Quicommence Ă douter semble ne plus pouvoir sâarrĂȘter, et ainsi dĂ©sespĂ©rer de possĂ©der un jour la vĂ©ritĂ©. Selon les sceptiques en effet, nos sens sont peu fiables, et nul nâest assurĂ© que son impression subjective lui permet dâinfĂ©rer une qualitĂ© rĂ©elle de lâobjet. Nos raisonnements eux-mĂȘmes posent problĂšme : tout doit
Douterde tout, ce n'est pas renoncer Ă la vĂ©ritĂ©, c'est plutĂŽt vouloir affirmer une vĂ©ritĂ©. La recherche de la vĂ©ritĂ© est une devoir.L'Homme est un ĂȘtre dottĂ© de raison qui ne peut prĂ©fĂ©rĂ© le faux au vrai, les faux semblants Ă la vĂ©ritĂ©.La morale de l'Homme le pousse vers la vĂ©ritĂ©, sa sociĂ©tĂ© en est une preuve car elle est
Doutercâest alors manifestement renoncer Ă la vĂ©ritĂ© car câest une finalitĂ©. Dans une seconde partie nous aborderons la vision cartĂ©sienne selon laquelle le doute est un moyen de recherche de la vĂ©ritĂ©, la suspension du jugement nâest la que pour tenter dâatteindre des connaissances vraies. Puis dans une derniĂšre partie, nous
Douter est-ce renoncer à la vérité ? La raison humaine est-elle, par nature, conduite à supposer dans le monde plus d'ordre qu'elle n'en trouve ? Est-on maßtre de ses désirs ? Le langage sert-il à exprimer la réalité ? Pourquoi ? L'historien est-il homme de science ? Les mots cachent-ils les choses ? Y a-t-il des vérités dont il n'est pas permis de douter ? Peut-on ne pas savoir ce
Douet est-ce renoncer à la vérité ? Sujets / La raison et le réel / La vérité / Un début de problématisation Dans un 1er temps, nous verrons que si l'on peut douter de tout, cela veut dire que rien au monde n'est certain, et que la vérité est une illusion. Puis, dans une 2 ° partie, nous montrerons que le doute n'est qu'un moyen qui permet de dissiper les illusions et de poser
Ledoute pour certains serait renonçait a la vérité. Tout d'abord , dans le cas des septiques qui vient du scepticismes qui est une doctrine philosophique d'origine grecque qui consiste à douter de tout et a ne rien admettre pour absolument tout , douter c'est renoncer à la vérité puisqu'ils suspendent totalement leur jugement .
Maisla recherche de la vĂ©ritĂ© n'est entreprise que par celui qui doute de ce qu'il sait, de ce qu'il croit savoir. Je sais que je ne sais rien disait Socrate et c'est pour cela qu'il cherchait, qu'il chassait la vĂ©ritĂ© et la justice. Sur ce point voir: l'aide N°33 Faut-il se mĂ©fier de l'amour? En ce sens douter ne serait pas renoncer Ă
ï»żLeprĂ©sident dââEnsemble pour la RĂ©publiqueâ, MoĂŻse Katumbi Chapwe, via un communiquĂ© publiĂ© ce dimanche 21 aoĂ»t, appelle le gouvernement Ă faire preuve de responsabilitĂ©, en interdisant la dĂ©molition du lycĂ©e Lubusha pour poursuivre l'extraction du cuivre Ă Luishia, situĂ©e Ă plus ou moins 90 km de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga.
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Ăa ne veut rien dire de âparticulierâ, mais ça sâarticule en chaĂźne de lettres si rigoureuses quâĂ la condition de nâen pas rater une, le non-su sâordonne comme le cadre du savoir. » [2] 4Il y a dans le texte Ă©ditĂ© une faute dâimpression, puisque le mot chaĂźne est au singulier alors que rigoureuses est au pluriel. Comme je ne crois pas que ce soient les lettres qui soient rigoureuses, il convient de rĂ©tablir un s au mot chaĂźne. 5Cette proposition rĂ©pond Ă un dĂ©placement de dĂ©finition de lâinconscient, qui va de lâinconscient dĂ©fini comme vĂ©ritĂ© du sujet Ă lâinconscient dĂ©fini comme savoir. Ce dĂ©placement, il faut exactement le mesurer pour avoir chance de sây retrouver dans cette affaire du non-savoir. 6Lacan a pu dĂ©finir lâinconscient comme la vĂ©ritĂ© qui parle â disant exactement que Freud est celui qui a su laisser, sous le nom dâinconscient, la vĂ©ritĂ© parler » câest page 868 des Ăcrits que vous trouvez cette formule. Cependant, tous ses dĂ©veloppements subsĂ©quents vont au-delĂ de cette formulation, la mettent en cause et questionnent lâidentification ou lâĂ©quivalence de lâinconscient et de la vĂ©ritĂ©. Ces dĂ©veloppements ultĂ©rieurs trouvent leur assise dâune dĂ©finition qui peut paraĂźtre exactement opposĂ©e celle de lâinconscient comme savoir. Il y a lĂ une imbrication, une complication qui nâest pas facilement soluble par un ordonnancement chronologique, selon lequel une formulation surclasserait lâautre. Ce qui, dans cette transformation, est en dĂ©bat est beaucoup plus essentiel et ne permet pas de dire quâon en soit par animer un petit peu le premier versant du problĂšme, celui oĂč lâinconscient dĂ©fini comme vĂ©ritĂ© met en question le savoir, la fonction du savoir. Quand on revendique le non-savoir, dâune certaine façon, on sâinscrit sous ce registre-lĂ . On peut mĂȘme aller jusquâĂ dire que le fait quâon ait fait slogan du non-savoir dans la psychanalyse â et ce, du vivant de Lacan â nâa pas jouĂ© pour rien dans ce dĂ©placement thĂ©orique quâil opĂšre. MĂȘme si sa motivation ne se rĂ©duisait pas Ă cela, la dĂ©finition de lâinconscient comme savoir a tout de mĂȘme Ă©tĂ© posĂ©e comme un garde-fou Ă lâendroit dâune thĂ©orisation hystĂ©rique de la psychanalyse. LâhystĂ©risation technique du sujet dans lâexpĂ©rience a en effet une propension Ă miner lâĂ©laboration de la thĂ©orie analytique. Je crois que lâon retrouve, dans les Ăcrits, la trace de ce qui â au moins en partie â a motivĂ© pour lui ce dĂ©placement dâaccent, qui a poussĂ© dans les coulisses le thĂšme du non-savoir dâoĂč il a, pĂ©riodiquement, tendance Ă ressortir. 8La notion de lâinconscient dĂ©fini comme vĂ©ritĂ© fait du savoir de lâanalyste le symptĂŽme de son ignorance, prĂ©cisĂ©ment de son ignorance de la vĂ©ritĂ© de lâinconscient. Ă partir du moment oĂč lâinconscient est assimilĂ© Ă la vĂ©ritĂ©, la vĂ©ritĂ© refoulĂ©e fait retour comme savoir, un retour qui, du mĂȘme coup, la maquille, la dĂ©nature, la voile, la dissimule ; de telle sorte que câest de lĂ quâon sâautorise Ă interroger tout savoir quant Ă sa vĂ©ritĂ© et, prĂ©cisĂ©ment, quâon dĂ©nie la vĂ©ritĂ© au savoir quelconque. Le savoir est en lui-mĂȘme un non-rapport Ă la vĂ©ritĂ©, il fait figure de bĂąillon de la vĂ©ritĂ©. Câest pour museler la vĂ©ritĂ© que le savoir est venu au monde, quâil est distribuĂ©, contrĂŽlĂ©, Ă©talonnĂ©. Ă cet Ă©gard, tous les appareils dâenseignement pourraient ĂȘtre traitĂ©s de la mĂȘme façon comme autant de refoulements de lâinconscient. 9Cette vue peut avoir sa pertinence Ă lâĂąge de la science, si on se reprĂ©sente cet Ăąge comme une prééminence du savoir ; au point quâon pourrait prĂ©senter la psychanalyse comme recherche et dĂ©bridement de la vĂ©ritĂ© refoulĂ©e. Si les politiques voulaient bien sâanalyser â et les scientifiques Ă©galement, et pourquoi pas les professeurs et tous ceux qui sont Ă©tablis sur du savoir â, peut-ĂȘtre que ça les conduirait Ă une position de renoncement Ă lâendroit dâun savoir dont, aprĂšs tout, on nâa pas tort dâattendre le pire. Dans ce contexte, la psychanalyse apparaĂźtrait comme une voie de salut pour lâhumanitĂ©. 10Cette revendication de la vĂ©ritĂ© contre le savoir est un lieu commun quâon peut retrouver tout au long de la pensĂ©e occidentale, qui peut mĂȘme ĂȘtre pratiquĂ© et pris au sĂ©rieux par le relais de la pensĂ©e orientale et donnĂ© ainsi en exemple Ă un Occident affairĂ© dans la recherche du savoir. Ce lieu commun, câest la suspicion portĂ©e sur le savoir au nom de la vĂ©ritĂ©. La vĂ©ritĂ© serait Ă©ludĂ©e par tout savoir en tant que tel lieu commun de la critique du formalisme du savoir, de son caractĂšre abstrait, dĂ©connectĂ© de la rĂ©alitĂ© vivante â savoir livresque qui sâacquiert par automatisme, par des mĂ©thodes pĂ©dagogiques qui en elles-mĂȘmes brident, maĂźtrisent, dominent le sujet dans sa vĂ©ritĂ©. 11Dans la critique par Lacan de lâInstitut de psychanalyse créé en France en 1953 â comportant la notion dâun cursus de formation, avec contrĂŽle Ă la clef, etc. â, on retrouve les Ă©chos de cette critique traditionnelle du savoir formel et abstrait au nom de la vĂ©ritĂ©. Les textes les plus enthousiastes de Lacan concernant la fonction de la vĂ©ritĂ© datent de cette Ă©poque, de la polĂ©mique menĂ©e contre la formalisation de la formation psychanalytique. Cela continue jusquâĂ ce jour et trouve Ă sâassurer et Ă se fonder dans la pratique analytique elle-mĂȘme, dans lâexpĂ©rience analytique â comme nous disons pour marquer quâon ne sait pas Ă lâavance, que cette expĂ©rience, il faut la faire, et quâelle sâabstient dans lâensemble de prendre la tournure de lâendoctrinement que serait lâimposition dâun savoir prĂ©alable. Quand elle ne sâen abstient pas, elle est critiquĂ©e Ă ce titre. 12On peut en effet critiquer, comme Ă©tant un effet dâendoctrinement ou une dĂ©naturation de lâexpĂ©rience analytique â qui devrait se manifester dans son ouverture Ă une vĂ©ritĂ© imprĂ©vue, Ă une vĂ©ritĂ© Ă venir â, tout ce qui apparaĂźt comme tel dans les cas publiĂ©s dâun analyste. Il est classique, chez les psychanalystes internationaux de lâipa, de reprendre les cas freudiens â par exemple celui de lâHomme aux rats â et de critiquer, dans la pratique de Freud lui-mĂȘme, lâendoctrinement du sujet auquel il se serait livrĂ© â quand il communique, par exemple, au sujet un certain nombre de connaissances, dâĂ©laborations thĂ©oriques, dont les malins dâaujourdâhui considĂšrent quâil nây a pas lieu de les prĂ©senter ainsi au patient. Ă cela dâailleurs, dans la mĂȘme veine, Lacan rĂ©pond que ces formules que Freud pouvait transmettre au patient nâĂ©taient justement pas, Ă cette date, du savoir dĂ©jĂ lĂ et que si Freud pouvait se livrer Ă ce qui nous paraĂźt ĂȘtre, Ă nous, endoctrinement, câest dans la mesure oĂč pour lui â et pour le patient â, il ne sâagissait nullement dâun savoir acquis et dĂ©jĂ mĂąchĂ© ; au contraire, ces formules avaient valeur de vĂ©ritĂ©, puisque Freud Ă©tait dans le temps mĂȘme de les inventer, dans le mouvement de lâinvention de la transformation de la vĂ©ritĂ© en savoir13Il nâest pas simple de rĂ©partir en deux classes, extĂ©rieures lâune Ă lâautre, ce qui serait de lâordre de la vĂ©ritĂ© et ce qui serait de lâordre du savoir. Savoir et vĂ©ritĂ© ne se laissent pas rĂ©partir en deux classes, puisque ce qui, au moment naissant, se prĂ©sente comme vĂ©ritĂ©, devient savoir en sâenregistrant et en se dĂ©posant. Lorsque la vĂ©ritĂ© dĂ©pose ses armes, elle sâenregistre comme savoir. Câest un mouvement que lâon peut constater, ne serait-ce que dans lâhistoire de la science. Il y a une extraordinaire implication subjective qui est nĂ©cessaire au temps de lâinvention et qui, ensuite, se distribue aux enfants des Ă©coles dâune façon tout Ă fait automatique. Songez Ă la thĂ©orie des ensembles, au moment de sa naissance, Ă ce quâelle a coĂ»tĂ© subjectivement Ă son inventeur, aux combats que cette vĂ©ritĂ© nouvelle a comportĂ©s. Si vous le comparez Ă la façon dont câest maintenant transmis aux petits, vous saisissez quâil y a un facteur temps qui opĂšre. 14Nous retrouvons ce facteur temps. Il faut en effet bien voir que lâessentiel de la polĂ©mique psychanalytique â lĂ oĂč vraiment elle se dĂ©chaĂźne â concerne le temps. Il y a Ă prendre en considĂ©ration une affaire tout Ă fait spĂ©ciale entre la psychanalyse et le temps. Cela va de la fameuse durĂ©e des sĂ©ances jusquâĂ la durĂ©e totale dâune analyse. Câest une question qui mĂ©rite dâĂȘtre posĂ©e quâest-ce que le temps dans la psychanalyse ? 15Si nous restons dans le registre du savoir et de la vĂ©ritĂ©, nous avons une dĂ©finition trĂšs simple de ce non-savoir qui fait notre thĂšme la vĂ©ritĂ© est non-savoir. Cela a comme consĂ©quence que la vĂ©ritĂ© ne sâapprend pas. On peut, dâune certaine façon, soutenir que lâanalyste ou lâanalyse ait Ă apprendre au sujet Ă dire la vĂ©ritĂ©, mais ça ne passe pas par une pĂ©dagogie. Câest ce qui, Ă lâoccasion, peut dâemblĂ©e faire limite Ă lâexpĂ©rience analytique. Quand Lacan rappelle les conditions dâĂ©thique qui peuvent ĂȘtre celles de lâanalysibilitĂ© dâun sujet, il les fait porter de façon tout Ă fait Ă©lective sur les rapports du sujet et de la vĂ©ritĂ©. 16La vĂ©ritĂ© ne sâapprend pas mais, Ă lâoccasion, ça se prophĂ©tise. En tout cas, ça se profĂšre. La vĂ©ritĂ© semble passer par la bouche de celui qui profĂšre, sans pour autant lui appartenir. Il y a de grandes figures classiques de ces profĂ©rations de la vĂ©ritĂ©, connexes Ă une dĂ©possession du sujet. Câest prĂ©cisĂ©ment au moment oĂč le sujet lui-mĂȘme ne sâappartient plus, ne se maĂźtrise plus, que la vĂ©ritĂ© peut ĂȘtre supposĂ©e se dire par sa bouche. Câest de toujours quâont Ă©tĂ© connues les affinitĂ©s de la vĂ©ritĂ© et de lâinconscient. De toujours, on a pu constater quâune baisse des fonctions de contrĂŽle peut ĂȘtre nĂ©cessaire â Ă lâoccasion provoquĂ©e artificiellement par lâingestion dâun certain nombre de substances, comme le vin lorsquâil sâagit du banquet, ou provoquĂ©e par des conditionnements physiques destinĂ©s Ă conduire le sujet dans des zones un peu indĂ©cises de la conscience de soi â pour que, sur les lisiĂšres de lâinconscience, la vĂ©ritĂ© puisse fulgurer. La vĂ©ritĂ© apparaĂźt, de toujours, comme un manque au savoir. Elle peut prendre la forme de tous ces personnages supposĂ©s extĂ©rieurs au savoir, que ce soit la femme ou lâenfant, etc. 17Cela met donc Ă lâhorizon la notion paradoxale â mais câest ce qui a lâair dâĂȘtre le plus intĂ©ressant â dâun savoir sur la vĂ©ritĂ©. Ne serait-ce quâĂ partir de lĂ , on peut dire que le mouvement de recherche de Lacan va dans le sens de formuler ce que pourrait ĂȘtre un savoir sur la vĂ©ritĂ©. Ce quâil a baptisĂ© passe, au moment de la fin de lâanalyse, nâest pas seulement moment de vĂ©ritĂ©, mais bien â câest lĂ son paradoxe â la possibilitĂ© dâun savoir sur cette vĂ©ritĂ©. Entre le moment interne de la passe â interne Ă lâexpĂ©rience â et son moment externe, dit de procĂ©dure â qui est un moment de vĂ©rification â, il y a lâattente de ce quâune vĂ©ritĂ© puisse se complĂ©ter dâun savoir sur celle-ci, lâattente et aussi lâexigence â exigence fort paradoxale â que soit, prĂ©cisĂ©ment lĂ , surmontĂ© ce qui peut apparaĂźtre dâantinomie entre vĂ©ritĂ© et savoir. 18Cette notion est matĂ©rialisĂ©e dans les schĂ©mas des quatre discours, parmi lesquels le discours analytique se distingue dâinscrire le savoir Ă une place formelle dite place de la vĂ©ritĂ©. Le paradoxe en est saillant dĂšs lors quâon se rĂ©fĂšre Ă la premiĂšre formule, celle qui met le savoir au-dessus et la vĂ©ritĂ© en dessous. LĂ , câest bien dâune barre mise sur le savoir que la vĂ©ritĂ© se laisse espĂ©rer, au point que le savoir lui-mĂȘme puisse paraĂźtre liĂ© Ă la fermeture de lâinconscient comme vĂ©ritĂ©. Il y a, en effet, une Ă©laboration de savoir qui a lieu dans la psychanalyse et qui peut paraĂźtre, Ă Lacan lui-mĂȘme, dâun aloi fort douteux lâaccent nâĂ©tant autant mis sur le savoir que pour renforcer la fermeture de lâinconscient. 19DâoĂč les difficultĂ©s pratiques des analystes avec la pĂ©dagogie de la thĂ©orie analytique, qui ont conduit les classiques orthodoxes â et les conduisent encore malgrĂ© le ridicule â Ă demander et Ă requĂ©rir de leurs analysants de sâabstenir, pour favoriser lâouverture de lâexpĂ©rience, dâavoir recours Ă un savoir livresque de la psychanalyse. Ils ont lâidĂ©e un peu magique que le savoir en lui-mĂȘme serait la fermeture de lâexpĂ©rience, quâil serait contraire Ă la vĂ©ritĂ© de lâexpĂ©rience. Câest une façon un peu primaire de mettre en place les relations difficiles du savoir et de la vĂ©ritĂ©. On pourrait paraphraser Kant, quand il dit Jâai fixĂ© ses limites au savoir pour laisser place Ă la foi. » [3] Lâassociation libre consisterait Ă dire Jâai fixĂ© ses limites au savoir pour laisser place Ă la vĂ©ritĂ© », et prĂ©cisĂ©ment Ă une vĂ©ritĂ© qui se profĂšre, Ă la vĂ©ritĂ© du Je parle, Ă la vĂ©ritĂ© qui ne se mesure plus Ă rien dâautre, et certainement pas Ă lâexactitude. 20La formule de Lacan que jâai rappelĂ©e la derniĂšre fois [4] lâanalyse [progresse essentiellement] dans le non-savoir » [5], veut dire quâelle progresse essentiellement dans lâordre de la vĂ©ritĂ©, dans lâordre du Je ne sais pas. Ăa laisse problĂ©matique ce que serait le Je sais final dâune analyse, dâune analyse qui aurait prĂ©cisĂ©ment progressĂ© dans le non-savoir, dans la vĂ©ritĂ©. Pourquoi cette expĂ©rience de vĂ©ritĂ©, de vĂ©ritĂ© en tant quâantinomique au savoir, donnerait-elle lieu, in extremis, Ă un Je sais final ? Et ce Je sais, qui peut le formuler ? La question a son importance, extrĂȘme, puisquâil sâagit de savoir si la passe progresse elle aussi essentiellement dans le non-savoir, si la passe est une expĂ©rience de vĂ©ritĂ©, comme lâanalyse, ou si elle est supposĂ©e Ă©tablir un autre rapport avec la vĂ©ritĂ© que le rapport qui prĂ©vaut dans le cours de lâexpĂ©rience analytique. Ce que nous pouvons aussi qualifier dâexpĂ©rience â celle de la passe en tant que distincte de lâexpĂ©rience de lâanalyse â ne suppose-t-il pas que le sujet y entretienne un autre rapport Ă la vĂ©ritĂ© que dans le cours de son analyse, et, paradoxalement, un rapport de savoir avec la vĂ©ritĂ© ?La docte ignorance21Le terme de docte ignorance est venu Ă propos de lâintertitre de Lacan Ce que le psychanalyste doit savoir ignorer ce quâil sait [6]. Jâai dit, la derniĂšre fois, que je ferais rĂ©fĂ©rence Ă Nicolas de Cues, auteur dâun traitĂ© qui sâintitule De la docte ignorance, et qui, consultĂ© par les moines de lâabbaye de Tegernsee, sâest mis, en 1452, Ă leur Ă©crire pour leur parler de la docte ignorance [7]. 22Quâest-ce que la docte ignorance ? Câest la notion dâune certaine articulation nĂ©cessaire entre le savoir et lâignorance, la notion que savoir et ignorance ne sont pas extĂ©rieurs lâun Ă lâautre, quâil y a un point, justement au plus haut du savoir, oĂč le savoir coĂŻncide avec lâignorance. Nicolas de Cues prĂ©sente les choses en faisant intervenir le terme dâamour. Il se questionne sur le point de savoir en quel sens lâamour sait ou lâamour ignore. Bien entendu, Ă lâhorizon, ce qui le motive dans cette construction, câest dâessayer de saisir et de situer lâamour de Dieu, lâamour du sujet pour Dieu. Il insiste sur le fait de lâinaccomplissement de lâamour, sur la distinction de lâamour et de la possession, Ă savoir que lâamour est un mouvement qui va vers, vers un terme, mais un terme quâil ne peut saisir. Il insiste donc sur le caractĂšre infini ou indĂ©fini de lâamour dans sa progression. Lâamour est dĂ©fini comme un mouvement qui cesserait si le terme final Ă©tait atteint, de telle sorte que, nây Ă©tant pas encore et ayant toujours Ă progresser, lâamour est fonciĂšrement une ignorance. On nâaime que ce que lâon ignore. NĂ©anmoins, si, dâun cĂŽtĂ©, on ignore, il faut, dâun autre, quâon en ait quelque savoir ; sinon, on nâaimerait pas. Si on aime le Bien, si on ne sait aimer que ce qui est bon, il faut bien savoir quâil existe du bon ; mais, dans le mĂȘme temps, on ignore ce qui est bon ; de telle sorte quâaimer, pour lâesprit, câest ĂȘtre sans repos, puisque le caractĂšre aimable de ce qui est aimĂ© est prĂ©cisĂ©ment inaccessible. 23Par ce petit apologue de lâamour â amour qui doit ĂȘtre Ă la fois ignorance et pressentiment dâun savoir â, Nicolas de Cues introduit au privilĂšge de lâignorance. La voie privilĂ©giĂ©e du rapport Ă Dieu nâest pas la voie du savoir, mais bien celle de lâignorance, et mĂȘme dâune ignorance mĂ©thodique. La rĂ©fĂ©rence de Cues est celle de la thĂ©ologie mystique dite nĂ©gative, celle du Pseudo-Denys, qui situe Dieu au-dessus de tout ce qui est intelligible, et conduit donc le sujet Ă passer au-dessus de lui-mĂȘme. Câest lorsque le sujet entre dans lâombre de la TĂ©nĂšbre », dĂ©laissant le savoir ou ce quâil croit savoir, quand il a, non pas laissĂ© toute espĂ©rance mais, au contraire, au nom de cette espĂ©rance, laissĂ© tout savoir, quâil a chance, sâil a Ă©tĂ© assez appliquĂ©, dâavoir accĂšs Ă un rapport authentique Ă Dieu. 24Cette notion dâun Dieu qui ne peut ĂȘtre compris, qui ne peut ĂȘtre embrassĂ© par le savoir, par aucun concept, est une thĂ©orie de lâinfini. Câest la notion quâune Ă©numĂ©ration Ă©puisante des signifiants du savoir est nĂ©cessaire. Câest dâailleurs ainsi que se prĂ©sentent les traitĂ©s de thĂ©ologie mystique ils Ă©numĂšrent les noms de Dieu, les noms possibles de Dieu, pour conclure, sâagissant de chacun de ces noms, quâil nây est pas encore. Cette prĂ©sentation Ă©numĂ©rative nâest pas sans faire songer Ă la façon dont Lacan Ă©crit le savoir supposĂ© des signifiants dans lâinconscient. Câest comme si, dans cette thĂ©ologie mystique, on se proposait de subjectiver assez de savoir, assez de signifiants â dâen rĂ©aliser lâexhaustion â pour vĂ©rifier que Dieu est incommensurable Ă ce savoir. On Ă©numĂšre et on doit indĂ©finiment barrer les signifiants qui se proposent pour nommer Dieu. 25La question posĂ©e est de savoir dans quelle mesure cette suite est finie. Lacan Ă©crit, certes, le savoir supposĂ© prĂ©sent des signifiants dans lâinconscient comme une suite indĂ©finie, mais qui semble rester finie. Quand on se donne pour but de saisir lâobjet dont il sâagit par exhaustion du savoir, pour atteindre enfin ce zĂ©ro de savoir qui serait la prĂ©sence mĂȘme de cet objet, il faut, pour commencer, le temps. Du temps, il en faut dâailleurs pour lire les traitĂ©s de thĂ©ologie mystique ! Bien quâils soient basĂ©s sur un principe assez simple, sur un algorithme assez Ă©lĂ©mentaire, ces volumes mettent inlassablement en scĂšne, sur des pages et des pages, cette rature continue, indĂ©finie. Le facteur temps est ici tout Ă fait vĂ©ritĂ© dĂ©pathĂ©tisĂ©e26En Ă©voquant cette formule des signifiants supposĂ©s prĂ©sents dans lâinconscient, je suis dĂ©jĂ passĂ© de lâautre cĂŽtĂ©, sur lâautre versant, celui oĂč lâinconscient est savoir. 27La dĂ©finition de lâinconscient comme savoir pousse Ă Ă©crire le savoir en dessous de la barre et Ă inscrire, au-dessus, un terme dont on peut dire quâil est le refoulĂ©, le retour du refoulĂ©, le retour du savoir refoulĂ©. Câest dans cette disposition que Lacan a pu dire de lâenseignement quâil valait comme refoulement du savoir. 28 29Cela oblige Ă distinguer deux espĂšces de savoir le savoir Plus je sais et le savoir Plus je ne sais pas, celui dont on peut seulement dire quâil y a savoir et qui le dit. Cette distinction entre deux types de savoir â le savoir auquel le Je sais peut sâajouter et le savoir auquel le Je sais ne peut pas sâajouter â rend nĂ©cessaire, comme mĂ©diation, comme lien, la fonction du sujet supposĂ© savoir. Câest seulement Ă partir du moment oĂč on distingue ces deux types de savoir â le savoir que je sais et le savoir quâil y a sans que je puisse dire que je le sais â, câest dans leur Ă©cart que le sujet supposĂ© savoir sâinscrit. Le sujet supposĂ© savoir est au fond une autre façon dâĂ©crire le savoir en position de vĂ©ritĂ©. 30La promotion du savoir pour dĂ©finir lâinconscient est une promotion tout Ă fait singuliĂšre. Elle est beaucoup moins Ă©vidente que lâĂ©quivalence de lâinconscient et de la vĂ©ritĂ©. LâĂ©quivalence de lâinconscient et de la vĂ©ritĂ© a ses lettres de noblesse ou ses lettres de crĂ©ance dans toute lâhistoire de la pensĂ©e. LâĂ©quivalence de lâinconscient et du savoir est par contre quelque chose qui est profondĂ©ment moderne, contemporain. Nous en avons un maniement plus facile depuis que nous avons Ă notre disposition les petits ordinateurs qui nous donnent une certaine prĂ©sentification dâun savoir sous une forme matĂ©rielle, dĂ©jĂ prĂ©sent, en posant certes des problĂšmes dâaccĂšs et dâusage dĂšs quâil y a Ă©criture, mais qui nous est maintenant en quelque sorte imposĂ©, qui nous submerge. On pourrait dĂ©fendre que le dĂ©placement de la vĂ©ritĂ© au savoir dans la dĂ©finition de lâinconscient Ă©pouse ce mouvement historique dont nous sommes les calcul de la vĂ©ritĂ©31La promotion du savoir sâaccompagne dâune dĂ©valorisation de la vĂ©ritĂ©. On en trouve les traces trĂšs sensibles dans lâenseignement de Lacan. Comme il mâest dĂ©jĂ arrivĂ© de lâĂ©voquer il y a pas mal de temps, cette dĂ©valorisation de la vĂ©ritĂ© semble soustraire Ă la rhĂ©torique de Lacan ce terme de vĂ©ritĂ© qui, il faut le dire, en nourrissait beaucoup les effets. Elle propose au contraire, pour ordonner la vĂ©ritĂ©, de ne pas prendre pour rĂ©fĂ©rence la progression dialectique du non-savoir, de ne pas prendre pour rĂ©fĂ©rence le Socrate interrogateur ou la pythie au-delĂ dâelle-mĂȘme â toutes ces figures admirables, classĂ©es, dont les effets pathĂ©tiques ne sont plus Ă dĂ©montrer â, mais de prendre pour rĂ©fĂ©rence la logique mathĂ©matique. La dĂ©finition de lâinconscient comme savoir dĂ©pathĂ©tise la vĂ©ritĂ©, la fait virer du cĂŽtĂ© du mathĂšme et mĂȘme, prĂ©cisĂ©ment, du cĂŽtĂ© des mathĂ©matiques ou, au moins, de cet effort mathĂ©matique pour saisir et pour vider la vĂ©ritĂ© de sa charge Ă©motionnelle. Lacan nâa dâailleurs jamais fait lâĂ©loge de la passion de la vĂ©ritĂ©. Il a fait lâĂ©loge de la passion de lâignorance. CâĂ©tait, Ă cet Ă©gard, beaucoup plus prudent. Quand il sâagit de passion, on est dans un registre pathĂ©tique â registre qui est rĂ©duit dans la discipline de la logique. 32Dans la phrase qui nous occupe â oĂč il sâagit du non-su â, la rĂ©fĂ©rence Ă toute logique digne de ce nom » est une rĂ©fĂ©rence Ă la logique mathĂ©matique ou, avant lâĂ©mergence de la logique mathĂ©matique, Ă des logiques qui peuvent la laisser pressentir et qui, sans se mathĂ©matiser â il faudra attendre le xixe siĂšcle â, dĂ©pathĂ©tisent dĂ©jĂ la vĂ©ritĂ©. La logique stoĂŻcienne, Ă laquelle Lacan se rĂ©fĂšre aussi, est tout Ă fait en mesure de dĂ©pathĂ©tiser la vĂ©ritĂ©. Par exemple, quand elle raisonne sur des phrases comme Sâil fait jour alors il fait jour. Vous avez, lĂ , un maniement de la vĂ©ritĂ©, une rĂ©flexion sur la vĂ©ritĂ©, qui nâa rien Ă voir avec la passion de la vĂ©ritĂ©, mais strictement Ă voir avec un ordonnancement signifiant. Quand Lacan parle de toute logique digne de ce nom » [8], il fait rĂ©fĂ©rence Ă la logique mathĂ©matique ou Ă ce qui, dans lâhistoire, la prĂ©cĂšde et se trouve aussi digne de ce nom, câest-Ă -dire Ă ce qui vide la vĂ©ritĂ© de sa passion. Ăa rĂ©duit la vĂ©ritĂ© Ă nâĂȘtre quâune valeur, Ă ĂȘtre dĂ©duite, Ă ĂȘtre ce qui se dĂ©duit dâune combinaison de propositions. 33Lorsquâon prend la proposition C et la proposition Q, on a, entre ces deux propositions, un rapport que jâĂ©cris simplement par le losange de Lacan qui permet de dire toutes les relations possibles entre ces deux propositions. 34 35Si on a une valeur de vĂ©ritĂ© pour lâune, une valeur de vĂ©ritĂ© pour lâautre, et si on dĂ©termine la relation dont il sâagit â par exemple la relation dâimplication â, on obtient trois places la place de la premiĂšre proposition, la place de la relation qui les lie, la place de la seconde proposition. Puis on a la quatriĂšme place qui permet dâĂ©crire la valeur de vĂ©ritĂ©, quâen lâoccurrence on Ă©crira comme Ă©tant celle du vrai. 36 37Selon les lettres de valeur de vĂ©ritĂ© que lâon va mettre aux places 1, 3 et 4, peuvent se dĂ©finir les diffĂ©rentes relations de ces propositions. Il sâagit dâun usage de la vĂ©ritĂ© qui la rĂ©duit Ă nâĂȘtre rien dâautre quâune lettre, V, par opposition Ă une autre lettre, F â F pour Faux. Dans cet ordre, la vĂ©ritĂ© nâest plus rien dâautre que lâindex dâune combinaison signifiante. On appelle ça les tables de vĂ©ritĂ©. Ă lâoccasion, par exemple pour les principales relations logiques, il faut les apprendre par cĆur. 38Ces tables de vĂ©ritĂ© nâont rien Ă voir avec les Tables de la Loi. Cet usage, que lâon peut dire trĂšs ravalĂ©, de la vĂ©ritĂ© nâa rien Ă voir avec une vĂ©ritĂ© prophĂ©tique. Câest seulement la mise en place dâun certain nombre de conventions qui lient des lettres. Câest un calcul de la vĂ©ritĂ©, un savoir qui est un calcul de la vĂ©ritĂ©. Ne sây trouve pas du tout un concept de la vĂ©ritĂ© comme extĂ©rieure au savoir â ni extĂ©rieure au savoir, ni critique du savoir â mais, au contraire, une rĂ©sorption de la notion de vĂ©ritĂ© dans lâordre du calcul. Il sâagit dâune vĂ©ritĂ© enchaĂźnĂ©e, vidĂ©e de signification et, par lĂ -mĂȘme, de passion. Il nây est plus question de la vĂ©ritĂ© qui dit Je parle, mais de la vĂ©ritĂ© qui dit Je la boucle. Elle ne dit mĂȘme pas ça ; elle ne dit plus rien ! Câest une vĂ©ritĂ© qui, purement et simplement, sâĂ©crit, qui tient Ă des chaĂźnes de lettres. 39Vous nâavez lĂ que deux propositions qui sont liĂ©es, mais il pourrait y en avoir dix ou quinze avec diffĂ©rents foncteurs entre chaque proposition, dont il faut apprendre Ă savoir comment elles se rapportent les unes aux autres par rapport aux parenthĂšses qui peuvent sây trouver, pour pouvoir, Ă la fin, Ă©crire un grand V ou un grand F final. Faire cet exercice dĂ©gage prĂ©cisĂ©ment lâidĂ©e de ce que câest que de nâen rater pas une ! Ce dont il sâagit, câest finalement de remplir la petite case qui est au bout. Toutes ces propositions, les diffĂ©rentes parenthĂšses quâil y a entre elles, sont donnĂ©es et puis, au bout, il y a une case vide oĂč il faut ĂȘtre capable dâĂ©crire V ou de la vĂ©ritĂ© dans le savoir40Câest un Ă©tat ravalĂ© de la vĂ©ritĂ©, un Ă©tat oĂč la vĂ©ritĂ© est susceptible dâun calcul intĂ©gralement inclus dans le savoir. Un savoir, câest au fond une table de vĂ©ritĂ©. Câest un savoir parce que câest une certaine articulation de signifiants. Quand Lacan amĂšne ça, il le fait contre le Lacan des annĂ©es cinquante, en le qualifiant, de plus, comme la condition mĂȘme de lâĂ©tablissement du psychanalyste dans lâacte psychanalytique. Je le cite, dans son texte Radiophonie » quelquâun ne sây assoit [dans lâacte psychanalytique] que de la façon [âŠ] quâil y impose au vrai » [9]. 41Sâasseoir fait assez image. Câest vraiment se mettre dans la position analytique, qui est fonciĂšrement une position assise. On pourrait dire que câest la mĂȘme chose pour la position dâĂ©criture â encore que Nietzsche disait quâil fallait Ă©crire en dansant â, mais on nâa pas encore imaginĂ© de dire quâil fallait psychanalyser en dansant ; donc, on sâassoit. 42Le mot façon est lui-mĂȘme assez indicatif du caractĂšre conventionnel et artificiel que prend la vĂ©ritĂ© dans lâexpĂ©rience analytique. Il rappelle que le cadre analytique lui-mĂȘme est une table de vĂ©ritĂ©. Câest un dispositif fait pour que sâinscrivent un certain nombre de signifiants, moyennant quoi il y aura lâinscription de la valeur de vĂ©ritĂ© au terme, au point oĂč sâinterrompt la chaĂźne. Autrement dit, lâanalyse impose une façon au vrai. Ăa traduit lâimplication de lâacte analytique dans la production et lâĂ©mergence des effets de vĂ©ritĂ©. 43Lacan fait varier ce mot, façon, dont je dis quâil renvoie Ă lâartifice de lâexpĂ©rience analytique, en lâĂ©crivant lâeffaçon [10]. Ce Witz, connu, a une valeur trĂšs prĂ©cise quâil faut resituer. Il signifie quâil nây a pas de vĂ©ritĂ© donnĂ©e, que la condition de lâĂ©mergence de la vĂ©ritĂ© dans lâexpĂ©rience analytique passe dâabord par lâeffacement de ce qui serait une vĂ©ritĂ© en soi, de la mĂȘme façon que le F ou le V de la logique mathĂ©matique ne repose sur aucune vĂ©ritĂ© de nature. Au niveau du Sâil fait jour il fait jour, il nây a absolument pas Ă ouvrir les yeux pour voir sâil fait jour ou sâil fait nuit. Il nây a pas Ă y ouvrir les yeux sur autre chose que sur le morceau de papier oĂč sâinscrit la proposition. Au contraire, il faut commencer par fermer les yeux, par effacer. Ă cet Ă©gard, un seul savoir donne lâeffaçon du vrai, un seul savoir est la condition de lâacte analytique le savoir de la logique. Il nây a pas lĂ Ă ouvrir les yeux sur un monde de culture. Lacan le dit Un seul savoir donne ladite effaçon la logique pour qui le vrai et le faux ne sont que lettres Ă opĂ©rer dâune valeur. » [11] Câest quelque chose de radical, une variation Ă 180 degrĂ©s par rapport Ă la conception pathĂ©tique de la vĂ©ritĂ©. 44Faire de la logique mathĂ©matique la rĂ©fĂ©rence de la vĂ©ritĂ©, faire dâun savoir bien particulier la rĂ©fĂ©rence Ă la vĂ©ritĂ©, câest sans doute ce Ă quoi se rĂ©fĂšre Lacan dans le passage sur le non-su de sa Proposition⊠» Cette Proposition⊠», il faut bien sâapercevoir quâelle nâest pas sous le rĂ©gime de la premiĂšre distinction vĂ©ritĂ©/savoir. Elle nâest pas sous le rĂ©gime oĂč la vĂ©ritĂ© est au-dessus de la barre et le savoir en dessous. La Proposition⊠» de la passe chez Lacan est sous le rĂ©gime de la bonne façon de faire avec la vĂ©ritĂ©, Ă savoir la façon logique effacer la passion de cette vĂ©ritĂ© pour nâen garder que sa valeur de lettre, de lettre parmi les autres. Autrement dit, contrairement Ă ce quâon peut croire quand on y regarde un peu trop vite, la Proposition⊠» de la passe est bien fondĂ©e sur une domination du savoir sur la vĂ©ritĂ©. On pourrait mĂȘme dire que ce que pourrait ĂȘtre la rĂ©fĂ©rence de Lacan quand il fait du non-su le cadre mĂȘme de ce savoir, ce serait la table de vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme. Ă condition de nâen pas rater une, on finit par savoir la valeur de vĂ©ritĂ© de ce qui a Ă©tĂ© ainsi enchaĂźnĂ©. De telle sorte que le non-su pourrait ĂȘtre la vĂ©ritĂ© de la combinaison, la valeur de vĂ©ritĂ© de la combinaison, et la table de vĂ©ritĂ©, Ă proprement parler, le cadre du savoir et rĂ©el45Cette articulation du savoir et de la vĂ©ritĂ© ne rĂ©partit pas savoir et vĂ©ritĂ© lâun par rapport Ă lâautre, mais les fait tenir ensemble. Cette inclusion de la valeur de vĂ©ritĂ© dans le savoir conduit plutĂŽt Ă distinguer la vĂ©ritĂ© et le rĂ©el. Confondre vĂ©ritĂ© et rĂ©el conduit au savoir absolu. Câest bien Ă partir du moment oĂč Lacan a dĂ©fini lâinconscient par le savoir â qui implique un mode dâinclusion de la vĂ©ritĂ© dans le savoir â quâil a fallu distinguer et cerner le rĂ©el par rapport au savoir et Ă la vĂ©ritĂ©. Et ce nâest pas parce que ces chemins ont Ă©tĂ© foulĂ©s de nombreuses fois que ça va de soi. 46Les Ăcrits se terminent, au contraire, par une Ă©quivalence de la vĂ©ritĂ© et du rĂ©el. Câest bien pourquoi ça garde finalement sa consistance, puisque ça se rĂ©partit aprĂšs sur des termes diffĂ©rents. LâĂ©quivalence de la vĂ©ritĂ© et du rĂ©el mobilise, dâune façon plus confuse sans doute, ce qui trouve Ă se dĂ©plier aprĂšs. 47Tout le texte de La science et la vĂ©ritĂ© », par lequel Lacan termine ses Ăcrits, est animĂ© par une Ă©quivalence du rĂ©el et de la vĂ©ritĂ©. Dans son SĂ©minaire, Lacan a dit quâil aurait pu lâappeler Le savoir et la vĂ©ritĂ© ». Câest peut-ĂȘtre lĂ que lâĂ©quivalence de la vĂ©ritĂ© et du rĂ©el est poussĂ©e Ă son comble. La vĂ©ritĂ© y est dĂ©finie, non comme un effet du signifiant, mais, au contraire, comme une cause, comme un point voilĂ© dans la science. Lacan dĂ©finit la vĂ©ritĂ© comme cause et comme ce qui reste voilĂ© dans la science. Ne serait-ce que par cette mise en place, câest Ă lâopposĂ© de donner comme exemple au psychanalyste la rĂ©duction scientifique de la vĂ©ritĂ©. 48Il y a un autre indice de cette Ă©quivalence faite entre vĂ©ritĂ© et rĂ©el. Devisant sur la vĂ©ritĂ© freudienne, Lacan fait valoir, en 1966, lâhorrible de cette vĂ©ritĂ©. Mesurons lâĂ©cart avec la formule qui viendra sept ans plus tard, celle de lâhorreur de savoir [12]. Ce qui indexe ces formules, câest ce mot dâhorreur. Les Ăcrits se terminent sur lâhorreur de la vĂ©ritĂ©. On ne peut pas pousser le pathĂ©tique de la vĂ©ritĂ© plus loin. Le terme dâhorreur dĂ©signe le culmen du pathĂ©tique, le moment oĂč le pathĂ©tique fait dĂ©faillir le sujet lui-mĂȘme. ExtrĂȘme dâune passion du sujet oĂč il pĂątit tellement de ce dont il sâagit, quâil y a une insurrection de tout son corps et de tout son ĂȘtre pour le refuser. 49Le volume des Ăcrits se termine donc sur le pathĂ©tique de la vĂ©ritĂ©. La chose principale qui vient aprĂšs les Ăcrits, câest la Proposition⊠» sur la passe. Cette Proposition⊠» se situe dĂ©jĂ sur un autre versant de la vĂ©ritĂ©. Elle est sur un abord oĂč Lacan suppose, au contraire, quâon ne se prenne pas Ă cet horrible de la vĂ©ritĂ©, mais quâon sâoccupe dâune logique de la vĂ©ritĂ© â une logique de la vĂ©ritĂ© et non pas son non-savoir de Bataille50Il y a quelque chose que lâon ne peut pas Ă©luder dans ce dĂ©bat sur le non-savoir chez Lacan et ses rapports avec lâhorrible de la vĂ©ritĂ©. On le trouve dans les soubassements des rĂ©fĂ©rences au non-savoir que Lacan fait dans Variantes de la cure-type », son premier Ă©crit aprĂšs le SĂ©minaire i. Cette rĂ©fĂ©rence concerne ce qui fut assez cĂ©lĂšbre dans le Paris des annĂ©es cinquante les confĂ©rences sur le non-savoir [13] faites par Georges Bataille au CollĂšge de philosophie de Jean Wahl â lieu Ă©minent, frĂ©quentĂ© par Lacan lui-mĂȘme. Il y a de trĂšs nombreuses confĂ©rences de Lacan â peu ont Ă©tĂ© conservĂ©es â faites au CollĂšge de philosophie de J. Wahl, lequel fut son interlocuteur pendant un certain temps jusquâĂ ce quâil ait quelques mots ironiques dans Les Temps modernes Ă lâĂ©gard de Lacan â un Lacan qui serait tout embobinĂ© de Hegel. Il y a, Ă ce propos, une note mĂ©chante dans les Ăcrits [14], disant que le monsieur qui lâaccuse dâĂȘtre hĂ©gĂ©lien ferait mieux de se tenir au courant de son SĂ©minaire et quâil sâapercevrait ainsi que câest justement lĂ oĂč il passe au-delĂ des rĂ©fĂ©rences hĂ©gĂ©liennes quâon vient lui reprocher de sây maintenir. Cet Ă©pisode a mis un terme, je crois, aux confĂ©rences de Lacan au CollĂšge de philosophie. 51Jean Wahl, personne ne le connaĂźt plus tellement. CâĂ©tait un professeur de la Sorbonne, toujours curieux de tout, dont, pour ma part, je garde un seul souvenir pour mâĂȘtre trouvĂ© une fois â la seule â au cours de Paul RicĆur et avoir vu un petit monsieur en impermĂ©able se glisser sur ma droite. Jâavais reconnu Jean Wahl. Ce qui mâa Ă©tonnĂ©, câest quâil prenait des notes sur un ticket de mĂ©tro. Il a pris, en notes, tout le cours de Paul RicĆur sur un ticket de mĂ©tro ! CâĂ©tait peut-ĂȘtre mĂȘme un ticket de mĂ©tro usagĂ© quâil avait conservĂ©. Ăa donne une certaine idĂ©e du rapport entre savoir et non-savoir. De tout ce que dĂ©ployait comme Ă©rudition Paul RicĆur sur Husserl, Jean Wahl prĂ©levait un agalma de lui seul connu. 52Câest une digression pour marquer quâil y a tout lieu de penser que Lacan a entendu ces confĂ©rences de Georges Bataille. Il frĂ©quentait le CollĂšge de philosophie et avait mĂȘme des relations personnelles avec Bataille. Sans mĂȘme avoir le tĂ©moignage direct de sa prĂ©sence Ă ces confĂ©rences, on peut donc la supposer. Elles nâont Ă©tĂ© publiĂ©es que dix ans plus tard, aprĂšs la mort de Bataille, sous la forme oĂč il les avait laissĂ©es un certain nombre de notes. Quelquâun qui y a assistĂ© mâa dit que câĂ©tait trĂšs pathĂ©tique et Ă©tonnant, puisque Georges Bataille nây parlait pas du non-savoir de façon extĂ©rieure, comme dâun objet Ă dĂ©montrer, mais que câĂ©tait pour lui une vraie expĂ©rience. Il Ă©tait tout le temps sur le bord de se taire, dans des vacillements, des silences profonds. Je crois que la rĂ©fĂ©rence de Lacan au non-savoir vient de ces confĂ©rences de 1951-1953 ou, du moins, que câest Bataille qui a rĂ©veillĂ© en lui le souvenir de Cues. 53Le point de dĂ©part de Bataille y est assez remarquable la confĂ©rence dâun philosophe anglais de logique mathĂ©matique, Alfred Jules Ayer â nâayant pas laissĂ© un grand nom dans la logique elle-mĂȘme mais bien dans la philosophie anglaise. Câest donc une confĂ©rence dâAyer qui a motivĂ© lâinsurrection de Georges Bataille, au moment oĂč, autour dâun pot oĂč il se trouvait avec Merleau-Ponty, Ayer avait formulĂ© la proposition quâIl y avait le soleil avant que les hommes existent. Nos philosophes se lancent alors dans une controverse sur la vĂ©racitĂ© de cette proposition. On voit bien Ayer, assis sur son positivisme, formuler comme une Ă©vidence lâindĂ©pendance du rĂ©el par rapport Ă lâhumanitĂ©. 54Ăa dĂ©range Georges Bataille qui y trouve le point de dĂ©part de ses confĂ©rences sur le non-savoir. Bataille ressent une gĂȘne dans cette proposition, puisque câest Ă la fois parfaitement raisonnable, mais, quâen mĂȘme temps, câest un parfait non-sens. Ce que Bataille trouve inacceptable pour lâhomme, câest la proposition selon laquelle il existerait quelque chose avant lui. Il qualifie donc la proposition dâAyer dâinattaquable du point de vue logique, mais il reste â comme il dit â une gĂȘne, et cette gĂȘne lâintĂ©resse. En formulant cette proposition, on croit savoir quelque chose sur le soleil. Câest une phrase qui formule au fond un Il y a. Il y avait le soleil avant que les hommes existent. On croit savoir, mais, en fait, nous dit Bataille, on ne sait rien. Câest à ça que Bataille se fie, dâune façon que lâon peut dire trĂšs courageuse, pour parler du non-savoir et de la gĂȘne quâil y a dans une proposition de cet ordre. Ce que Bataille vise, câest la disparition du sujet lui-mĂȘme. Dans ses confĂ©rences sur le non-savoir, il y en a une sur la mort â la mort comme non-savoir â oĂč il peut dire que le non-savoir concernant la mort est de la mĂȘme nature que le non-savoir en gĂ©nĂ©ral. 55Ce que Bataille donne comme dĂ©finition du non-savoir est une dĂ©finition tout Ă fait bataillienne, faite dâune sorte de flou qui vous enveloppe Pour prĂ©ciser ce que jâentends par ce non-savoir ce qui rĂ©sulte de toute proposition lorsquâon cherche Ă aller au fond de son contenu, et quâon en est gĂȘnĂ©. » [15] Elle comporte la notion quâau fond de toute proposition, de tout Ă©noncĂ©, il y a finalement quelque chose de pas trĂšs ragoĂ»tant. Câest la notion que sous la barre, sous la barre de tout Ă©noncĂ©, sous ce quâil appelle proposition et qui est aprĂšs tout un terme logique â Ayer ayant sans doute fait une confĂ©rence sur la logique des propositions et sur la vĂ©ritĂ©, puisquâil y a un livre de lui qui porte lĂ -dessus â, il y a quelque chose dâhorrible, quâon nâarrivera finalement jamais Ă savoir, parce quâon nây est pas. On nây est pas, pas plus que devant le soleil dâAyer. 56On voit bien dâun cĂŽtĂ©, lâhomme de la science, celui qui tient mordicus Ă ce que le savoir soit dans le rĂ©el â quâil y ait ou non quelquâun pour le savoir â et, dâun autre cĂŽtĂ©, Bataille qui rĂ©inclut ici le pathĂ©tique. Parler de gĂȘne nâest rien dâautre que dâinclure le pathĂ©tique et de laisser soupçonner que, sous ces propositions dâallure innocente, il y a quand mĂȘme quelque chose qui rĂŽde, quelque chose qui est de lâordre de lâhorrible. 57Câest pourquoi, de façon tout Ă fait singuliĂšre, Bataille prend comme exemple le sacrifice. Il Ă©tudie les similitudes du non-savoir et du sacrifice. Ce ne sont que quelques pages, mais câest trĂšs surprenant Dans le sacrifice, on dĂ©truit un objet, mais non complĂštement, il reste un rĂ©sidu [âŠ]. La satisfaction immĂ©diate que donne une vache Ă©gorgĂ©e est soit celle du paysan, soit celle du biologue, mais câest ce qui est exprimĂ© dans le sacrifice. La vache Ă©gorgĂ©e nâa rien Ă [voir] avec toutes ces conceptions pratiques. » [16] On nâĂ©gorge donc pas la vache pour un usage bassement utilitaire. Bataille ajoute Dans tout cela [la pratique du biologue ou du paysan], il y avait une connaissance limitĂ©e, mais solide. Lorsquâon sâest livrĂ© Ă la destruction rituelle de la vache, on a dĂ©truit toutes les notions auxquelles la vie simple nous avait habituĂ©s. » [17] 58Quâest-ce que Bataille essaye de faire valoir Ă travers cet apologue ? Câest un petit apologue ; ce nâest pas une thĂ©orie du sacrifice. Disons que câest une thĂ©orie du sacrifice donnĂ©e par aperçus, quâil faut reconstituer. Ce que Bataille essaye de faire valoir, câest quâil y a une destruction du savoir dans le sacrifice de lâobjet. Il y a dans le sacrifice destruction du savoir, ainsi que recherche mĂȘme de lâhorreur AtmosphĂšre de la mort, de la disparition du savoir, naissance de ce monde quâon appelle sacrĂ© ; il y a lĂ possibilitĂ© de dire du sacrĂ© quâil est le sacrĂ©, mais Ă ce moment-lĂ le langage doit au moins subir un temps dâarrĂȘt. » [18] Bataille prĂ©sente le moment du sacrifice comme, Ă la fois, la destruction du savoir et une recherche dâhorreur. Quand lâhorreur surgit sous les espĂšces du sacrĂ©, quand cette vache Ă©gorgĂ©e est lĂ pantelante, le langage dĂ©faille. Câest Ă cette occasion que Bataille se demande sâil peut mĂȘme continuer de parler Je suis en mĂȘme temps devant vous comme un bavard donnant toutes les raisons que jâaurais de me taire je peux aussi me dire que peut-ĂȘtre je nâai pas le droit de me taire, position encore difficile Ă soutenir. » [19] 59Il y a dans cette production mĂ©thodique de lâhorreur par le sacrifice, le pressentiment â et mĂȘme dĂ©jĂ la formulation â de la connexion du dĂ©chet et de lâagalma. Il nous fait voir un non-savoir qui nâest pas du tout comparable au non-savoir de lâabsence des hommes devant le soleil, quand on suppose le soleil prĂ©cĂ©der de beaucoup lâexistence des hommes. La phrase dâAyer sâenchante dâun savoir qui est lĂ sans lâhomme, qui nâest pas pour lâhomme, qui pose un rĂ©el oĂč il nây a personne pour voir et pour savoir. Par contre, ce que Bataille fait voir, câest le mĂȘme non-savoir, mais comme destruction. Câest comme si, Ă Ayer qui parle du soleil dâavant les hommes, Bataille opposait ce soleil qui pourrait trĂšs bien rester lĂ une fois que le savoir scientifique nous aurait permis de dĂ©truire lâhumanitĂ© ; non pas dans la paix dâavant, mais comme le rĂ©sultat de la guerre dâ quâil en reste chez Lacan60Quâen reste-t-il comme marque chez Lacan ? 61Dans le cadre de ses confĂ©rences sur le non-savoir, Bataille fait un sort trĂšs important Ă la pratique de lâamok [20], qui est, comme il sâexprime, une singuliĂšre crise de violence qui nâest pas rare dans les Ăźles de la Malaisie » et qui prĂ©cipite dans la mort, puisquâil voue celui quâil possĂšde au meurtre dĂ©lirant » [21]. Lâamok, câest une crise de violence quasiment codifiĂ©e, oĂč le sujet est Ă un moment pris de la passion brĂ»lante, de lâexigence de saisir un poignard et dâaller tuer le premier qui passe Lâamok est la soif et la rage obscure de tuer. Il sâagit armĂ© dâun poignard Ă lame ondulĂ©e, dâun kriss malais, de se jeter sur le premier passant venu et de frapper Ă mort [jusquâĂ ce] quâun autre menacĂ© finalement se dĂ©fende et lâabatte. » [22] Bataille prĂ©cise que le sujet sait que son geste nâa quâune issue Lâamok nâest au fond que le suicide le plus ouvert, qui sâouvre au dĂ©lire illimitĂ©, au dĂ©lire infiniment ouvert de la mort. » [23] 62Au cĆur des confĂ©rences de Bataille sur le non-savoir, pour incarner dâune façon sensible la destruction qui pour lui est au cĆur du non-savoir, avec le rĂ©sidu qui reste, il y a la mort. Il y a un passage trĂšs singulier dans Radiophonie », oĂč Lacan explique pourquoi il se moque au fond du slogan du non-savoir Ce quâil y a dâadmirable, câest la prĂ©tention de qui voudrait se faire aimer sans ce matelas [de savoir]. Il sâoffre la poitrine nue. Quâadorable doit ĂȘtre son ânon-savoirâ, comme on sâexprime assez volontiers dans ce cas ! » [24] Ensuite â et câest lĂ ce qui est singulier â Lacan nous dit que le slogan du non-savoir est un leurre quâon dirige contre lui pour lâavoir câest un leurre quâon a, je crois, imaginĂ© pour en justifier un amok fait Ă mon Ă©gard » [25]. Lâamok, si cher Ă Bataille dans ses confĂ©rences de 1951-1953, revient dans ce texte de Lacan en 1971, au moment oĂč il qualifie exactement ce quâon pourrait appeler une controverse thĂ©orique qui le vise et quâil caractĂ©rise exactement comme un amok â une tentative folle de meurtre dans le but de se faire tuer. Notes [*] Miller Lâorientation Lacanienne. Le banquet des analystes » [1989-1990], enseignement prononcĂ© dans le cadre du dĂ©partement de psychanalyse de lâuniversitĂ© de Paris viii, leçon du 2 mai 1990. Texte transcrit et Ă©tabli par Jacques PĂ©raldi, Ă©ditĂ© par Yves Vanderveken pour La Cause freudienne. Non relu par lâauteur. Cette leçon suit chronologiquement celle parue dans La Cause freudienne n° 75, juin 2010, intitulĂ©e Logiques du non-savoir en psychanalyse », p. 169-184 [ndlr]. [1] Miller Logiques du non-savoir en psychanalyse », La Cause freudienne, n° 75, juin 2010, p. 169-184. [2] Lacan J., Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de lâĂcole », Autres Ă©crits, Paris, Seuil, 2001, p. 249. Le texte est dâabord paru dans Scilicet, n°1, Paris, Seuil, 1968, p. 20-21. Câest Ă cette Ă©dition que Jacques-Alain Miller se rĂ©fĂšre dans cette leçon, le volume intitulĂ© Autres Ă©crits nâĂ©tant alors pas encore paru. [3] Cf. Kant E., PrĂ©face » de la seconde Ă©dition [1787] de la Critique de la raison pure, Paris, puf, 1975, p. 24. Dans cette traduction classique par AndrĂ© Tremesaygues & Bernard Pacaud, la phrase est ainsi traduite Je dus donc abolir le savoir afin dâobtenir une place pour la croyance. » [4] Cf. Miller, Logiques du non-savoir en psychanalyse », La Cause freudienne, n° 75, op. cit. [5] Cf. Lacan J., Variantes de la cure-type », Ăcrits, Paris, Seuil, 1966, p. 361. [6] Ibid., p. 349. [7] Cues N. de, Lettres aux moines de Tegernsee sur la docte ignorance ; Du jeu de la boule, Paris, LâĆil-François-Xavier de Guibert, 1985. [8] Lacan J., Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de lâĂcole », Autres Ă©crits, op. cit. [9] Lacan J., Radiophonie », Autres Ă©crits, op. cit., p. 427. [10] La citation prĂ©cĂ©dente complĂšte est Je tiens ici Ă marquer que quelquâun ne sây assoit que de la façon, de lâeffaçon plutĂŽt, quâil y impose au vrai. », idem. [ndlr] [11] Lacan J., id. [12] Cf. Lacan J., Note italienne », Autres Ă©crits, op. cit., p. 309. [13] Les ConfĂ©rences » de Bataille sont publiĂ©es dans les Ćuvres complĂštes tome viii, Paris, Gallimard, 1976 â ce sont en fait des transcriptions. Dans lâordre, sans compter la premiĂšre qui est une Ă©mission dont on ne sait plus trĂšs bien apparemment oĂč elle fut enregistrĂ©e, Le sacrĂ© au xxe siĂšcle » [p. 187-189], celles qui ont eu lieu au CollĂšge philosophique » sont Les consĂ©quences du non-savoir », 12 janvier 1951 [p. 190-196], suivie dâune Discussion » [p. 197-198] ; Lâenseignement de la mort », les 8 et 9 mai 1952 [p. 199-209] ; Le non-savoir et la rĂ©volte », 24 novembre 1952 [p. 210-213] ; enfin, Non-savoir, rire et larmes », 9 fĂ©vrier 1953 [p. 214-233]. [14] Cf. Lacan J., Subversion du sujet et dialectique du dĂ©sir », Ăcrits, op. cit., p. 804, note 1. [15] Bataille G., Les consĂ©quences du non-savoir », Ćuvres ComplĂštes, tome viii, op. cit., p. 191. [16] Ibid., p. 193-194. [17] Ibid., p. 194. [18] Ibid. [19] Ibid. [20] Bataille G., Lâenseignement de la mort », Ćuvres complĂštes, tome viii, op. cit., p. 199-209 et la note de la page 560 qui reprend lâĂ©dition de Tel Quel. [21] Ibid., p. 560. [22] Ibid. [23] Ibid. [24] Lacan J., Radiophonie », Autres Ă©crits, op. cit., p. 441. [25] Ibid.
La pluralitĂ© des opinions fait-elle obstacle Ă l'exigence de vĂ©ritĂ© ? L 2009 La science relĂšve-t-elle du seul dĂ©sir de vĂ©ritĂ© ? L 2009 Peut-on douter dâune vĂ©ritĂ© dĂ©montrĂ©e ? S 2009 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s indiscutables ? S 2009 Toute vĂ©ritĂ© est-elle relative ? ES 2009 Pourquoi vouloir Ă tout prix connaĂźtre la vĂ©ritĂ© ? ES 2009 La vĂ©ritĂ© peut-elle changer ? S 2008 Y a-t-il dâautres moyens que la dĂ©monstration pour Ă©tablir une vĂ©ritĂ© ? S 2008 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s qui Ă©chappent Ă la raison ? S 2008 La vĂ©ritĂ© est-elle libĂ©ratrice ? ES 2008 La vĂ©ritĂ© est-elle relative Ă une culture ? S 2007 L'expression c'est ma vĂ©ritĂ© » a-t-elle un sens ? STG 2006 Dire que la vĂ©ritĂ© est relative, est-ce dire qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ© ? ES 2006 Faut-il prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă la vĂ©ritĂ© ? ES 2006 La vĂ©ritĂ© rend-elle heureux ? ES 2005 Une interprĂ©tation peut-elle prĂ©tendre Ă la vĂ©ritĂ© ? ES 2005 La vĂ©ritĂ© est-elle la valeur suprĂȘme ? S 2004 L'esprit cesse-t-il d'ĂȘtre libre lorsque la vĂ©ritĂ© s'impose Ă lui ? L 2004 Toute vĂ©ritĂ© est-elle dĂ©montrable ? ES 2004 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s indiscutables ? ES 2004 Faut-il chercher la vĂ©ritĂ© au-delĂ des apparences ? STG 2004 La vĂ©ritĂ© est-elle toujours prĂ©fĂ©rable Ă l'illusion ? STG 2004 Faut-il sĂ©parer la beautĂ© et la vĂ©ritĂ© ? S 2003 La vĂ©ritĂ© dĂ©pend-elle de nous ? S 2003 Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire ? S 2003 La rigueur d'un raisonnement suffitâelle pour garantir la vĂ©ritĂ© ? L 2003 Le dialogue est-il le chemin de la vĂ©ritĂ© ? ES 2003 Peut-on avoir de bonnes raisons de ne pas dire la vĂ©ritĂ© ? STG 2003 Suffit-il de connaĂźtre la vĂ©ritĂ© pour renoncer Ă ses prĂ©jugĂ©s ? STG 2002 Toute vĂ©ritĂ© est-elle vĂ©rifiable ? STG 2002 Pour chercher la vĂ©ritĂ©, faut-il s'affranchir de toute subjectivitĂ© ? S 2002 Peut-on s'accorder sur des vĂ©ritĂ©s morales ? S 2002 Les vĂ©ritĂ©s scientifiques sont-elles indiscutables ? S 2002 La vĂ©ritĂ© n'est-elle recherchĂ©e que pour les avantages qu'on en attend ? ES 2001 De quelle vĂ©ritĂ© l'opinion est-elle capable ? ES 2001Cf. Manuel p. 304-319. Voir aussi l'introduction sur l'Opinion et la Connaissance. I La dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© La dĂ©finition par la correspondance du jugement Ă la rĂ©alitĂ© Blaise Pascal disait qu'un terme aussi simple que vrai » ne pourrait pas recevoir une dĂ©finition. On ne peut pas tout dĂ©finir car on arrive nĂ©cessairement Ă des mots primitifs quâon ne peut plus dĂ©finir » De l'esprit gĂ©omĂ©trique, 1657. Pourtant, il existe une dĂ©finition traditionnelle la vĂ©ritĂ© est l'adĂ©quation, la correspondance ou l'accord d'une reprĂ©sentation et de la chose reprĂ©sentĂ©e ». Pour dĂ©finir le concept de vĂ©ritĂ©, on a donc besoin de celui de rĂ©alitĂ©. La rĂ©alitĂ© est tout ce qui existe. Une proposition ou une reprĂ©sentation est vraie si et seulement si elle est en accord avec des objets rĂ©els. Dans l'AllĂ©gorie de la Caverne de Platon, les croyances des prisonniers sont fausses puisqu'elles ne correspondent pas au monde rĂ©el » mais seulement Ă des illusions. pV = nRT » est vrai au sens strict ssi il y a des objets » dans la rĂ©alitĂ© la pression du gaz, le volume, la quantitĂ© de moles du gaz et la tempĂ©rature qui rendent cette expression vraie ». La rĂ©alitĂ© est un ensemble de faits ou de choses, la vĂ©ritĂ© est la propriĂ©tĂ© de pensĂ©es ou de phrases des jugements. La connaissance cherche donc des thĂ©ories vraies, c'est-Ă -dire les plus en accord avec la rĂ©alitĂ©. De la fausse monnaie est quelque chose de rĂ©el mais ce n'est pas vraiment ce que nous croyons, elle est qualifiĂ©e de fausse parce qu'elle crĂ©e des croyances fausses, des erreurs. Mais comment peut-on comparer les vraies reprĂ©sentations et les faits rĂ©els ? Ne connaissons-nous pas des faits que ce que nous pouvons en comprendre par l'intermĂ©diaire de nos thĂ©ories ? Cf. La Raison et la dĂ©monstration sur le problĂšme du critĂšre » de la vĂ©ritĂ© le dĂ©bat entre les Sceptiques et Descartes sur la vĂ©ritĂ©, la certitude et le doute Le critĂšre de cohĂ©rence formelle ou logique On peut ajouter Ă la Correspondance l'idĂ©e de VĂ©ritĂ© comme CohĂ©rence. Il y a des thĂ©ories qu'on considĂšre comme vraies parce qu'elles sont dĂ©duites d'autres vĂ©ritĂ©s, mĂȘme si on ne peut pas connaĂźtre directement les faits rĂ©els. Par exemple, on n'a pas expĂ©rimentĂ© des faits sur un lointain passĂ© mais on peut se servir d'une forme de dĂ©duction rĂ©troactive Ă partir de l'observation de faits actuels. Cf. La raison et la dĂ©monstration sur la notion de validitĂ© formelle. On peut ainsi dĂ©finir la vĂ©ritĂ© formelle d'une thĂ©orie que les propositions ne se contredisent pas les unes les autres par opposition Ă sa vĂ©ritĂ© matĂ©rielle » qu'une thĂ©orie corresponde Ă des faits. Une thĂ©orie vraie doit ĂȘtre cohĂ©rente, mais ce n'est pas suffisant. Plusieurs thĂ©ories distinctes peuvent ĂȘtre cohĂ©rentes et en accord avec ce qu'on croit savoir sans qu'on puisse toujours trancher. Doit-on supposer un autre critĂšre pour reconnaĂźtre une thĂ©orie vraie ? Le critĂšre pragmatiste » de la vĂ©ritĂ© Le philosophe et psychologue amĂ©ricain William James 1842-1910 a créé au dĂ©but du XX e siĂšcle une cĂ©lĂšbre dĂ©finition de la vĂ©ritĂ©, la dĂ©finition pragmatiste » du vrai. Pour James, on ne peut pas toujours savoir si une thĂ©orie correspond aux faits rĂ©els, mais on peut au moins savoir si elle nous convient, si elle semble fonctionner » pour les ĂȘtres humains, s'il y a des raisons pratiques pour y croire. A la mĂȘme Ă©poque, le mathĂ©maticien Henri PoincarĂ© 1854-1912 dĂ©fend que certaines hypothĂšses physiques doivent ĂȘtre acceptĂ©es comme de simples conventions commodes. Mais cette dĂ©finition confond les motifs psychologiques pour croire et la vĂ©ritĂ© objective. MĂȘme si une thĂ©orie semble ĂȘtre efficace et qu'on y croit, on peut encore se demander si elle est vraie. Un mĂ©dicament qu'on croirait efficace par simple effet placebo serait quand mĂȘme un faux mĂ©dicament s'il n'agit pas rĂ©ellement. Il faut donc bien un accord avec des faits rĂ©els et pas seulement la cohĂ©rence ou une convention pragmatique. La valeur de la vĂ©ritĂ© ne se rĂ©duit pas Ă ce qui paraĂźt utile, car ce serait trop relatif. Mais on ne peut pas dĂ©montrer toutes nos opinions, il y a donc plusieurs degrĂ©s d'opinions plus ou moins vraisemblables ou plus ou moins fondĂ©es sur des arguments rationnels. II La valeur de la vĂ©ritĂ© La vĂ©ritĂ© a-t-elle nĂ©cessairement de la valeur ou faut-il dĂ©fendre l'illusion ? Friedrich Nietzsche p. 319 critique le fait que tous les philosophes disent vouloir chercher la vĂ©ritĂ© pour elle-mĂȘme parce qu'elle aurait plus de valeur que l'illusion. Cf. Aristote sur la valeur de la vie contemplative. Mais selon Nietzsche, il n'y a aucune preuve de cela il est peut-ĂȘtre faux que la vĂ©ritĂ© soit toujours Ă rechercher. Nietzsche va donc plus loin que le pragmatisme pour lui, ce qui peut contribuer Ă notre bonheur ou Ă notre survie peut avoir plus de valeur que le concept de vĂ©ritĂ©. Cf. Cours sur le bonheur Bonheur et connaissance. Comme le dit Descartes, un bonheur fondĂ© sur l'illusion ne serait que temporaire, un faux bonheur. La vĂ©ritĂ© peut nous blesser sur le moment mais nous ne pourrions pas nous contenter d'illusions consolantes si nous savions en fait qu'elles sont fausses. La vĂ©ritĂ©, mĂȘme lorsqu'elle s'impose Ă nous, peut nous libĂ©rer en nous libĂ©rant de nos prĂ©jugĂ©s Cours sur la libertĂ© II. II2 La VĂ©ritĂ© en Art Il y a des cas oĂč on peut en effet dĂ©fendre la valeur de l'illusion contre un souci de n'en rester qu'Ă la rĂ©alitĂ© l'Art par exemple. Platon Ă©tait sans doute excessif dans la RĂ©publique quand il critique en l'artiste un simple imitateur de la rĂ©alitĂ© ou un illusionniste. Mais mĂȘme quand l'Art s'Ă©carte du rĂ©el, ne peut-on pas dire que c'est au contraire pour chercher encore la vĂ©ritĂ©, mais une expression nouvelle de la vĂ©ritĂ© qui n'Ă©tait pas connue dans l'expĂ©rience directe de la rĂ©alitĂ© ? Cf. Cours sur l'Art sur Hegel et III sur le statut de vĂ©ritĂ© subjective » des jugements esthĂ©tiques et de la critique en art. Le devoir de vĂ©racitĂ© a-t-il des limites ? On a vu qu'il faut chercher Ă connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Mais a-t-on toujours le devoir de dire ce qu'on croit ĂȘtre la vĂ©ritĂ© ? Quand on prĂ©tend mentir pour de bonnes raisons, c'est souvent pour des prĂ©textes intĂ©ressĂ©s ou par lĂąchetĂ© cf. Cours sur le devoir moral Kant contre Benjamin Constant p. 318, mais on peut dĂ©fendre quand mĂȘme qu'on peut ne pas la dire dans n'importe quelle circonstance Ă n'importe qui. III La recherche de la vĂ©ritĂ© et l'Ă©volution de la connaissance L'IdĂ©e de vĂ©ritĂ© absolue Cf. Introduction contre le Relativisme il y a des vĂ©ritĂ©s absolues et des vĂ©ritĂ©s relatives. Il y a certaines vĂ©ritĂ©s qui sont absolues, vraies de maniĂšre nĂ©cessaires et universelles. C'est par exemple le cas des vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques. Un thĂ©orĂšme dĂ©montrĂ© ne pourra jamais ĂȘtre rĂ©futĂ©. Mais cela ne veut pas dire que toute vĂ©ritĂ© absolue soit seulement une connaissance a priori ou bien une vĂ©ritĂ© objective car le Cogito de Descartes est un exemple d'une vĂ©ritĂ© certaine mais qui n'est connaissable que pour le Sujet qui en prend conscience. Les erreurs et les illusions La mĂ©thode scientifique cherche des moyens d'Ă©viter les erreurs. Pour Descartes dans les MĂ©ditations mĂ©taphysiques, IV, les erreurs ne viennent pas de limites de notre intelligence ou mĂȘme de nos sens, mais plutĂŽt du fait que nous voulons interprĂ©ter hĂątivement sans avoir assez d'information au lieu de suspendre notre jugement douter. En ce sens, l'erreur dĂ©pend de nous, elle est de notre faute. C'est encore plus clair avec l'illusion, qui est une erreur entretenue par nos dĂ©sirs. Cf. La religion Freud p. 317 Mais l'erreur n'a pas qu'un rĂŽle nĂ©gatif car il y a certaines thĂ©ories vraies qu'on ne peut atteindre qu'en ayant d'abord critiquĂ© et corrigĂ© nos prĂ©jugĂ©s et nos impressions. Comme le dit Hegel, en philosophie, une opinion excessive ou unilatĂ©rale peut ĂȘtre un moment nĂ©cessaire par lequel il fallait passer avant d'arriver Ă la vĂ©ritĂ©. C'est ce que veut dire sa formule Ă©nigmatique Le Faux est un moment du Vrai » PhĂ©nomĂ©nologie de l'esprit, 1807. Comme le dit le philosophe des sciences Karl Popper, la mĂ©thode scientifique doit procĂ©der par conjectures et rĂ©futation, par le progrĂšs de lâesprit critique. Cf. La dĂ©monstration La vĂ©ritĂ© peut-elle changer ? Il y a des phrases qui sont vraies ou fausses relativement Ă un lieu ou Ă un temps. Mais cela ne veut pas dire que la VĂ©ritĂ© elle-mĂȘme change. Nos thĂ©ories sont plus ou moins vraies en se prĂ©cisant, en se meilleure thĂ©orie que ce soit en mathĂ©matiques ou dans les sciences empiriques est plus proche de la VĂ©ritĂ© en ce sens, mĂȘme si on doit admettre que sur les vĂ©ritĂ©s empiriques, on peut avoir plusieurs degrĂ©s de probabilitĂ© sans une vĂ©ritĂ© absolue cf. Bertrand Russell p. 313. Cela ne renonce pas pour autant au concept et Ă la valeur de l'idĂ©e de VĂ©ritĂ©.
Introduction On oppose gĂ©nĂ©ralement la discussion, l'Ă©change d'arguments Ă l'Ă©change de coups, c'est-Ă -dire Ă la violence. Ainsi, Il y aurait une diffĂ©rence de nature entre la discussion et la violence. La discussion serait pacifique et la violence ne le serait pas. Mais est-ce bien le cas ? On oppose Ă©galement la discussion au dialogue. Une discussion peut ĂȘtre violente et dĂ©boucher sur un Ă©change de coups, alors que le dialogue du grec dia, deux et logos, discours exclut normalement la violence. La parole serait immatĂ©rielle ; parler, ce n'est pas la mĂȘme chose qu'agir ou faire, donc la discussion exclurait la violence. On dit que deux personnes ont eu une violente ou une vive discussion, mais non qu'ils ont eu un dialogue violent. Il n'y a pas la violence d'un cĂŽtĂ© et les mots de l'autre, mais la violence peut rĂ©sider Ă©galement dans les mots, d'ailleurs elle commence avec les mots. Il y a des mots violents, les insultes ou les moqueries par exemple qui constituent des violences psychologiques. Le harcĂšlement moral ne s'accompagne pas forcĂ©ment de violences physiques, mais peut entraĂźner des consĂ©quences tout aussi graves. Selon l'OMS, la violence est l'utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces Ă l'encontre des autres ou de soi-mĂȘme, contre un groupe ou une communautĂ©, qui entraĂźne ou risque fortement d'entraĂźner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problĂšmes de dĂ©veloppement ou un dĂ©cĂšs. La violence est observable chez les humains comme chez les animaux, ce qui indique sa dimension Ă©volutive et biologique. Chez l'animal, la violence est limitĂ©e par l'instinct, alors qu'elle est illimitĂ©e chez l'ĂȘtre humain, d'oĂč la nĂ©cessitĂ© de rĂ©guler la violence. Dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, cette rĂ©gulation s'opĂšre par le sacrĂ©. Dans les sociĂ©tĂ©s modernes, marquĂ©s par la division du travail entre individus fortement diffĂ©renciĂ©s, elle se fait pas le droit. Discuter, est-ce renoncer Ă la violence ? Dans un premier temps, nous verrons que la discussion peut s'apparenter Ă la violence, puis que le vrai dialogue implique la renonciation Ă la violence et nous chercherons enfin quelles sont les conditions d'un dialogue authentique et non violent. 1. Discuter n'est pas forcĂ©ment renoncer Ă la violence Discuter n'est pas forcĂ©ment renoncer Ă la violence. On peut Ă©changer des paroles aussi violentes que des coups. Dans ce cas, les deux interlocuteurs demeurent des adversaires. Il s'agit de rendre parole pour parole, coup pour coup. Dans les "scĂšnes de mĂ©nage", les amants ou les Ă©poux ne cherchent pas Ă dĂ©velopper des arguments, mais Ă blesser et Ă avoir le dernier mot. Et le dernier mot peut ĂȘtre "une parole qui tue", qui vous dĂ©truit psychologiquement, ce qui montre bien que la discussion peut ĂȘtre une forme de violence. Selon RenĂ© Girard La violence et le sacrĂ©, la violence provient d'un dĂ©sir d'appropriation d'un objet qui n'a de valeur que par le fait d'ĂȘtre dĂ©sirĂ© par l'autre, que RenĂ© Girard appelle le mĂ©diateur. Cette mimesis d'appropriation mimesis vient du grec imitation parce que les "doubles" s'imitent l'un l'autre engendre mĂ©caniquement la mimesis de rivalitĂ©, du fait que les deux protagonistes se dĂ©tournent de l' objet qu'ils dĂ©sirent pour s'intĂ©resser au mĂ©diateur qu'ils sont l'un pour l'autre. Cette mimesis d'appropriation existe aussi chez les animaux, comme on le voit par exemple dans le marquage du territoire ou la rivalitĂ© sexuelle. La diffĂ©rence avec l'homme, c'est que chez l'homme elle n'est pas rĂ©gulĂ©e par l'instinct, si bien qu'elle peut aller jusqu'Ă la mort de l'autre et de proche en proche de la communautĂ© tout entiĂšre, d'oĂč les prĂ©cautions extrĂȘmes prises contre la violence mimĂ©tique dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles interdiction de l'inceste, exogamie, etc. et des pratiques qui nous paraissent incomprĂ©hensibles et contradictoires comme les tabous qui prohibent totalement tout ce qui pourrait entraĂźner la violence et les rituels qui la permettent sous la forme limitĂ©e du sacrifice. On peut rapprocher l'analyse de la violence que fait RenĂ© Girard de la "lutte pour la reconnaissance" de Hegel dans le passage de PhĂ©nomĂ©nologie de l'Esprit oĂč il est question de la "dialectique du maĂźtre et de l'esclave". Dans L'art d'avoir toujours raison Schopenhauer explique ironiquement comment s'y prendre pour avoir toujours le dernier mot. Il expose une sĂ©rie de stratagĂšmes permettant de l'emporter lors de controverses, indĂ©pendamment de la vĂ©ritĂ© du point de vue que l'on soutient. Schopenhauer cherche Ă distinguer ces stratagĂšmes afin de pouvoir les dĂ©noncer. Schopenhauer nomme l'art d'avoir toujours raison "la dialectique Ă©ristique" Ă©ristique vient d'un mot grec qui signifie combat. La dialectique Ă©ristique est une technique de controverse qui repose sur la distinction entre la vĂ©ritĂ© et l'apparence de la vĂ©ritĂ©. Son but est de convaincre les auditeurs que l'on a raison, mĂȘme si l'on a objectivement tort en faisant passer l'apparence de la vĂ©ritĂ© pour la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme. Selon Pierre Bourdieu, notre maniĂšre de parler reflĂšte les positions de force et de domination qui traversent la sociĂ©tĂ©. Il ne suffit donc pas de renoncer Ă la force dans la discussion pour Ă©chapper Ă la violence qui peut ĂȘtre symbolique. 2. Le vrai dialogue implique la renonciation Ă la violence Dans le Gorgias, CalliclĂšs affirme que "le beau et le juste selon la nature, c'est que pour bien vivre, il faut entretenir en soi-mĂȘme les plus fortes passions au lieu de les rĂ©primer, et qu'Ă ces passions, quelques fortes qu'elles soient, il faut se mettre en Ă©tat de donner satisfaction par son courage et son intelligence, en leur prodiguant tout ce qu'elles dĂ©sirent". Autrement dit, le beau et le juste consistent Ă se passer de la morale et Ă faire ce qui nous plaĂźt. CalliclĂšs n'apprĂ©cie pas la philosophie et considĂšre le dialogue comme un jeu, c'est-Ă -dire qu'il ne peut dĂ©boucher sur aucune vĂ©ritĂ©. Il ne croit pas Ă la maĂŻeutique. Il ne veut pas se laisser accoucher par Socrate de cet enfant plus beau que la violence, de cette vĂ©ritĂ© plus haute que la violence verbale au service de l'Ă©goĂŻsme et de la volontĂ© de puissance. il n'est pas convaincu par les dĂ©monstrations de Socrate et demeure dans son opinion initiale. CalliclĂšs s'oppose donc Ă la discussion comme au dialogue et son refus est une forme de violence car il correspond bien au point de vue qu'il dĂ©fend le juste et le beau consistent Ă se passer de la morale qui ne vaut que pour les faibles et Ă faire ce qui nous plaĂźt. La discussion s'oppose Ă la guerre et la guerre lui fait place sous la forme de pourparlers de paix, qui laissent la parole aux diplomates. Mais pour que les discussion dĂ©bouchent sur une paix durable, il faut que les interlocuteurs soient de bonne volontĂ© et n'aient pas "une idĂ©e derriĂšre la tĂȘte", comme Ă Munich en 1938. La discussion implique la volontĂ© sincĂšre de se mettre d'accord, de faire des concessions et de renoncer Ă la violence. 3. les conditions d'un dialogue authentique et non violent Le philosophe JĂŒrgen Habermas dĂ©veloppe de son cĂŽtĂ© l'idĂ©e d'un principe de discussion capable de remplacer l'ImpĂ©ratif catĂ©gorique. Kant pense qu'il est possible de se mettre d'accord rationnellement sur ce qui est juste et injuste, mais que l'Ă©valuation des normes s'opĂšre dans la conscience de chacun. Habermas considĂšre que l'accord rationnel sur le juste et l'injuste passe par le dialogue. Nous dĂ©terminons si une rĂšgle de conduite et d'action ou un comportement sont moraux par une discussion qui doit ressembler autant que possible Ă une situation de libertĂ© de parole absolue et de renoncement aux comportements "stratĂ©giques" apparentĂ©s Ă la "dialectique Ă©ristique" que dĂ©veloppe Schopenhauer dans l'art d'avoir toujours raison. Au lieu d'imposer mon point de vue personnel aux autres comme une vĂ©ritĂ© qui vaut aussi pour les autres, je dois soumettre mon opinion Ă tous les autres afin dâexaminer par la discussion sa prĂ©tention Ă lâuniversalitĂ©, explique Habermas dans Morale et communication, ainsi sâopĂšre un glissement le centre de gravitĂ© ne rĂ©side plus dans ce que chacun souhaite faire valoir, sans ĂȘtre contredit, comme Ă©tant une vĂ©ritĂ© universelle, mais dans ce que tous peuvent unanimement reconnaĂźtre comme une vĂ©ritĂ© universelle. Karl-Otto Appel se demande comment mettre en place une discussion oĂč les Ă©changes ne soient pas dominĂ©s par l'instrumentalisation stratĂ©gique de la communication, mais plutĂŽt orientĂ©s vers l'entente et l'intercomprĂ©hension. Comment un responsable politique peut-il continuer Ă faire valoir les exigences d'une discussion argumentĂ©e face Ă la menace de l'usage de la violence ou Ă l'instrumentalisation cynique du discours ? Pour Apel, il faut fonder une Ă©thique de la discussion. Le principe moral de la discussion permet de domestiquer par le dialogue public les violences et les rapports de force propres au systĂšme politique. Le nom de Karl-Otto Apel est souvent associĂ© Ă celui de JĂŒrgen Habermas. Les deux hommes Ă©taient amis et s'estimaient mutuellement, mais n'Ă©taient pas toujours d'accord, tĂ©moignant du fait qu'une communication authentique repose avant tout sur une exigence de vĂ©ritĂ© qui dĂ©passe la personne, les intĂ©rĂȘts, les convictions et l'amour propre des deux interlocuteurs. Jaspers nommait l'absolu de la recherche de la vĂ©ritĂ© dans la communication existentielle "le combat par amour" liebender Kampf. Apel et Habermas mettent l'accent sur la notion de "communication" qu'ils placent au cĆur de leur rĂ©flexion sur la morale, sur la politique et sur le droit. Puisque l'homme est un "animal parlant", "zoon logikon" Aristote dont le comportement n'est pas rĂ©glĂ© par l'instinct, mais par la pensĂ©e et le langage, c'est Ă travers la rĂ©flexion sur le langage que l'on pourra trouver les normes d'un conduite authentiquement humaine. Une telle conduite ne saurait ĂȘtre fondĂ©e, comme l'a montrĂ© Kant, sur la nĂ©cessitĂ© les lois de la nature, mais sur le devoir, non sur l'intĂ©rĂȘt ou mĂȘme le bonheur comme dans la pensĂ©e antique, mais sur la raison et la libertĂ©. Kant Ă©voque un individu seule face Ă sa conscience, confrontĂ© Ă la nĂ©cessitĂ© de se dĂ©cider en fonction de l'impĂ©ratif catĂ©gorique - le mĂȘme, formulĂ© de quatre façons diffĂ©rentes - et non d'un impĂ©ratif hypothĂ©tique centrĂ© sur l'intĂ©rĂȘt personnel "Agis seulement d'aprĂšs la maxime grĂące Ă laquelle tu peux vouloir en mĂȘme temps qu'elle devienne une loi universelle." Fondements de la mĂ©taphysique des mĆurs. L'impĂ©ratif catĂ©gorique est indissociablement centrĂ© sur soi mĂȘme et sur autrui, comme le montre sa deuxiĂšme formulation "Agis de telle façon que tu traites l'humanitĂ©, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en mĂȘme temps comme fin et jamais simplement comme moyen." Apel et Habermas dĂ©veloppent cet aspect de la morale kantienne en montrant que le devoir moral s'inscrit dans un dialogue intersubjectif qui suppose la sincĂ©ritĂ© au moins dans l'intention, l'authenticitĂ©, la vĂ©racitĂ© et la justesse de la parole et dont ils se proposent de montrer les conditions de possibilitĂ©. Ils affirment par ailleurs que le "point de vue moral" ne concerne pas seulement les relations intersubjectives, mais aussi les relations entre les personnes en tant que citoyens, entre les citoyens et l'Etat pour la constitution et le maintien d'un authentique Etat de droit, ainsi qu'entre les Etats, comme l'avait fait Kant dans son Projet de paix perpĂ©tuelle. Apel et Habermas mettent donc l'accent sur le langage et sur la communication, en insistant sur la dimension intersubjective parce qu'elle est au cĆur de la rĂ©alitĂ© humaine, sur l'importance de la notion d'autrui, presque inexistante dans la pensĂ©e traditionnelle, y compris chez Descartes et qui va devenir essentielle Ă partir de Hegel le conflit des consciences dans la dialectique du maĂźtre et de l'esclave - , dans la phĂ©nomĂ©nologie de Husserl et de ses continuateurs Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty et Emmanuel LĂ©vinas. Les deux hommes ont manifestĂ© un intĂ©rĂȘt commun pour la philosophie analytique Peirce, Russel, Ayer, Wittgenstein... et les thĂ©ories des actes de langage Austin, Searle selon lesquelles tout acte de parole implique une prĂ©tention Ă la vĂ©ritĂ© et se sont aventurĂ©s sur un chemin esquissĂ© par Wittgenstein d'une Ă©thique fondĂ©e sur l'examen du langage et sur la valeur de vĂ©ritĂ© des propositions. RĂ©cusant la neutralitĂ© ou le scepticisme axiologique de la dĂ©marche logico-scientifique, Ă la lumiĂšre des Ă©vĂ©nements passĂ©s le nazisme et la seconde guerre mondiale et rĂ©cents la guerre du Kosovo, ils ont rĂ©solument replacĂ© l'Ă©thique de la discussion au cĆur de la pensĂ©e. 4. D'oĂč provient le refus de discuter ? Mais d'oĂč provient le refus de discuter ? D'aprĂšs Hegel, d'une certaine forme de pensĂ©e qui considĂšre a priori que le dialogue est inutile parce qu'on rĂ©duit l'autre Ă un seul de ses attributs. "Cet homme est mon valet" on peut dire que le maĂźtre du valet ne retient de son serviteur qu'un aspect particulier accidentel de sa personne. Il est un valet et toute autre chose qu'un valet, par exemple il possĂšde la facultĂ© d'observer et de raisonner qui peut ĂȘtre plus dĂ©veloppĂ©e que celle de son maĂźtre, comme en tĂ©moigne Jacques le fataliste de Diderot, Ćuvre que cite favorablement Hegel. Hegel cite un autre exemple de pensĂ©e rĂ©ductrice, celle du soldat que l'on peut rouer de coups car on l'a prĂ©alablement dĂ©fini comme une "canaille". Il est par essence une canaille, mĂȘme s'il n'a rien fait pour mĂ©riter d'ĂȘtre puni et on peut donc le rouer de coup. "La violence de l'abstraction, commente Ari Simhon dĂ©bouche sur la violence rĂ©elle oĂč un homme, parce qu'il est rĂ©duit Ă sa particularitĂ© de subordonnĂ©, Ă sa qualitĂ© de soldat ordinaire et donc bastonnable, ouvre droit, par cette qualitĂ© qu'il est, de ce point de vue, Ă la violence que peut exercer sur lui son supĂ©rieur. Ce faisant, c'est-Ă -dire en le bastonnant, cet officier pense abstraitement et, rĂ©duisant l'homme Ă sa qualitĂ© de subordonnĂ©, puis le subordonnĂ© Ă la qualitĂ© de bastonnable, se rĂ©duit lui-mĂȘme Ă cette particularitĂ© d'ĂȘtre officier. Le mĂ©pris n'est pas voilĂ© pour celui dont on devine qu'il n'est alors, hĂ©gĂ©liennement, qu'une "espĂšce d'officier". Le refus de discuter provient du fait de ne pas considĂ©rer l'autre comme un interlocuteur valable. 5. Les enjeux actuels du problĂšme La cause principale de la violence dans la discussion ou dans l'absence de discussion est le fait de classer celui que l'on considĂšre comme un "adversaire" dans une catĂ©gorie bien dĂ©finie. Toute dĂ©termination dit Spinoza est une nĂ©gation. "Noir", "blanc", "femme", "LGBT", minoritĂ© opprimĂ©e, ces dĂ©termination sont pertinentes, mais incomplĂštes, unilatĂ©rales. Hegel nous invite Ă les intĂ©grer dans un vision plus large qui les dĂ©passe sans les supprimer, bref, Ă ne pas penser abstraitement, Ă ne pas rĂ©duire un individu Ă la couleur de sa peau, son genre, son orientation sexuelle. Le propre du discours raciste est de gĂ©nĂ©raliser, mais aussi dĂ©sormais celui d'un certain discours anti-raciste. "Tenaille identitaire. Pourquoi "tenaille" Ă©crit Gilles Clavreul, parce que ces propositions que tout oppose politiquement par exemple celle des suprĂ©matistes amĂ©ricains et des celle des "wokes", s'articulent nĂ©anmoins autour d'un mĂȘme axe. Elle prĂ©tendent rapporter ce que l'on dit Ă ce que l'on pense et ce que l'on pense Ă ce que l'on est. Ce faisant, le tout identitaire Ă©touffe petit Ă petit la conversation dĂ©mocratique, rabattant le citoyen sur l'individu et l'individu sur ses attaches, sa naissance, son genre ou encore la religion dans laquelle il a Ă©tĂ© Ă©levĂ©, il assigne Ă chacun des positions fixes et tue l'idĂ©e de dĂ©libĂ©ration collective. Second attribut de la tenaille la pression de la pince gauche accentue celle de la pince droite, et rĂ©ciproquement. Elles s'entre-alimentent dans une surenchĂšre d'anathĂšmes et de procĂšs en sorcellerie oĂč chacun est sommĂ© de prendre parti ou enrĂŽlĂ© de force dans l'un ou l'autre camp." Conclusion la violence ne s'oppose pas Ă la discussion car certaines discussion peuvent ĂȘtre trĂšs violences, mĂȘme sans violence physique quand elles cherchent Ă imposer son point de vue et Ă discrĂ©diter ou Ă dĂ©truire l'adversaire. Schopenhauer nomme l'art d'avoir toujours raison la dialectique Ă©ristique et cherche Ă mettre en lumiĂšre ses procĂ©dĂ©s pour mieux les dĂ©noncer. Comme le montre le Gorgias de Platon, tout dialogue authentique implique la renonciation Ă la violence et la volontĂ© sincĂšre de jouer le jeu du dialogue. Karl-Otto Appel et JĂŒrgen Habermas, trĂšs marquĂ©s par les tragiques Ă©vĂ©nements du XXĂšme siĂšcle tentent de mettre en place une Ă©thique de la discussion. Une des causes de la violence verbale, mais qui peut dĂ©boucher sur la violence physique est le fait de classer l'autre que l'on considĂšre a priori comme un "ennemi" dans une catĂ©gorie dĂ©finie a priori. Selon Gilles Clavreul, "le tout identitaire Ă©touffe petit Ă petit la conversation dĂ©mocratique, rabattant le citoyen sur l'individu et l'individu sur ses attaches, sa naissance, son genre ou encore la religion dans laquelle il a Ă©tĂ© Ă©levĂ©, il assigne Ă chacun des positions fixes et tue l'idĂ©e de dĂ©libĂ©ration collective."
Devoir de philosophie . Douter, est-ce renoncer Ă la vĂ©ritĂ© ? Dans lâusage courant le mot douter se rapporte Ă une interrogation, un manque de certitude ou une mĂ©fiance quant ? la sincĂ©ritĂ© de quelque chose ou quelquâun. Le doute revient ? admettre quâon ne sait pas. Le verbe renoncer se rattache Ă un abandon et un dĂ©sistement. La vĂ©ritĂ© a ici un sens plus complexe. On peut la dĂ©finir en disant que constat descriptif de la rĂ©alitĂ©. On viendra donc Ă se demander Le doute dĂ©truit-il la vĂ©ritĂ© ? On verra tout dâabor est destructeur puis chemin de la vĂ©ritĂ©. Dans certains cas la p g itĂ© dogmatique -tre vue comme le . Par lĂ on entend quâelle est une affirmation considĂ©rĂ©e comme fondamentale, incontestable et intangible par une autoritĂ© politique, philosophique ou religieuse. Les premiĂšres personnes Ă qui on pense lorsque lâon Ă©voque cela sont les fanatiques religieux. Quand on dit fanatisme, on Ă©voque obstination, entĂȘtement, croyance aveugle et acharnement sans limite. Le fanatisme nous rend sourd et compacte ce qui ne nous met dans une situation de renfermement par rapport Ă lâextĂ©rieur et surtout vis-Ă -vis aux vis, idĂ©es ou remarques. La vĂ©ritĂ© devient abstraite car seule la notre reste vrai. CĂ©crivain français du 19Ăšme siĂšcle Victor Hugo d dit » Rien nâĂ©gale la puissance de surditĂ© volontaire des fanatismes. . par lĂ lâĂ©crivain appui le fait que les fanatiques ont une vision rĂ©duite de la vĂ©ritĂ©. En doutant de leurs idĂ©es religieuses tout est remit en question, voir dĂ©truit. La question a t-il un paradis oĂč lâon va aprĂšs la mort ? » peut engendrer une confusion considĂ©rable. Les croyants pourraient se poser des questions comme Pourquoi agir de telle ou telle façon si rien e nous attend aprĂšs ?. La croyance religieuse repose sur une certitude qui est la sienne et qui pour fonctionner, ne doit pas ĂȘtre douter. Cautre forme de vĂ©ritĂ© dogmatique est la superstition. La superstition se dĂ©finit comme un ensemble de croyances et de pratiques irrationnelles en contradiction avec lâordre de la nature et la raison. Câest une relation inexplicable entre deux Ă©lĂ©ments qui ne sont pas logiques. Les gens rĂ©ellement superstitieux sont rares. Par exemple le numĂ©ro treize est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme un chiffre porte-malheur. Bien que cette superstition est idiculisĂ©e par beaucoup de personnes, certaines personnes annulent tout rendez-vous un vendredi treize. MĂȘme ceux qui ne croient pas en de telles superstitions, ne sont pas surpris lorsque pleins de malheurs se produisent un vendredi treize. Cette superstition devient donc une vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©ral incontestable qui nâa Ă©tĂ© en aucun cas dĂ©montrĂ©. La superstition religieuse existe aussi. Elle est en gĂ©nĂ©ra 2 OF s incontestable qui nâa Ă©tĂ© en aucun cas dĂ©montrĂ©. La superstition religieuse existe aussi. Elle est en gĂ©nĂ©ral plus dangereuse » que celle de fait commun comme le chiffre treize. Si cette superstition est brisĂ© » elle peut menĂ© au malheur et au dĂ©sespoir. Elle nâest elle aussi pas contestable. Le philosophe Kant dans son texte Les Maximes fondamentales de la raison accuse la superstition dâĂȘtre un simple prĂ©jugĂ©. Pour lui la superstition a renoncĂ© ? faire un usage proprement rationnel de sa raison. Le philosophe conseil de ne pas sâenfermer dans sa logique qui nâest peut ĂȘtre pas la bonne. Dans les deux cas Ă©voquĂ©s le doute de la vĂ©ritĂ© est dĂ©vastateur. Il dĂ©truit une vĂ©ritĂ© qui est dite incontestable h. De ce fait elle disparaĂźt. Le doute nâest pas un renoncement Ă la vĂ©ritĂ©, câest au contraire une façon de le chercher. Platon affirmait que lâorigine de la philosophie est lâĂ©tonnement, câest-Ă -dire cette attitude qui consiste Ă sâinterroger, Ă ne pas se satisfaire des rĂ©ponses toutes faites et des opinions. Le philosophe ne possĂšde pas la vĂ©ritĂ©, il la recherche. Certains philosophes comme Socrate par exemple pense que la reconnaissance de sa propre ignorance est la condition pour trouver la vĂ©ritĂ©. Le doute permet de trouver la vĂ©ritĂ© lorsquâon parle dâillusion par exemple. ne illusion est une pparence trompeuse, une perception fausse, un jugement erronĂ©,⊠Le philosophe Platon parle de cell 3 OF s une perception fausse, un jugement erronĂ©âŠ. Le philosophe Platon parle de celle-ci dans le texte La RĂ©publique. Dans lâextrait du mythe de la caverne, Platon met en scĂšne des prisonniers ligotĂ©s de tel sorte quâil tourne le dos Ă la lumiĂšre et quâils ne voient que des ombres, sans savoir ce quâelles sont. Ils sont par la suite libĂ©rĂ©. Les prisonniers souffrent dâĂ©blouissement, dâexcĂšs de lumiĂšre et de traumatisme. Page 1 sur 2 Finalement les sujets sont forcĂ©s e sortir physiquement et mentalement de la caverne. Une fois dehors ils sâhabltuent Ă la lumiĂšre. Grace une la rĂ©flexion et au doute, ils se rendent compte de lâillusion dont ils ont Ă©tĂ©s victimes. Ces hommes Ă©taient prisonniers des apparences car ils ne remettaient pas en doute ce quâils voyaient. Le doute relativement Ă la connaissance est alors dĂ©fini comme le contraire de lâadhĂ©sion donnĂ© sans preuve Ă une idĂ©e, le doute est le recul nĂ©cessaire de la rĂ©flexion pour sâhabituer Ă la lumiĂšre de la raison. Le doute progressif sâapplique aux vĂ©ritĂ©s scientifiques. Celles-ci e sont pas seulement provisoires, elles font lâobjet dâun questionnement permanent dans le but de les remettre en question et de les tester. Les savants partent toujours du principe que leurs thĂ©ories sont peut-ĂȘtre fausses et quâils doivent les renforcer en les soumettant Ă des nouvelles expĂ©riences ou en les exposant Ă dâautres thĂ©ories concurrentes. De ce point de vue, la vĂ©ritĂ© ne peut 4 OF S expĂ©riences ou en les exposant Ă dâautres thĂ©ories concurrentes. De ce point de vue, la vĂ©ritĂ© ne peut jamais ĂȘtre dĂ©finitive au sens ou, si certaines thĂ©ories sont considĂ©rĂ©es comme vraies car on a pas montrĂ© quâelles Ă©taient fausses, il nâen reste pas moins que le savoir absolu nâest pas atteint et que le progrĂšs de la connaissance en gĂ©nĂ©ral est susceptible dâaboutir a une remise en cause de que lâon considĂ©rait jusque lĂ comme vrai. Selon Descartes lâidĂ©e devient vrais » lorsquâelle est soumise ? lâexamen du doute. A travers ce doute on dĂ©crypte un secret, on dĂ©couvre une rĂ©alitĂ© cachĂ©. Quand une vĂ©ritĂ© est dĂ©couverte elle prend son sens, sa puissance. Grace Ă ces deux cas on voit que le doute peut ĂȘtre la dĂ©marche de la vĂ©ritĂ©. AprĂšs avoir vue le caractĂšre destructeur du doute sur la vĂ©ritĂ© et le contraire, son caractĂšre progressif on peut en conclure que la vĂ©ritĂ© Ă©voque une notion de dĂ©passement. Son cote dogmatique ne sâapplique quâĂ une toute petite partie de la population, alors que le doute qui nous mĂšne Ă la vĂ©ritĂ© nous concerne tous. Mais la vĂ©ritĂ© est surtout en mouvement. Les philosophes Bachelard et Hegel pense tous les deux que la vĂ©ritĂ© nâest ni dĂ©finitive ni absolue. Elle a un caractĂšre inĂ©puisable , on peut toujours rajouter Ă celle-ci. Elle est rectifiable de façon permanente.
douter est ce renoncer à la vérité