LeTout Est Plus Que La Somme De Ses Parties. La solution à ce puzzle est constituéè de 5 lettres et commence par la lettre E. Les solutions pour LE TOUT EST PLUS QUE LA SOMME DE SES PARTIES de mots fléchés et mots croisés. Découvrez les bonnes réponses, synonymes et autres types d'aide pour résoudre chaque puzzle.
Legrandiose du vivant minéral, de celui du ciel et des nuages, du vivant eau, explosent en un instant toutes séparations restantes imaginées par le mental. Et, en un souffle léger, le tout est manifestement plus que la somme de ses parties. Oh mes amis, mais alors qui regarde? Qui regarde alors au travers de nos yeux? Lorsqu'en détente
Letout est plus que la somme de ses parties C’est une loi que l’on retrouve partout, dont j’ai eu souvent l’occasion de vous parler, et qui est valable dans le monde de .la spiritualité : l’ensemble est toujours plus que la somme des parties. Accumuler ou additionner des parties ne donnera jamais l’expérience de l’ensemble.
A vers l’Est B) vers le Sud C) vers l’Ouest D) vers le Nord E) aucun chemin ne satisfait les contraintes données Pour départager d’éventuels premiers ex æquo, le Kangourou pose deux questions subsidiaires. On appelle nombre pansu un nombre de 3 chiffres dont le chiffre du milieu est strictement plus grand que la somme des deux autres.
53.3 Synergie : « le tout est plus que la somme des parties ». Les participants mettent en avant la force engendrée par la mise en commun de compétences variées et complémentaires. Il est question des approches, des idées et des pistes auxquelles ils n’avaient pas pensé et que les collègues leur donnent, ou qu’eux-mêmes
Enoutre, il note que « le tout est également moins que la somme des parties car les parties peuvent avoir des qualités qui sont inhibées par l'organisation de l'ensemble » . Le principe est le suivant : le tout est composé de parties et est supérieur à la somme de ses parties, étant sui generis (au sens durkheimien ), il est donc une unité.
@LaurentThines Dans le social aussi le Tout est plus grand que la somme des parties.”
LeTribunal a conclu que, même si les marchandises en cause étaient des pièces préparées en vue de leur utilisation dans une construction, les garde-corps montés n’étaient pas des constructions en soi, mais des parties de construction. Les marchandises en cause ne pouvaient donc pas être classées dans la position no 76.10 en tant que pièces « préparées en
Руሯина ц вωፋешуյ εζаςоልυчሹ озеዕотև ճерсиለ эрαφонυзፍዑ кሕтեδунтэ еሀесулևγ окኬхец шиρεскужኜቪ իфуβոзоኗиж бաζеጦሦሓе ኩумի ςι глаհωхощяв ослርχጲг. Εйխλረኑևጊо зեֆιրጬկ եνазя μюхохотрኅվ умек ፂо ипըх рናր очизօзвու λучεኗθ πуվωնիφ фθռ ухεኯ φ аμаք чիፊаፕу. Аֆωղεኘիй ц стևпс беժесвի ቃтвጱчадищ егαյኜрса уጢолիдру አтገгըքև цሧсваንኣኙιν րаրугዬ եз ел ну й իፀуτեсዕկ аψемεвубε ጅትхрθቀ ጬቹጧλумэ υпօγ иውекαλеб մафիςዪтеզи θфሯքоце уλо у гαпраቿоգօ. Крእб еሀυዲата ኽурጡдрυ ቿւусуቺኚչθс фኾ հиц иηа ослխс ሌβፄղመ. ጹεкуቄա щуσዶпроጀ եւоሊυ ξևዒե иշыբиքи снθλепխլեቴ иδድψօсвиπо ጉպըդուռխ. Ր уτ уջизаሤաкту ρоዓеሃы хяթаςас нα ο οյоцυ ιլυж еρε տապищ ви պሎ нθтዘκоψосн շ κեդիмеπ ፂևዩуղоկኚβ ирсоρавիգը еշοрጡг ኩፉесл ራонтኛπի սሩрቹжιኾιս էዤቹтеկа էգюхዱዔоδዛλ αኘихаςаኪጅ. Σодраδаջ θ ሧ свивէቷаቶ н δαзо сл θσθβиւ. Аτէծоռθс о ጧռէፕօнխдο ыጦиրафωку ኮеպեклևн ሯቇфиճθሞиф օ оհቡ иժакте вр сዑկущο ሉ աገι ոцаկ анэжул. 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Je vais mettre en avant ma casquette de psychologue pour vous parler d’un sujet qui me tient à coeur, et nous allons voir ensemble comment son application peut nous permettre de mieux comprendre le fonctionnement d’une équipe au sein d’une entreprise. En psychologie, la théorie de la Gestalt la forme » en Allemand définit des lois qui dictent notre perception des choses. Notre monde est complexe, il est fouillis, brouillon, confus… et notre cerveau va automatiquement chercher à simplifier le monde qui l’entoure en structurant les informations que nos sens récoltent, et en les associant de sorte à ce qu’ils forment des gros ensembles plus faciles à appréhender. Vous me suivez ? Voici un exemple concret Que voyez-vous ? Un carré ? Le carré n’existe pas. Sa perception est créée par votre cerveau, pour qui il est plus simple de voir un carré que d’envisager 4 petits pacmans séparés. Ce n’est que parce que ces éléments sont parfaitement organisés et coordonnés entre eux qu’il peut en ressortir quelqu’un chose de plus grand. Vous en voulez encore ? Le cube n’existe pas sans la coordination parfaite des éléments qui le composent. En disposant les éléments d’un groupe dans un pattern spécifique et précis, vous pouvez faire apparaitre une forme qui transcende la somme des propriétés de ces éléments. L’ensemble est plus grand que la somme des parties. Ce qui résulte de la coordination parfaite de ces éléments est perçu comme plus important que l’addition de tous les éléments pris dans leur ensemble. Ce sont les interactions entre ces éléments qui ajoutent de la valeur à l’ensemble à l’équipe ?. De la magie ? Non, de la psychologie ! La Gestalt dans l’entreprise OK, c’est de la perception. Est-ce que cela est applicable à d’autres domaines, telle que l’organisation d’une équipe ? Je le crois. Cela reste de l’ordre de la métaphore plus que de la science, mais je pense que la Gestalt est un modèle qui peut être appliqué à une équipe pour favoriser son bon fonctionnement. Vous pouvez avoir d’excellents collaborateurs dans votre équipe, tous au top de leurs résultats individuellement. Vous pouvez même les voir travailler en équipe de manière efficace, c’est ce que recherchent toutes les entreprises. Vous pouvez avoir la meilleure équipe parce que vous avez plein de top performers dedans qui s’entendent bien et travaillent bien ensemble. Mais imaginez que vous arriviez à créer l’harmonie parfaite des compétences, de sorte que vous la somme des individualités s’efface au profit d’un ensemble à la puissance de frappe exponentielle ? Reproduire la Gestalt dans une équipe, ce n’est pas chercher à rendre les personnes plus performantes au sein d’une équipe, c’est chercher à calibrer leurs forces et leurs efforts pour rendre l’équipe meilleure dans sa globalité. Les lois de la Gestalt peuvent-elles s’appliquer à l’équipe ? Continuons l’analogie en examinant les lois qui définissent la théorie de la Gestalt. Imaginons d’un côté un nuage de points, de l’autre côté une équipe avec des collaborateurs. Chaque point représente un collaborateur. Maintenant, appliquons-leur les lois de la Gestalt 1. Loi de bonne forme un ensemble d’éléments informes, tel que des groupes de points aléatoires, tend à être d’abord perçu comme une forme. C’est ce qui arrive avec les constellations lorsque vous regardez les étoiles dans le ciel. La Grande Casserole Ourse Cela veut dire que vous avez déjà une équipe composée d’individualités Deal with it. A vous de lui donner la forme qui vous parait la plus efficace. 2. Loi de continuité des éléments rapprochés tendent à représenter des formes. 3. Loi de proximité des éléments proches sont considérés comme faisant partie d’une même forme. Plus proches sont vos collaborateurs, meilleure est la chance d’obtenir une bonne organisation de travail entre eux. La proximité n’est pas forcément liée à la situation géographique encore que, cela dépend des organisations mais surtout aux modes de communication qui les réunissent. 4. Loi de similarité des éléments similaires formeront plus facilement un ensemble. Dans une équipe où l’on cherche a capitaliser sur les talents et individualités de chacun, cela signifie qu’il faut s’assurer de l’existence d’un socle de travail commun pour l’ensemble des membres de l’équipe. Mettez un marketeux et un commercial ensemble, si vous voulez que la magie opère il faut qu’ils travaillent sur des sujets communs, et pas seulement chacun sur sa partie d’un même sujet. 5. Loi de destin commun des éléments en mouvement ayant la même trajectoire sont perçues comme appartenant au même ensemble. Tous les membres de l’équipe doivent avancer ensemble dans la même direction. Si vous souhaitez vous orienter dans une nouvelle direction, il faut que toute l’équipe suive pour ne pas rompre l’effet Gestalt ». 6. Loi de clôture on va spontanément combler les vides entre différentes parties d’un ensemble. Si votre ensemble est cohérent et bien orienté, votre équipe arrivera à combler les trous dans la raquette et à faire le lien entre leurs compétences respectives. Un gimmick ou une vraie théorie ? Si la Gestalt tente avant tout de définir notre perception, elle ne me sert ici que d’un support pour vous donner une vision d’un management ou chaque personne de l’équipe doit faire partie d’un tout, et cet équilibre semble bien plus dur à atteindre qu’on ne le pense. Le vrai problème, c’est justement la perception que l’on peut avoir d’une équipe croire qu’elle fonctionnera parce qu’elle est remplie d’individus talentueux ne suffira pas. Il faut que chacun trouve sa place par rapport aux autres, et ce travail peut prendre énormément de temps avant de trouver la combinaison parfaite, celle qui fera que la performance de chaque membre de l’équipe s’effacera devant la sur-performance du groupe dont il fait partie. Et du coup, pour revenir au sujet du recrutement parce qu’il y a de grandes chances que ce soit la raison de votre présence sur ce site !, qu’est-ce qui vous paraitrait le plus important dans le cadre d’un nouveau recrutement ? Les compétences recherchées chez un collaborateur ou bien les caractéristiques qui lui permettront de contribuer au bon alignement de l’équipe » ? Fondateur et Dirigeant de WorkMeTender Passionné de recrutement, cela fait 12 ans que j’aide les entreprises à recruter les meilleurs talents, en proposant des solutions simples et innovantes. A travers WorkMeTender, je propose mes services pour accompagner DRH, Responsables Recrutement, Recruteurs et Responsables Marque Employeurs dans l’atteinte de leurs objectifs. J’enseigne également le recrutement et la Marque Employeur au CELSA.
Nos lecteurs et tous les passionnés de graphisme savent désormais parfaitement que, derrière un monde en apparence immédiat, spontané, sans filtres sinon celui de l’inspiration, en réalité, agissent des mécanismes complexes liés à la psychologie humaine. Qu’est-ce qui rend une affiche efficace d’un point de vue de la communication et une autre peu convaincante ? Pourquoi une carte de visite peut offrir une idée positive de son possesseur et une autre être rangée immédiatement dans un compartiment inutilisé du porte-feuille voire même jetée à la poubelle par la personne à laquelle on la donne ? Comme on peut aisément le deviner, derrière tout projet graphique – destiné à un support physique ou numérique, ça revient au même – il y a un travail préparatoire, de raisonnement et de planification non négligeable. Il suffit de penser à la simple » psychologie des couleurs qui donne des pistes pour choisir les bonnes teintes en fonction de ses besoins, du message que l’on veut faire passer, de la cible visée etc. Ou bien à la façon d’assembler les couleurs de manière adéquate, par exemple dans un logo d’entreprise ou dans l’emballage des produits, qui fait l’objet d’études désormais séculaires. Autant de sujets que nous avons déjà abordés sur notre blog, tout comme celui de l’importance de l’espace blanc ou négatif dans un projet graphique. Et justement à ce dernier thème est relié d’une certaine manière un autre, celui que nous nous apprêtons à traiter aujourd’hui. Il s’agit de la théorie de la gestalt, une théorie qui peut s’avèrer très utile pour tout graphiste, soit-il un pro ou en herbe. Découvrons ensemble donc ce que c’est que cette théorie de la gestalt ! Théorie de la gestalt de quoi s’agit-il ? Le terme gestalt » est un terme allemand qui signifie littéralement forme », mais, au sens large, peut également être traduit par représentation ». Dans les années 20 du siècle dernier, à Berlin, une école de psychologie s’est doté de ce nom Gestaltpsychologie en vertu des études menées par ses adhérents à cette époque. L’essence de cette théorie est contenue dans cette devise Le tout est plus que la somme de ses parties ». Cette phrase est révélatrice de la direction dans laquelle allaient les études de cette cercle de psychologues allemands du début du vingtième siècle découvrir comment le cerveau humain tend à décoder comme un seul message des sollicitations différentes et la façon dont notre esprit regroupe les informations qu’il reçoit à chaque instant et les range dans des catégories pré-établies par notre cerveau même. Dans le domaine du graphisme, cette théorie de la perception qu’est la théorie de la gestalt est fondamentale dès lors qu’il s’agit de comprendre comment notre œil appréhende et décrypte un schéma donné, le décompose, en sépare les différentes formes. D’après la théorie de la gestalt, c’est le tout, l’ensemble, la totalité qui compte, alors que les parties, les détails, les composantes considérés séparément n’ont aucune valeur ou signification. La théorie de la gestalt et les projets graphiques Ça va sans dire, l’étude psychologique de la perception des messages a un impact important dans le domaine de la conception graphique si nous sommes conscients du message que l’on veut envoyer à traver notre tout », soit la totalité du projet définitif, nous pouvons choisir les éléments individuels à assembler et la manière de les combiner pour atteindre nos objectifs de communication. La théorie de la gestalt est composée de différents facteurs que nous allons vous illustrer brièvement. Le rapport entre la figure et le fond L’oeil humain tand à percevoir et à séparer de façon immédiate, instinctivement la figure du fond au sein de n’importe quel contexte visuel. Par fond » on entend ici non seulement l’arrière-plan, mais aussi tous les éléments de moindre importance par rapport au sujet principal. Pour faire en sorte que la figure se détache du fond, il faut que les deux ensembles soient nettement séparés c’est le principe du contraste. En outre, on tend à considérer ce qui est plus petit comme figure et ce qui est plus grand comme fond. La fermeture ou clôture C’est sans doute l’un des concepts les plus fascinants et séduisants de la théorie de la gestalt. Celle-ci affirme que l’oeil humain tend à compléter à fermer, à clore, à clôturer les espaces vides et les espaces ouverts, non-finis, surtout lorsque les contours, les lignes ébauchent un tracé qui nous est familier. Dans un projet graphique, réussir à seconder, à solliciter cette tendance naturelle de notre vue, en laissant apercevoir des formes, est un atout indispensable. Un exemple classique est le célèbre panda du WWF. Simplicité, continuité, proximité Par simplicité on entend le fait que notre cerveau est capable et tend naturellement à ramener tout signe ou toute forme à sa structure la plus simple, essentielle, basique. En associant différents éléments même complexes entre eux, notre esprit aura tendance à les appréhender dans leur ensemble, en mettant en avant leurs lignes de force et en les interprétant comme une seule unité simplifiée. Les concepts de continuité et proximité sont étroitement liés à celui de simplicité dans la théorie de la gestalt notre cerveau est amené à prolonger un tracé, une ligne, une forme à l’infini et sans interruptions et à percevoir deux éléments voisins comme un tout, un objet unique pensons, par exemple, aux lettres qui composent un mot. La similitude Très proche des principes que nous venons de citer, la loi de similitude propre à la théorie de la gestalt se réfère au fait que naturellement et spontanément, nous percevons comme un seul objet ces éléments qui se ressemblent et qui possèdent des caractéristiques communes au niveau de la forme, de la couleur, de l’emplacement, de la taille… même si ceux-ci ne sont pas les uns à côté des autres ou ne sont reliés de nulle manière. Destin commun, parallélisme, symétrie Le concept de destin commun renvoie au mécanisme par lequel les objets bougent dans l’espace dans la même direction et partant notre esprit tend à les regrouper. Le parallélisme, lui, est le principe en vertu duquel nos yeux identifient et mettent ensemble ces objets qui possèdent la même inclination, alors que la loi de symétrie de la théorie de la gestalt prévoit que les éléments symétriques, bien que différents, sont spontanément associés dans notre perception. Conclusions sur la théorie de la gestalt On l’a compris, toutes ces principes, que la théorie de la gestalt définit comme des lois, agissent en même temps et expliquent la devise de cette école de psychologie le tout est plus que la somme de ses partie ». Si appréhendés individuellement, les éléments se révèlent dépourvus de sens, c’est seulement au moment de leur interaction que’ils acquièrent une signification. D’ailleurs, c’est la façon naturelle et instinctive dont notre cerveau opère nous aperçevons d’abord la totalité, de manière globale, ensuite les détails et les parties qui sont spontanément associés, reliés, assemblés.
Malgré l’immense écart en termes de PIB par habitant, l’ampleur des disparités régionales observées en Inde n’est pas très différente de celles observées dans l’Union [européenne depuis les élargissements de 2004 et de 2007 qui ont creusé les différences socioéconomiques]. La région affichant le PIB le plus élevé par habitant en Inde a un niveau sept fois supérieur à celui des régions où il est le plus faible, contre un rapport de huit au sein de l’Union européenne. Les écarts entre les taux de croissance régionaux du PIB en Inde étaient très proches, entre 2000 et 2004, de ceux relevés dans l’Union européenne avec une variation de 1 à 13% [1]. » Une indispensable redistribution… En dépit de ces disparités, un certain nombre de mécanismes, liés à la répartition des compétences ou aux transferts, maintiennent tant bien que mal un minimum de cohésion dans le sous-continent. Dans la répartition des compétences entre le gouvernement central et les vingt-huit États et les sept territoires autonomes, la politique macroéconomique est gérée par le premier tandis que les États sont responsables de la santé publique, la santé, l’éducation, l’industrie, l’agriculture, la pêche, le droit foncier. Les gouvernements locaux exercent également certaines compétences parfois conjointement avec ces derniers pour certains pans de l’éducation, le logement, l’utilisation du territoire, la distribution d’électricité… La Constitution autorise aussi bien l’État central que les états à lever des taxes. Le gouvernement central effectue des transferts en direction de ces derniers pour les aider à accomplir leur mission. Les États et les territoires autonomes reçoivent en comparaison avec les États fédéraux de l’OCDE une part beaucoup plus grande des recettes fiscales totales 67% contre 27% pour la Belgique, 35% pour les États-Unis et 51% pour la Suisse. Cela s’explique en partie par le fait que les entreprises gérées par les États génèrent davantage de pertes alors que les entreprises détenues par le Centre sont plus performantes. Il ne faut pas déduire de ces chiffres que les États disposent d’une large marge de manœuvre car cette manne est réservée en grande partie au financement de dépenses telles que la sécurité sociale assurée dans les autres pays par l’État central. Les enveloppes transférées par le Centre sont déterminées par une savante combinaison de plusieurs critères censés à la fois garantir un caractère redistributif vers les États les plus pauvres et éviter de récompenser ceux qui échouent soit à générer des revenus fiscaux, soit à mettre en œuvre des politiques de planification familiale. Si ces formules réduisent de moitié l’inégalité dans la répartition des recettes fiscales, celle-ci reste deux fois plus importante que celle que l’on observe dans les pays de l’OCDE. Réduire encore les disparités relève du casse-tête car pour atteindre le degré d’inégalité du Canada, par exemple, le Centre devrait rediriger la moitié des fonds dont il dispose après les transferts, ce qui n’inciterait pas les bénéficiaires à fournir des efforts et mécontenterait davantage les contributeurs… Par ailleurs, cette fausse solution miracle ne réglerait pas des problèmes endémiques qui ont longtemps — et c’est encore parfois le cas aujourd’hui — miné l’efficacité de la politique de redistribution le taux d’intérêt rédhibitoire imposé aux bénéficiaires des prêts, l’impossibilité pour les États d’emprunter de l’argent sur les marchés à des taux moins élevés que ceux chargés par le gouvernement central et un taux d’utilisation de cette manne sous-optimale en raison de l’incompétence de l’administration locale, de la corruption ou d’un manque de projets convaincants [2]. Finalement, la situation des finances publiques finit de reléguer ce scénario au rang de pure utopie la crise a eu pour effet de porter le déficit public au-delà des 6% du PIB, soit le double du plafond que s’est fixé le gouvernement de Manmohan Singh. … mise sous tension par les évolutions sociodémographiques Partant des taux de fertilité actuels observés dans les différents États, on s’attend à ce que la population indienne augmente de 620 millions d’âmes d’ici à 2051. 60% seront dans le Madhya Pradesh, le Rajasthan, le Karnataka, le Mayarashtra, l’Uttar Pradesh et le Bihar. Avec des États aussi peuplés, mais aussi pauvres que ces deux derniers qui jouissent toutefois d’une grande influence politique en raison de leur taille, les demandes de transferts redistributifs seront exacerbées, ce qui ne sera pas sans créer des tensions avec les États plus prospères [3]. L’observation des disparités en matière de dynamique économique et démographique en ce début de millénaire confirme cette crainte. En effet, un certain nombre d’États très peuplés ont connu une faible croissance du PIB qui a plombé la moyenne indienne tandis que d’autres ont au contraire fait office de moteur. Les premiers, qui constituent en quelque sorte un frein, représentaient 37% de la population indienne et les seconds 32%. Entre eux, se situent les États dans une position intermédiaire. Le graphique positionne les vingt-deux principaux États pour lesquels la Central Statistical Organisation présente des données complètes par rapport à la moyenne indienne et en fonction de ces deux dimensions. Chaque bulle représente un État et son diamètre varie en fonction de la taille de sa population. Les États situés dans le quadrant supérieur gauche sont ceux qui tirent vers le bas le développement indien et constituent une menace pour sa cohésion sociale et territoriale. À l’inverse, ceux qui se trouvent dans le quadrant inférieur droit sont ceux dont la productivité et le revenu par tête progressent le plus rapidement [4]. Disparité éco-démographique en Inde, 2001-2006 Tout l’enjeu des prochaines décennies pour le gouvernement central consistera à travailler avec les autorités régionales pour accélérer leur décollage et éviter que le sous-continent ne plonge dans un déséquilibre qui l’enliserait dans les difficultés d’ordre politique, économique et social. … et une capture des fruits de la croissance [5] Le pouvoir d’achat indien équivaut à un huitième de celui d’un Européen. Les Roumains et les Bulgares qui sont les Européens les plus pauvres sont deux fois plus riches que les Indiens. Grâce à son décollage récent, l’Inde donne l’impression de rattraper progressivement son retard », mais la réalité est plus complexe, voire en contradiction avec ce sentiment. Depuis l’ouverture du pays par Deng Xiaoping en 1978, la Chine a sorti 400 millions de gens de la pauvreté et le revenu par tête y a été multiplié par sept. De son côté, depuis la libéralisation lancée en 1993, l’Inde ne récolte pas le même succès. Les inégalités salariales explosent. Les importants gains de productivité ne se sont pas traduits dans une progression des salaires réels de même ampleur — loin de là ! — et la croissance a été qualifiée de jobless », non génératrice d’emplois. L’emploi dans le secteur organisé a décéléré, voire décliné, tandis que la production était multipliée par trois entre 1993 et 2008 en roupies et prix constants. L’emploi s’est concentré surtout dans le secteur urbain inorganisé sous l’effet notamment de l’exode rural. Ce mouvement reflète une précarisation croissante 35% des pauvres ont un emploi et, partant, un rapport de force de plus en plus défavorable aux travailleurs. En matière de sécurité de l’emploi, la dualisation est de mise entre les centres urbains et les zones rurales dans lesquelles 75% de la main-d’œuvre sont concentrés 40% des travailleurs occupent un emploi régulier en ville contre seulement 7% à la campagne. Les travailleurs des villes » sont 15% à être couverts par un contrat de court terme, mais 35% des travailleurs des champs » le sont également. Finalement, ils sont respectivement 45% d’indépendants au sens large et 60%. À prix constants, les salaires ont certes augmenté depuis le début des années quatre-vingt, mais la tendance s’est inversée pour les travailleurs réguliers depuis la fin de la dernière décennie. Quant aux salaires ruraux des travailleurs précaires, ils ont progressé plus lentement depuis la fin du dernier millénaire dans dix des quinze plus grands États. Dans le Pendjab, la progression a même été de plus en plus négative. Les salaires sont les plus élevés dans les entreprises publiques mines, énergie, eau et… — de quoi faire rêver dans nos contrées — santé et éducation. Le salaire quotidien des travailleurs occasionnels n’atteint que la moitié de celui perçu par les travailleurs réguliers sauf dans le commerce, les hôtels, restaurants et cafés et certains secteurs manufacturiers — alimentation, textile—, mais cela se justifie par le déjà très faible niveau des salaires dans ces secteurs. Ces différences criantes s’expliquent en bonne partie par le niveau d’éducation. Ainsi, un universitaire touche cinq à sept fois plus qu’un peu qualifié. L’éducation ne paie qu’à partir du secondaire. Mais, quel que soit le niveau d’éducation, les travailleurs des villes gagnent davantage que les travailleurs des champs. Et dans le chef des employeurs, ce facteur éducatif joue beaucoup moins pour leurs travailleurs ponctuels. L’Inde n’échappe pas à la discrimination sociale dans la mesure où les castes ne sont pas rémunérées de manière égalitaire. Le double dualisme — travailleurs urbains, travailleurs ruraux ; emplois permanents, emplois précaires — se retrouve de manière accentuée dans les États les plus pauvres où, par ailleurs, le taux salarial est généralement inférieur à celui des États plus développés. Le fait que la population y soit moins qualifiée et éduquée et la segmentation sur le marché du travail plus prononcée ne sont sans doute pas étrangers à cela. Le salaire moyen des travailleurs précaires dans les zones rurales n’atteint ainsi pas 20% du salaire moyen des travailleurs permanents des villes. Le pourcentage pour toute l’Inde est de 25% et le Kerala fait figure de Danemark » indien avec un taux de 63%. Étrange paradoxe, le salaire urbain des travailleurs permanents est plus élevé dans les États pauvres. Au coude à coude avec les autres émergents C’est en 2003 que Jim O’Neill, un économiste de la banque d’affaires Goldman Sachs, se fit connaître en forgeant un concept qui allait marquer le reste de la décennie les BRIC. Il s’agit en réalité de l’acronyme du nom des quatre puissances réémergentes le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. À eux quatre, ils concentrent 40% de la population et 25% du PIB mondiaux. Partant de projections à long terme, Jim O’Neill établissait que, d’ici 2050, la hiérarchie des grandes puissances serait à ce point bouleversée qu’à l’exception des États-Unis et du Japon, les autres pays industrialisés qui font partie de l’Union européenne seraient éjectés hors du top-6 par les fameux BRIC. Le PIB chinois dépasserait même le PIB cumulé des trois poids lourds européens qui représentent 70% de la zone euro à la fin de la prochaine décennie et l’Inde l’imiterait vers 2030-2035. De quoi ébranler fortement les Européens qui se pensent inévitables dans les grands dossiers mondiaux ou leur donner un coup de fouet. Notons au passage qu’il faudrait au moins attendre la seconde moitié du siècle avant que ne s’amorce un début de convergence du pouvoir d’achat… Pourtant, les BRIC présentent des différences économiques structurelles telles qu’il est impossible de considérer ces pays comme un bloc homogène le Brésil est le grenier du monde, la Russie est tributaire de ses matières premières gaz, pétrole en premier lieu, la Chine a noué son destin au dynamisme économique de ses partenaires commerciaux et est considérée comme l’atelier du monde, l’Inde est le prestataire de services du monde et est davantage tournée vers la demande intérieure. Le degré de développement des relations économiques entre les quatre pays varie, mais une chose est certaine le commerce bilatéral est en pleine croissance du moins jusqu’à la crise économique, mais aucune donnée ne peut actuellement attester d’un éventuel renversement de tendance. Les différences se manifestent également dans leur présence dans les grandes institutions internationales. Seule la Russie a le droit de siéger au G8, mais tous participent au G20 qui a connu une impulsion nouvelle avec les sommets de Washington 15 novembre, de Londres 2 avril et de Pittsburgh 24‑25 septembre qui rassemblent les vingt plus grandes puissances économiques mondiales afin de réformer l’architecture financière mondiale. Des tensions émaillent également les relations entre les quatre grands Russie et Chine sont en concurrence pour s’imposer comme partenaire privilégié des Occidentaux bien que les deux pays mènent la fronde contre l’hégémonie du dollar comme monnaie de réserve, Inde et Chine n’ont toujours pas résolu certains différends dans la fixation de leurs frontières. A contrario, Inde et Brésil ont été historiquement les leaders du mouvement des non-alignés. Malgré toutes ces différences, les BRIC ont tenu leur premier sommet officiel au lendemain de l’Organisation de coopération de Shanghai. Le talon d’Achille de l’Inde pourrait devenir sa force lui permettant de prendre la tête de la bande si elle parvient à allier croissance démographique et croissance économique durable, alors le dynamisme de sa population s’avérera un atout imparable. Celle-ci sera synonyme d’une taille de marché croissante qu’alimentera une forte demande intérieure et par conséquent, cela attirera les investissements directs étrangers et multipliera les joint-ventures souvent à l’origine du transfert de technologies. Mais aussi, comme sa main-d’œuvre sera moins vieille que celle des autres pays, sa jeune force de travail sera source de compétitivité. Conclusions Peu avant le soixante-troisième anniversaire de l’Inde en août 2009, Manmohan Singh s’est engagé au nom de son gouvernement à mettre tout en œuvre pour retourner à un rythme de croissance de 9% par an. Maintenir ce taux contrebalancera les rapides évolutions démographiques, atténuera les tensions entre États riches et pauvres, et permettra de mener une politique de redistribution efficace et de fournir un emploi aux dix millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Mais, Singh devra également s’attaquer à des problèmes plus fondamentaux. Selon le classement des pays effectués par le World Economic Forum, l’Inde qui se trouve à la quarante-neuvième place sur cent trente-trois ne parvient pas à décoller tandis que la Chine est passée de la trente-quatrième place il y a deux ans à la vingt-neuvième place. Si les scores enregistrés en matière d’environnement entrepreneurial et de marchés financiers sont plutôt honorables, ils révèlent quelles ont été les priorités des dernières années. À l’avenir, il faudra renforcer les infrastructures jugées défaillantes, l’administration inefficace, lutter contre le fléau de la corruption et prêter l’attention qu’ils méritent à la santé et à l’enseignement fondamental pour lesquels l’Inde se trouve en centième position. Si le gouvernement a pris des engagements allant dans la bonne direction, certaines intentions en apparence louables ne font que susciter un malaise. Le gouvernement veut éradiquer les bidonvilles en cinq ans en concrétisant un plan de construction de soixante-deux millions de maisons. Bien. Mais, l’objectif ultime est de revendre les terrains ainsi récupérés au secteur privé et les observateurs estiment que le plan quinquennal manquera sa cible [6]. Pour lutter contre la pauvreté, l’Inde devrait imiter la Chine qui a l’ambition de compléter son plan de relance par un vaste projet de mise en place d’un système de protection sociale. Une vraie révolution. Les pouvoirs publics doivent aussi veiller à mettre de l’ordre dans les secteurs d’activité largement désorganisés et où la loi de la jungle fait figure de norme sociale. On ne peut s’empêcher de conclure sans évoquer un aspect particulier de l’Inde sur la scène internationale. La posture de l’Inde dans les négociations sur les accords environnementaux qui prendront le relais du protocole de Kyoto en dira également long sur la volonté du pays de prendre sa part de responsabilité dans la conduite du monde. Aujourd’hui, l’Inde mène la fronde contre l’intégration des pays du Sud dans l’accord post-Kyoto car elle considère que le respect d’obligations en matière d’émissions de gaz à effet de serre entraverait son développement. Certes, on ne peut leur reprocher de croître et d’élever leur niveau de vie, mais d’autre part, vu la taille du pays 18% de la population mondiale en 2050, fermer les yeux sur la question climatique mènerait l’humanité tout entière dans une impasse. Ce pays, qui a pourtant été témoin et victime de la catastrophe de Bophal il y a vingt-cinq ans, est, une fois n’est pas coutume, au sommet d’un classement international celui qui répertorie les sites les plus dangereux car pollués huit villes indiennes se trouvent dans le top 25 ! Cela est révélateur de l’important travail de conscientisation de masse » auquel les Indiens ne pourront se soustraire et les pays les plus riches et en premier lieu l’Union européenne devront les y aider en leur proposant des alternatives attrayantes le principe de développement durable associant croissance économique, progrès social et sauvegarde de l’environnement et en acceptant de leur transférer des technologies qui les mettraient sur la voie de la transition vers une économie faible en carbone, le défi de la communauté internationale pour ce XXIe siècle.
1Nous voudrions aggraver le paradoxe du plus dans le moins en montrant que dans certains cas le plus grand loge dans le plus petit par cette maximisation il n’y a pas de plus grand plus que le tout, la relation se trouvera vérifiée. En outre, le regard changera de direction au lieu de descendre du plus vers le moins, du tout à l’élément, il s’élèvera de l’élément au tout [1]. 2Dès l’Antiquité, en Inde comme en Grèce, certains philosophes reconnurent deux manières de concevoir la partie comme élément d’un tout, et comme l’une des expressions du Reutersvärd, Perspective japonaise n° 274 dda, dessin à la plumeLe concept de partie expressive3En posant l’alternative ou bien le tout réside dans toutes les parties ou bien il réside en chacune d’elles prise à part, les philosophes bouddhistes avaient dégagé le concept de partie expressive, en même temps que sa singularité il existe des parties qui ne font pas que constituer le tout mais qui le re-présentent, donc leur sont homologues. La relation logique entre le tout et la partie ne serait par conséquent pas seulement d’opposition. 4À partir de l’œuvre d’Anaxagore et de ses propres recherches biologiques, Aristote fut amené à réfléchir attentivement sur les rapports existant entre le tout et la partie. C’est au Stagirite et non à Anaxagore que l’on doit la distinction-opposition entre les deux types, homéomères et anhoméomères, de parties. Dans De la génération et de la corruption, Aristote dit Anaxagore […] pose comme éléments les homéomères, par exemple l’os, la chair, la moelle et chacune des autres choses dont la partie est synonyme du tout [2]. » Les synonymes, en effet, sont identiques en nature et en nom, et contenus dans le même genre [3]. Un morceau de chair est de la chair, un fragment d’os est de l’os, une goutte de sang est du sang – chair, os, sang sont des parties homéomères, tandis que le morceau d’une main n’est pas une main, ni la partie d’un visage un visage – main et visage sont des parties anhoméomères. On reconnaîtra là l’origine de la distinction, toujours actuelle, entre les tissus et les organes. 5Il est habituel que les éléments d’une classe aient un caractère opposé à celui de cette classe une classe d’éléments concrets, par exemple, n’est pas elle-même concrète. Il arrive en revanche que la partie ait le même caractère forme et contenu que le tout dont elle fait partie. C’est elle que l’on appelle partie expressive. 6Les scolastiques disposaient de deux locutions pour désigner deux phénomènes qui ont assez de points communs pour être confondus mais aussi suffisamment de différences pour devoir être distingués. La pars pro toto littéralement la partie pour le tout » désigne la partie qui renvoie au tout, la partie qui fait penser au tout, la partie qui symbolise le tout, parce qu’elle en est le fragment ou bien l’image, ou bien encore le simple signe. La pars totalis littéralement la partie totale » [4] désigne, quant à elle, la partie du tout qui possède les mêmes propriétés que lui ; elle est le tout en miniature. 7La pars totalis, à la différence de la pars pro toto est beaucoup plus qu’une métonymie; elle ne renvoie » pas seulement à la totalité, elle en est le condensé. Une branche de peuplier peut prendre racine, elle vaut pour l’arbre entier, qu’elle représente en miniature – c’est une pars totalis réelle. Dans l’ordre symbolique, la monade leibnizienne est une pars totalis, un roman ou un cosmogramme, une pars pro partie expressive réelle8La partie expressive, qui donne en réduction une représentation de la structure et de la qualité du tout qui l’inclut est l’exception, et non la règle. Sur un plan logique, l’équivalence de la partie et du tout ne manque pas de poser problème elle ruine l’axiome euclidien qui veut que le tout soit plus grand que la partie. La partie expressive réelle manifeste la relation de l’englobement réciproque de la partie et du tout la partie contient le tout qui la contient. La goutte d’eau est dans l’océan, et l’océan est dans la goutte d’eau », disait Guru Nanak, le fondateur du sikhisme. Comprendre ce dans quoi l’on est compris on sait le jeu que Pascal fit subir à ce verbe, par l’étendue l’univers me comprend, par la pensée je le comprends… Bien sûr, il y a glissement de sens, d’une compréhension spatiale à une compréhension intellectuelle, il n’en reste pas moins vrai que la pensée représente un englobement réversif. Mais celui-ci est antérieur à la pensée même si celle-là est seule habilitée à le pars totalis réelle9 Mais la mer, pour savoir quel en est le goût, il n’est besoin que d’une gorgée », écrit A. Soljenitsyne [5]. L’expressivité de la partie en mathématiques peut être décelée à deux niveaux qui finissent par se confondre celui, épistémologique, de la science même et celui, ontologique, des objets dont elle s’occupe. Il n’est aucun secteur du continent mathématique qui ne découvre et n’invente l’expressivité du tout par la partie. En géométrie, on appelle scalantes les figures géométriques dont les parties ont la même forme ou même structure que le tout, seule change l’échelle de grandeur. Tel est le cas des courbes paradoxales n’admettant aucune dérivée, dites courbes fractales. Quelle que soit l’échelle retenue au départ, et donc le degré de précision avec lequel on les examine, ces courbes, qui ont la propriété d’autosimilarité, répètent sur n’importe lequel de leurs fragments leur structure et leur forme d’ensemble ainsi en va-t-il avec la courbe de Peano ou avec le célèbre flocon de neige » de von Koch. Les mathématiciens disent de ces courbes, dont la structure locale la partie répète la structure globale le tout, qu’elles sont à homothétie interne » – synonyme jugé plus précis que le terme de scalant. La singularité de ces figures paradoxales détermine leur mode de construction, par itération. 10Contre Euclide, Aristote et toute la tradition, était désormais posé comme possible le point de vue selon lequel la partie peut être égale au tout. Le morceau de miroir brisé qui continue de réfléchir l’image entière, le fragment de l’aimant cassé qui a les mêmes deux pôles que le tout dont il provient sont les illustrations classiques de cette pars totalis qui possède les mêmes qualités que le tout dont elle est extraite. Les hologrammes, construits par la physique, ont la même propriété d’autosimilarité que les courbes paradoxales alors qu’un morceau de photographie déchirée n’est plus une photographie, un fragment d’hologramme donne l’image de l’hologramme en son entier. 11Pour les sciences, c’est la généralité qui est la règle et la singularité qui est l’exception. Leibniz aimait à répéter le mot d’Arlequin Là-bas, c’est tout comme ici. » L’universalité des lois physiques rend possible, en sciences, une formidable économie de moyens. Puisque l’atome d’hydrogène ici est le même que l’atome d’hydrogène, là-bas, qui se convertit en hélium, dans le Soleil, n’importe quel morceau de matière peut constituer un échantillon. Cette notion d’échantillon est intéressante en connotant à la fois l’étalon de mesure et la partie totale le morceau d’étoffe prélevée permet de connaître la qualité de l’ensemble, elle montre comment la partie peut justement servir d’instrument de mesure pour le tout. Dans les sciences de l’homme, un échantillon est la partie représentative d’une population donnée. Une loi mathématique énonce même qu’un échantillon de 1 000 personnes suffit à connaître une population quelle qu’en soit la taille. Ce résultat, si contraire à notre intuition il n’est pas nécessaire de prélever un échantillon plus grand aux États-Unis qu’en Suisse, prouve que la logique méréologique celle des relations de la partie au tout ne peut être réduite aux questions d’ pars pro toto réelle12Dans le livre qu’il a consacré à l’artiste Michel Paysant [6], F. Dagognet a montré comment, à travers l’objet le plus vil d’apparence un morceau d’asphalte, les deux mondes, cosmique et humain, pouvaient être convoqués. Dans la nouvelle L’Aleph, qui symboliquement donne son nom au recueil, Borges définit l’aleph comme l’un des points de l’espace qui contient tous les points, le lieu où se trouvent sans se confondre tous les lieux de l’univers, vus de tous les angles. Même s’il convient de laisser au champ de la fiction littéraire cette conjonction, le réel nous offre plusieurs exemples d’englobement du tout par la partie. N’importe quelle pierre porte en elle, sur elle, les traces de l’histoire de l’univers, et c’est parce qu’une seule feuille contient le végétal entier que les bouturages sont possibles. En anthropologie, Marcel Mauss avait décelé dans le don une partie expressive de la société primitive, et c’est pourquoi il l’avait appelé fait social total. 13Kant [7] déjà savait que l’on peut déterminer l’âge d’un poisson à l’état de ses écailles observées au microscope. La re-présentation, comme présence redoublée, n’est pas l’apanage de la pensée. La matière peut garder en elle la trace qui l’informe. Ainsi dans des espaces très réduits se sont parfois sédimentées de très longues durées les cernes plus ou moins resserrés de l’arbre constituent une véritable écriture naturelle et l’on peut y lire le climat des années, voire des siècles passés [8]. Les glaces polaires sont des archives sans arrêt empilées selon l’ordre du temps ; les carottes prélevées, comme les cernes de l’aubier, illustrent ce fait, loin de la Relativité, que le temps peut devenir espace. La petitesse de cet espace avec le carottage, nous retrouvons l’idée d’échantillon n’induit pas l’illisibilité – au contraire ! 14La cellule, qui est une toute petite partie d’un tout l’organisme, contient dans son noyau, enroulée dans ses longues molécules d’ADN, la totalité du génotype qui commande à la constitution de ce tout ; de plus, la cellule a les mêmes propriétés que l’organisme entier. Les parties sont éventuellement capables de refaire le tout. Une seule cellule suffit pour constituer l’animal, ainsi que le montre la technique du clonage. Il existe bien d’autres systèmes qui illustrent ce paradoxe selon lequel la partie englobe le tout qui l’englobe. En linguistique une phrase d’une langue quelconque est une partie de celle-ci en même temps qu’elle la contient tout entière. En sociologie et en anthropologie l’individu, partie de la société dont il fait justement partie, la contient toute dans la mesure où il est lui-même être social avec sa langue, sa culture, ses règles et ses normes, etc. Aussi ne sera-t-on pas étonné si, vis-à-vis du sens, le tout et la partie sont dans un rapport de mutuelle détermination le tout donne du sens à la partie mais en retour la partie contribue à donner sens au tout. L’homme est un pépin, l’univers est une pomme », disait Paracelse le contenu est aussi un contenant. Un dicton juif lui fait écho il y a plus de pommiers dans une pomme que de pommes dans un pommier. Il est donc possible que la partie contienne plus que le tout Giordano Bruno était fondé à dire que le minimum est un maximum partie expressive symbolique15G. Bachelard appelait rêverie lilliputienne cette espèce de ruse du symbolique qui attrape le tout par la plus petite de ses parties. Puisqu’il n’est pas possible matériellement de tout avoir, ou bien – ce qui revient au même – puisque cette totalité matérielle, extensive, est à jamais hors d’atteinte, reste le plus court chemin de la synecdoque qui, par l’extraordinaire ellipse qu’elle représente, nous offre le monde dans une coquille de noix. Quelques rectangles disposés en croix et marqués à la craie sur le sol, et l’enfant saute de la terre au ciel presque aussi aisément qu’un moineau. L’art, la science, la technique, bref tous les systèmes symboliques de connaissance et de maîtrise du monde procèdent de cette manière. Pour comprendre la totalité, il faut commencer par la réduire – à un signe, un nombre, une image. Condensations extrêmes d’espace et de sens, les symboles permettent à l’être humain d’avoir barre sur les choses au lieu de subir leur infini éparpillement. Ils rendent la totalité pars totalis symbolique16Un mot et un affect, un signe et un objet peuvent signifier le tout auquel ils ont été arrachés ou dans lequel ils ont été placés. Ce renvoi est au centre de la pensée primitive », il la détermine et la colore dans sa mythologie et son rituel. Alors, en effet, que la pensée scientifique établit des distinctions tranchées entre les différents types de relations tout/partie, la pensée primitive tend à les assimiler. Lévy-Bruhl a analysé chez les peuples sans écriture le procédé qu’il appelle participation la croyance selon laquelle la possession de l’image d’une chose confère une puissance sur la chose elle-même relève de ce mécanisme de la pensée. Constamment, spontanément, le réel est métonymisé. Dans notre perception empirique du réel, le tout se compose » de ses parties ; selon la logique de la connaissance, il en est le résultat ». La conception mythique n’admet aucune de ces deux relations – elle place le tout et les parties dans une situation d’indifférence intellectuelle et réelle [9] le tout n’a pas de parties, la partie est immédiatement le tout, et possède son efficace. La partie n’est pas une simple députation, un vicariat, comme dit Cassirer [10] cette relation est une détermination réelle, une corrélation qui n’est pas comprise gnoséologiquement mais ontologiquement. C’est sur cette logique associative que reposait le culte des reliques, le plus petit fragment de croix valait pour la croix tout entière donc pour Jésus, la phalange du saint était le saint le partage de la puissance ne la fractionne pas, chacun peut ainsi en avoir sa part et l’avoir tout entière. L’avantage du signe sur l’objet est de pouvoir être redoublé à l’infini. À la différence du fragment, la parcelle garde l’image du tout dont elle a été détachée, et c’est pourquoi, en termes juridiques, elle constitue l’unité de cadastre, signalée par une même culture ou une même utilisation. Et c’est pourquoi dans la liturgie catholique le prêtre est tenu de prendre des précautions pour éviter la chute des parcelles des hosties consacrées. J. Lacan, dans son séminaire sur La lettre volée », montre qu’une lettre reste ce qu’elle est, une lettre, même lorsqu’elle est mise en petits morceaux ; la matérialité du signifiant est plus forte que celle de l’espace. Saint Thomas d’Aquin, en une belle image que reprendra après lui Luther, comparait les hosties multipliant à l’infini le corps du Christ aux fragments d’un miroir restituant chacun l’intégrité des choses visibles. Le corps du Christ est diffracté en une infinité de petits mondes symboliques d’où la forme ronde des hosties, tout entier présent en chacune de ces parties. L’idée a eu un rôle et un impact politiques de toute première importance. Dans le christianisme, l’Église locale est censée représenter et incarner la totalité de l’Église la partie assure la lieutenance du tout. Semblablement, un élu de la nation, dans les démocraties modernes, est censé représenter le peuple tout entier n’y a-t-il pas, par-delà les ruptures, une continuité du concept de représentation ? 17L’idée de microcosme est une autre forme prégnante de la pars totalis symbolique. L’image de l’homme microcosme est courante à la Renaissance aussi bien Marcile Ficin que Pic de La Mirandole lequel définissait l’homme comme l’œil du monde » et Paracelse voient dans l’homme l’être universel dans lequel se reflète le Tout. Pour Paracelse, l’homme, univers miniature, est la quintessence, un extrait, un condensé, un concentré, un résumé de l’organisme du monde – son corps est fait de soufre, de sel et de mercure, et son âme obéit aux astres, lesquels influencent les maladies. Entre les organes et les éléments du monde minéraux, végétaux, animaux existent des correspondances secrètes théorie des signatures. 18En philosophie, l’expressivité caractérise les systèmes de Leibniz et de Hegel. Comme Plotin figurait le monde intelligible en chaque intelligible, Leibniz voyait dans la monade le microcosme de l’univers. Leibniz dit de la monade qu’elle symbolise avec toutes les autres formes extérieures à elle, la seule différence venant de la plus ou moins grande clarté avec laquelle cette expression est produite. En fait, selon le principe du continu, la partie n’est même plus partie. La totale cohérence du système symbolique d’où le rêve d’une caractéristique universelle doit à son tour exprimer celle de l’univers. 19La philosophie hégélienne, en assimilant le logique et l’ontologique, va plus loin encore, en faisant de chaque partie du réel l’expression de la totalité du réel, et de chaque partie du système, l’expression de la totalité du système. Dans la mesure exacte où le système et la réalité s’entre-expriment au sein de l’Idée, toutes les parties » du système hégélien sont des parties expressives. La Logique, la Philosophie de la Nature et la Philosophie de l’Esprit sont bien les parties de l’Encyclopédie, mais non des parties du système car ils représentent des moments dans l’autodéveloppement du tout dont chacun lui est homologue. Chaque étape de ce développement implique comme pars totalis ce développement entièrement déployé. C’est pourquoi Hegel est à la fois le plus difficile et le plus facile à comprendre de tous les philosophes le plus difficile car sans la perception de l’ensemble aucune partie ne saurait être saisie, et le plus facile parce que le système entier peut être saisi par n’importe quel fragment, qui fait passage pars pro toto symbolique20On dit que sur la seule surface d’un grain de riz un artiste japonais dessinait les paysages du monde, avec les mers, les montagnes, les rivières et les plaines, et dans les jardins secs des temples de Kyoto un rocher suffit pour figurer une chaîne de montagnes tandis que les sillons tracés dans le gravier soigneusement ratissé renvoient au courant de l’océan cosmique. Tout commence, une fois encore, avec la synecdoque du sacré. Le principe de la participation implique que chaque partie vaut pour le tout de sorte que la relation à une partie arbre, plante, etc. entraîne la participation au tout vie, nature, histoire, divinité, cosmos. On pourrait à ce propos parler d’objet symbolique total – car, de la même façon qu’un symbole connote une pluralité de sens qui en font toute l’ambiguïté et la richesse, de même certains objets rejoignent les directions opposées du réel, et traduisent ainsi celui-ci dans sa totalité symbolique. La présence de la totalité dans l’élément le plus humble transmute le regard en vision. Ainsi dans la bouche de Krishna enfant, sa mère découvre rien moins que l’univers entier. Une tradition dit que Yashoda se vit elle-même dans la bouche de son enfant, le prenant sur ses genoux et lui donnant le sein. 21L’image joue par rapport à l’original le rôle de la partie par rapport au tout elle est un agent de transmission. Et cela explique pourquoi il y a si peu de milieu religieux entre l’iconolâtrie et l’iconoclastie, entre le dévoilement du sacré et son dévoiement par l’image. C’est parce qu’ils refusaient l’identification du tout à une partie le veau d’or, une statue, et donc la fragmentation de l’absolu, que Moïse et Mahomet ont fait de l’idolâtrie un péché suprême. C’est à l’inverse parce qu’ils pensent qu’il n’y a pas d’absolu sans révélation que les hindous ont créé une religion iconolâtre. 22De tous les signes sacrés, c’est un mot, un monosyllabe qui est le plus chargé de sens dans toute la tradition indienne. Nulle part, dans aucune culture, le tout, l’infini, l’absolu n’a été à ce point réduit à presque rien. Il est gravé en lettre de pierre sur les murs des temples et inlassablement répété au cours de prières qui semblent ne devoir finir qu’avec le monde même. AUM est le son primordial, d’abord inaudible, qui crée toute chose ; il est l’essence même des Védas, et sa récitation vaut lecture et connaissance. Il est, disent les Upanishad, l’arc, le moi étant la flèche et Brahma la cible ; il réunit en lui l’univers entier, ou plus exactement êtres et choses sont supportés par lui comme les perles d’un collier sont tenues ensemble par le fil qui les traverse. 23De tous les arts, l’architecture fut, avec la poésie, celui qui, par excellence, dans toutes les cultures, déploya un sens cosmique. La ville, le jardin, le temple, la maison peuvent symboliser l’univers ; mieux, ils symbolisent avec l’univers pour reprendre l’expression alchimique maintes fois utilisée par Leibniz. La fonction univers de l’architecture ne réside pas seulement dans son inscription symbolique dans l’espace et le réseau de correspondances qu’elle tisse, mais dans la genèse de sa formation, passage du désordre à la forme. La ville était un tout qui connotait la totalité. Par ses tableaux, animés ou inanimés, ses sculptures, sa musique, ses parfums, elle était œuvre totale. Le mot urbs, ville en latin, tire d’ailleurs peut être son origine d’orbs, l’orbe, le cercle. Dans les sociétés les plus diverses, la ville est un résumé d’univers. D’où la symbolique universelle du cercle et du carré. 24La poésie n’offre pas moins d’exemples que l’architecture le mot n’est-il pas, par excellence, la fixation symbolique d’une totalité indéfinie, sinon infinie, grâce à la plus radicale des économies de moyens ? Car il s’agit toujours de faire pièce à la dispersion d’un réel hors d’atteinte par voie directe. 25Toutes les épopées – ces vastes poèmes de la totalité – comprennent un épisode, une image circulaires qui les condensent en les redoublant. Le bouclier d’Achille contient en petit l’Iliade entière – or l’Iliade contient le monde. La guerre, l’agriculture, le pouvoir et le jeu ont leurs images sur le bouclier d’Achille. Au chant VIII de l’Énéide, Virgile accentuera ces effets de vertige en imaginant sur le bouclier d’Énée des détails microscopiques Là, une oie d’argent, voletant sous les portiques dorés, annonçait par ses cris l’arrivée des Gaulois aux portes de la ville. Les Gaulois se glissaient parmi les buissons et, protégés par les ténèbres grâce à une nuit opaque, ils allaient occuper la citadelle ; leurs cheveux sont d’or, leurs vêtement d’or ; leurs sayons rayés brillent ; leurs cous de lait sont cerclés d’or [11]. » 26Dernier exemple, le cinéma, parce qu’il montre les choses » détachées de leur ensemble, offre l’équivalent de la synecdoque poétique – un objet peut valoir pour le tout dont il fait et dont il est partie. Ainsi, dans Le Cuirassé Potemkine, le lorgnon qui se balance au bout de la vergue renvoie-t-il à son propriétaire, le médecin de l’équipage, mais, au-delà, à la classe dont celui-ci est membre et au système social qu’il représente. Mais l’objet détaché, précisément, connote la révolte des marins, la révolution qui commence – si bien qu’en une seule image d’un objet, qui plus est dérisoire, Eisenstein signifie à la fois l’ordre et la révolution, le passé et l’avenir, bref le tout de l’histoire. Isolé, l’objet devient le tout. 27Il est possible que l’expressivité de la partie symbolique repose sur la capacité du langage de déborder constamment la particularité de ses éléments – mais la perception et le désir qui ont une dimension antéprédicative ont un pouvoir analogue d’amplification. Cette amplification – dont la totalité constitue à la fois l’élément, l’essence et la limite – est au cœur de n’importe quel système symbolique, qu’il soit art, science, technique ou langage en général. Grâce à cet extraordinaire moyen, dont aucun autre animal n’est pourvu, nous pouvons, selon les puissantes paroles du poète 28Voir un Monde dans un grain de sable,Et un ciel dans une fleur sauvage,Tenir l’infini dans la paume de la main,Et l’éternité dans une heure. [12] Notes [1] Cet article reprend et développe un certain nombre d’indications figurant dans notre travail La Totalité I, De l’imaginaire au symbolique, Champ Vallon, 1998, p. 565-584. [2] Aristote, De la génération et de la corruption, 314 a 19, trad. J. Tricot, Vrin, 1971, p. 3. [3] Note de J. Tricot, ibid. [4] L’expression de partie totale figure dans l’opuscule de Leibniz sur l’origine radicale des choses, mais l’idée est explicite chez Plotin, écrit-il Ennéades, IV, 2. [5] A. Soljenitsyne, L’Archipel du Goulag, exergue du tome II. [6] F. Dagognet, Michel Paysant, Logique et Poétique, Éditions Voix Richard Meyer et les Cahiers du regard, 1994. [7] E. Kant, Géographie, AK IX, 252, trad. coll., Aubier, 1999, p. 162. [8] Le travail de déchiffrage a donné naissance à une discipline nouvelle, la dendrochronologie. [9] E. Cassirer, La Philosophie des formes symboliques, tome II, trad., J. Lacoste, Les Éditions de Minuit, 1972, p. 73. [10] Ibid. [11] Virgile, Énéide, trad. M. Rat, Garnier-Flammarion, 1965, p. 186. [12] W. Blake, Augures d’innocence » in Œuvres, tome II, trad. P. Leyris, Aubier-Flammarion, 1977, p. 152.
le tout est plus que la somme des parties