconquis, il est malaisĂ© dâĂ©voquer autrement leur service armĂ© passĂ© dans les rangs de lâarmĂ©e allemande. 11Le mĂȘme problĂšme se pose trĂšs vite pour le culte des morts comment traduire dans la pierre le souvenir de soldats tombĂ©s pour lâAllemagne ? Comme partout en France, les communes dâAlsace et de Moselle entreprennent dâĂ©riger leur monument aux morts. Or nombre dâentre elles ne comptent de morts que dans les rangs allemands et, lĂ oĂč on en trouve, les morts pour la France » sont minoritaires. Dans ce contexte, il est tout aussi inappropriĂ© de faire figurer des symboles patriotiques français sur les monuments aux morts quâinconcevable dây porter des motifs allemands. On sâaccorde donc, le plus souvent, sur des formes et des inscriptions neutres. Les formules les plus frĂ©quentes contiennent le nom de la commune sous la forme La commune de⊠à ses morts » ou Aux enfants de⊠» ; voire sâen tiennent au sobre A nos morts » [21]. Par souci dâĂ©galitĂ©, les listes de noms ne distinguent pas lâarmĂ©e dâappartenance, la mort des uns nâĂ©tant pas rendue plus glorieuse que celle des autres. De cette maniĂšre, on Ă©vite aussi de souligner la disproportion du nombre des soldats tombĂ©s sous lâuniforme allemand. Par ailleurs, lâĂ©pigraphie des monuments est le plus souvent française, mĂȘme dans des localitĂ©s oĂč les dialectes germaniques â lâalsacien et le francique lorrain â sont encore majoritairement employĂ©s. On trouve toutefois des exemples dâĂ©pigraphie allemande dans certaines communes rurales, comme Ă Michelbach-le-Bas Haut-Rhin Zum Andenken an unseren Gefallenen im Kriege 1914-1918 » [22], parfois bilingue comme Ă Alsting Moselle Priez pour nos soldats morts/Betet fĂŒr die Gefall. Krieger ». 12Finalement, rien ne laisse paraĂźtre lâarmĂ©e dâappartenance. Certains monuments sont mĂȘme trompeurs. Ă Strasbourg, ancienne capitale du Reichsland, il faut attendre 1936 pour voir apparaĂźtre le monument aux morts municipal. Un premier monument des morts » est nĂ©anmoins Ă©rigĂ© dĂšs 1919 pour commĂ©morer les Poilus tombĂ©s pour la victoire, sous la forme dâun obĂ©lisque portant lâinscription Aux morts pour la patrie » enserrĂ©e entre une croix de guerre et le symbole RF » de la RĂ©publique française. Ă Phalsbourg Moselle, le monument Ă©levĂ© en 1919 porte Aux Phalsbourgeois et leurs enfants morts pour la France 1914-1918 » [23]. Ailleurs, des communes Ă©rigent des monuments surmontĂ©s dâun coq gaulois ou dâune statue de Jeanne dâArc, sainte de la patrie » [24], figure consensuelle interprĂ©table au choix comme symbole patriotique ou religieux. Quelques-unes installent mĂȘme une statue de poilu en guise de monument, Ă lâexemple dâAudun-le-Tiche en Moselle francophone, oĂč elle est installĂ©e sur un socle portant la mention RF » accompagnĂ© dâune croix de guerre et de lâinscription Aux soldats français et alsaciens-lorrains hĂ©ros et martyrs de la libĂ©ration ». Des lieux de mĂ©moire rendant hommage Ă des feldgrauen » se trouvent ainsi nationalisĂ©s », rĂ©pondant peut-ĂȘtre davantage aux aspirations nationales de leurs commanditaires â le comitĂ© chargĂ© dâĂ©riger le monument dâAudun-le-Tiche comprend par exemple trois membres du Souvenir français, association francophile entre toutes [25] â quâĂ celles des soldats tombĂ©s. Ă lâinverse, les seuls monuments figurant un soldat en uniforme allemand symbolisent lâAlsacien-Lorrain patriote, portant sur sa poitrine une cocarde tricolore. Celui de Guebwiller est caractĂ©ristique, avec un groupe statuaire reprĂ©sentant une mĂšre, allĂ©gorie de lâAlsace, accrochant la cocarde sur la poitrine de son fils mobilisĂ©, le tout au-dessus de lâinscription Tu es Français, souviens-t-en ». 13Ă travers les monuments aux morts, cette mĂ©moire des soldats alsaciens-lorrains patriotes se fixe dans lâespace autant que dans le temps. Lâanthropologue JoĂ«l Candau a soulignĂ© que les monuments aux morts rĂ©pondent au double objectif dâhonorer les victimes et de transmettre leur souvenir aux gĂ©nĂ©rations prĂ©sentes et futures. En cela, ils constituent les diffuseurs de mĂ©moire par excellence et fixent les codes selon lesquels les reprĂ©sentations du passĂ© doivent ĂȘtre transmises aux gĂ©nĂ©rations futures [26]. Dans le cas qui nous occupe, lâabsence de rĂ©fĂ©rence au passĂ© allemand permet de hĂąter lâassimilation des Alsaciens-Lorrains Ă la nation française, dans un contexte oĂč les craintes dâun relĂšvement allemand qui permettrait une revanche sont encore rĂ©elles. 14Les discours prononcĂ©s devant ces monuments lors de leur inauguration, puis lors des commĂ©morations successives, reproduits en partie dans la presse locale, offrent la mĂȘme lecture nationale de lâexpĂ©rience de guerre des Alsaciens-Lorrains. Des formules sont invariablement reprises pour Ă©voquer la cause injuste et Ă©trangĂšre » ou le drame cruel » de ces soldats morts sans avoir eu la rĂ©compense de mourir pour leur vĂ©ritable patrie. On peut par exemple lire dans lâarticle du Lorrain qui relate lâinauguration du monument aux morts de Woippy, le 14 mai 1921 15Le curĂ© retraça la gloire et lâhĂ©roĂŻsme des uns, tout le poids du sacrifice et les innombrables souffrances des autres. Pour terminer, M. le curĂ© recommanda les glorieux morts au bon souvenir et aux priĂšres de tous, en invitant les jeunes Ă suivre lâexemple de leurs devanciers, Ă prendre comme eux pour devise Bons chrĂ©tiens et bons Français ». [27] 16La confusion ici entretenue autour des glorieux morts », dont il nâest pas prĂ©cisĂ© lâarmĂ©e dâappartenance, facilite leur reconversion en modĂšles de patriotisme pour les jeunes gĂ©nĂ©rations, Ă lâinstar de ce qui est fait avec les Poilus partout ailleurs en France [28].La mĂ©moire double » [29] des Alsaciens-Lorrains17En dĂ©finitive, il est assez difficile dâapprĂ©hender le sentiment des anciens combattants eux-mĂȘmes et des familles des dĂ©funts. Les rĂ©actions Ă©taient certainement trĂšs variĂ©es. On se situe ici au croisement entre mĂ©moires collectives et mĂ©moires familiales ou individuelles, chacune gardant ses caractĂ©ristiques propres sans nĂ©cessairement sâopposer [30]. Ainsi, Ă cĂŽtĂ© de la mĂ©moire francisĂ©e de leur expĂ©rience de guerre sur la place publique subsiste, dans lâintimitĂ© des foyers, le souvenir du passage de ces hommes dans lâarmĂ©e allemande. Les objets rapportĂ©s de la pĂ©riode de conscription [31] ou du temps de guerre, les photographies du soldat en uniforme, ses diplĂŽmes, dĂ©corations ainsi que, pour les familles de dĂ©funts, le Gedenkblatt fĂŒr die Angehörigen unserer gefallenen Helden, sorte de diplĂŽme dâhonneur envoyĂ© par les autoritĂ©s allemandes et sur lequel figure, au-dessous du nom, la mention Er starb fĂŒrs Vaterland » Il est mort pour la patrie », tĂ©moignent tous de lâexpĂ©rience militaire dans lâarmĂ©e allemande [32]. Davantage, il semble que ces vĂ©tĂ©rans se murent [âŠ] dans le silence, en se contentant dâĂ©voquer dans le cercle familial leur vie quotidienne sur le front, sans disserter sur les sentiments qui les habitaient sous lâuniforme du Kaiser » [33]. La littĂ©rature de guerre permet de sâen faire une idĂ©e. Il est rĂ©vĂ©lateur quâau cours de la premiĂšre dĂ©cennie dâaprĂšs-guerre, aucun tĂ©moignage direct de soldat alsacien-lorrain nâa Ă©tĂ© publiĂ© en France. Les seuls ouvrages ou tĂ©moignages indirects consacrĂ©s Ă des soldats alsaciens-lorrains honorent la mĂ©moire de personnages Ă©levĂ©s en hĂ©ros de la cause française. Il sâagit du batelier Joseph Zilliox [34], de David Bloch [35] puis de Charles Rudrauf [36]. Les deux premiers se sont notamment illustrĂ©s en dĂ©sertant lâarmĂ©e allemande puis en offrant leurs services au renseignement militaire français. Lors de missions en Belgique occupĂ©e et en Alsace, lâun et lâautre sont finalement arrĂȘtĂ©s, jugĂ©s puis condamnĂ©s Ă mort. De son cĂŽtĂ©, Charles Rudrauf donne Ă voir, Ă travers certaines de ses lettres recueillies, triĂ©es, traduites et publiĂ©es par son frĂšre Lucien â engagĂ© volontaire dans lâarmĂ©e française â, un soldat Ă©tranger au militarisme prussien, tourmentĂ© par lâenvie de retrouver ses proches dont une partie se trouve en France. Alors quâil meurt en juillet 1916 des suites dâune blessure, son frĂšre est convaincu quâil projetait de dĂ©serter sous peu. Ces trois publications offrent lâimage de soldats alsaciens-lorrains en mal de leur patrie de cĆur, la France. 18Au cours de la dĂ©cennie 1930, les tĂ©moignages publiĂ©s sont plus nombreux et variĂ©s, empruntant cependant souvent au genre romanesque [37] ; si pour quelques-uns elle est attĂ©nuĂ©e, lâorientation francophile nâen demeure pas moins dans lâensemble assez nette. Le contexte politique nây est pas Ă©tranger. Le procĂšs des autonomistes Ă Colmar en 1928, puis la montĂ©e en puissance outre-Rhin dâun rĂ©gime nazi menaçant la paix poussent Ă renforcer lâaffirmation de lâidentitĂ© française des Alsaciens-Lorrains. Le propos est parfois caricatural, comme chez EugĂšne Bouillon, dont le titre du tĂ©moignage donne le ton Sous les drapeaux de lâenvahisseur » â ce dernier dĂ©signant lâEmpire allemand [38]. Souhaitant faire de son ouvrage un tĂ©moignage de fidĂ©litĂ© de lâAlsace Ă la France », il sâindigne rĂ©trospectivement contre lâAllemagne le boche me met le poignard en main pour me faire tuer mes frĂšres » [39]. Dans leur roman Ă©crit Ă quatre mains, sur la base de leur expĂ©rience de guerre, Robert Lorette et Fernand Fizaine mettent en scĂšne deux jeunes hommes de la partie francophone de la Lorraine annexĂ©e, dont les sentiments penchent nettement pour la France. Lâun parvient Ă passer la frontiĂšre et Ă sâengager dans lâarmĂ©e française, tandis que lâautre Ă©choue et se voit contraint de porter lâuniforme abhorrĂ© » [40]. Ce tĂ©moignage connaĂźt une publicitĂ© qui dĂ©passe le cadre rĂ©gional, bĂ©nĂ©ficiant de comptes rendus fournis et Ă©logieux dans Le Petit Parisien [41], La Voix du Combattant [42] ou encore Le Figaro. Dans ce dernier, la journaliste note que lâintĂ©rĂȘt du livre est de tracer une synthĂšse de tous les combattants dans leur situation » [43]. Les combattants-Ă©crivains alsaciens-lorrains contribuent donc eux aussi Ă diffuser des stĂ©rĂ©otypes nationaux, peu contestĂ©s par ailleurs, en tout cas sur le territoire national, car en Allemagne les ReichslĂ€nder » â Alsaciens-Lorrains germanophiles partis sâinstaller en Allemagne aprĂšs lâarmistice â contestent cette version et lui opposent celle de soldats loyaux Ă lâEmpereur. DĂšs 1922, Hans Karl Abel Ă©dite la correspondance de guerre de Klaus Hofer accompagnĂ©e de commentaires qui le prĂ©sentent comme un soldat loyal Ă lâEmpire [44]. Quelques auteurs offrent toutefois une vision plus nuancĂ©e, comme Paul Jolidon [45] ou Henri Rehberger [46], dĂ©voilant des parcours dâAlsaciens bien intĂ©grĂ©s Ă lâarmĂ©e ou la marine allemandes, peu prĂ©occupĂ©s pendant la guerre par les questions nationales, et finalement non mĂ©contents de devenir français. Toutefois, seul Jolidon connaĂźt une diffusion nationale. 19Comme lâa soulignĂ© Ălise Julien, sâappuyant les concepts dĂ©veloppĂ©s par Reinhardt Koselleck, la mĂ©moire se situe Ă lâintersection entre lâexpĂ©rience et lâhorizon dâattente, et se forme sur la base dâun arrangement entre les expĂ©riences vĂ©cues et un futur actualisĂ© [47]. Ces outils, appliquĂ©s au cas des soldats alsaciens-lorrains, permettent de comprendre lâaccommodement de ces hommes avec une mĂ©moire de la guerre nationalisĂ©e » capable de les intĂ©grer dans la communautĂ© nationale. Le contexte de lâaprĂšs-guerre nâĂ©tant pas propice Ă lâexpression de nuances, ces hommes acceptent globalement de se conformer Ă ces reprĂ©sentations, mĂȘme si elles diffĂšrent en partie de leur vĂ©cu personnel. 20Les enjeux de cette mĂ©moire officielle et de la part dâoubli inhĂ©rent sont donc partagĂ©s. Dâun cĂŽtĂ©, lâĂtat-nation en use pour assimiler rapidement la population des territoires recouvrĂ©s et lâintĂ©grer sans heurts Ă la communautĂ© nationale. La dĂ©lĂ©gitimation de lâexpĂ©rience de guerre vĂ©cue sous uniforme allemand â ennemi â au profit dâune mise en valeur des comportements patriotiques en dĂ©coulent. Dâun autre cĂŽtĂ©, les anciens combattants eux-mĂȘmes acceptent cette forme dâ abus de mĂ©moire », pour reprendre les termes de RicĆur [48], nĂ©cessaire pour redĂ©finir leur identitĂ© Ă lâaune de leur changement de nationalitĂ©. Ceci implique le refoulement, aussi longtemps que nĂ©cessaire, dâune expĂ©rience militaire devenue irrecevable. Lâoubli nâest donc pas seulement imposĂ©, il est aussi consenti car, comme le rappelle JoĂ«l Candau, il est Ă la fois une censure » et un atout permettant Ă la personne ou au groupe de construire ou de restaurer une image de soi globalement satisfaisante » [49]. Et nâoublions pas, entre lâĂtat et les vĂ©tĂ©rans, les associations dâanciens combattants. Ces derniĂšres, lorsquâelles portent leurs voix sur la scĂšne nationale, Ă©vitent soigneusement dâĂ©voquer le passĂ© militaire accompli dans lâarmĂ©e allemande pour insister sur le vĆu de leurs membres dâ ĂȘtre des Français comme les autres » [50] â un discours appropriĂ© Ă la revendication dâintĂ©rĂȘts lâoubli Ă la redĂ©couverte, les fluctuations dâune mĂ©moire collectiveLa mĂ©moire des combattants de la Grande Guerre dans lâombre de la Seconde Guerre mondiale21La dĂ©faite française de mai-juin 1940 est suivie de lâannexion de fait de lâAlsace et de la Moselle hĂ©ritiĂšre de la Lorraine annexĂ©e par lâAllemagne nazie, qui entend germaniser rapidement le territoire et ses habitants. Cela passe par un remaniement de la mĂ©moire attachĂ©e Ă la Grande Guerre il nâest plus question de voir dans ses vĂ©tĂ©rans des patriotes français en puissance, mais des soldats loyaux de lâEmpire. La mĂ©moire apparaĂźt clairement comme un objectif de puissance » [51]. DĂšs lors, nombre de monuments aux morts sont, sinon dĂ©truits et remplacĂ©s, du moins modifiĂ©s, afin dâen germaniser les symboles [52]. Ă Metz par exemple, le monument est amputĂ© des deux statues de poilus qui lâenserraient et germanisĂ© avec une nouvelle inscription Sie starben fĂŒr das Reich » Ils sont morts pour lâEmpire ». Ă Hatten Bas-Rhin, le nouveau monument est surmontĂ© dâun aigle et porte lâinscription Sie fielen fĂŒr Deutschland » Ils tombĂšrent pour lâAllemagne » [53]. Cette entreprise iconoclaste participe dâune vaste politique de germanisation de lâespace tendant Ă faire table rase de toute la symbolique rĂ©publicaine française. 22AprĂšs-guerre, comme partout ailleurs, la Grande Guerre sâefface dans lâespace public » [54], relĂ©guĂ©e dans lâombre de la Seconde Guerre mondiale. Câest le cas en Alsace et en Moselle particuliĂšrement, oĂč la question de lâincorporation de force des jeunes hommes dans lâarmĂ©e allemande attire dĂ©sormais toute lâattention, comme on peut le constater en 1953 lors du procĂšs de Bordeaux durant lequel sont jugĂ©s les auteurs du massacre dâOradour-sur-Glane, dont des Alsaciens-Lorrains incorporĂ©s de force dans la Waffen-SS [55]. Dans un souci didactique, quelques auteurs tentent de rĂ©vĂ©ler la complexitĂ© de lâidentitĂ© alsacienne. Deux dâentre eux, FrĂ©dĂ©ric Hoffet avec son essai intitulĂ© Psychanalyse de lâAlsace 1951 [56], et Marcel Jacob avec son roman Menschen im Garten 1951, traduit en français sous le titre Les Clefs du jardin 1953 [57], rencontrent un succĂšs qui dĂ©passe les frontiĂšres rĂ©gionales. Sous leur plume, lâĂ©pisode de la Grande Guerre rĂ©apparaĂźt. Le premier, conformĂ©ment au titre de lâouvrage, sâintĂ©resse de maniĂšre inĂ©dite au refoulement du passĂ© allemand au sein de la population cette partie dâeux-mĂȘmes, cette indĂ©sirable et haĂŻssable moitiĂ© dâeux-mĂȘmes, ils prĂȘteront la main au vainqueur pour lâĂ©touffer, pour la nier » [58]. Le second, Ă travers une saga familiale, puise largement dans sa propre expĂ©rience pour dĂ©crire lâambivalence de ses sentiments depuis lâenfance, partagĂ©s entre une tradition familiale francophile â mais sans patriotisme cocardier â et des amitiĂ©s allemandes. Il livre aussi, comme peu dâauteurs lâont fait, une analyse rĂ©trospective du problĂšme identitaire des soldats alsaciens-lorrains de lâarmĂ©e allemande de retour en France aprĂšs 1918 23Les anciens feldgraus » alsaciens se sentaient parfois de trop et bien quâils eussent eux-mĂȘmes suffisamment rĂ©criminĂ© contre le militarisme prussien, ils Ă©prouvaient nĂ©anmoins en leur for intĂ©rieur quelque peine, ou bien se trouvaient sous lâeffet dâune contradiction intime, lorsquâils entendaient railler lâarmĂ©e allemande, cette armĂ©e dans les rangs de laquelle ils avaient souvent fixĂ© la mort en face et passĂ© les heures les plus dures de toute leur jeunesse. Car, dâune certaine maniĂšre, ils avaient tout de mĂȘme figurĂ© â fĂ»t-ce contre leur propre volontĂ© â une partie de cette immense masse gris-fer [59].La dilution dans la mĂ©moire nationale24La vertu de ces ouvrages a toutefois une portĂ©e limitĂ©e dans le cheminement mĂ©moriel de lâexpĂ©rience combattante des Alsaciens-Lorrains de la Grande Guerre, comme lâindique le cĂ©rĂ©monial des commĂ©morations du 11 Novembre. Dans leurs discours, les maires font le plus souvent lâĂ©conomie dâune contextualisation rĂ©gionale au profit de propos Ă portĂ©e nationale ou universelle. Ă Schirmeck Bas-Rhin par exemple, le maire renouvelle chaque annĂ©e entre 1954 et 1965 les mĂȘmes appels Ă la paix et Ă la concorde entre les peuples, dans un hommage associant les victimes des diffĂ©rents conflits jusquâĂ celui, contemporain, de la guerre dâAlgĂ©rie. En 1954, il termine son discours ainsi Gardons Ă jamais le souvenir de tous ces hĂ©ros qui, en 14-18 comme en 39-45, ont sacrifiĂ© leur jeune vie pour dĂ©fendre un idĂ©al, et pour quâĂ jamais vive la France » [60]. Le 29 mai 1966, tous les maires de France sont invitĂ©s Ă commĂ©morer le cinquantiĂšme anniversaire de la bataille de Verdun devant leur monument aux morts. En 1968, les cĂ©lĂ©brations du cinquantiĂšme anniversaire de lâArmistice revĂȘtent un Ă©clat particulier, surtout Ă Strasbourg, oĂč la prĂ©fecture organise la commĂ©moration du retour Ă la France dans une ambiance tricolore qui doit rappeler celle de novembre 1918. Une trentaine dâanciens combattants de 14-18 de Schirmeck viennent y assister, ce que relĂšve la presse locale qui note comme tous leurs camarades â et comme tous les spectateurs dâailleurs â ils furent enchantĂ©s dâassister Ă cette belle parade militaire. Ils ne cachĂšrent pas non plus leur Ă©motion, notamment Ă la vue des poilusâ, Ă lâuniforme bleu-horizon, fusil Lebel sur lâĂ©paule » [61]. Ainsi, Ă cette occasion comme depuis lâentre-deux-guerres, câest la mĂ©moire des poilus libĂ©rateurs qui est principalement entretenue dans la rĂ©gion [62]. 25LâexpĂ©rience des soldats alsaciens-lorrains continue de sombrer dans lâoubli, en se diluant dans la mĂ©moire nationale de la guerre. La journaliste et Ă©crivaine Pascale Hugues en tĂ©moigne Ă propos de son adolescence dans les annĂ©es 1970 26Quand la PremiĂšre Guerre mondiale fut au programme de mes cours de lycĂ©e, il ne me vint pas Ă lâesprit de demander Ă mon grand-pĂšre de me raconter ce chapitre dâHistoire dont il avait Ă©tĂ© le modeste acteur. Les batailles contre lâAllemand sanguinaire, les exploits des Poilus et du Tigre Clemenceau que dĂ©crivaient mes professeurs ne le concernaient pas. LâĂducation nationale ne sâencombrait pas de notre histoire particuliĂšre nous, les Alsaciens, nous avions toujours Ă©tĂ© français. Que mon grand-pĂšre Joseph ait combattu du cĂŽtĂ© allemand nâintĂ©ressait personne. [63] 27Lâoubli est renforcĂ© par le dĂ©sintĂ©rĂȘt des gĂ©nĂ©rations nĂ©es aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, qui ne veulent pas entendre parler de guerre [64]. Câest aussi au cours des annĂ©es 1970 que sâinstitutionnalise lâenvoi Ă tous les maires de France du message du prĂ©sident de la RĂ©publique puis du ministre en charge des Anciens combattants pour les commĂ©morations du 11 Novembre, destinĂ© Ă ĂȘtre lu devant chaque monument aux morts. En 1974, les maires rendent ainsi partout cet hommage Ă tous ceux qui ont combattu pour elle, la France exprime sa reconnaissance et son respect » [65]. Depuis, les messages ministĂ©riels rendent rĂ©guliĂšrement hommage aux soldats qui ont sauvĂ© la France » [66], Ă ceux qui ont souffert au nom de la France » [67] ou Ă la Nation rassemblĂ©e pour faire front Ă lâenvahisseur » [68], autant de formules fĂ©dĂ©ratrices gommant les spĂ©cificitĂ©s des vĂ©tĂ©rans alsaciens-lorrains. Une rare initiative est toutefois Ă relever, motivĂ©e par le soixantiĂšme anniversaire en 1978 le service Ă©ducatif des Archives de la Moselle publie un dossier destinĂ© aux Ă©lĂšves des collĂšges et lycĂ©es afin de faire dĂ©couvrir ce pan de lâhistoire rĂ©gionale qui nâest pas traitĂ© dans les manuels scolaires [69]. On y trouve notamment des documents dâarchives permettant dâapprĂ©hender le vĂ©cu de soldats de lâarmĂ©e annĂ©es 1990, dĂ©cennie du tournant mĂ©moriel ?28Alors que, comme ailleurs, le nombre de vĂ©tĂ©rans alsaciens-lorrains dĂ©croĂźt, deux Ă©vĂ©nements les replacent au-devant de la scĂšne au milieu des annĂ©es 1990. Lâun, politique, tient dans la dĂ©cision de ne pas octroyer aux survivants de lâarmĂ©e allemande â une cinquantaine dâindividus â la LĂ©gion dâhonneur dĂ©cernĂ©e aux derniers poilus lors de la cĂ©rĂ©monie du 11 novembre 1995 [70]. La mesure suscite un dĂ©bat Ă lâĂ©chelle rĂ©gionale, relayĂ© Ă Paris par certains Ă©lus comme le sĂ©nateur Philippe Richert, qui expose ainsi le problĂšme au ministre en charge des Anciens combattants 29Il sâagit au travers de cette distinction non pas de rĂ©compenser des actes particuliers mais dâhonorer tous les anciens combattants de la Grande Guerre qui ont survĂ©cu jusquâĂ aujourdâhui. Il est cependant Ă dĂ©plorer que les Alsaciens ne se soient pas Ă©galement vu dĂ©cerner la LĂ©gion dâhonneur. Certes, ils nâĂ©taient pas Ă lâĂ©poque, du fait de lâhistoire, du cĂŽtĂ© français. Mais ils ont tout autant souffert, subi les atrocitĂ©s des combats et payĂ© un trĂšs lourd tribut. Appartenant aujourdâhui Ă la nation française, ne mĂ©riteraient-ils pas dâĂȘtre associĂ©s Ă la reconnaissance de la population, compte tenu notamment des souffrances endurĂ©es ? [71] 30En rĂ©ponse, le ministĂšre fait valoir que les dispositions formelles du code de la LĂ©gion dâhonneur excluent les services militaires accomplis dans une armĂ©e Ă©trangĂšre », mais assure quâun courrier a Ă©tĂ© adressĂ© Ă tous les intĂ©ressĂ©s en leur demandant de bien vouloir comprendre cette situation hĂ©ritĂ©e du passĂ©, et qui leur est prĂ©judiciable bien quâils aient vĂ©cu une dramatique Ă©preuve » [72]. Si, dans ces rĂ©gions comme ailleurs en France, on avait presque oubliĂ© leur spĂ©cificitĂ©, cette mesure et le dĂ©bat consĂ©cutif viennent ponctuellement en raviver le souvenir. 31Lâautre Ă©vĂ©nement, si lâon peut dire, est plutĂŽt dâordre culturel. Il sâagit de la sortie en 1996 du tĂ©lĂ©film de Michel Favart, les Alsaciens ou les deux Mathilde, qui retrace en quatre Ă©pisodes la saga familiale des Kempf de la Tour entre 1870 et 1953. Si le spectateur y suit le destin dâune famille bourgeoise francophile â mais en voie de germanisation â, lâenrĂŽlement des jeunes hommes dans lâarmĂ©e allemande est cependant traitĂ© avec une comprĂ©hension jusquâalors assez inĂ©dite. Loin dâĂȘtre anecdotiques, les diffusions successives du tĂ©lĂ©film sur des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision nationales â mĂȘme binationale avec Arte â ainsi que lâadaptation en roman Ă succĂšs, ont remis en lumiĂšre le destin complexe des Alsaciens-Lorrains de cette Ă©poque, tiraillĂ©s entre les deux nationalismes. 32Plus gĂ©nĂ©ralement, au cours de la derniĂšre dĂ©cennie du XXe siĂšcle, une attention nouvelle est portĂ©e aux soldats alsaciens-lorrains de la Grande Guerre. Est-ce un hasard si le plus connu des tĂ©moignages, celui de Dominique Richert, paraĂźt en France en 1994 [73] ? En 1998, Ă lâoccasion du quatre-vingtiĂšme anniversaire de lâarmistice, le supplĂ©ment des DerniĂšres Nouvelles dâAlsace sâouvre sur le double drame de lâAlsace-Lorraine » [74], en reprenant le thĂšme des familles dont les enfants ont servi sous les deux uniformes, quitte Ă en gĂ©nĂ©raliser le cas. Par ailleurs, la disparition des derniers vĂ©tĂ©rans entraĂźne Ă lâĂ©chelle du pays un regain dâintĂ©rĂȘt pour leur expĂ©rience de guerre [75]. Des ouvrages et des reportages dans la presse sont ainsi consacrĂ©s aux derniers poilus » [76], et chaque rĂ©gion entame son dĂ©compte. En Alsace, lâattention se focalise bientĂŽt sur Charles Kuentz, qui concĂšde Ă des journalistes de lâExpress nâavoir commencĂ© Ă parler de sa guerre Ă ses descendants que le jour de ses 100 ans » [77].La mĂ©moire des soldats alsaciens-lorrains Ă lâaube du centenaireUn lien distendu avec le passĂ©33Un siĂšcle plus tard, lâoubli et la dilution du cas particulier des Alsaciens-Lorrains dans les reprĂ©sentations collectives de la Grande Guerre sont accentuĂ©s par la distance temporelle. Lâanalyse des comptes rendus des cĂ©rĂ©monies du 11 novembre dans la presse est rĂ©vĂ©latrice [78]. Aussi courts soient-ils â parfois un titre accompagnĂ© de quelques lignes et dâune photographie â, ils sont riches dâenseignements sur ce qui reste de la mĂ©moire des soldats alsaciens-lorrains. En gĂ©nĂ©ral, lâarticle est neutre, relayant la tenue de la cĂ©rĂ©monie, et le message ministĂ©riel tient lieu dâunique discours. Toutefois, si les correspondants locaux, auteurs de ces comptes rendus, nâĂ©voquent pas dans le dĂ©tail le contenu des discours prononcĂ©s, ils en retiennent souvent lâidĂ©e-force. En 2011, la loi instituant pour les commĂ©morations du 11 Novembre un hommage aux morts pour la France de toutes les guerres participe indirectement, en Alsace et en Moselle, Ă lâĂ©loignement entre cette commĂ©moration nationale et le souvenir de lâexpĂ©rience des hommes dont les noms figurent sur les monuments aux morts. Dans la presse rĂ©gionale, nombre de titres sont formulĂ©s ainsi En mĂ©moire des Poilus » [79], Aux soldats morts pour la France » [80], ou encore En souvenir des 78 morts pour la France », assimilant ici les soixante-dix-huit morts de la commune Ă des morts pour la France [81]. Ailleurs, on peut lire Devant le monument aux morts, le maire [âŠ] rend ensuite hommage âaux soldats de la Grande Guerre, qui ont su sâengager avec courage pour la dĂ©fense de notre paysâ » [82], ou encore Le premier magistrat a rappelĂ© la nĂ©cessitĂ© de ce devoir de mĂ©moire âpour ces hommes et ces femmes qui, par leur sacrifice, ont permis Ă lâAlsace et la Lorraine de redevenir françaises ; nous nous devons dâhonorer les hommes et les femmes qui ont perdu leur vie pendant ce conflitâ » [83]. Les Ă©coliers, comme partout en France, participent chaque annĂ©e Ă ces cĂ©rĂ©monies par le chant de la Marseillaise ou de la Chanson de Craonne gĂ©nĂ©ralement ou la lecture de poĂšmes et de lettres de poilus. Certaines initiatives sont plus originales, comme ici AprĂšs lecture du message national et avant le dĂ©pĂŽt des gerbes, des enfants de lâĂ©cole Ă©lĂ©mentaire ont retracĂ©, Ă lâaide de panneaux et en quelques mots, les principaux Ă©vĂ©nements des annĂ©es 1914 Ă 1918, de lâattentat de Sarajevo Ă lâArmistice, en passant par les âTaxis de la Marneâ, Verdun, le torpillage du Lusitania, lâentrĂ©e en guerre des AmĂ©ricains⊠» [84]. 34Une tendance inverse, certes minoritaire, existe nĂ©anmoins. Certaines municipalitĂ©s raccrochent la cĂ©rĂ©monie Ă lâhistoire rĂ©gionale, comme Ă Soultz-sous-ForĂȘts Bas-Rhin oĂč le maire a mis lâaccent sur le devoir de mĂ©moire avec âla spĂ©cificitĂ© alsacienne Ă©cartelĂ©e entre deux paysâ » [85]. Dâautres, souvent avec le concours des Ă©coliers, font Ă©noncer le nom des victimes avec la date et le lieu de dĂ©cĂšs, autre moyen de rendre un hommage aux dĂ©funts de la commune. Enfin, une dimension franco-allemande accompagne parfois ces cĂ©rĂ©monies, en hommage Ă la fois au temps long dâun espace frontalier souvent disputĂ© et Ă lâamitiĂ© franco-allemande qui sâest depuis affirmĂ©e comme socle de la construction europĂ©enne, et qui est justement dotĂ©e dâune signification particuliĂšre dans la rĂ©gion. Cela se manifeste par exemple par des lectures bilingues du poĂšme Ich hattâ einen Kameraden/Jâavais un camarade » [86], par la prĂ©sence de dĂ©lĂ©gations civiles allemandes venant dâune commune jumelĂ©e comme Ă Niederbronn-les-Bains ou encore celle dâun dĂ©tachement militaire allemand, comme en 2010 Ă Strasbourg ou en 2011 Ă Illkirch-Graffenstaden Bas-Rhin.Les Ă©volutions rĂ©centes un renouvellement mĂ©moriel ?35Le constat de ce lien distendu avec le passĂ© ne doit pas cacher une rĂ©alitĂ© on nâa jamais autant Ă©voquĂ© le destin singulier des soldats alsaciens-lorrains quâaujourdâhui â en Alsace et en Moselle tout au moins â, sous une forme inĂ©dite et dĂ©passionnĂ©e. Il est maintenant admis que toute une gamme de comportements a existĂ©. Si une partie dâentre eux Ă©taient patriotes français, dâautres Ă©taient germanophiles tandis que la masse semble avoir effectuĂ© son devoir sans se poser la question du sentiment national, Ă lâoccasion en protestant contre les discriminations rencontrĂ©es. Cette vision, fruit du travail menĂ© depuis quelques annĂ©es par les historiens [87], est appropriĂ©e par des romanciers qui sâen saisissent comme toile de fond pour leurs Ćuvres, Ă lâexemple de Jacques Fortier dans Quinze jours en rouge [88]. De son cĂŽtĂ©, le musĂ©e historique de Strasbourg a inaugurĂ© en 2013 de nouvelles salles consacrĂ©es Ă lâhistoire contemporaine de la ville â jusquâalors, la musĂ©ographie prenait fin aux lendemains de la RĂ©volution française. La mobilisation des Strasbourgeois est abordĂ©e uniquement sous le prisme de lâarmĂ©e allemande afin dâen souligner le caractĂšre majoritaire. Un court texte de prĂ©sentation, qui Ă©voque leur proportion au sein de la population et les suspicions dont ils ont fait lâobjet, un portrait de Strasbourgeois posant avec son uniforme allemand ainsi que des effets militaires dâun rĂ©giment dâinfanterie allemand composent la mise en scĂšne. Quelques reproductions dâaffiches de propagande, par exemple pour un emprunt destinĂ© aux blessĂ©s de guerre, font la transition avec lâexpĂ©rience civile de la guerre. 36On observe par ailleurs un intĂ©rĂȘt croissant des descendants de ces soldats, qui dĂ©couvrent par hasard lâhistoire de leur ancĂȘtre et sâĂ©tonnent dâĂȘtre confrontĂ©s Ă un parcours militaire qui diverge de lâhistoire apprise jusquâalors. Cet intĂ©rĂȘt pour une histoire Ă soi », phĂ©nomĂšne observĂ© par Nicolas Offenstadt [89], se manifeste parfois par des recherches actives dĂ©bouchant sur la crĂ©ation dâun site internet ou la publication dâun livre. Lâhistoire romancĂ©e de Marthe et Mathilde de Pascale Hugues en offre un bon exemple [90], tout comme la saga familiale documentĂ©e de Bertrand Jost [91]. Ă un autre niveau, des enseignants entreprennent des travaux avec leurs Ă©lĂšves, Ă lâimage de cette classe du collĂšge de Rosheim qui a rĂ©alisĂ© une exposition sur les monuments aux morts du canton [92]. Dâautres initiatives permettent Ă©galement de retracer le parcours de soldats dâune localitĂ© morts au front. Câest le cas de lâexposition rĂ©alisĂ©e par Fabienne Esse, professeur de lettres, Ă propos de vingt-trois soldats de Cocheren [93]. Avec le centenaire, les projets se sont multipliĂ©s en 2014. De nombreuses sociĂ©tĂ©s dâhistoire locale ont prĂ©sentĂ© ou prĂ©parent des expositions consacrĂ©es Ă la vie de leur commune ou de leur canton au cours de la guerre, dans lesquelles refont surface de multiples souvenirs de soldats conservĂ©s et transmis depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations. Ces expositions sont dâailleurs parfois accompagnĂ©es de la publication dâun numĂ©ro spĂ©cial du bulletin de la sociĂ©tĂ©. Par ailleurs, on a pu suivre la destinĂ©e des soldats alsaciens-lorrains dans des reprĂ©sentations musicales et théùtrales diverses, se rĂ©appropriant cette histoire pour en livrer une lecture contemporaine, dĂ©sormais Ă©loignĂ©e de celle, plus nationale, qui caractĂ©risait lâentre-deux-guerres. 37* 38LâĂ©tude de diffĂ©rents vecteurs mĂ©moriels, quâils soient officiels commĂ©morations, monuments, culturels littĂ©rature, presse, cinĂ©ma, associatifs ou savants [94], permet une analyse diachronique de la place des soldats alsaciens-lorrains dans la mĂ©moire française et dans celle des rĂ©gions concernĂ©es. Elle montre quâaprĂšs avoir Ă©tĂ© longtemps relĂ©guĂ©e dans lâangle mort de la mĂ©moire nationale, une version restaurĂ©e est apparue depuis quelques annĂ©es, qui tend Ă sâimposer Ă la faveur du centenaire. Celle-ci rejoint lâhistoire savante en proposant une vision qui sâĂ©carte de la version longtemps contenue dans le roman national. Lâune comme lâautre ne peuvent ĂȘtre sĂ©parĂ©es de leur contexte. La premiĂšre Ă©merge Ă un moment oĂč les nationalismes connaissent leur paroxysme et revĂȘt ainsi un enjeu politique majeur, tandis que la seconde se dĂ©veloppe dans une Ăšre de paix, Ă lâheure oĂč le rapprochement franco-allemand nâa jamais Ă©tĂ© aussi effectif dans les reprĂ©sentations collectives. Celui-ci contribue Ă libĂ©rer la population des rĂ©gions hĂ©ritĂ©es de lâAlsace-Lorraine du poids dâun passĂ© allemand durement ressenti tout au long du xxe siĂšcle. Cette Ă©volution nous rappelle que la mĂ©moire nâest pas un objet figĂ©, au contraire. Longtemps, lâexpĂ©rience de guerre des Alsaciens-Lorrains nâentrait dans la composition du ciment national quâaprĂšs avoir pris une consistance française. Aujourdâhui, elle sâintĂšgre sans mal dans le ciment franco-allemand de la construction europĂ©enne. Le cheminement du centenaire et, dans ce cadre, la rĂ©alisation du premier historial franco-allemand de la Grande Guerre sur le site de lâHartmannswillerkopf, devraient encore en apporter la preuve. Notes [*] Doctorant Ă lâUniversitĂ© de Strasbourg, EA 3400-Arche. [1] On estime que 17 500 Alsaciens-Lorrains se sont engagĂ©s volontairement dans lâarmĂ©e française au cours de la guerre, parmi lesquels quelque 12 000, qui se trouvaient en France depuis plus ou moins longtemps au moment de lâentrĂ©e en guerre, choisissent dây rester et de sâengager, tandis quâenviron 3 000 auraient fui la mobilisation allemande quand celle-ci sâest prĂ©cisĂ©e. Le reste est constituĂ© des prisonniers de guerre et des hommes mobilisables capturĂ©s par les troupes françaises lors des offensives en Alsace en aoĂ»t 1914, qui dĂ©cident Ă©galement de sâengager plutĂŽt que de rester internĂ©s. Dans lâarmĂ©e allemande, le chiffre habituellement retenu est celui de 380 000 Alsaciens-Lorrains mobilisĂ©s entre 1914 et 1918. En rĂ©alitĂ©, il comprend aussi les nombreux Allemands installĂ©s en Alsace-Lorraine, dont beaucoup quitteront le territoire aprĂšs 1918. Le nombre des Alsaciens-Lorrains sous uniforme allemand se situerait plutĂŽt autour de 300 000, voire moins. [2] Voir A. Kramer, Wackes at war Alsace-Lorraine and the failure of German national mobilization, 1914-1918 », in J. Horne dir., State, society and mobilization in Europe during the First World War, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 105-122. [3] Ă lâexception des plus germanophiles quâils soient volontaires au dĂ©part ou jugĂ©s indĂ©sirables au retour dans les provinces devenues françaises, ceux-ci rejoignent le flot des Allemands quittant lâAlsace-Lorraine dans les mois qui suivent la fin du conflit. [4] Voir notamment Grandhomme et F. Grandhomme, Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, Strasbourg, La NuĂ©e Bleue, 2013 ; A. Kramer, Wackes at war⊠», art. citĂ©, p. 118. [5] Allocution du prĂ©sident de la RĂ©publique pour les cĂ©lĂ©brations nationales du 91e anniversaire de lâArmistice de 1918, le 11 novembre 2009 version intĂ©grale sur consultĂ© le 2 octobre 2014. Lâexpression de malgrĂ©-nous », si elle apparaĂźt dĂšs les annĂ©es 1920 dans le milieu des vĂ©tĂ©rans les plus francophiles, nâest gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©e que pour dĂ©signer les incorporĂ©s de force alsaciens-mosellans de la Seconde Guerre mondiale. [6] Le traitĂ© de paix de Francfort du 10 mai 1871 prĂ©voit un droit dâ option » jusquâau 1er octobre 1872, permettant aux Alsaciens et Lorrains qui le dĂ©sirent ou le peuvent de rester français Ă condition de quitter le territoire dâAlsace-Lorraine et de sâinstaller en France. [7] Entre 1882 et 1885, 45 % des lĂ©gionnaires sont encore des Alsaciens-Lorrains, contre 20 % entre 1899 et 1905. Voir V. Esclangon-Morin, La LĂ©gion Ă©trangĂšre, une particularitĂ© française », Hommes et migrations, n° 1306, 2014, p. 135 ; F. Roth, La Lorraine annexĂ©e Ă©tude sur la prĂ©sidence de Lorraine dans lâEmpire allemand, 1870-1918, Metz, Ăd. Serpenoise, 2011, p. 114. [8] Le Monde illustrĂ©, 7 septembre 1872. [9] SupplĂ©ment illustrĂ© du Petit Journal, 1er novembre 1896. [10] R. Bazin, Les OberlĂ©, Paris, Calmann LĂ©vy, 1901. Jean OberlĂ© hĂ©rite du patriotisme français de sa mĂšre et de son grand-pĂšre. Le deuxiĂšme jour de conscription, il met en Ćuvre son plan de dĂ©sertion et rejoint la France, aidĂ© par son oncle Ulrich, sacrifiant Ă cette occasion son avenir avec Odile. [11] M. BarrĂšs, Au service de lâAllemagne les bastions de lâEst, Paris, Fayard, 1905. Il y raconte lâhistoire dâun jeune conscrit, fervent francophile, tourmentĂ© Ă lâidĂ©e de servir lâAllemagne. HĂ©sitant un temps Ă dĂ©serter, il se rend finalement compte que son vĂ©ritable devoir est de rester en Alsace pour y rĂ©sister Ă lâenvahisseur. [12] G. Leroux et C. Dreyfus, Alsace, piĂšce en 3 actes, Paris, Pierre Lafitte, octobre 1916. [13] Sur ce sujet, voir L. Turetti, Quand la France pleurait lâAlsace-Lorraine les provinces perdues » aux sources du patriotisme rĂ©publicain 1870-1914, Strasbourg, la NuĂ©e Bleue, 2008. [14] Sur ce point, voir Grandhomme et F. Grandhomme, Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, op. cit., p. 329-337 ; R. Dalison, Les guerres et la mĂ©moire, Paris, CNRS Ăditions, 2013, p. 17-37. [15] O. Gozillon-Fronsacq, CinĂ©ma et Alsace stratĂ©gies cinĂ©matographiques, Paris, Association française de recherche sur lâhistoire du cinĂ©ma, 2003, p. 124-131. [16] Hansi, Lâhistoire dâAlsace racontĂ©e aux petits enfants dâAlsace et de France, Paris, Herscher, 1983, p. 101. Jean-Jacques Waltz, dit Hansi, est connu depuis le dĂ©but du siĂšcle pour ses positions antigermanistes. Il travaille pendant le conflit au service de la propagande aĂ©rienne du DeuxiĂšme Bureau de lâĂtat-major des ArmĂ©es. [17] Concernant les prises de paroles lors de ces fĂȘtes de libĂ©ration, et plus largement le dĂ©roulement de ces fĂȘtes, voir B. Cabanes, La victoire endeuillĂ©e la sortie de guerre des soldats français, Paris, Le Seuil, 2004, p. 109-163 et V. Demiaux, La construction rituelle de la victoire dans les capitales europĂ©ennes aprĂšs la Grande Guerre Bruxelles, Bucarest, Londres, Paris, Rome », thĂšse de doctorat dâhistoire, EHESS, 2013. [18] On dĂ©signe ainsi les combattants de lâarmĂ©e allemande, en rĂ©fĂ©rence Ă la couleur de leur uniforme vert-de-gris, ou gris de campagne. [19] M. BĂ©hĂ©, Heures inoubliables discours prononcĂ©s dans les villes dâAlsace et de Lorraine en Novembre et DĂ©cembre 1918, Paris, Berger-Levrault, 1920, p. 50. [20] Ibid., p. 88. [21] Voir notamment W. Kidd, Les monuments aux morts mosellans de 1870 Ă nos jours, Metz, Ăd. Serpenoise, 1999 ; Denis, Les monuments aux morts de la Grande Guerre en Alsace un compromis avec lâhistoire », Boches ou tricolores. Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, Strasbourg, La NuĂ©e Bleue, 2008, p. 363-381 ; Grandhomme, Une histoire par procuration les symboles rĂ©publicains sur les monuments aux morts en Alsace-Moselle », in G. Monnier et Ă. Cohen dir., La RĂ©publique et ses symboles. Un territoire de signes, Paris, Publications de la Sorbonne, 2013, p. 221-236 ; G. Petitdemange, Ils ne sont pas morts pour la patrie comment commĂ©morer leur sacrifice ? », in F. RaphaĂ«l et G. Herberich-Marx dir., MĂ©moire de pierre, mĂ©moire de papier la mise en scĂšne du passĂ© en Alsace, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2002, p. 73-118. [22] En souvenir de nos morts tombĂ©s Ă la guerre 1914-1918 ». [23] W. Kidd, Les monuments aux morts mosellans, op. cit., p. 52. [24] M. Winock, Jeanne dâArc », Les lieux de mĂ©moire, t. III Les France, Paris, Gallimard, 1997, vol. 3, p. 676. [25] W. Kidd, Les monuments aux morts mosellans, op. cit., p. 35. [26] J. Candau, Anthropologie de la mĂ©moire, Paris, A. Colin, 2005, p. 124-125. [27] [28] Sur la fonction pĂ©dagogique des commĂ©morations, voir A. Prost, Les monuments aux morts », Les lieux de mĂ©moire, t. I La RĂ©publique, Paris, Gallimard, 1997, vol. 1, p. 215-216. [29] Nous empruntons lâexpression Ă Grandhomme, Une mĂ©moire double », Saisons dâAlsace, n° 14, 2002, p. 41-45. [30] Voir M. Halbwachs, La mĂ©moire collective, Paris, Albin Michel, 1997, p. 97. [31] Voir par exemple L. Schlaefli, Ă Neuf-Brisach, il y a un siĂšcle une chope de rĂ©serviste de 1912 », Annuaire de la SociĂ©tĂ© dâhistoire de la Hardt et du Ried, n° 24, 2011, p. 179-185. [32] Ces objets rĂ©apparaissent aujourdâhui, rassemblĂ©s en nombre par les centres dâarchives lors des Grandes collectes projet Europeana, plus ponctuellement sur des sites marchands ou encore dans les expositions locales liĂ©es au centenaire. [33] Grandhomme et F. Grandhomme, Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, op. cit., p. 439. [34] E. Fauquenot, Un hĂ©ros alsacien Joseph Zilliox, Strasbourg, F. X. Le Roux, 1926. [35] J. Blum dir., Un hĂ©ros alsacien David Bloch, Colmar, 1923. [36] C. Rudrauf, Le Drame de la mauvaise frontiĂšre Lettres dâun Alsacien 1914-1916, Nancy-Paris-Strasbourg, Berger-Levrault, 1924. [37] Câest une tendance gĂ©nĂ©rale en France. Voir N. BeauprĂ©, De quoi la littĂ©rature de guerre est-elle la source ? », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue dâhistoire, n° 111, 2011, p. 44. [38] E. Bouillon, Sous les drapeaux de lâenvahisseur. La Grande BĂȘte de lâApocalypse, Colmar, Impr. Messager de Colmar », 1934. [39] Ibid., p. 34 ; voir lâanalyse du tĂ©moignage dans R. Cazals dir., 500 tĂ©moins de la Grande Guerre, Portet-sur-Garonne, Ăd. Midi-PyrĂ©nĂ©ennes & EDHISTO, 2013. [40] R. Lorette et F. Fizaine, FrontiĂšre, Paris, Firmin-Didot, 1930, p. 117. [41] Le Petit Parisien, 28 octobre 1930. [42] La Voix du Combattant, 20 aoĂ»t 1932. [43] R. Worms Baretta, Avant la Lettre », Le Figaro, 30 octobre 1930. [44] K. Hofer, Briefe eines elsĂ€ssischen Bauernburschen aus dem Weltkriege an einen Freund 1914-1918, Stuttgart-Berlin, Deutsche Verlags-Anstalt, 1922. [45] P. Jolidon, Un Alsacien avec les corsaires du Kaiser, Paris, Hachette, 1934. [46] H. Rehberger, TĂȘte carrĂ©e. Carnet de route dâun Alsacien 1914/18, Strasbourg, Ăditions SĂ©bastian Brant, 1938. [47] Ă. Julien, Paris, Berlin la mĂ©moire de la guerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 33-34. [48] P. RicĆur, La mĂ©moire, lâhistoire, lâoubli, Paris, Le Seuil, 2000, p. 97. [49] J. Candau, Anthropologie de la mĂ©moire, op. cit., p. 94. [50] Selon les propos de Mairhofer, prĂ©sident de lâUnion des invalides dâAlsace-Lorraine. Voir La visite Ă Paris des mutilĂ©s dâAlsace-Lorraine », Journal des mutilĂ©s, rĂ©formĂ©s et blessĂ©s de guerre, 3 octobre 1925. [51] Voir J. Le Goff, Histoire et mĂ©moire, Paris, Gallimard, 1988, p. 174-175. [52] Sur ce sujet, nous renvoyons Ă Grandhomme, Un aspect de la mise au pasâ de lâAlsace-Moselle annexĂ©e de fait la destruction des monuments aux morts de 1914-1918 par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale », in S. Benoist et al. dir., MĂ©moires partagĂ©es, mĂ©moires disputĂ©es Ă©criture et réécriture de lâhistoire, Metz, Centre rĂ©gional universitaire lorrain dâhistoire, 2009, p. 253-271. [53] Ibid., p. 267. [54] A. Loez et N. Offenstadt, La Grande Guerre carnet du centenaire, Paris, Albin Michel, 2013, p. 213-214. [55] Voir Vonau, Le procĂšs de Bordeaux les MalgrĂ©-Nous et le drame dâOradour, Strasbourg, Ăd. du Rhin, 2003. [56] F. Hoffet, Psychanalyse de lâAlsace, Strasbourg, Alsatia, 1994 1re Ă©d. 1951. [57] M. Jacob, Les Clefs du jardin, Paris, Plon, 1953. Lâouvrage remporte le prix des lecteurs de la maison Julliard ». [58] F. Hoffet, Psychanalyse de lâAlsace, op. cit., p. 90. [59] M. Jacob, Les Clefs du jardin, op. cit., p. 234. [60] Archives municipales de Schirmeck, 3K1, dossier fĂȘtes et manifestations 1953-1965 ». [61] Schirmeck. La municipalitĂ© a honorĂ© les anciens combattants de la guerre de 1914-18 », DerniĂšres Nouvelles dâAlsace, 27 novembre 1968. [62] Cela se remarque aussi dans le contenu de lâexposition tenue cette mĂȘme annĂ©e Ă Colmar. Voir CinquantiĂšme anniversaire de la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale Catalogue de lâexposition tenue du 17 novembre au 1er dĂ©cembre 1968 au foyer du théùtre Ă Colmar, Colmar, Archives dĂ©partementales du Haut-Rhin, 1968. Notons au passage que la mĂ©moire militaire des opĂ©rations sur le front vosgien commence alors Ă rĂ©apparaĂźtre. [63] P. Hugues, Marthe et Mathilde, Paris, Les ArĂšnes, 2009, p. 155. [64] Voir N. Offenstadt, 14-18 aujourdâhui la Grande Guerre dans la France contemporaine, Paris, O. Jacob, 2010, p. 10. [65] Archives Municipales de SĂ©lestat, 102W73-74, dossier Administration gĂ©nĂ©rale de la Commune. ĂvĂ©nements remarquables. FĂȘte du 11 novembre 1945-1982 », Message du prĂ©sident de la RĂ©publique pour le 11 novembre. [66] Ibid., Message du ministre Jean Laurain pour les cĂ©rĂ©monies du 11 novembre 1985. [67] Ibid., Message du ministre Philippe Mestre pour les cĂ©rĂ©monies du 11 novembre 1993. [68] Ibid., Message du ministre Pierre Pasquini pour les cĂ©rĂ©monies du 11 novembre 1995. [69] L. Michaux, Archives dĂ©partementales de la moselle dir., Metz et la Moselle pendant la Grande Guerre 1914-1918, Metz, Archives de la Moselle, 1978. [70] Voir Grandhomme et F. Grandhomme, Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, op. cit., p. 468-469. [71] Question Ă©crite n° 13180 de Philippe Richert publiĂ©e dans le Journal officiel, SĂ©nat, 21 dĂ©cembre 1995, p. 2370. [72] RĂ©ponse du ministĂšre des Anciens combattants publiĂ©e dans le Journal officiel, SĂ©nat, 15 fĂ©vrier 1996, p. 327. [73] D. Richert, Cahiers dâun survivant un soldat dans lâEurope en guerre, 1914-1918, traduit par Marc Schublin, Strasbourg, La NuĂ©e Bleue, 1994. [74] SupplĂ©ment des DerniĂšres Nouvelles dâAlsace, novembre 1998. [75] Voir N. Offenstadt, 14-18 aujourdâhui, op. cit., p. 133-147. [76] Biot, Les derniers poilus, Paris, La MartiniĂšre, 2004. On trouve dans cet ouvrage deux Alsaciens de lâarmĂ©e allemande, dont Charles Kuentz qui est prĂ©sentĂ© comme malgrĂ©-nous ». [77] Les derniers poilus tĂ©moignent », LâExpress, 30 octobre 2003. [78] Nous les avons analysĂ©s dans les DerniĂšres Nouvelles dâAlsace DNA, quotidien largement diffusĂ© en Alsace annĂ©es 2011, 2012 et 2013. [79] Altenheim. En mĂ©moire des Poilus », DNA, 12 novembre 2011. [80] Niederbronn-les-Bains. Aux soldats morts pour la France », DNA, 13 novembre 2011. [81] CommĂ©moration du 11-Novembre â Reichshoffen. En souvenir des 78 morts pour la France », DNA, 15 novembre 2012. [82] CommĂ©moration de lâarmistice du 11 novembre 1918 â Folgensbourg. Dâeux Ă nous », DNA, 11 novembre 2013. [83] CĂ©rĂ©monie commĂ©morative â Matzenheim. Devoir de mĂ©moire », DNA, 19 novembre 2011. [84] 11 Novembre â Bollwiller. MĂ©dailles et promotions », DNA, 15 novembre 2013. [85] 11 Novembre â Soultz-Sous-ForĂȘts. Pour tous les soldats morts », DNA, 13 novembre 2011. [86] 11 Novembre â Koestlach. CommĂ©moration dans lâĂ©glise ! », DNA, 15 novembre 2012 ; Ă Soultz-sous-ForĂȘts, un hommage Ă tous les Morts pour la France », DNA, 13 novembre 2013. [87] Nous retiendrons la derniĂšre synthĂšse sur le sujet Grandhomme et F. Grandhomme, Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, op. cit. [88] J. Fortier, Quinze jours en rouge, Barr, Le Verger, 2011. [89] N. Offenstadt, 14-18 aujourdâhui, op. cit. ; J. Horne, Le centenaire », in J. Winter dir., Cambridge History. La PremiĂšre Guerre mondiale, t. III SociĂ©tĂ©s, Paris, Fayard, 2014, p. 653-673. [90] P. Hugues, Marthe et Mathilde, op. cit. dans cette fresque retraçant lâhistoire de ses grands-mĂšres, lâauteure Ă©voque le parcours militaire dans lâarmĂ©e allemande dâun grand-pĂšre alsacien qui semblait davantage prĂ©occupĂ© de son maintien en vie et du retour Ă la paix que de considĂ©rations nationales. [91] Citons notamment B. Jost, Quand nous Ă©tions allemands 1871-1918, Barr, Calleva, 2011, vol. 3. [92] 1914-2014 travail de mĂ©moire », DNA, 25 dĂ©cembre 2013. [93] [94] Nous reprenons ici la typologie proposĂ©e par Henry Rousso dans Le syndrome de Vichy, 1944-1987, Paris, Le Seuil, 1987, p. 235.
femmes et enfants fuyant le dernier bastion du groupe jihadiste Etat islamique, le 22 fĂ©vrier 2019 dans la province syrienne de Deir ez-Zor. Photo AFP / Delil SOULEIMAN Le rĂŽle des femmes jihadistes est traditionnellement sous-estimĂ©. Dans ce domaine, comme dans bien dâautres, le groupe Etat islamique EI a changĂ© les rĂšgles du jeu », estime Lydia Khalil, experte en terrorisme Ă lâInstitut dâĂ©tudes australien Lowy. Elles se disent simples mĂšres au foyer », déçues » ou repenties » du jihad mais pour leurs pays dâorigine, qui refusent de les voir revenir, les femmes du califat » moribond demeurent avant tout des militantes potentiellement trĂšs dangereuses. Loin du clichĂ© des Ă©pouses de jihadistes dupĂ©es », endoctrinĂ©es ou forcĂ©es », elles ont Ă©tĂ© appelĂ©es Ă combattre ou Ă participer Ă lâorganisation dâattaques terroristes », Ă©crit Lydia Khalil dans une analyse parue mardi, alors que Londres et Washington sâopposent avec fracas au retour de deux jeunes femmes, Shamima Begum et Hoda Muthana, aux tĂ©moignages trĂšs mĂ©diatisĂ©s. Et quand elles sont restĂ©es Ă lâĂ©cart de la violence et des atrocitĂ©s commises au nom de lâEI, les femmes jihadistes ont occupĂ© une place importante aux yeux du groupe par lâĂ©ducation des enfants. Ce quâon attend dâelles, câest la pĂ©rennisation de lâidĂ©ologie par lâĂ©ducation », au sein du califat ou de façon souterraine » dans leur pays, considĂšre AmĂ©lie Chelly, spĂ©cialiste des islams politiques Ă lâEcole des hautes Ă©tudes en sciences socialesEHESS Ă Paris. Cette idĂ©ologie, au contenu extrĂȘmement antisystĂšme, antisĂ©mite, anti +mĂ©crĂ©ance+, anti +faux musulmans+ », prĂ©existait Ă lâEI qui nâa fait que lâamplifier, dit-elle Ă lâAFP. Depuis lâoffensive des Forces dĂ©mocratiques syriennes FDS, alliance arabo-kurde appuyĂ©e par une coalition internationale sous commandement amĂ©ricain, prĂšs dâun millier dâĂ©trangers soupçonnĂ©s dâappartenance Ă lâEI ont Ă©tĂ© fait prisonniers. Militantes acharnĂ©es » Les femmes et plus de enfants de jihadistes, issus de 30 pays, ont envoyĂ©s vers des camps de dĂ©placĂ©s dans le Nord-Est syrien, sous contrĂŽle des FDS. Parmi la vingtaine de femmes françaises dĂ©tenues dans un camp, au moins sept ou huit sont rĂ©pertoriĂ©es comme extrĂȘmement dangereuses », relĂšve une source française proche du dossier. Ce sont des militantes acharnĂ©es de Daech acronyme arabe de lâEI, le cas Ă©chĂ©ant faisant rĂ©gner lâordre dans le camp contre celles qui ne respectent pas la charia », affirme cette source. Lire aussi Des femmes Ă©vacuĂ©es de lâultime rĂ©duit de lâEI en Syrie vantent le califat » AprĂšs avoir longtemps plaidĂ© pour leur jugement sur place, la France nâexclut plus de rapatrier ses ressortissants devant leur risque de dispersion » lorsque le retrait des 2000 soldats amĂ©ricains stationnĂ©s dans le nord-est syrien sera engagĂ©. Prendre la responsabilitĂ© de les faire revenir est Ă©norme. Câest un vrai risque », concĂšde la source proche du dossier Ă Paris, craignant quâil ne soit compliquĂ© de les juger en Europe et de les condamner au-delĂ de quelques annĂ©es. La justice des pays occidentaux est particuliĂšrement mal armĂ©e pour juger des femmes dont le rĂŽle, difficilement quantifiable, aura Ă©tĂ© surtout idĂ©ologique, notamment dans les unitĂ©s de police religieuse. Nombre de familles rĂ©clament de leur cĂŽtĂ© le retour de filles ou de soeurs afin quâelles soient jugĂ©es Ă©quitablement dans leur pays et renouent avec dâautres valeurs. Lire aussi 40 camions Ă©vacuent hommes, femmes et enfants du rĂ©duit de lâEI Familles jihadophiles » Mais pour les familles +jihadophiles+ Ă la Merah auteur dâattentats contre des enfants juifs et des militaires en 2012, ndlr quand vous nâavez aucune autre valeur que ce discours-lĂ depuis le berceau, câest extrĂȘmement rare dâen sortir », anticipe AmĂ©lie Chelly. Contrairement aux idĂ©es reçues, les femmes ont aussi souvent Ă©tĂ© moteur dans la radicalisation dâun conjoint, dâun fils ou dâun frĂšre, note la chercheuse de lâEHESS, en rappelant le cas dâAmĂ©dy Coulibaly, auteur de lâattaque de lâHyper Cacher en janvier 2015 Ă Paris et de sa compagne Hayat Boumedienne, partie ensuite en Syrie. Pour le sociologoque Farhad Khosrokhavar, il faut toutefois faire la distinction entre les repenties, les endurcies, les indĂ©cises et les traumatisĂ©es ». Et mĂȘme sâil nâexiste pas de modĂšle Ă©tabli pour la dĂ©radicalisation, on ne peut pas ne pas la tenter ». Les revenantes », une fois incarcĂ©es et jugĂ©es dans leur pays dâorigine, vont aussi poser un autre problĂšme. Aucune femme ne sâĂ©tait encore radicalisĂ©e en prison », souligne GĂ©raldine Casutt, spĂ©cialiste suisse du jihad fĂ©minin, dans une interview Ă la chaĂźne France 24. Lâadministration pĂ©nitentiaire sâinquiĂšte dĂ©sormais dâune potentielle radicalisation fĂ©minine au sein des prisons françaises », pointe-t-elle.
PubliĂ© le 07/12/2018 Ă 2130 Les Anciens combattants de Corneilla-del-Vercol se sont regroupĂ©s au monument aux Morts, mercredi dernier, afin de rendre hommage, dans le cadre de la journĂ©e nationale, aux Morts pour la France pendant la guerre dâAlgĂ©rie, et les combats du Maroc et de Tunisie. Le colonel Leydier a rappelĂ© que durant ces conflits "1,5 million de combattants avaient Ă©tĂ© engagĂ©s, que les pertes militaires sâĂ©levaient Ă 27 000 morts et 1 000 disparus, que les pertes civiles se montaient Ă 400 000 morts et que les supplĂ©tifs aprĂšs les cessez-le-feu comptaient prĂšs de 100 000 morts, sans oublier le million de pieds-noirs condamnĂ©s Ă lâexil". Le maire a lu le message de GeneviĂšve Darrieussecq, secrĂ©taire dâĂtat auprĂšs de la ministre des ArmĂ©es, dans lequel elle rendait hommage aux "centaines de milliers de jeunes appelĂ©s ou rappelĂ©s qui avaient dĂ©couvert le visage de la guerre dâAlgĂ©rie, une guerre Ăąpre et Ă©prouvante, violente, brutale. Une guerre qui marque pour la vie. Les armes se sont tues depuis 56 ans et progressivement, lâhistoire sâempare de cette pĂ©riode afin que soit transmise la connaissance de ses mĂ©moires". Une vibrante Marseillaise a clos la cours de la permanence qui a suivi, le colonel RĂ©casens a tenu Ă Ă©voquer les Ă©vĂ©nements actuels, en particulier les graves incidents dans la crypte du soldat inconnu, et sur lâArc de Triomphe Ă Paris "Faudra-t-il que les Anciens combattants, adoubĂ©s de gilets bleu-blanc-rouge, se rendent place de lâĂtoile pour protĂ©ger la flamme qui brĂ»le au fond de leur cĆur ?".La prochaine permanence se tiendra le vendredi 4 janvier. LâassemblĂ©e gĂ©nĂ©rale aura lieu le samedi 9 fĂ©vrier, Ă 16 h, avec le Souvenir français.
RĂ©sumĂ© Index Plan Notes de lâauteur Texte Bibliographie Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s La question de la guerre dâindĂ©pendance en AlgĂ©rie qui connaĂźt aujourdâhui dâimportants renouvellements historiographiques suscite depuis plusieurs dĂ©cennies la collecte de tĂ©moignages oraux auprĂšs des acteurs et des tĂ©moins, notamment auprĂšs des anciens appelĂ©s. La cartographie de ces archives orales commence Ă se prĂ©ciser, quâelles soient constituĂ©es dans le cadre du dĂ©pĂŽt lĂ©gal des archives audiovisuelles Ina ou au sein dâinstitutions patrimoniales, publiques ou associatives. Ces derniĂšres conservent Ă©galement des corpus oraux issus de la dĂ©marche vertueuse » de chercheurs qui ont choisi de dĂ©poser et de rendre consultables leurs entretiens enregistrĂ©s au cours de leur programme de recherche. Cet article fait le point sur les collections sonores en lien avec cette pĂ©riode, qui sâajoutent Ă celles du service historique de la DĂ©fense, prĂ©sentĂ©es dans ce mĂȘme numĂ©ro. For several decades, the question of the independence war in Algeria, which has undergone major historiographic renewals, has led to the recording of oral testimony from the actors and witnesses, particularly among the former conscripts. The cartography of these oral archives begins to be clear, whether they are constituted within the framework of the legal deposit of the audiovisual archives Ina or within patrimonial, public or associative institutions. These sound archives are resulting from the "virtuous" approach of researchers who have chosen to deposit and make accessible interviews recorded during their research program. This article takes stock of few archives about this issue in addition to those of the Historical Defense Service, presented in this de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Notes de lâauteurLes chiffres fournis dans lâarticle sont issus dâune consultation des diffĂ©rentes plateformes et bases de donnĂ©es effectuĂ©e en janvier 2017. Texte intĂ©gral 1 Anne Roche et Marie-Claude Taranger, Celles qui nâont pas Ă©crit rĂ©cits de femmes dans la rĂ©gion m ... 2 Anne Roche, Je vous le raconte volontiers, parce quâon ne me lâa jamais demandĂ© » Autobiographi ... 3 Romain Choron, Les appelĂ©s de la guerre dâAlgĂ©rie 1954-1962 dans les fonds de la division des t ... 1Câest en Ă©coutant le fonds sonore dâAnne Roche et Marie-Claude Taranger, Celles qui nâont pas Ă©crit1 », lors de son traitement documentaire Ă la phonothĂšque de la MMSH, que les archivistes ont pris conscience quâune grande partie des entretiens Ă©taient enregistrĂ©s auprĂšs dâhommes qui avaient participĂ© Ă la guerre dâindĂ©pendance en AlgĂ©rie. IntriguĂ©s par cet ensemble cohĂ©rent, au sein dâun fonds dĂ©posĂ© au dĂ©part sous un titre qui signalait avant tout des tĂ©moins fĂ©minins, les archivistes interrogĂšrent Anne Roche. Elle dĂ©posa alors, pour les Ă©clairer dans leur travail de contextualisation de leur fonds, une nouvelle sĂ©rie de transcriptions et un article, publiĂ© dans un ouvrage qui nâĂ©tait plus disponible en librairie2. Câest cet article que le Bulletin de lâAFAS. SonoritĂ©s publie dans ce mĂȘme numĂ©ro. Ă la phonothĂšque de la MMSH, un corpus spĂ©cifique a Ă©tĂ© créé dans les collections sous le titre Ă©ponyme de lâarticle qui paraissait assez Ă©vocateur aux archivistes Je vous le raconte volontiers parce quâon ne me lâa jamais demandé⊠». En effet, les corpus dâentretiens auprĂšs des appelĂ©s de la guerre dâAlgĂ©rie ne sont pas si nombreux Ă ĂȘtre identifiĂ©s et surtout, ils sont trĂšs Ă©parpillĂ©s, difficile Ă repĂ©rer. Certes, la fusion des collections dâarchives sonores du service historique de la DĂ©fense3 permet aujourdâhui dâavoir accĂšs Ă plusieurs centaines dâentretiens issus de programmes trĂšs diffĂ©rents. Mais, Ă un moment oĂč les recherches sur la guerre dâindĂ©pendance en AlgĂ©rie connaissent dâimportants renouvellements historiographiques, leur cartographie reste encore Ă faire. Câest ce Ă quoi sâemploie cet article, rĂ©aliser un premier Ă©tat des lieux des archives sonores et audiovisuelles donnant Ă entendre des appelĂ©s de cette guerre. Merci Ă tout lecteur qui connaĂźtrait dâautres corpus sonores ou audiovisuels accessibles, de les signaler Ă lâAFAS ! 4 Les rĂ©sultats sur dâune recherche Algerian war » sur le site bibliothĂšque numĂ©rique ... 5 Une recherche sur Europeana, la bibliothĂšque numĂ©rique europĂ©enne, sur AppelĂ©s de la guerre dâAlg ... 6 Une recherche sur le moteur de sciences humaines et sociales, Isidore, ne fait pas apparaĂźtre de co ... 7 Calames, le catalogue des archives et des manuscrits des bibliothĂšques universitaires françaises, m ... 8 Il faut noter toutefois que le Centre virtuel de la connaissance sur lâEurope CVCE, infrastructur ... 9 Sur le domaine, Canal-U, plateforme de ressources audiovisuelles de lâenseignement supĂ©rieur et de ... 10 On peut aussi indiquer que sur son site officiel Benjamin Sto ... 2Si une recherche de collections sonores sur le domaine sur les plateformes et les moteurs culturels ou en sciences humaines et sociales comme Europeana5, Isidore6, Calames7, le CVCE8 ou Canal-U9 ne met pas Ă jour des collections inĂ©dites hors de celles qui sont prĂ©sentĂ©es plus avant dans lâarticle, la plateforme Cocoon Collections de corpus oraux numĂ©riques10 » offre plus de rĂ©sultats. Cocoon est dĂ©veloppĂ©e par des linguistes et gĂ©rĂ©e conjointement par le laboratoire Langues et civilisations Ă tradition orale LACITO â UMR7107 et le Laboratoire ligĂ©rien de linguistique LLL â UMR7270. Une recherche Ă partir du mot clĂ© AlgĂ©rie - 1954-1962 Guerre dâAlgĂ©rie » renvoie vers quatre colloques organisĂ©s par lâInstitut dâhistoire du temps prĂ©sent IHTP dont les communications et les dĂ©bats enregistrĂ©s peuvent ĂȘtre consultĂ©s dans les locaux de lâIHTP. â La guerre dâAlgĂ©rie et les AlgĂ©riens 1954-1962, organisĂ©, sous la direction de Charles-Robert Ageron, Ă Paris les 26 et 27 mars 1996. â La guerre dâAlgĂ©rie et les intellectuels français, organisĂ© Ă Paris, le 22 avril 1988 avec, entre autres, les interventions de Jean-Pierre Rioux, Jean-François Sirinelli, Raoul Girardet, Jean-Marie Domenach, Jacques Julliard. â La guerre dâAlgĂ©rie et les français, organisĂ© par François BĂ©darida et Jean-Pierre Rioux Ă Paris, les 15, 16 et 17 dĂ©cembre 1988. â Les croyants et la guerre dâAlgĂ©rie, organisĂ© par François BĂ©darida et Ătienne Fouilloux, Ă Paris, le 17 dĂ©cembre 1987 11 Une recherche sur le catalogue du catalogue collec ... 12 Une recherche dans les transcriptions des entretiens archivĂ©s sur Cocoon sur le terme AlgĂ©rie » 3Cet ensemble de 60 notices 30 cassettes audio fait partie de la collection Colloques de lâIHTP11 » sans description de sous-sĂ©rie, ou de dĂ©pouillement des cassettes. Il est donc difficile de prĂ©ciser les informations de contenu et en particulier de connaĂźtre lâensemble des confĂ©renciers. Les quatre colloques devraient correspondre Ă une trentaine dâheures et les publications issues de ces colloques se retrouvent dans les articles et ouvrages de lâIHTP. Une recherche dans les entretiens de terrain sur la thĂ©matique ne donne pas de rĂ©sultats probants12, mais les dĂ©pĂŽts dans cette plateforme sont constants, ouverts Ă plusieurs disciplines, et il faudrait effectuer des recherches rĂ©guliĂšres pour prendre en compte les mises Ă jour. Des sources tĂ©lĂ©visĂ©es et radiodiffusĂ©es considĂ©rables mais hĂ©tĂ©rogĂšnes 4Les archives des mĂ©dias tĂ©lĂ©vision et radio sont des archives majeures pour les chercheurs en sciences sociales, en particulier lorsquâil sâagit de travailler sur des Ă©vĂ©nements historiques prĂ©cis. Sur la question de la guerre dâAlgĂ©rie et des appelĂ©s, on y trouvera non seulement des petits formats rĂ©alisĂ©s pour les actualitĂ©s, mais aussi des entretiens avec les acteurs du moment, des discours politiques comme des documentaires reprĂ©sentant plusieurs points de vue. Toutefois, les archives tĂ©lĂ©visĂ©es ne sont pas conservĂ©es et accessibles de la mĂȘme façon dans tous les pays dâEurope aussi nous Ă©voquerons ici trois ressources principales lâInstitut national de lâaudiovisuel, le projet Med-Mem et la TĂ©lĂ©vision suisse romande. 5En France, la plateforme de lâIna, entreprise publique culturelle chargĂ©e de la sauvegarde, de la valorisation et de la transmission du patrimoine audiovisuel français, propose des milliers dâarchives radiodiffusĂ©es et tĂ©lĂ©visĂ©es numĂ©risĂ©es et accessibles de plusieurs façons. 6Sur le site grand public » dâ plus de 800 archives Ă©voquent le conflit de la guerre dâindĂ©pendance de lâAlgĂ©rie et, parmi elles, environ 200 portent sur les appelĂ©s 191 Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es, 21 enregistrements audios 13 Il est Ă©galement possible de consulter le catalogue en ligne du dĂ©pĂŽt lĂ©gal de lâIna http//inath ... 14 Pour plus dâinformation sur les PCM Ă la MMSH 7Mais il faut complĂ©ter cette recherche, car les archives du dĂ©pĂŽt lĂ©gal sont beaucoup plus riches. Pour rappel, une recherche dans le catalogue complet des archives du dĂ©pĂŽt lĂ©gal de lâIna doit sâeffectuer sur les sites donnant accĂšs aux postes de consultation multimĂ©dia PCM de lâInathĂšque implantĂ©s13 Ă la BnF, au sein des 6 dĂ©lĂ©gations Ina, de 16 bibliothĂšques en rĂ©gion, de 4 cinĂ©mathĂšques et de la mĂ©diathĂšque de recherche de la MMSH Ă Aix en Provence14. 15 Film qui fut interdit en France et en AlgĂ©rie mais obtint le grand prix du festival international d 8Une recherche associant les deux termes appelĂ©s AlgĂ©rie » dans le moteur de lâInathĂšque renvoie ainsi vers 542 documents, dont 128 Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es nationales, rĂ©gionales et satellites et 174 Ă©missions radiophoniques enregistrĂ©es dĂšs 1959. Ces deux termes sont sans doute limitĂ©s et la recherche mĂ©riterait plus de prĂ©cision les archives de lâIna doivent receler bien dâautres documents en lien avec les appelĂ©s puisque les termes guerre dâAlgĂ©rie » renvoient Ă 18 908 documents, enregistrĂ©s dĂšs 1949. Dans le mĂȘme catalogue, une recherche sur les films issus des archives du CNC Centre national du cinĂ©ma permettent de visionner des documents prĂ©sentant des points de vue trĂšs diffĂ©rents depuis DĂ©fense de lâAlgĂ©rie 1957 Ă AlgĂ©rie annĂ©e zĂ©ro15 1967. Rappelons que pour des questions juridiques, ces documents peuvent ĂȘtre consultĂ©s uniquement sur place, dans les centres citĂ©s qui donnent accĂšs aux PCM. 9Par ailleurs, lâIna a soutenu diffĂ©rents projets qui donnent accĂšs Ă ses archives tĂ©lĂ©visĂ©es et radiodiffusĂ©es, sous des formes et formats diffĂ©rents, Ă©ditorialisĂ©s et augmentĂ©s. 16 17 10En particulier, entre 2008 et 2012, lâIna a initiĂ© un vaste projet dans le cadre de la COPEAM ConfĂ©rence permanente de lâaudiovisuel mĂ©diterranĂ©en Ă la demande des dĂ©tenteurs dâarchives audiovisuelles de la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne. Le projet Med-Mem MĂ©moires audiovisuelles de la MĂ©diterranĂ©e » offre au grand public prĂšs de 4 000 documents audiovisuels des pays du pourtour de la MĂ©diterranĂ©e. ReplacĂ©es dans leur contexte historique et culturel, les archives tĂ©lĂ©vision et radio sont accompagnĂ©es dâune notice documentaire trilingue français, anglais, arabe. Certes, la thĂ©matique de la guerre est loin dâĂȘtre au cĆur de ce projet qui voulait, avant tout, rassembler et valoriser un patrimoine culturel et historique, toutefois, lâĂ©vĂ©nement est bien prĂ©sent. Deux documents originaux sont Ă souligner le dossier rĂ©alisĂ© par Karima DirĂšche sur le thĂšme La question coloniale et postcoloniale algĂ©rienne16 » et un documentaire de 1963 rĂ©alisĂ© par Slim Riad Mohamed, AlgĂ©rie 1er novembre 1954-1er novembre 1962, pour la tĂ©lĂ©vision algĂ©rienne17. 18 Mais aussi sur le site du Monde et de lâIna. 19 20 Sur les 9 tĂ©moins, seule une est combattante du FLN, il sâagit dâĂvelyne Lavalette. 11Toujours sur la guerre dâindĂ©pendance en AlgĂ©rie, les archives de lâIna peuvent ĂȘtre Ă©coutĂ©es autrement. En effet, en 2007, lâIna a restituĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision algĂ©rienne une copie des archives filmĂ©es par les reporters français avant 1962. Cet ensemble est mis en avant dans un web documentaire accessible sur le quotidien El Watan18 sous le titre IndĂ©pendance algĂ©rienne19. Cette coproduction du Monde, de lâIna et dâEl Watan donne Ă voir et Ă entendre neuf tĂ©moins qui racontent en 2012 leur Ă©tĂ© 1962 Ă lâoccasion du cinquantiĂšme anniversaire du 5 juillet. Ils sont combattants du FLN20, pied vert ou pied noir, simple habitant, membre de lâOAS ou appelĂ©. Malheureusement, la technologie de ce webdoc ne permet pas de citer convenablement les sources. Ainsi, lâappelĂ© Michel Guay, mobilisĂ© et envoyĂ© Ă Oran en janvier 1962, filmĂ© dans le cadre du projet, apparaĂźt dans un cadre multimĂ©dia. Dans ce cadre » sâintercalent des images dâarchives et des commentaires historiques qui apparaissent sans que lâinternaute ne puisse ouvrir les fenĂȘtres au fil de lâentretien. Lâensemble est accessible sous une seule adresse Ă©lectronique, unique pour toutes les ressources 12Aucun texte ne peut ĂȘtre copiĂ© ou citĂ©, rien ne peut ĂȘtre embarquĂ© » pour ĂȘtre repris dans une autre publication, les cadres ne sont pas numĂ©rotĂ©s. Aussi, bien que le document soit trĂšs esthĂ©tique, agrĂ©able Ă consulter et riche dâinformations, il est difficile dâutiliser ce webdocumentaire dans un travail universitaire. 21 Une recherche gĂ©nĂ©rale avec les termes guerre d'AlgĂ©rie » sur le site renvoie ... 22 23 Sur YouTube 13La RTS Radio et tĂ©lĂ©vision suisse romande fournit Ă©galement de nombreuses archives tĂ©lĂ©visĂ©es et radiodiffusĂ©es sur cette pĂ©riode et plus largement sur lâAlgĂ©rie21. Un dossier sur le thĂšme La douloureuse indĂ©pendance de lâAlgĂ©rie22 », donne ainsi accĂšs Ă onze Ă©missions et Ă des petits documentaires créés Ă cette pĂ©riode. Plusieurs dâentre elles mettent en avant lâimplication des personnalitĂ©s suisses dans les accords dâEvian ou les luttes contre la torture. Il sâagit toutefois uniquement dâune recherche en ligne et sans nul doute, la RTS doit possĂ©der des archives plus complĂštes consultables sur place. Certains de ses documentaires circulent dâailleurs sur des plateformes gĂ©nĂ©ralistes de type You Tube ou Daily Motion dont la citabilitĂ© pĂ©rissable rend difficile leur rĂ©fĂ©rencement dans un travail scientifique. Il est ainsi possible de visionner le film produit par la TĂ©lĂ©vision suisse romande en 1974, GĂ©nĂ©ral de BollardiĂšre. LâAlgĂ©rie, le silence dâĂtat et le destin dâun homme, rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Gazut et Pierre Stucki, censurĂ© en France23. Des entretiens inĂ©dits qui restent encore Ă cartographier et Ă documenter 24 Nous aurions pu ajouter Ă ces deux associations celui de Dastum spĂ©cialisĂ©e dans la musique bretonn ... 25 Les Archives nationales nous ont confirmĂ© quâils ne conservaient pas dans leur fonds des archives s ... 14Au-delĂ de ces grandes plateformes, les centres de ressources associatifs ou institutionnels qui proposent un accĂšs Ă leurs archives sonores sur ce thĂšme, repĂ©rĂ©s dans le cadre de cet article sont au nombre de quatre, deux associations24 et deux institutions de recherche. Nous avons sĂ©lectionnĂ© uniquement les centres de ressource, qui permettent lâĂ©coute en ligne ou sur site dâarchives orales25 sur les appelĂ©s de la guerre dâAlgĂ©rie â LâAssociation Harkis et droits de lâHomme â La BibliothĂšque de documentation internationale contemporaine BDIC â Le Centre de documentation pour lâhistoire de lâAlgĂ©rie CDHA â La phonothĂšque de la Maison mĂ©diterranĂ©enne des sciences de lâhomme MMSH Ă Aix-en-Provence Association Harkis et droits de lâHomme 26 15Cette association, cofondĂ©e en 2004 par Fatima Besnaci-Lancou et Hadjila Kemoum, sâest donnĂ© pour objectif de faire connaĂźtre lâhistoire des harkis par plusieurs moyens, dont la collecte dâentretiens filmĂ©s et enregistrĂ©s26. Sur le thĂšme de la guerre dâAlgĂ©rie et plus particuliĂšrement des appelĂ©s, plusieurs centaines dâentretiens sont archivĂ©s au sein de lâassociation et publiĂ©s sous forme de transcription dans des ouvrages. Les entretiens peuvent ĂȘtre Ă©coutĂ©s sur demande, sur place Ă lâassociation, en contactant Fatima Besnaci-Lancou La BDIC 27 16La BibliothĂšque de documentation internationale contemporaine BDIC dĂ©veloppe ses collections dâarchives autour de thĂšmes tels que lâhistoire des relations internationales, les deux guerres mondiales, les conflits armĂ©s, les gĂ©nocides, la dĂ©colonisation, la question des droits de lâhomme, les minoritĂ©s, les mouvements politiques et sociaux ou les migrations volontaires ou forcĂ©es. La consultation des sources documentaires nĂ©cessite lâinscription prĂ©alable du lecteur Ă la BDIC. Trois fonds de tĂ©moignages concernant les appelĂ©s en AlgĂ©rie sont conservĂ©s actuellement Ă la BDIC et consultables uniquement sur place avec ou sans restrictions. Le catalogue des archives sonores et audiovisuelles est accessible sur la plateforme Calames27, toutefois les trois collections prĂ©sentĂ©es ici nây sont pas encore intĂ©grĂ©es. â Le Fonds Andrea Brazzoduro » tĂ©moignages oraux rĂ©alisĂ©s dans le cadre de la thĂšse de doctorat en histoire I veterani dâAlgeria e la Francia contemporanea. Esperienze et memorie del contingente di leva, 1955-2010 UniversitĂ© de Paris-Ouest Nanterre, 2011. Les archives sont consultables Ă la BDIC avec lâautorisation de lâauteur. â Le Fonds BenoĂźt Kaplan » tĂ©moignages oraux rĂ©alisĂ©s dans le cadre du mĂ©moire de maĂźtrise en histoire Une gĂ©nĂ©ration dâĂ©lĂšves des Grandes Ă©coles en AlgĂ©rie mĂ©moire dâune guerre » UniversitĂ© de Paris-Ouest, 1996. Les archives sont consultables Ă la BDIC avec lâautorisation de lâauteur. â Le Fonds Bernard Andrieux » tĂ©moignages filmĂ©s dans le cadre de lâenquĂȘte intitulĂ©e AlgĂ©rie, facettes dâune guerre 1954-1962 ». Les archives sont librement consultables Ă la BDIC. 17Pour toute information complĂ©mentaire, vous pouvez consulter Rosa Olmos, responsable du service audiovisuel ] Le CDHA 28 29 Contact de lâarchiviste du CDHA 18Le Centre de documentation pour lâhistoire de lâAlgĂ©rie CDHA, créé en 1974 et reconnu dâutilitĂ© publique en 1985, installĂ© dans la Maison MarĂ©chal Juin, 29 avenue de TĂŒbingen Ă Aix-en-Provence, a pour mission de rechercher partout en France et hors de France, rasÂsembler, rĂ©pertorier, conserver, pĂ©renniser et faire connaĂźtre la documentation sous toutes les formes dâexpression histoire, littĂ©rature, art plastique, documents sonores, musique... etc. concernant lâAlgĂ©rie avant et pendant la prĂ©sence française ainsi que les suites de cette prĂ©sence ». Il possĂšde une bibliothĂšque, des fonds dâarchives Ă©crites, iconographiques, et audiovisuelles, ainsi que des tĂ©moignages oraux audio et maintenant vidĂ©o. La collecte des tĂ©moignages oraux a commencĂ© dans les annĂ©es 1990 Ă lâinitiative de Jean Monneret et se poursuit grĂące au groupe Histoire de paroles, créé en 2011. Une recherche sur la base de donnĂ©es du CDHA donne un seule rĂ©fĂ©rence Ă lâinterrogation du terme appelĂ©28 », mais environ 70 tĂ©moignages oraux sont archivĂ©s dans ce centre de ressource sur la question de la guerre dâAlgĂ©rie29 militaires, notamment des officiers SAS, appelĂ©s, harkis, pieds-noirs, mĂ©decins, enseignants ou autres fonctionnaires ayant vĂ©cu en AlgĂ©rie Ă lâĂ©poque. La phonothĂšque de la Maison mĂ©diterranĂ©enne des sciences de lâhomme MMSH Ă Aix-en-Provence 30 Jean-Robert Henry et Jean-Claude Vatin dir., Le Temps de la coopĂ©ration. Sciences sociales et dĂ©c ... 19La phonothĂšque de la MMSH USR 3125 â Aix-Marseille universitĂ© â CNRS met Ă disposition plusieurs collections en lien avec les Ă©vĂ©nements de lâindĂ©pendance de lâAlgĂ©rie, soit plus de 130 heures dâĂ©coute. Les entretiens sont Ă©coutables en ligne lorsque les questions Ă©thiques et juridiques le permettent, sur la base de donnĂ©es de la phonothĂšque, Ganoub. Les mĂ©tadonnĂ©es descriptives sont placĂ©es dans le domaine public et rĂ©utilisables par toutes. Dâautres collections sonores portant sur cette pĂ©riode sont Ă©galement archivĂ©es comme le corpus dâHĂ©lĂšne Bracco sur Lâautre face âEuropĂ©ensâ en AlgĂ©rie indĂ©pendante » entretiens enregistrĂ©s, 1993, 28 h ou celui rĂ©alisĂ© par Jean-Robert Henri et François Siino IREMAM sur le thĂšme des CoopĂ©rants au Maghreb du milieu des annĂ©es 1950 Ă la fin des annĂ©es 1970 » entretiens filmĂ©s, 2008-2012, 60 h30. 20Cet article se limite Ă prĂ©senter quatre corpus directement en lien avec les appelĂ©s durant la guerre dâindĂ©pendance en AlgĂ©rie. â Actes de refus civils et militaires dans la guerre dâAlgĂ©rie 1954-1962 â âJe vous le raconte volontiers parce quâon ne me lâa jamais demandĂ©â rĂ©cits autobiographiques de français en AlgĂ©rie, au Maroc, en Tunisie dans les annĂ©es 1930 Ă 1962 » â RĂ©cits de vie de harkis â TĂ©moignages dâappelĂ©s en AlgĂ©rie rĂ©sidant en Midi-PyrĂ©nĂ©es Actes de refus civils et militaires dans la guerre dâAlgĂ©rie 1954-1962 Dates dâenregistrement 2007Nombre dâentretiens 17DurĂ©e 12 hEnquĂȘtrice HĂ©lĂšne BraccoAccĂšs sur Ganoub 21Le corpus prĂ©sente des tĂ©moignages dâactes de refus civils et militaires dans ce que furent, pour lâĂtat français Les opĂ©rations de maintien de lâordre en AlgĂ©rie », autrement dit la guerre dâAlgĂ©rie de 1954 Ă 1962. Les actions se dĂ©roulent en France et en AlgĂ©rie principalement, Ă lâĂ©tranger quelquefois. HĂ©lĂšne Bracco interroge les rĂ©fractaires Ă la guerre quant aux sources de leur refus familiales, politiques et sociales, mais aussi sur les consĂ©quences de leur acte de refus jusquâĂ aujourdâhui. Elle sâadresse Ă©galement aux enfants de ces rĂ©fractaires et Ă quelques-uns de leurs amis. Lâensemble est constituĂ© de 16 enquĂȘtes et dâune Ă©mission radiophonique. âJe vous le raconte volontiers parce quâon ne me lâa jamais demandĂ©.â RĂ©cits autobiographiques de Français en AlgĂ©rie, au Maroc, en Tunisie dans les annĂ©es 1930 Ă 1962 » Dates dâenregistrement 1983-1991Nombre dâentretiens 24DurĂ©e 22 hCommanditaires Anne Roche et Marie-Claude TarangerEnquĂȘteurs multipleAccĂšs sur Ganoub 31 Sur la mĂ©thodologie de la constitution de ce corpus autobiographique, voir ... 22Dans les annĂ©es 1980-1990 des Ă©tudiants de lâuniversitĂ© de Provence qui suivaient un cours de littĂ©rature axĂ© sur le rĂ©cit autobiographique dirigĂ© par Anne Roche et Marie-Claude Taranger devaient, dans le cadre de leur Ă©valuation, rĂ©aliser une enquĂȘte auprĂšs dâun tĂ©moin de leur choix sur des thĂ©matiques variant au cours des annĂ©es annĂ©es 1930, de la guerre de 1939-1945, du Front populaire, etc.. Certains dâentre eux ont choisi de rĂ©aliser des entretiens avec des tĂ©moins qui vivaient dans un pays du Maghreb dans les annĂ©es 1930 ou pendant la Seconde Guerre mondiale. Dâautres ont choisi dâinterroger ceux qui ont vĂ©cu la guerre dâAlgĂ©rie du cĂŽtĂ© des soldats du contingent. Comme dans les autres entretiens rĂ©alisĂ©s dans le cadre de cet enseignement, les consignes donnĂ©es aux tĂ©moins Ă©taient trĂšs ouvertes il sâagissait de raconter leur vie quotidienne et leurs souvenirs31. Les tĂ©moins parlent de ce quâils ont vu, de ce quâils ont vĂ©cu, aussi de ce quâils ont entendu dire, ou cru, ou espĂ©rĂ© et parfois de ce quâils ont appris depuis, par diffĂ©rentes voies, avec le souci frĂ©quent de distinguer ces diffĂ©rents plans. Anne Roche a rĂ©digĂ© Ă partir de ces entretiens un article pour une exposition au MusĂ©e dâhistoire contemporaine en 1992 voir supra. Nous avons repris le titre de son article pour regrouper et prĂ©senter tous les rĂ©cits autobiographiques enregistrĂ©s auprĂšs de tĂ©moins ayant vĂ©cu en AlgĂ©rie, au Maroc ou en Tunisie des annĂ©es 1930 Ă 1962. RĂ©cits de vie de harkis Dates dâenregistrement 1997-1998Nombre dâentretiens 56DurĂ©e 75 h 15 minEnquĂȘteur GrĂ©gor MathiasAccĂšs sur Ganoub 32 Gregor Mathias, Survivre Ă lâindĂ©pendance algĂ©rienne. ItinĂ©raires de moghaznis en 1962-1963 », da ... 23Ces 56 enquĂȘtes, rĂ©alisĂ©es par GrĂ©gor Mathias, alors Ă©tudiant en DEA auprĂšs dâengagĂ©s et auxiliaires militaires français-musulmans de la guerre dâAlgĂ©rie 1954-1962, ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans le cadre dâune convention entre lâuniversitĂ© de Provence et lâAssociation des anciens des Affaires algĂ©riennes. Le chercheur suit un questionnaire qui aborde les questions de la situation socio-Ă©conomique de lâinformateur, son lien avec le FLN Front de libĂ©ration nationale, les motivations, les circonstances et les consĂ©quences de son engagement, ses relations avec les officiers, sa vie militaire, son adhĂ©sion Ă lâALN ArmĂ©e de libĂ©ration nationale, le lien avec la population locale, puis aborde des questions plus larges sur les Ă©vĂ©nements politiques et en particulier, lâannĂ©e 1962. Lâentretien se conclut sur le rĂ©cit du retour/arrivĂ©e de lâinformateur en France. La totalitĂ© du corpus est numĂ©risĂ©e, ce qui permet de se dĂ©placer rapidement Ă travers le questionnaire. En 2012, Ă Saint-Brieuc, lors de la journĂ©e dâĂ©tude sur AlgĂ©rie, sorties de guerre », Gregor Mathias a repris 18 entretiens dĂ©posĂ©s Ă la phonothĂšque de la MMSH pour esquisser une typologie des supplĂ©tifs abandonnĂ©s par lâarmĂ©e française ou restĂ©s en AlgĂ©rie aprĂšs lâindĂ©pendance algĂ©rienne32. En 2017, Gregor Mathias a repris trois de ces entretiens dans son ouvrage La France ciblĂ©e. Terrorisme et contre-terrorisme pendant la guerre dâAlgĂ©rie, publiĂ© aux Ă©ditions VendĂ©miaire. TĂ©moignages dâappelĂ©s en AlgĂ©rie rĂ©sidant en Midi-PyrĂ©nĂ©es Dates dâenregistrement 1998-1999Nombre dâentretiens 17DurĂ©e 16 hEnquĂȘtrice Sandrine MarrouAccĂšs sur Ganoub 24Les entretiens de Sandrine Marrou avaient pour objectif de recueillir des mĂ©moires individuelles sur la question tabou » de la guerre dâAlgĂ©rie. Le master propose en effet une premiĂšre approche de la comprĂ©hension du refoulement dont est victime lâhistoire de cette guerre, notamment par ceux qui lâont faite. Le corpus est composĂ© de 17 tĂ©moignages anonymisĂ©s tous enregistrĂ©s dans le sud-ouest de la France, principalement en Tarn-et-Garonne. Deux dâentre eux font partie des rappelĂ©s » puisquâils avaient dĂ©jĂ fait leur service militaire et un est un soldat engagĂ©, nĂ© en AlgĂ©rie. Le corpus est hĂ©tĂ©rogĂšne et couvre gĂ©ographiquement plusieurs lieux, des durĂ©es variables et des corps dâarmĂ©e diffĂ©rents. LâannĂ©e du dĂ©part des informateurs pour lâAlgĂ©rie est Ă©galement trĂšs variable, mais aucun tĂ©moignage ne concerne la dĂ©mobilisation de lâĂ©tĂ© 1962. Dans lâobjectif du dĂ©pĂŽt Ă la phonothĂšque de la MMSH, Sandrine Marrou a rĂ©digĂ© une annexe complĂšte sur la mĂ©thode dâhistoire orale et, en particulier, lâĂ©laboration de la grille dâentretien, la recherche des informateurs, la cohĂ©rence du corpus et propose lâensemble des transcriptions. En cours de traitement Ă la phonothĂšque de la MMSH. 25Pour conclure, matĂ©riellement, les corpus sur la guerre dâindĂ©pendance en AlgĂ©rie sont mal cartographiĂ©s et les dĂ©pĂŽts accessibles difficiles Ă identifier. Certes, il existe des fonds importants sur la question de la guerre dâindĂ©pendance en AlgĂ©rie et plus prĂ©cisĂ©ment des appelĂ©s comme ceux de lâIna et du ministĂšre de la DĂ©fense. Toutefois, si nous reprenons lâexpression de Florence Descamps qui, en Ă©voquant les fonds sonores parle de millefeuille mĂ©moriel et patrimonial », dans le cas de cette guerre, il semble bien que nombre de feuilles soient toujours manquantes. Nous savons pourtant que des enquĂȘtes ont Ă©tĂ© conduites par de nombreux chercheurs, issus de disciplines diffĂ©rentes, au cours du dernier tiers du xxe siĂšcle, mais tous nâont pas fait la dĂ©marche de dĂ©poser les sources de leur recherche. Ă Aix-Marseille UniversitĂ©, plusieurs masters et des thĂšses qui sâappuyaient sur des entretiens dâacteurs de cette pĂ©riode ont Ă©tĂ© soutenus. Certains portent, par exemple, sur lâaction des communistes pendant la guerre ou encore sur la catĂ©gorie professionnelle des officiers ou bien sur le retour des appelĂ©s, et indiquent dans leur note mĂ©thodologique sâappuyer sur des entretiens sans que les sources de la recherche aient Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es. Dâautres chercheurs en France ont aussi rĂ©alisĂ© des entretiens sur cette pĂ©riode et les dĂ©poseront peut-ĂȘtre, un jour, dans un service dâarchives. Il convient de patienter encore la pratique vertueuse du dĂ©pĂŽt procĂšde tranquillement. Pour la communautĂ© scientifique, chercheurs et archivistes, il reste encore un important travail de repĂ©rage, de traitement et dâexploitation Ă mener. Haut de page Bibliographie Adgharouamane, Un accĂšs exceptionnel aux archives de lâIna Ă la mĂ©diathĂšque de la MMSH », PĂŽle Image-Son, 2 septembre 2012. [En ligne] ConsultĂ© le 9 janvier 2017. Ageron, dir., La Guerre dâAlgĂ©rie et les AlgĂ©riens, 1954-1962 actes de la table ronde, Paris, 26-27 mars 1996, Paris, A. Colin, 1997. Andreani, M., PrĂ©sentation dâun corpus sonore Celles qui nâont pas Ă©crit », Les Carnets de la phonothĂšque, 7 dĂ©cembre 2012. [En ligne] ConsultĂ© le 9 janvier 2017. Andrieux, B., AlgĂ©rie, facettes dâune guerre 1954-1962, documentaire, couleur, LâHarmattan vidĂ©o, 2008. Banat-Berger, F. et Noulet, C., Les sources de la guerre dâAlgĂ©rie aux Archives nationales », Revue française dâhistoire dâoutre-mer, vol. 87, n° 328, 2000, p. 327-351. [En ligne] ConsultĂ© le 9 janvier 2017. Belgasem, A., Corpus sonore des appelĂ©s de la guerre dâAlgĂ©rie les opinions des appelĂ©s Ă propos de lâindĂ©pendance algĂ©rienne », Les Carnets de la phonothĂšque, 16 aoĂ»t 2016. [En ligne] ConsultĂ© le 9 janvier 2017. Belgasem, A., Corpus sonore sur les appelĂ©s de la guerre dâAlgĂ©rie le rapport avec les populations locales », Les Carnets de la phonothĂšque, 9 aoĂ»t 2016. [En ligne] ConsultĂ© le 9 janvier 2017. Belgasem, A., Corpus sonore sur les appelĂ©s de la guerre dâAlgĂ©rie lâannonce du dĂ©part », Les Carnets de la phonothĂšque, 2 aoĂ»t 2016. [En ligne] ConsultĂ© le 9 janvier 2017. Besnaci-Lancou, F. et Moumen, A., Les Harkis, Paris, le Cavalier bleu, 2008. Bracco, H., Pour avoir dit non actes de refus dans la guerre dâAlgĂ©rie, 1954-1962, Paris, Paris-MĂ©diterranĂ©e, 2003. Brazzoduro, A., I veterani dâAlgeria e la Francia contemporanea Esperienze e memorie del contingente di leva, 1955-2010, ThĂšse de doctorat, Italie, UniversitĂ degli studi La Sapienza Rome. Dipartimento della FacoltĂ di Lettere, 2010. Brunet, P., Prouteau, G. et Service cinĂ©ma des armĂ©es, DĂ©fense de lâAlgĂ©rie, film de propagande, noir et blanc, 1956. Choron, R., Les appelĂ©s de la guerre dâAlgĂ©rie 1954-1962 dans les fonds de la division des tĂ©moignages oraux DTO du service historique de la DĂ©fense SHD », Bulletin de lâAFAS. SonoritĂ©s, n° 43, 2017, p. 42-50. [En ligne] DirĂšche, K., La question coloniale et postcoloniale algĂ©rienne. », MĂ©moires audiovisuelles de la MĂ©diterranĂ©e, Dossier documentaire, Archives de lâIna, 2012. [En ligne] ConsultĂ© le 11 janvier 2017. Gazut, A. et Stucki, P., GĂ©nĂ©ral de BollardiĂšre. LâAlgĂ©rie, le silence dâEtat et le destin dâun homme, documentaire, couleur, Radio tĂ©lĂ©vision suisse romande, 1974. [En ligne] ConsultĂ© le 10 janvier 2017. GinouvĂšs, V., âEuropĂ©ens en AlgĂ©rie indĂ©pendanteâ mise en ligne de nouveaux entretiens », Les Carnets de la phonothĂšque, 5 avril 2013. [En ligne] ConsultĂ© le 24 mars 2016. Fouilloux, Ă. et BĂ©darida, F. dir., La Guerre dâAlgĂ©rie et les chrĂ©tiens, Paris, Institut dâhistoire du temps prĂ©sent, 1988. Sirinelli, et Rioux, dir., La Guerre dâAlgĂ©rie et les intellectuels français [table ronde, Paris, 22 avril 1988], Paris, Ăditions Complexe, 1991. Kaplan, B. et Prost, A., Une gĂ©nĂ©ration dâĂ©lĂšves des grandes Ă©coles en AlgĂ©rie mĂ©moire dâune guerre, Paris, FĂ©dĂ©ration de lâĂducation nationale, 1994. Loridan, M. et Sergent, AlgĂ©rie annĂ©e zĂ©ro, documentaire, noir et blanc, 1967. Marrou, S., MĂ©moires dâappelĂ©s en AlgĂ©rie, Master, Aix-en-Provence, UniversitĂ© de Provence, DĂ©partement dâhistoire, Sous la direction de Robert Ilbert, 1999. Mathias, G., La France ciblĂ©e. Terrorisme et contre-terrorisme pendant la guerre dâAlgĂ©rie, Paris, Ăditions VendĂ©miaire, 2017. Mathias, G., Survivre Ă lâindĂ©pendance algĂ©rienne. ItinĂ©raires de moghaznis en 1962-1963 », dans Joly, V., et Harismendy, P. dir., AlgĂ©rie sorties de guerre. 1962-1965, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. 27-42. Mathias, G., EnquĂȘte orale auprĂšs des engagĂ©s et auxiliaires militaires français-musulmans de la guerre dâAlgĂ©rie 1954-1962, DiplĂŽme dâĂ©tudes approfondies, Aix-en-Provence, UniversitĂ© de Provence, DĂ©partement dâhistoire, Sous la direction de Jean-Louis Triaud, 1999. Roche, A., âJe vous le raconte volontiers, parce quâon ne me lâa jamais demandĂ©â Autobiographies dâappelĂ©s en AlgĂ©rie », dans Stora, B., Rioux, et Gervereau L. dir., La France en guerre dâAlgĂ©rie, Paris, MusĂ©e dâhistoire contemporaine-BDIC, 1992, p. 264-272. [En ligne] Roche, A. et Taranger, Celles qui nâont pas Ă©crit. RĂ©cits de femmes dans la rĂ©gion marseillaise, 1914-1945, Aix-en-Provence, Ădisud, 1995. Sallon, H. et Monasterolo, B., IndĂ©pendances algĂ©riennes, webdocumentaire, El Watan, Le Monde, Ina, 2012. [En ligne] ConsultĂ© le 11 janvier 2017. Slim Riad, M., AlgĂ©rie 1er novembre 1954-1er novembre 1962, MĂ©moires audiovisuelles de la MĂ©diterranĂ©e, documentaire, noir et blanc, AlgĂ©rie, EPTV, 1963, [En ligne] ConsultĂ© le 11 janvier 2017. Stora, B., Rioux, et Gervereau L. dir., La France en guerre dâAlgĂ©rie, Paris, MusĂ©e dâhistoire contemporaine-BDIC, 1992, p. 264â272. Haut de page Notes 1 Anne Roche et Marie-Claude Taranger, Celles qui nâont pas Ă©crit rĂ©cits de femmes dans la rĂ©gion marseillaise, 1914-1945, Aix-en-Provence, Ădisud, 1995. 2 Anne Roche, Je vous le raconte volontiers, parce quâon ne me lâa jamais demandĂ© » Autobiographies dâappelĂ©s en AlgĂ©rie », dans B. Stora, Rioux et L. Gervereau dir., La France en guerre dâAlgĂ©rie, Paris, MusĂ©e dâhistoire contemporaine-BDIC, 1992, p. 264-272. 3 Romain Choron, Les appelĂ©s de la guerre dâAlgĂ©rie 1954-1962 dans les fonds de la division des tĂ©moignages oraux DTO du service historique de la DĂ©fense SHD », Bulletin de lâAFAS. SonoritĂ©s, n° 43. 4 Les rĂ©sultats sur dâune recherche Algerian war » sur le site bibliothĂšque numĂ©rique mondiale, sont hĂ©tĂ©rogĂšnes, mais certains sont assez intĂ©ressants. Les 54 documents audiovisuels renvoient vers des programmes radiodiffusĂ©s de la BBC, des documentaires et des films sur le domaine, comme The Battle of Algiers 1966 de Gillo Pontecorvo ou des films dâarchives comme ceux de la National Archives and Records Administration 5 Une recherche sur Europeana, la bibliothĂšque numĂ©rique europĂ©enne, sur AppelĂ©s de la guerre dâAlgĂ©rie » renvoie â pour les documents sonores et audiovisuels â uniquement vers lâIna et Ă la phonothĂšque de la MMSH Mais une recherche plus large renvoie aussi Ă la Radio TĂ©lĂ©vision Belge qui met en ligne plusieurs Ă©missions sur la question des appelĂ©s de la guerre dâAlgĂ©rie et plus largement de la guerre 6 Une recherche sur le moteur de sciences humaines et sociales, Isidore, ne fait pas apparaĂźtre de collections sonores nouvelles par rapport Ă celles dĂ©crites dans lâarticle 7 Calames, le catalogue des archives et des manuscrits des bibliothĂšques universitaires françaises, mais aussi de grands Ă©tablissements nationaux de recherche, ne fait pas apparaĂźtre de collections sonores nouvelles par rapport Ă celles dĂ©crites dans lâarticle 8 Il faut noter toutefois que le Centre virtuel de la connaissance sur lâEurope CVCE, infrastructure de recherche numĂ©rique sur la construction europĂ©enne met en ligne un entretien de Jean-François Poncet 2007 Ă©voquant la guerre lâAlgĂ©rie ; des enregistrements historiques y sont aussi accessibles comme les allocutions de Louis Joxe, ministre français chargĂ© des Affaires algĂ©riennes le 23 mars 1962 et des accords dâĂvian Ă Paris le 20 mars 1962 9 Sur le domaine, Canal-U, plateforme de ressources audiovisuelles de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche, donne principalement Ă entendre un colloque sur le domaine Pour une histoire critique et citoyenne â le cas de lâhistoire franco-algĂ©rienne ainsi que des confĂ©rences de Benjamin Stora, dans le cadre du dĂ©pĂŽt qui a Ă©tĂ© fait par le MusĂ©e national de lâhistoire de lâimmigration 70 documents 10 On peut aussi indiquer que sur son site officiel Benjamin Stora met lui-mĂȘme en ligne toute une sĂ©rie dâentretiens 11 Une recherche sur le catalogue du catalogue collectif de France CCFR montre que ces colloques ont Ă©tĂ© Ă©galement dĂ©posĂ©s Ă la BnF dans le dĂ©partement de lâaudiovisuel oĂč ils ne sont pas non plus dĂ©pouillĂ©s ni Ă©coutables en ligne 12 Une recherche dans les transcriptions des entretiens archivĂ©s sur Cocoon sur le terme AlgĂ©rie » renvoie vers plus dâune centaine de rĂ©ponses, mais seulement trois avec le filtre gauche guerre » Une recherche sur le terme appelĂ© » avec le filtre droit AlgĂ©rie » ne donne aucun rĂ©sultat. 13 Il est Ă©galement possible de consulter le catalogue en ligne du dĂ©pĂŽt lĂ©gal de lâIna Mais la recherche est moins ergonomique que sur les postes sur site et il nâest pas possible de visionner les Ă©missions. 14 Pour plus dâinformation sur les PCM Ă la MMSH 15 Film qui fut interdit en France et en AlgĂ©rie mais obtint le grand prix du festival international de Leipzig en 1965. 16 17 18 Mais aussi sur le site du Monde et de lâIna. 19 20 Sur les 9 tĂ©moins, seule une est combattante du FLN, il sâagit dâĂvelyne Lavalette. 21 Une recherche gĂ©nĂ©rale avec les termes guerre d'AlgĂ©rie » sur le site renvoie Ă 776 rĂ©fĂ©rences interrogation le 8 mai 2017 22 23 Sur YouTube 24 Nous aurions pu ajouter Ă ces deux associations celui de Dastum spĂ©cialisĂ©e dans la musique bretonne. Une recherche sur le terme AlgĂ©rie » renvoie vers 13 archives sonores qui donnent Ă entendre des chants de soldats ayant fait leur service en AlgĂ©rie comme En avant les gars de 20 ans, celui qui pleure » 1968, CâĂ©tait un militaire revenant dâAlgĂ©rie » 1976 et 1980 ou la chanson paillarde Un jour en mây promenant rue dâAlger » 1987 Toutefois il ne semblait pas y avoir de rĂ©cit de vie ou thĂ©matique en lien avec la guerre. 25 Les Archives nationales nous ont confirmĂ© quâils ne conservaient pas dans leur fonds des archives sonores ou audiovisuelles sur cette pĂ©riode. 26 27 28 29 Contact de lâarchiviste du CDHA 30 Jean-Robert Henry et Jean-Claude Vatin dir., Le Temps de la coopĂ©ration. Sciences sociales et dĂ©colonisation au Maghreb, Paris, Karthala, 2012. 31 Sur la mĂ©thodologie de la constitution de ce corpus autobiographique, voir 32 Gregor Mathias, Survivre Ă lâindĂ©pendance algĂ©rienne. ItinĂ©raires de moghaznis en 1962-1963 », dans V. Joly et P. dir., AlgĂ©rie sorties de guerre. 1962-1965, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique VĂ©ronique GinouvĂšs, OĂč et comment consulter les entretiens enregistrĂ©s auprĂšs des appelĂ©s durant la guerre dâindĂ©pendance en AlgĂ©rie ? », Bulletin de l'AFAS [En ligne], 43 2017, mis en ligne le 04 avril 2020, consultĂ© le 23 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Droits dâauteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
dans la marseillaise comment sont appelés les combattants français