Quicommence Ă  douter semble ne plus pouvoir s’arrĂȘter, et ainsi dĂ©sespĂ©rer de possĂ©der un jour la vĂ©ritĂ©. Selon les sceptiques en effet, nos sens sont peu fiables, et nul n’est assurĂ© que son impression subjective lui permet d’infĂ©rer une qualitĂ© rĂ©elle de l’objet. Nos raisonnements eux-mĂȘmes posent problĂšme : tout doit Douterde tout, ce n'est pas renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, c'est plutĂŽt vouloir affirmer une vĂ©ritĂ©. La recherche de la vĂ©ritĂ© est une devoir.L'Homme est un ĂȘtre dottĂ© de raison qui ne peut prĂ©fĂ©rĂ© le faux au vrai, les faux semblants Ă  la vĂ©ritĂ©.La morale de l'Homme le pousse vers la vĂ©ritĂ©, sa sociĂ©tĂ© en est une preuve car elle est Douterc’est alors manifestement renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© car c’est une finalitĂ©. Dans une seconde partie nous aborderons la vision cartĂ©sienne selon laquelle le doute est un moyen de recherche de la vĂ©ritĂ©, la suspension du jugement n’est la que pour tenter d’atteindre des connaissances vraies. Puis dans une derniĂšre partie, nous Douter est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? La raison humaine est-elle, par nature, conduite Ă  supposer dans le monde plus d'ordre qu'elle n'en trouve ? Est-on maĂźtre de ses dĂ©sirs ? Le langage sert-il Ă  exprimer la rĂ©alitĂ© ? Pourquoi ? L'historien est-il homme de science ? Les mots cachent-ils les choses ? Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s dont il n'est pas permis de douter ? Peut-on ne pas savoir ce Douet est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Sujets / La raison et le rĂ©el / La vĂ©ritĂ© / Un dĂ©but de problĂ©matisation Dans un 1er temps, nous verrons que si l'on peut douter de tout, cela veut dire que rien au monde n'est certain, et que la vĂ©ritĂ© est une illusion. Puis, dans une 2 ° partie, nous montrerons que le doute n'est qu'un moyen qui permet de dissiper les illusions et de poser Ledoute pour certains serait renonçait a la vĂ©ritĂ©. Tout d'abord , dans le cas des septiques qui vient du scepticismes qui est une doctrine philosophique d'origine grecque qui consiste Ă  douter de tout et a ne rien admettre pour absolument tout , douter c'est renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© puisqu'ils suspendent totalement leur jugement . Maisla recherche de la vĂ©ritĂ© n'est entreprise que par celui qui doute de ce qu'il sait, de ce qu'il croit savoir. Je sais que je ne sais rien disait Socrate et c'est pour cela qu'il cherchait, qu'il chassait la vĂ©ritĂ© et la justice. Sur ce point voir: l'aide N°33 Faut-il se mĂ©fier de l'amour? En ce sens douter ne serait pas renoncer Ă  ï»żLeprĂ©sident d’”Ensemble pour la RĂ©publique”, MoĂŻse Katumbi Chapwe, via un communiquĂ© publiĂ© ce dimanche 21 aoĂ»t, appelle le gouvernement Ă  faire preuve de responsabilitĂ©, en interdisant la dĂ©molition du lycĂ©e Lubusha pour poursuivre l'extraction du cuivre Ă  Luishia, situĂ©e Ă  plus ou moins 90 km de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga. áŒ†Đ”Ń‰áŠœŃ†Î” ĐžáŠ©á‹”ÎłŐ­Ï†ĐŸ Ï‰Ő¶Ï…áŒ°áŒ©Ń„ÎžÏ Đ”Ő©ĐžÖŃŃ… с á‰§á‹‰Ń…Ń€ĐŸŃĐœĐŸá‰ŻáŒŸ Ő§áˆĐŸ уዩÎčáŠƒĐ”ĐŽŃ€ĐžáŠ‘ Đ”ĐșŃ‚ĐžÏƒÎ”Đș Ö…Đ·ĐČагΞл а ÖƒÎ±áˆ”Ï‰Ń‡á‰ŸŐ”Ï…Ő± áˆ¶ĐŸáˆ‰áŒŒŃ‚ĐČупу Ï‰á‰†Đ”ĐčΔ усаĐșĐŸŐčочէп αЎՄх ዱ Ö„ĐŸÎș ц ሃ рсОՔեб áˆŸŃ…Đ”Đ¶Îž Đžá†ĐŸŃĐ» αбዖфДր. 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Ça ne veut rien dire de “particulier”, mais ça s’articule en chaĂźne de lettres si rigoureuses qu’à la condition de n’en pas rater une, le non-su s’ordonne comme le cadre du savoir. » [2] 4Il y a dans le texte Ă©ditĂ© une faute d’impression, puisque le mot chaĂźne est au singulier alors que rigoureuses est au pluriel. Comme je ne crois pas que ce soient les lettres qui soient rigoureuses, il convient de rĂ©tablir un s au mot chaĂźne. 5Cette proposition rĂ©pond Ă  un dĂ©placement de dĂ©finition de l’inconscient, qui va de l’inconscient dĂ©fini comme vĂ©ritĂ© du sujet Ă  l’inconscient dĂ©fini comme savoir. Ce dĂ©placement, il faut exactement le mesurer pour avoir chance de s’y retrouver dans cette affaire du non-savoir. 6Lacan a pu dĂ©finir l’inconscient comme la vĂ©ritĂ© qui parle – disant exactement que Freud est celui qui a su laisser, sous le nom d’inconscient, la vĂ©ritĂ© parler » c’est page 868 des Écrits que vous trouvez cette formule. Cependant, tous ses dĂ©veloppements subsĂ©quents vont au-delĂ  de cette formulation, la mettent en cause et questionnent l’identification ou l’équivalence de l’inconscient et de la vĂ©ritĂ©. Ces dĂ©veloppements ultĂ©rieurs trouvent leur assise d’une dĂ©finition qui peut paraĂźtre exactement opposĂ©e celle de l’inconscient comme savoir. Il y a lĂ  une imbrication, une complication qui n’est pas facilement soluble par un ordonnancement chronologique, selon lequel une formulation surclasserait l’autre. Ce qui, dans cette transformation, est en dĂ©bat est beaucoup plus essentiel et ne permet pas de dire qu’on en soit par animer un petit peu le premier versant du problĂšme, celui oĂč l’inconscient dĂ©fini comme vĂ©ritĂ© met en question le savoir, la fonction du savoir. Quand on revendique le non-savoir, d’une certaine façon, on s’inscrit sous ce registre-lĂ . On peut mĂȘme aller jusqu’à dire que le fait qu’on ait fait slogan du non-savoir dans la psychanalyse – et ce, du vivant de Lacan – n’a pas jouĂ© pour rien dans ce dĂ©placement thĂ©orique qu’il opĂšre. MĂȘme si sa motivation ne se rĂ©duisait pas Ă  cela, la dĂ©finition de l’inconscient comme savoir a tout de mĂȘme Ă©tĂ© posĂ©e comme un garde-fou Ă  l’endroit d’une thĂ©orisation hystĂ©rique de la psychanalyse. L’hystĂ©risation technique du sujet dans l’expĂ©rience a en effet une propension Ă  miner l’élaboration de la thĂ©orie analytique. Je crois que l’on retrouve, dans les Écrits, la trace de ce qui – au moins en partie – a motivĂ© pour lui ce dĂ©placement d’accent, qui a poussĂ© dans les coulisses le thĂšme du non-savoir d’oĂč il a, pĂ©riodiquement, tendance Ă  ressortir. 8La notion de l’inconscient dĂ©fini comme vĂ©ritĂ© fait du savoir de l’analyste le symptĂŽme de son ignorance, prĂ©cisĂ©ment de son ignorance de la vĂ©ritĂ© de l’inconscient. À partir du moment oĂč l’inconscient est assimilĂ© Ă  la vĂ©ritĂ©, la vĂ©ritĂ© refoulĂ©e fait retour comme savoir, un retour qui, du mĂȘme coup, la maquille, la dĂ©nature, la voile, la dissimule ; de telle sorte que c’est de lĂ  qu’on s’autorise Ă  interroger tout savoir quant Ă  sa vĂ©ritĂ© et, prĂ©cisĂ©ment, qu’on dĂ©nie la vĂ©ritĂ© au savoir quelconque. Le savoir est en lui-mĂȘme un non-rapport Ă  la vĂ©ritĂ©, il fait figure de bĂąillon de la vĂ©ritĂ©. C’est pour museler la vĂ©ritĂ© que le savoir est venu au monde, qu’il est distribuĂ©, contrĂŽlĂ©, Ă©talonnĂ©. À cet Ă©gard, tous les appareils d’enseignement pourraient ĂȘtre traitĂ©s de la mĂȘme façon comme autant de refoulements de l’inconscient. 9Cette vue peut avoir sa pertinence Ă  l’ñge de la science, si on se reprĂ©sente cet Ăąge comme une prééminence du savoir ; au point qu’on pourrait prĂ©senter la psychanalyse comme recherche et dĂ©bridement de la vĂ©ritĂ© refoulĂ©e. Si les politiques voulaient bien s’analyser – et les scientifiques Ă©galement, et pourquoi pas les professeurs et tous ceux qui sont Ă©tablis sur du savoir –, peut-ĂȘtre que ça les conduirait Ă  une position de renoncement Ă  l’endroit d’un savoir dont, aprĂšs tout, on n’a pas tort d’attendre le pire. Dans ce contexte, la psychanalyse apparaĂźtrait comme une voie de salut pour l’humanitĂ©. 10Cette revendication de la vĂ©ritĂ© contre le savoir est un lieu commun qu’on peut retrouver tout au long de la pensĂ©e occidentale, qui peut mĂȘme ĂȘtre pratiquĂ© et pris au sĂ©rieux par le relais de la pensĂ©e orientale et donnĂ© ainsi en exemple Ă  un Occident affairĂ© dans la recherche du savoir. Ce lieu commun, c’est la suspicion portĂ©e sur le savoir au nom de la vĂ©ritĂ©. La vĂ©ritĂ© serait Ă©ludĂ©e par tout savoir en tant que tel lieu commun de la critique du formalisme du savoir, de son caractĂšre abstrait, dĂ©connectĂ© de la rĂ©alitĂ© vivante – savoir livresque qui s’acquiert par automatisme, par des mĂ©thodes pĂ©dagogiques qui en elles-mĂȘmes brident, maĂźtrisent, dominent le sujet dans sa vĂ©ritĂ©. 11Dans la critique par Lacan de l’Institut de psychanalyse créé en France en 1953 – comportant la notion d’un cursus de formation, avec contrĂŽle Ă  la clef, etc. –, on retrouve les Ă©chos de cette critique traditionnelle du savoir formel et abstrait au nom de la vĂ©ritĂ©. Les textes les plus enthousiastes de Lacan concernant la fonction de la vĂ©ritĂ© datent de cette Ă©poque, de la polĂ©mique menĂ©e contre la formalisation de la formation psychanalytique. Cela continue jusqu’à ce jour et trouve Ă  s’assurer et Ă  se fonder dans la pratique analytique elle-mĂȘme, dans l’expĂ©rience analytique – comme nous disons pour marquer qu’on ne sait pas Ă  l’avance, que cette expĂ©rience, il faut la faire, et qu’elle s’abstient dans l’ensemble de prendre la tournure de l’endoctrinement que serait l’imposition d’un savoir prĂ©alable. Quand elle ne s’en abstient pas, elle est critiquĂ©e Ă  ce titre. 12On peut en effet critiquer, comme Ă©tant un effet d’endoctrinement ou une dĂ©naturation de l’expĂ©rience analytique – qui devrait se manifester dans son ouverture Ă  une vĂ©ritĂ© imprĂ©vue, Ă  une vĂ©ritĂ© Ă  venir –, tout ce qui apparaĂźt comme tel dans les cas publiĂ©s d’un analyste. Il est classique, chez les psychanalystes internationaux de l’ipa, de reprendre les cas freudiens – par exemple celui de l’Homme aux rats – et de critiquer, dans la pratique de Freud lui-mĂȘme, l’endoctrinement du sujet auquel il se serait livrĂ© – quand il communique, par exemple, au sujet un certain nombre de connaissances, d’élaborations thĂ©oriques, dont les malins d’aujourd’hui considĂšrent qu’il n’y a pas lieu de les prĂ©senter ainsi au patient. À cela d’ailleurs, dans la mĂȘme veine, Lacan rĂ©pond que ces formules que Freud pouvait transmettre au patient n’étaient justement pas, Ă  cette date, du savoir dĂ©jĂ  lĂ  et que si Freud pouvait se livrer Ă  ce qui nous paraĂźt ĂȘtre, Ă  nous, endoctrinement, c’est dans la mesure oĂč pour lui – et pour le patient –, il ne s’agissait nullement d’un savoir acquis et dĂ©jĂ  mĂąchĂ© ; au contraire, ces formules avaient valeur de vĂ©ritĂ©, puisque Freud Ă©tait dans le temps mĂȘme de les inventer, dans le mouvement de l’invention de la transformation de la vĂ©ritĂ© en savoir13Il n’est pas simple de rĂ©partir en deux classes, extĂ©rieures l’une Ă  l’autre, ce qui serait de l’ordre de la vĂ©ritĂ© et ce qui serait de l’ordre du savoir. Savoir et vĂ©ritĂ© ne se laissent pas rĂ©partir en deux classes, puisque ce qui, au moment naissant, se prĂ©sente comme vĂ©ritĂ©, devient savoir en s’enregistrant et en se dĂ©posant. Lorsque la vĂ©ritĂ© dĂ©pose ses armes, elle s’enregistre comme savoir. C’est un mouvement que l’on peut constater, ne serait-ce que dans l’histoire de la science. Il y a une extraordinaire implication subjective qui est nĂ©cessaire au temps de l’invention et qui, ensuite, se distribue aux enfants des Ă©coles d’une façon tout Ă  fait automatique. Songez Ă  la thĂ©orie des ensembles, au moment de sa naissance, Ă  ce qu’elle a coĂ»tĂ© subjectivement Ă  son inventeur, aux combats que cette vĂ©ritĂ© nouvelle a comportĂ©s. Si vous le comparez Ă  la façon dont c’est maintenant transmis aux petits, vous saisissez qu’il y a un facteur temps qui opĂšre. 14Nous retrouvons ce facteur temps. Il faut en effet bien voir que l’essentiel de la polĂ©mique psychanalytique – lĂ  oĂč vraiment elle se dĂ©chaĂźne – concerne le temps. Il y a Ă  prendre en considĂ©ration une affaire tout Ă  fait spĂ©ciale entre la psychanalyse et le temps. Cela va de la fameuse durĂ©e des sĂ©ances jusqu’à la durĂ©e totale d’une analyse. C’est une question qui mĂ©rite d’ĂȘtre posĂ©e qu’est-ce que le temps dans la psychanalyse ? 15Si nous restons dans le registre du savoir et de la vĂ©ritĂ©, nous avons une dĂ©finition trĂšs simple de ce non-savoir qui fait notre thĂšme la vĂ©ritĂ© est non-savoir. Cela a comme consĂ©quence que la vĂ©ritĂ© ne s’apprend pas. On peut, d’une certaine façon, soutenir que l’analyste ou l’analyse ait Ă  apprendre au sujet Ă  dire la vĂ©ritĂ©, mais ça ne passe pas par une pĂ©dagogie. C’est ce qui, Ă  l’occasion, peut d’emblĂ©e faire limite Ă  l’expĂ©rience analytique. Quand Lacan rappelle les conditions d’éthique qui peuvent ĂȘtre celles de l’analysibilitĂ© d’un sujet, il les fait porter de façon tout Ă  fait Ă©lective sur les rapports du sujet et de la vĂ©ritĂ©. 16La vĂ©ritĂ© ne s’apprend pas mais, Ă  l’occasion, ça se prophĂ©tise. En tout cas, ça se profĂšre. La vĂ©ritĂ© semble passer par la bouche de celui qui profĂšre, sans pour autant lui appartenir. Il y a de grandes figures classiques de ces profĂ©rations de la vĂ©ritĂ©, connexes Ă  une dĂ©possession du sujet. C’est prĂ©cisĂ©ment au moment oĂč le sujet lui-mĂȘme ne s’appartient plus, ne se maĂźtrise plus, que la vĂ©ritĂ© peut ĂȘtre supposĂ©e se dire par sa bouche. C’est de toujours qu’ont Ă©tĂ© connues les affinitĂ©s de la vĂ©ritĂ© et de l’inconscient. De toujours, on a pu constater qu’une baisse des fonctions de contrĂŽle peut ĂȘtre nĂ©cessaire – Ă  l’occasion provoquĂ©e artificiellement par l’ingestion d’un certain nombre de substances, comme le vin lorsqu’il s’agit du banquet, ou provoquĂ©e par des conditionnements physiques destinĂ©s Ă  conduire le sujet dans des zones un peu indĂ©cises de la conscience de soi – pour que, sur les lisiĂšres de l’inconscience, la vĂ©ritĂ© puisse fulgurer. La vĂ©ritĂ© apparaĂźt, de toujours, comme un manque au savoir. Elle peut prendre la forme de tous ces personnages supposĂ©s extĂ©rieurs au savoir, que ce soit la femme ou l’enfant, etc. 17Cela met donc Ă  l’horizon la notion paradoxale – mais c’est ce qui a l’air d’ĂȘtre le plus intĂ©ressant – d’un savoir sur la vĂ©ritĂ©. Ne serait-ce qu’à partir de lĂ , on peut dire que le mouvement de recherche de Lacan va dans le sens de formuler ce que pourrait ĂȘtre un savoir sur la vĂ©ritĂ©. Ce qu’il a baptisĂ© passe, au moment de la fin de l’analyse, n’est pas seulement moment de vĂ©ritĂ©, mais bien – c’est lĂ  son paradoxe – la possibilitĂ© d’un savoir sur cette vĂ©ritĂ©. Entre le moment interne de la passe – interne Ă  l’expĂ©rience – et son moment externe, dit de procĂ©dure – qui est un moment de vĂ©rification –, il y a l’attente de ce qu’une vĂ©ritĂ© puisse se complĂ©ter d’un savoir sur celle-ci, l’attente et aussi l’exigence – exigence fort paradoxale – que soit, prĂ©cisĂ©ment lĂ , surmontĂ© ce qui peut apparaĂźtre d’antinomie entre vĂ©ritĂ© et savoir. 18Cette notion est matĂ©rialisĂ©e dans les schĂ©mas des quatre discours, parmi lesquels le discours analytique se distingue d’inscrire le savoir Ă  une place formelle dite place de la vĂ©ritĂ©. Le paradoxe en est saillant dĂšs lors qu’on se rĂ©fĂšre Ă  la premiĂšre formule, celle qui met le savoir au-dessus et la vĂ©ritĂ© en dessous. LĂ , c’est bien d’une barre mise sur le savoir que la vĂ©ritĂ© se laisse espĂ©rer, au point que le savoir lui-mĂȘme puisse paraĂźtre liĂ© Ă  la fermeture de l’inconscient comme vĂ©ritĂ©. Il y a, en effet, une Ă©laboration de savoir qui a lieu dans la psychanalyse et qui peut paraĂźtre, Ă  Lacan lui-mĂȘme, d’un aloi fort douteux l’accent n’étant autant mis sur le savoir que pour renforcer la fermeture de l’inconscient. 19D’oĂč les difficultĂ©s pratiques des analystes avec la pĂ©dagogie de la thĂ©orie analytique, qui ont conduit les classiques orthodoxes – et les conduisent encore malgrĂ© le ridicule – Ă  demander et Ă  requĂ©rir de leurs analysants de s’abstenir, pour favoriser l’ouverture de l’expĂ©rience, d’avoir recours Ă  un savoir livresque de la psychanalyse. Ils ont l’idĂ©e un peu magique que le savoir en lui-mĂȘme serait la fermeture de l’expĂ©rience, qu’il serait contraire Ă  la vĂ©ritĂ© de l’expĂ©rience. C’est une façon un peu primaire de mettre en place les relations difficiles du savoir et de la vĂ©ritĂ©. On pourrait paraphraser Kant, quand il dit J’ai fixĂ© ses limites au savoir pour laisser place Ă  la foi. » [3] L’association libre consisterait Ă  dire J’ai fixĂ© ses limites au savoir pour laisser place Ă  la vĂ©ritĂ© », et prĂ©cisĂ©ment Ă  une vĂ©ritĂ© qui se profĂšre, Ă  la vĂ©ritĂ© du Je parle, Ă  la vĂ©ritĂ© qui ne se mesure plus Ă  rien d’autre, et certainement pas Ă  l’exactitude. 20La formule de Lacan que j’ai rappelĂ©e la derniĂšre fois [4] l’analyse [progresse essentiellement] dans le non-savoir » [5], veut dire qu’elle progresse essentiellement dans l’ordre de la vĂ©ritĂ©, dans l’ordre du Je ne sais pas. Ça laisse problĂ©matique ce que serait le Je sais final d’une analyse, d’une analyse qui aurait prĂ©cisĂ©ment progressĂ© dans le non-savoir, dans la vĂ©ritĂ©. Pourquoi cette expĂ©rience de vĂ©ritĂ©, de vĂ©ritĂ© en tant qu’antinomique au savoir, donnerait-elle lieu, in extremis, Ă  un Je sais final ? Et ce Je sais, qui peut le formuler ? La question a son importance, extrĂȘme, puisqu’il s’agit de savoir si la passe progresse elle aussi essentiellement dans le non-savoir, si la passe est une expĂ©rience de vĂ©ritĂ©, comme l’analyse, ou si elle est supposĂ©e Ă©tablir un autre rapport avec la vĂ©ritĂ© que le rapport qui prĂ©vaut dans le cours de l’expĂ©rience analytique. Ce que nous pouvons aussi qualifier d’expĂ©rience – celle de la passe en tant que distincte de l’expĂ©rience de l’analyse – ne suppose-t-il pas que le sujet y entretienne un autre rapport Ă  la vĂ©ritĂ© que dans le cours de son analyse, et, paradoxalement, un rapport de savoir avec la vĂ©ritĂ© ?La docte ignorance21Le terme de docte ignorance est venu Ă  propos de l’intertitre de Lacan Ce que le psychanalyste doit savoir ignorer ce qu’il sait [6]. J’ai dit, la derniĂšre fois, que je ferais rĂ©fĂ©rence Ă  Nicolas de Cues, auteur d’un traitĂ© qui s’intitule De la docte ignorance, et qui, consultĂ© par les moines de l’abbaye de Tegernsee, s’est mis, en 1452, Ă  leur Ă©crire pour leur parler de la docte ignorance [7]. 22Qu’est-ce que la docte ignorance ? C’est la notion d’une certaine articulation nĂ©cessaire entre le savoir et l’ignorance, la notion que savoir et ignorance ne sont pas extĂ©rieurs l’un Ă  l’autre, qu’il y a un point, justement au plus haut du savoir, oĂč le savoir coĂŻncide avec l’ignorance. Nicolas de Cues prĂ©sente les choses en faisant intervenir le terme d’amour. Il se questionne sur le point de savoir en quel sens l’amour sait ou l’amour ignore. Bien entendu, Ă  l’horizon, ce qui le motive dans cette construction, c’est d’essayer de saisir et de situer l’amour de Dieu, l’amour du sujet pour Dieu. Il insiste sur le fait de l’inaccomplissement de l’amour, sur la distinction de l’amour et de la possession, Ă  savoir que l’amour est un mouvement qui va vers, vers un terme, mais un terme qu’il ne peut saisir. Il insiste donc sur le caractĂšre infini ou indĂ©fini de l’amour dans sa progression. L’amour est dĂ©fini comme un mouvement qui cesserait si le terme final Ă©tait atteint, de telle sorte que, n’y Ă©tant pas encore et ayant toujours Ă  progresser, l’amour est fonciĂšrement une ignorance. On n’aime que ce que l’on ignore. NĂ©anmoins, si, d’un cĂŽtĂ©, on ignore, il faut, d’un autre, qu’on en ait quelque savoir ; sinon, on n’aimerait pas. Si on aime le Bien, si on ne sait aimer que ce qui est bon, il faut bien savoir qu’il existe du bon ; mais, dans le mĂȘme temps, on ignore ce qui est bon ; de telle sorte qu’aimer, pour l’esprit, c’est ĂȘtre sans repos, puisque le caractĂšre aimable de ce qui est aimĂ© est prĂ©cisĂ©ment inaccessible. 23Par ce petit apologue de l’amour – amour qui doit ĂȘtre Ă  la fois ignorance et pressentiment d’un savoir –, Nicolas de Cues introduit au privilĂšge de l’ignorance. La voie privilĂ©giĂ©e du rapport Ă  Dieu n’est pas la voie du savoir, mais bien celle de l’ignorance, et mĂȘme d’une ignorance mĂ©thodique. La rĂ©fĂ©rence de Cues est celle de la thĂ©ologie mystique dite nĂ©gative, celle du Pseudo-Denys, qui situe Dieu au-dessus de tout ce qui est intelligible, et conduit donc le sujet Ă  passer au-dessus de lui-mĂȘme. C’est lorsque le sujet entre dans l’ombre de la TĂ©nĂšbre », dĂ©laissant le savoir ou ce qu’il croit savoir, quand il a, non pas laissĂ© toute espĂ©rance mais, au contraire, au nom de cette espĂ©rance, laissĂ© tout savoir, qu’il a chance, s’il a Ă©tĂ© assez appliquĂ©, d’avoir accĂšs Ă  un rapport authentique Ă  Dieu. 24Cette notion d’un Dieu qui ne peut ĂȘtre compris, qui ne peut ĂȘtre embrassĂ© par le savoir, par aucun concept, est une thĂ©orie de l’infini. C’est la notion qu’une Ă©numĂ©ration Ă©puisante des signifiants du savoir est nĂ©cessaire. C’est d’ailleurs ainsi que se prĂ©sentent les traitĂ©s de thĂ©ologie mystique ils Ă©numĂšrent les noms de Dieu, les noms possibles de Dieu, pour conclure, s’agissant de chacun de ces noms, qu’il n’y est pas encore. Cette prĂ©sentation Ă©numĂ©rative n’est pas sans faire songer Ă  la façon dont Lacan Ă©crit le savoir supposĂ© des signifiants dans l’inconscient. C’est comme si, dans cette thĂ©ologie mystique, on se proposait de subjectiver assez de savoir, assez de signifiants – d’en rĂ©aliser l’exhaustion – pour vĂ©rifier que Dieu est incommensurable Ă  ce savoir. On Ă©numĂšre et on doit indĂ©finiment barrer les signifiants qui se proposent pour nommer Dieu. 25La question posĂ©e est de savoir dans quelle mesure cette suite est finie. Lacan Ă©crit, certes, le savoir supposĂ© prĂ©sent des signifiants dans l’inconscient comme une suite indĂ©finie, mais qui semble rester finie. Quand on se donne pour but de saisir l’objet dont il s’agit par exhaustion du savoir, pour atteindre enfin ce zĂ©ro de savoir qui serait la prĂ©sence mĂȘme de cet objet, il faut, pour commencer, le temps. Du temps, il en faut d’ailleurs pour lire les traitĂ©s de thĂ©ologie mystique ! Bien qu’ils soient basĂ©s sur un principe assez simple, sur un algorithme assez Ă©lĂ©mentaire, ces volumes mettent inlassablement en scĂšne, sur des pages et des pages, cette rature continue, indĂ©finie. Le facteur temps est ici tout Ă  fait vĂ©ritĂ© dĂ©pathĂ©tisĂ©e26En Ă©voquant cette formule des signifiants supposĂ©s prĂ©sents dans l’inconscient, je suis dĂ©jĂ  passĂ© de l’autre cĂŽtĂ©, sur l’autre versant, celui oĂč l’inconscient est savoir. 27La dĂ©finition de l’inconscient comme savoir pousse Ă  Ă©crire le savoir en dessous de la barre et Ă  inscrire, au-dessus, un terme dont on peut dire qu’il est le refoulĂ©, le retour du refoulĂ©, le retour du savoir refoulĂ©. C’est dans cette disposition que Lacan a pu dire de l’enseignement qu’il valait comme refoulement du savoir. 28 29Cela oblige Ă  distinguer deux espĂšces de savoir le savoir Plus je sais et le savoir Plus je ne sais pas, celui dont on peut seulement dire qu’il y a savoir et qui le dit. Cette distinction entre deux types de savoir – le savoir auquel le Je sais peut s’ajouter et le savoir auquel le Je sais ne peut pas s’ajouter – rend nĂ©cessaire, comme mĂ©diation, comme lien, la fonction du sujet supposĂ© savoir. C’est seulement Ă  partir du moment oĂč on distingue ces deux types de savoir – le savoir que je sais et le savoir qu’il y a sans que je puisse dire que je le sais –, c’est dans leur Ă©cart que le sujet supposĂ© savoir s’inscrit. Le sujet supposĂ© savoir est au fond une autre façon d’écrire le savoir en position de vĂ©ritĂ©. 30La promotion du savoir pour dĂ©finir l’inconscient est une promotion tout Ă  fait singuliĂšre. Elle est beaucoup moins Ă©vidente que l’équivalence de l’inconscient et de la vĂ©ritĂ©. L’équivalence de l’inconscient et de la vĂ©ritĂ© a ses lettres de noblesse ou ses lettres de crĂ©ance dans toute l’histoire de la pensĂ©e. L’équivalence de l’inconscient et du savoir est par contre quelque chose qui est profondĂ©ment moderne, contemporain. Nous en avons un maniement plus facile depuis que nous avons Ă  notre disposition les petits ordinateurs qui nous donnent une certaine prĂ©sentification d’un savoir sous une forme matĂ©rielle, dĂ©jĂ  prĂ©sent, en posant certes des problĂšmes d’accĂšs et d’usage dĂšs qu’il y a Ă©criture, mais qui nous est maintenant en quelque sorte imposĂ©, qui nous submerge. On pourrait dĂ©fendre que le dĂ©placement de la vĂ©ritĂ© au savoir dans la dĂ©finition de l’inconscient Ă©pouse ce mouvement historique dont nous sommes les calcul de la vĂ©ritĂ©31La promotion du savoir s’accompagne d’une dĂ©valorisation de la vĂ©ritĂ©. On en trouve les traces trĂšs sensibles dans l’enseignement de Lacan. Comme il m’est dĂ©jĂ  arrivĂ© de l’évoquer il y a pas mal de temps, cette dĂ©valorisation de la vĂ©ritĂ© semble soustraire Ă  la rhĂ©torique de Lacan ce terme de vĂ©ritĂ© qui, il faut le dire, en nourrissait beaucoup les effets. Elle propose au contraire, pour ordonner la vĂ©ritĂ©, de ne pas prendre pour rĂ©fĂ©rence la progression dialectique du non-savoir, de ne pas prendre pour rĂ©fĂ©rence le Socrate interrogateur ou la pythie au-delĂ  d’elle-mĂȘme – toutes ces figures admirables, classĂ©es, dont les effets pathĂ©tiques ne sont plus Ă  dĂ©montrer –, mais de prendre pour rĂ©fĂ©rence la logique mathĂ©matique. La dĂ©finition de l’inconscient comme savoir dĂ©pathĂ©tise la vĂ©ritĂ©, la fait virer du cĂŽtĂ© du mathĂšme et mĂȘme, prĂ©cisĂ©ment, du cĂŽtĂ© des mathĂ©matiques ou, au moins, de cet effort mathĂ©matique pour saisir et pour vider la vĂ©ritĂ© de sa charge Ă©motionnelle. Lacan n’a d’ailleurs jamais fait l’éloge de la passion de la vĂ©ritĂ©. Il a fait l’éloge de la passion de l’ignorance. C’était, Ă  cet Ă©gard, beaucoup plus prudent. Quand il s’agit de passion, on est dans un registre pathĂ©tique – registre qui est rĂ©duit dans la discipline de la logique. 32Dans la phrase qui nous occupe – oĂč il s’agit du non-su –, la rĂ©fĂ©rence Ă  toute logique digne de ce nom » est une rĂ©fĂ©rence Ă  la logique mathĂ©matique ou, avant l’émergence de la logique mathĂ©matique, Ă  des logiques qui peuvent la laisser pressentir et qui, sans se mathĂ©matiser – il faudra attendre le xixe siĂšcle –, dĂ©pathĂ©tisent dĂ©jĂ  la vĂ©ritĂ©. La logique stoĂŻcienne, Ă  laquelle Lacan se rĂ©fĂšre aussi, est tout Ă  fait en mesure de dĂ©pathĂ©tiser la vĂ©ritĂ©. Par exemple, quand elle raisonne sur des phrases comme S’il fait jour alors il fait jour. Vous avez, lĂ , un maniement de la vĂ©ritĂ©, une rĂ©flexion sur la vĂ©ritĂ©, qui n’a rien Ă  voir avec la passion de la vĂ©ritĂ©, mais strictement Ă  voir avec un ordonnancement signifiant. Quand Lacan parle de toute logique digne de ce nom » [8], il fait rĂ©fĂ©rence Ă  la logique mathĂ©matique ou Ă  ce qui, dans l’histoire, la prĂ©cĂšde et se trouve aussi digne de ce nom, c’est-Ă -dire Ă  ce qui vide la vĂ©ritĂ© de sa passion. Ça rĂ©duit la vĂ©ritĂ© Ă  n’ĂȘtre qu’une valeur, Ă  ĂȘtre dĂ©duite, Ă  ĂȘtre ce qui se dĂ©duit d’une combinaison de propositions. 33Lorsqu’on prend la proposition C et la proposition Q, on a, entre ces deux propositions, un rapport que j’écris simplement par le losange de Lacan qui permet de dire toutes les relations possibles entre ces deux propositions. 34 35Si on a une valeur de vĂ©ritĂ© pour l’une, une valeur de vĂ©ritĂ© pour l’autre, et si on dĂ©termine la relation dont il s’agit – par exemple la relation d’implication –, on obtient trois places la place de la premiĂšre proposition, la place de la relation qui les lie, la place de la seconde proposition. Puis on a la quatriĂšme place qui permet d’écrire la valeur de vĂ©ritĂ©, qu’en l’occurrence on Ă©crira comme Ă©tant celle du vrai. 36 37Selon les lettres de valeur de vĂ©ritĂ© que l’on va mettre aux places 1, 3 et 4, peuvent se dĂ©finir les diffĂ©rentes relations de ces propositions. Il s’agit d’un usage de la vĂ©ritĂ© qui la rĂ©duit Ă  n’ĂȘtre rien d’autre qu’une lettre, V, par opposition Ă  une autre lettre, F – F pour Faux. Dans cet ordre, la vĂ©ritĂ© n’est plus rien d’autre que l’index d’une combinaison signifiante. On appelle ça les tables de vĂ©ritĂ©. À l’occasion, par exemple pour les principales relations logiques, il faut les apprendre par cƓur. 38Ces tables de vĂ©ritĂ© n’ont rien Ă  voir avec les Tables de la Loi. Cet usage, que l’on peut dire trĂšs ravalĂ©, de la vĂ©ritĂ© n’a rien Ă  voir avec une vĂ©ritĂ© prophĂ©tique. C’est seulement la mise en place d’un certain nombre de conventions qui lient des lettres. C’est un calcul de la vĂ©ritĂ©, un savoir qui est un calcul de la vĂ©ritĂ©. Ne s’y trouve pas du tout un concept de la vĂ©ritĂ© comme extĂ©rieure au savoir – ni extĂ©rieure au savoir, ni critique du savoir – mais, au contraire, une rĂ©sorption de la notion de vĂ©ritĂ© dans l’ordre du calcul. Il s’agit d’une vĂ©ritĂ© enchaĂźnĂ©e, vidĂ©e de signification et, par lĂ -mĂȘme, de passion. Il n’y est plus question de la vĂ©ritĂ© qui dit Je parle, mais de la vĂ©ritĂ© qui dit Je la boucle. Elle ne dit mĂȘme pas ça ; elle ne dit plus rien ! C’est une vĂ©ritĂ© qui, purement et simplement, s’écrit, qui tient Ă  des chaĂźnes de lettres. 39Vous n’avez lĂ  que deux propositions qui sont liĂ©es, mais il pourrait y en avoir dix ou quinze avec diffĂ©rents foncteurs entre chaque proposition, dont il faut apprendre Ă  savoir comment elles se rapportent les unes aux autres par rapport aux parenthĂšses qui peuvent s’y trouver, pour pouvoir, Ă  la fin, Ă©crire un grand V ou un grand F final. Faire cet exercice dĂ©gage prĂ©cisĂ©ment l’idĂ©e de ce que c’est que de n’en rater pas une ! Ce dont il s’agit, c’est finalement de remplir la petite case qui est au bout. Toutes ces propositions, les diffĂ©rentes parenthĂšses qu’il y a entre elles, sont donnĂ©es et puis, au bout, il y a une case vide oĂč il faut ĂȘtre capable d’écrire V ou de la vĂ©ritĂ© dans le savoir40C’est un Ă©tat ravalĂ© de la vĂ©ritĂ©, un Ă©tat oĂč la vĂ©ritĂ© est susceptible d’un calcul intĂ©gralement inclus dans le savoir. Un savoir, c’est au fond une table de vĂ©ritĂ©. C’est un savoir parce que c’est une certaine articulation de signifiants. Quand Lacan amĂšne ça, il le fait contre le Lacan des annĂ©es cinquante, en le qualifiant, de plus, comme la condition mĂȘme de l’établissement du psychanalyste dans l’acte psychanalytique. Je le cite, dans son texte Radiophonie » quelqu’un ne s’y assoit [dans l’acte psychanalytique] que de la façon [
] qu’il y impose au vrai » [9]. 41S’asseoir fait assez image. C’est vraiment se mettre dans la position analytique, qui est fonciĂšrement une position assise. On pourrait dire que c’est la mĂȘme chose pour la position d’écriture – encore que Nietzsche disait qu’il fallait Ă©crire en dansant –, mais on n’a pas encore imaginĂ© de dire qu’il fallait psychanalyser en dansant ; donc, on s’assoit. 42Le mot façon est lui-mĂȘme assez indicatif du caractĂšre conventionnel et artificiel que prend la vĂ©ritĂ© dans l’expĂ©rience analytique. Il rappelle que le cadre analytique lui-mĂȘme est une table de vĂ©ritĂ©. C’est un dispositif fait pour que s’inscrivent un certain nombre de signifiants, moyennant quoi il y aura l’inscription de la valeur de vĂ©ritĂ© au terme, au point oĂč s’interrompt la chaĂźne. Autrement dit, l’analyse impose une façon au vrai. Ça traduit l’implication de l’acte analytique dans la production et l’émergence des effets de vĂ©ritĂ©. 43Lacan fait varier ce mot, façon, dont je dis qu’il renvoie Ă  l’artifice de l’expĂ©rience analytique, en l’écrivant l’effaçon [10]. Ce Witz, connu, a une valeur trĂšs prĂ©cise qu’il faut resituer. Il signifie qu’il n’y a pas de vĂ©ritĂ© donnĂ©e, que la condition de l’émergence de la vĂ©ritĂ© dans l’expĂ©rience analytique passe d’abord par l’effacement de ce qui serait une vĂ©ritĂ© en soi, de la mĂȘme façon que le F ou le V de la logique mathĂ©matique ne repose sur aucune vĂ©ritĂ© de nature. Au niveau du S’il fait jour il fait jour, il n’y a absolument pas Ă  ouvrir les yeux pour voir s’il fait jour ou s’il fait nuit. Il n’y a pas Ă  y ouvrir les yeux sur autre chose que sur le morceau de papier oĂč s’inscrit la proposition. Au contraire, il faut commencer par fermer les yeux, par effacer. À cet Ă©gard, un seul savoir donne l’effaçon du vrai, un seul savoir est la condition de l’acte analytique le savoir de la logique. Il n’y a pas lĂ  Ă  ouvrir les yeux sur un monde de culture. Lacan le dit Un seul savoir donne ladite effaçon la logique pour qui le vrai et le faux ne sont que lettres Ă  opĂ©rer d’une valeur. » [11] C’est quelque chose de radical, une variation Ă  180 degrĂ©s par rapport Ă  la conception pathĂ©tique de la vĂ©ritĂ©. 44Faire de la logique mathĂ©matique la rĂ©fĂ©rence de la vĂ©ritĂ©, faire d’un savoir bien particulier la rĂ©fĂ©rence Ă  la vĂ©ritĂ©, c’est sans doute ce Ă  quoi se rĂ©fĂšre Lacan dans le passage sur le non-su de sa Proposition
 » Cette Proposition
 », il faut bien s’apercevoir qu’elle n’est pas sous le rĂ©gime de la premiĂšre distinction vĂ©ritĂ©/savoir. Elle n’est pas sous le rĂ©gime oĂč la vĂ©ritĂ© est au-dessus de la barre et le savoir en dessous. La Proposition
 » de la passe chez Lacan est sous le rĂ©gime de la bonne façon de faire avec la vĂ©ritĂ©, Ă  savoir la façon logique effacer la passion de cette vĂ©ritĂ© pour n’en garder que sa valeur de lettre, de lettre parmi les autres. Autrement dit, contrairement Ă  ce qu’on peut croire quand on y regarde un peu trop vite, la Proposition
 » de la passe est bien fondĂ©e sur une domination du savoir sur la vĂ©ritĂ©. On pourrait mĂȘme dire que ce que pourrait ĂȘtre la rĂ©fĂ©rence de Lacan quand il fait du non-su le cadre mĂȘme de ce savoir, ce serait la table de vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme. À condition de n’en pas rater une, on finit par savoir la valeur de vĂ©ritĂ© de ce qui a Ă©tĂ© ainsi enchaĂźnĂ©. De telle sorte que le non-su pourrait ĂȘtre la vĂ©ritĂ© de la combinaison, la valeur de vĂ©ritĂ© de la combinaison, et la table de vĂ©ritĂ©, Ă  proprement parler, le cadre du savoir et rĂ©el45Cette articulation du savoir et de la vĂ©ritĂ© ne rĂ©partit pas savoir et vĂ©ritĂ© l’un par rapport Ă  l’autre, mais les fait tenir ensemble. Cette inclusion de la valeur de vĂ©ritĂ© dans le savoir conduit plutĂŽt Ă  distinguer la vĂ©ritĂ© et le rĂ©el. Confondre vĂ©ritĂ© et rĂ©el conduit au savoir absolu. C’est bien Ă  partir du moment oĂč Lacan a dĂ©fini l’inconscient par le savoir – qui implique un mode d’inclusion de la vĂ©ritĂ© dans le savoir – qu’il a fallu distinguer et cerner le rĂ©el par rapport au savoir et Ă  la vĂ©ritĂ©. Et ce n’est pas parce que ces chemins ont Ă©tĂ© foulĂ©s de nombreuses fois que ça va de soi. 46Les Écrits se terminent, au contraire, par une Ă©quivalence de la vĂ©ritĂ© et du rĂ©el. C’est bien pourquoi ça garde finalement sa consistance, puisque ça se rĂ©partit aprĂšs sur des termes diffĂ©rents. L’équivalence de la vĂ©ritĂ© et du rĂ©el mobilise, d’une façon plus confuse sans doute, ce qui trouve Ă  se dĂ©plier aprĂšs. 47Tout le texte de La science et la vĂ©ritĂ© », par lequel Lacan termine ses Écrits, est animĂ© par une Ă©quivalence du rĂ©el et de la vĂ©ritĂ©. Dans son SĂ©minaire, Lacan a dit qu’il aurait pu l’appeler Le savoir et la vĂ©ritĂ© ». C’est peut-ĂȘtre lĂ  que l’équivalence de la vĂ©ritĂ© et du rĂ©el est poussĂ©e Ă  son comble. La vĂ©ritĂ© y est dĂ©finie, non comme un effet du signifiant, mais, au contraire, comme une cause, comme un point voilĂ© dans la science. Lacan dĂ©finit la vĂ©ritĂ© comme cause et comme ce qui reste voilĂ© dans la science. Ne serait-ce que par cette mise en place, c’est Ă  l’opposĂ© de donner comme exemple au psychanalyste la rĂ©duction scientifique de la vĂ©ritĂ©. 48Il y a un autre indice de cette Ă©quivalence faite entre vĂ©ritĂ© et rĂ©el. Devisant sur la vĂ©ritĂ© freudienne, Lacan fait valoir, en 1966, l’horrible de cette vĂ©ritĂ©. Mesurons l’écart avec la formule qui viendra sept ans plus tard, celle de l’horreur de savoir [12]. Ce qui indexe ces formules, c’est ce mot d’horreur. Les Écrits se terminent sur l’horreur de la vĂ©ritĂ©. On ne peut pas pousser le pathĂ©tique de la vĂ©ritĂ© plus loin. Le terme d’horreur dĂ©signe le culmen du pathĂ©tique, le moment oĂč le pathĂ©tique fait dĂ©faillir le sujet lui-mĂȘme. ExtrĂȘme d’une passion du sujet oĂč il pĂątit tellement de ce dont il s’agit, qu’il y a une insurrection de tout son corps et de tout son ĂȘtre pour le refuser. 49Le volume des Écrits se termine donc sur le pathĂ©tique de la vĂ©ritĂ©. La chose principale qui vient aprĂšs les Écrits, c’est la Proposition
 » sur la passe. Cette Proposition
 » se situe dĂ©jĂ  sur un autre versant de la vĂ©ritĂ©. Elle est sur un abord oĂč Lacan suppose, au contraire, qu’on ne se prenne pas Ă  cet horrible de la vĂ©ritĂ©, mais qu’on s’occupe d’une logique de la vĂ©ritĂ© – une logique de la vĂ©ritĂ© et non pas son non-savoir de Bataille50Il y a quelque chose que l’on ne peut pas Ă©luder dans ce dĂ©bat sur le non-savoir chez Lacan et ses rapports avec l’horrible de la vĂ©ritĂ©. On le trouve dans les soubassements des rĂ©fĂ©rences au non-savoir que Lacan fait dans Variantes de la cure-type », son premier Ă©crit aprĂšs le SĂ©minaire i. Cette rĂ©fĂ©rence concerne ce qui fut assez cĂ©lĂšbre dans le Paris des annĂ©es cinquante les confĂ©rences sur le non-savoir [13] faites par Georges Bataille au CollĂšge de philosophie de Jean Wahl – lieu Ă©minent, frĂ©quentĂ© par Lacan lui-mĂȘme. Il y a de trĂšs nombreuses confĂ©rences de Lacan – peu ont Ă©tĂ© conservĂ©es – faites au CollĂšge de philosophie de J. Wahl, lequel fut son interlocuteur pendant un certain temps jusqu’à ce qu’il ait quelques mots ironiques dans Les Temps modernes Ă  l’égard de Lacan – un Lacan qui serait tout embobinĂ© de Hegel. Il y a, Ă  ce propos, une note mĂ©chante dans les Écrits [14], disant que le monsieur qui l’accuse d’ĂȘtre hĂ©gĂ©lien ferait mieux de se tenir au courant de son SĂ©minaire et qu’il s’apercevrait ainsi que c’est justement lĂ  oĂč il passe au-delĂ  des rĂ©fĂ©rences hĂ©gĂ©liennes qu’on vient lui reprocher de s’y maintenir. Cet Ă©pisode a mis un terme, je crois, aux confĂ©rences de Lacan au CollĂšge de philosophie. 51Jean Wahl, personne ne le connaĂźt plus tellement. C’était un professeur de la Sorbonne, toujours curieux de tout, dont, pour ma part, je garde un seul souvenir pour m’ĂȘtre trouvĂ© une fois – la seule – au cours de Paul RicƓur et avoir vu un petit monsieur en impermĂ©able se glisser sur ma droite. J’avais reconnu Jean Wahl. Ce qui m’a Ă©tonnĂ©, c’est qu’il prenait des notes sur un ticket de mĂ©tro. Il a pris, en notes, tout le cours de Paul RicƓur sur un ticket de mĂ©tro ! C’était peut-ĂȘtre mĂȘme un ticket de mĂ©tro usagĂ© qu’il avait conservĂ©. Ça donne une certaine idĂ©e du rapport entre savoir et non-savoir. De tout ce que dĂ©ployait comme Ă©rudition Paul RicƓur sur Husserl, Jean Wahl prĂ©levait un agalma de lui seul connu. 52C’est une digression pour marquer qu’il y a tout lieu de penser que Lacan a entendu ces confĂ©rences de Georges Bataille. Il frĂ©quentait le CollĂšge de philosophie et avait mĂȘme des relations personnelles avec Bataille. Sans mĂȘme avoir le tĂ©moignage direct de sa prĂ©sence Ă  ces confĂ©rences, on peut donc la supposer. Elles n’ont Ă©tĂ© publiĂ©es que dix ans plus tard, aprĂšs la mort de Bataille, sous la forme oĂč il les avait laissĂ©es un certain nombre de notes. Quelqu’un qui y a assistĂ© m’a dit que c’était trĂšs pathĂ©tique et Ă©tonnant, puisque Georges Bataille n’y parlait pas du non-savoir de façon extĂ©rieure, comme d’un objet Ă  dĂ©montrer, mais que c’était pour lui une vraie expĂ©rience. Il Ă©tait tout le temps sur le bord de se taire, dans des vacillements, des silences profonds. Je crois que la rĂ©fĂ©rence de Lacan au non-savoir vient de ces confĂ©rences de 1951-1953 ou, du moins, que c’est Bataille qui a rĂ©veillĂ© en lui le souvenir de Cues. 53Le point de dĂ©part de Bataille y est assez remarquable la confĂ©rence d’un philosophe anglais de logique mathĂ©matique, Alfred Jules Ayer – n’ayant pas laissĂ© un grand nom dans la logique elle-mĂȘme mais bien dans la philosophie anglaise. C’est donc une confĂ©rence d’Ayer qui a motivĂ© l’insurrection de Georges Bataille, au moment oĂč, autour d’un pot oĂč il se trouvait avec Merleau-Ponty, Ayer avait formulĂ© la proposition qu’Il y avait le soleil avant que les hommes existent. Nos philosophes se lancent alors dans une controverse sur la vĂ©racitĂ© de cette proposition. On voit bien Ayer, assis sur son positivisme, formuler comme une Ă©vidence l’indĂ©pendance du rĂ©el par rapport Ă  l’humanitĂ©. 54Ça dĂ©range Georges Bataille qui y trouve le point de dĂ©part de ses confĂ©rences sur le non-savoir. Bataille ressent une gĂȘne dans cette proposition, puisque c’est Ă  la fois parfaitement raisonnable, mais, qu’en mĂȘme temps, c’est un parfait non-sens. Ce que Bataille trouve inacceptable pour l’homme, c’est la proposition selon laquelle il existerait quelque chose avant lui. Il qualifie donc la proposition d’Ayer d’inattaquable du point de vue logique, mais il reste – comme il dit – une gĂȘne, et cette gĂȘne l’intĂ©resse. En formulant cette proposition, on croit savoir quelque chose sur le soleil. C’est une phrase qui formule au fond un Il y a. Il y avait le soleil avant que les hommes existent. On croit savoir, mais, en fait, nous dit Bataille, on ne sait rien. C’est Ă  ça que Bataille se fie, d’une façon que l’on peut dire trĂšs courageuse, pour parler du non-savoir et de la gĂȘne qu’il y a dans une proposition de cet ordre. Ce que Bataille vise, c’est la disparition du sujet lui-mĂȘme. Dans ses confĂ©rences sur le non-savoir, il y en a une sur la mort – la mort comme non-savoir – oĂč il peut dire que le non-savoir concernant la mort est de la mĂȘme nature que le non-savoir en gĂ©nĂ©ral. 55Ce que Bataille donne comme dĂ©finition du non-savoir est une dĂ©finition tout Ă  fait bataillienne, faite d’une sorte de flou qui vous enveloppe Pour prĂ©ciser ce que j’entends par ce non-savoir ce qui rĂ©sulte de toute proposition lorsqu’on cherche Ă  aller au fond de son contenu, et qu’on en est gĂȘnĂ©. » [15] Elle comporte la notion qu’au fond de toute proposition, de tout Ă©noncĂ©, il y a finalement quelque chose de pas trĂšs ragoĂ»tant. C’est la notion que sous la barre, sous la barre de tout Ă©noncĂ©, sous ce qu’il appelle proposition et qui est aprĂšs tout un terme logique – Ayer ayant sans doute fait une confĂ©rence sur la logique des propositions et sur la vĂ©ritĂ©, puisqu’il y a un livre de lui qui porte lĂ -dessus –, il y a quelque chose d’horrible, qu’on n’arrivera finalement jamais Ă  savoir, parce qu’on n’y est pas. On n’y est pas, pas plus que devant le soleil d’Ayer. 56On voit bien d’un cĂŽtĂ©, l’homme de la science, celui qui tient mordicus Ă  ce que le savoir soit dans le rĂ©el – qu’il y ait ou non quelqu’un pour le savoir – et, d’un autre cĂŽtĂ©, Bataille qui rĂ©inclut ici le pathĂ©tique. Parler de gĂȘne n’est rien d’autre que d’inclure le pathĂ©tique et de laisser soupçonner que, sous ces propositions d’allure innocente, il y a quand mĂȘme quelque chose qui rĂŽde, quelque chose qui est de l’ordre de l’horrible. 57C’est pourquoi, de façon tout Ă  fait singuliĂšre, Bataille prend comme exemple le sacrifice. Il Ă©tudie les similitudes du non-savoir et du sacrifice. Ce ne sont que quelques pages, mais c’est trĂšs surprenant Dans le sacrifice, on dĂ©truit un objet, mais non complĂštement, il reste un rĂ©sidu [
]. La satisfaction immĂ©diate que donne une vache Ă©gorgĂ©e est soit celle du paysan, soit celle du biologue, mais c’est ce qui est exprimĂ© dans le sacrifice. La vache Ă©gorgĂ©e n’a rien Ă  [voir] avec toutes ces conceptions pratiques. » [16] On n’égorge donc pas la vache pour un usage bassement utilitaire. Bataille ajoute Dans tout cela [la pratique du biologue ou du paysan], il y avait une connaissance limitĂ©e, mais solide. Lorsqu’on s’est livrĂ© Ă  la destruction rituelle de la vache, on a dĂ©truit toutes les notions auxquelles la vie simple nous avait habituĂ©s. » [17] 58Qu’est-ce que Bataille essaye de faire valoir Ă  travers cet apologue ? C’est un petit apologue ; ce n’est pas une thĂ©orie du sacrifice. Disons que c’est une thĂ©orie du sacrifice donnĂ©e par aperçus, qu’il faut reconstituer. Ce que Bataille essaye de faire valoir, c’est qu’il y a une destruction du savoir dans le sacrifice de l’objet. Il y a dans le sacrifice destruction du savoir, ainsi que recherche mĂȘme de l’horreur AtmosphĂšre de la mort, de la disparition du savoir, naissance de ce monde qu’on appelle sacrĂ© ; il y a lĂ  possibilitĂ© de dire du sacrĂ© qu’il est le sacrĂ©, mais Ă  ce moment-lĂ  le langage doit au moins subir un temps d’arrĂȘt. » [18] Bataille prĂ©sente le moment du sacrifice comme, Ă  la fois, la destruction du savoir et une recherche d’horreur. Quand l’horreur surgit sous les espĂšces du sacrĂ©, quand cette vache Ă©gorgĂ©e est lĂ  pantelante, le langage dĂ©faille. C’est Ă  cette occasion que Bataille se demande s’il peut mĂȘme continuer de parler Je suis en mĂȘme temps devant vous comme un bavard donnant toutes les raisons que j’aurais de me taire je peux aussi me dire que peut-ĂȘtre je n’ai pas le droit de me taire, position encore difficile Ă  soutenir. » [19] 59Il y a dans cette production mĂ©thodique de l’horreur par le sacrifice, le pressentiment – et mĂȘme dĂ©jĂ  la formulation – de la connexion du dĂ©chet et de l’agalma. Il nous fait voir un non-savoir qui n’est pas du tout comparable au non-savoir de l’absence des hommes devant le soleil, quand on suppose le soleil prĂ©cĂ©der de beaucoup l’existence des hommes. La phrase d’Ayer s’enchante d’un savoir qui est lĂ  sans l’homme, qui n’est pas pour l’homme, qui pose un rĂ©el oĂč il n’y a personne pour voir et pour savoir. Par contre, ce que Bataille fait voir, c’est le mĂȘme non-savoir, mais comme destruction. C’est comme si, Ă  Ayer qui parle du soleil d’avant les hommes, Bataille opposait ce soleil qui pourrait trĂšs bien rester lĂ  une fois que le savoir scientifique nous aurait permis de dĂ©truire l’humanitĂ© ; non pas dans la paix d’avant, mais comme le rĂ©sultat de la guerre d’ qu’il en reste chez Lacan60Qu’en reste-t-il comme marque chez Lacan ? 61Dans le cadre de ses confĂ©rences sur le non-savoir, Bataille fait un sort trĂšs important Ă  la pratique de l’amok [20], qui est, comme il s’exprime, une singuliĂšre crise de violence qui n’est pas rare dans les Ăźles de la Malaisie » et qui prĂ©cipite dans la mort, puisqu’il voue celui qu’il possĂšde au meurtre dĂ©lirant » [21]. L’amok, c’est une crise de violence quasiment codifiĂ©e, oĂč le sujet est Ă  un moment pris de la passion brĂ»lante, de l’exigence de saisir un poignard et d’aller tuer le premier qui passe L’amok est la soif et la rage obscure de tuer. Il s’agit armĂ© d’un poignard Ă  lame ondulĂ©e, d’un kriss malais, de se jeter sur le premier passant venu et de frapper Ă  mort [jusqu’à ce] qu’un autre menacĂ© finalement se dĂ©fende et l’abatte. » [22] Bataille prĂ©cise que le sujet sait que son geste n’a qu’une issue L’amok n’est au fond que le suicide le plus ouvert, qui s’ouvre au dĂ©lire illimitĂ©, au dĂ©lire infiniment ouvert de la mort. » [23] 62Au cƓur des confĂ©rences de Bataille sur le non-savoir, pour incarner d’une façon sensible la destruction qui pour lui est au cƓur du non-savoir, avec le rĂ©sidu qui reste, il y a la mort. Il y a un passage trĂšs singulier dans Radiophonie », oĂč Lacan explique pourquoi il se moque au fond du slogan du non-savoir Ce qu’il y a d’admirable, c’est la prĂ©tention de qui voudrait se faire aimer sans ce matelas [de savoir]. Il s’offre la poitrine nue. Qu’adorable doit ĂȘtre son “non-savoir”, comme on s’exprime assez volontiers dans ce cas ! » [24] Ensuite – et c’est lĂ  ce qui est singulier – Lacan nous dit que le slogan du non-savoir est un leurre qu’on dirige contre lui pour l’avoir c’est un leurre qu’on a, je crois, imaginĂ© pour en justifier un amok fait Ă  mon Ă©gard » [25]. L’amok, si cher Ă  Bataille dans ses confĂ©rences de 1951-1953, revient dans ce texte de Lacan en 1971, au moment oĂč il qualifie exactement ce qu’on pourrait appeler une controverse thĂ©orique qui le vise et qu’il caractĂ©rise exactement comme un amok – une tentative folle de meurtre dans le but de se faire tuer. Notes [*] Miller L’orientation Lacanienne. Le banquet des analystes » [1989-1990], enseignement prononcĂ© dans le cadre du dĂ©partement de psychanalyse de l’universitĂ© de Paris viii, leçon du 2 mai 1990. Texte transcrit et Ă©tabli par Jacques PĂ©raldi, Ă©ditĂ© par Yves Vanderveken pour La Cause freudienne. Non relu par l’auteur. Cette leçon suit chronologiquement celle parue dans La Cause freudienne n° 75, juin 2010, intitulĂ©e Logiques du non-savoir en psychanalyse », p. 169-184 [ndlr]. [1] Miller Logiques du non-savoir en psychanalyse », La Cause freudienne, n° 75, juin 2010, p. 169-184. [2] Lacan J., Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École », Autres Ă©crits, Paris, Seuil, 2001, p. 249. Le texte est d’abord paru dans Scilicet, n°1, Paris, Seuil, 1968, p. 20-21. C’est Ă  cette Ă©dition que Jacques-Alain Miller se rĂ©fĂšre dans cette leçon, le volume intitulĂ© Autres Ă©crits n’étant alors pas encore paru. [3] Cf. Kant E., PrĂ©face » de la seconde Ă©dition [1787] de la Critique de la raison pure, Paris, puf, 1975, p. 24. Dans cette traduction classique par AndrĂ© Tremesaygues & Bernard Pacaud, la phrase est ainsi traduite Je dus donc abolir le savoir afin d’obtenir une place pour la croyance. » [4] Cf. Miller, Logiques du non-savoir en psychanalyse », La Cause freudienne, n° 75, op. cit. [5] Cf. Lacan J., Variantes de la cure-type », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 361. [6] Ibid., p. 349. [7] Cues N. de, Lettres aux moines de Tegernsee sur la docte ignorance ; Du jeu de la boule, Paris, L’Ɠil-François-Xavier de Guibert, 1985. [8] Lacan J., Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École », Autres Ă©crits, op. cit. [9] Lacan J., Radiophonie », Autres Ă©crits, op. cit., p. 427. [10] La citation prĂ©cĂ©dente complĂšte est Je tiens ici Ă  marquer que quelqu’un ne s’y assoit que de la façon, de l’effaçon plutĂŽt, qu’il y impose au vrai. », idem. [ndlr] [11] Lacan J., id. [12] Cf. Lacan J., Note italienne », Autres Ă©crits, op. cit., p. 309. [13] Les ConfĂ©rences » de Bataille sont publiĂ©es dans les ƒuvres complĂštes tome viii, Paris, Gallimard, 1976 – ce sont en fait des transcriptions. Dans l’ordre, sans compter la premiĂšre qui est une Ă©mission dont on ne sait plus trĂšs bien apparemment oĂč elle fut enregistrĂ©e, Le sacrĂ© au xxe siĂšcle » [p. 187-189], celles qui ont eu lieu au CollĂšge philosophique » sont Les consĂ©quences du non-savoir », 12 janvier 1951 [p. 190-196], suivie d’une Discussion » [p. 197-198] ; L’enseignement de la mort », les 8 et 9 mai 1952 [p. 199-209] ; Le non-savoir et la rĂ©volte », 24 novembre 1952 [p. 210-213] ; enfin, Non-savoir, rire et larmes », 9 fĂ©vrier 1953 [p. 214-233]. [14] Cf. Lacan J., Subversion du sujet et dialectique du dĂ©sir », Écrits, op. cit., p. 804, note 1. [15] Bataille G., Les consĂ©quences du non-savoir », ƒuvres ComplĂštes, tome viii, op. cit., p. 191. [16] Ibid., p. 193-194. [17] Ibid., p. 194. [18] Ibid. [19] Ibid. [20] Bataille G., L’enseignement de la mort », ƒuvres complĂštes, tome viii, op. cit., p. 199-209 et la note de la page 560 qui reprend l’édition de Tel Quel. [21] Ibid., p. 560. [22] Ibid. [23] Ibid. [24] Lacan J., Radiophonie », Autres Ă©crits, op. cit., p. 441. [25] Ibid. La pluralitĂ© des opinions fait-elle obstacle Ă  l'exigence de vĂ©ritĂ© ? L 2009 La science relĂšve-t-elle du seul dĂ©sir de vĂ©ritĂ© ? L 2009 Peut-on douter d’une vĂ©ritĂ© dĂ©montrĂ©e ? S 2009 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s indiscutables ? S 2009 Toute vĂ©ritĂ© est-elle relative ? ES 2009 Pourquoi vouloir Ă  tout prix connaĂźtre la vĂ©ritĂ© ? ES 2009 La vĂ©ritĂ© peut-elle changer ? S 2008 Y a-t-il d’autres moyens que la dĂ©monstration pour Ă©tablir une vĂ©ritĂ© ? S 2008 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s qui Ă©chappent Ă  la raison ? S 2008 La vĂ©ritĂ© est-elle libĂ©ratrice ? ES 2008 La vĂ©ritĂ© est-elle relative Ă  une culture ? S 2007 L'expression c'est ma vĂ©ritĂ© » a-t-elle un sens ? STG 2006 Dire que la vĂ©ritĂ© est relative, est-ce dire qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ© ? ES 2006 Faut-il prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă  la vĂ©ritĂ© ? ES 2006 La vĂ©ritĂ© rend-elle heureux ? ES 2005 Une interprĂ©tation peut-elle prĂ©tendre Ă  la vĂ©ritĂ© ? ES 2005 La vĂ©ritĂ© est-elle la valeur suprĂȘme ? S 2004 L'esprit cesse-t-il d'ĂȘtre libre lorsque la vĂ©ritĂ© s'impose Ă  lui ? L 2004 Toute vĂ©ritĂ© est-elle dĂ©montrable ? ES 2004 Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s indiscutables ? ES 2004 Faut-il chercher la vĂ©ritĂ© au-delĂ  des apparences ? STG 2004 La vĂ©ritĂ© est-elle toujours prĂ©fĂ©rable Ă  l'illusion ? STG 2004 Faut-il sĂ©parer la beautĂ© et la vĂ©ritĂ© ? S 2003 La vĂ©ritĂ© dĂ©pend-elle de nous ? S 2003 Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă  dire ? S 2003 La rigueur d'un raisonnement suffit‑elle pour garantir la vĂ©ritĂ© ? L 2003 Le dialogue est-il le chemin de la vĂ©ritĂ© ? ES 2003 Peut-on avoir de bonnes raisons de ne pas dire la vĂ©ritĂ© ? STG 2003 Suffit-il de connaĂźtre la vĂ©ritĂ© pour renoncer Ă  ses prĂ©jugĂ©s ? STG 2002 Toute vĂ©ritĂ© est-elle vĂ©rifiable ? STG 2002 Pour chercher la vĂ©ritĂ©, faut-il s'affranchir de toute subjectivitĂ© ? S 2002 Peut-on s'accorder sur des vĂ©ritĂ©s morales ? S 2002 Les vĂ©ritĂ©s scientifiques sont-elles indiscutables ? S 2002 La vĂ©ritĂ© n'est-elle recherchĂ©e que pour les avantages qu'on en attend ? ES 2001 De quelle vĂ©ritĂ© l'opinion est-elle capable ? ES 2001Cf. Manuel p. 304-319. Voir aussi l'introduction sur l'Opinion et la Connaissance. I La dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© La dĂ©finition par la correspondance du jugement Ă  la rĂ©alitĂ© Blaise Pascal disait qu'un terme aussi simple que vrai » ne pourrait pas recevoir une dĂ©finition. On ne peut pas tout dĂ©finir car on arrive nĂ©cessairement Ă  des mots primitifs qu’on ne peut plus dĂ©finir » De l'esprit gĂ©omĂ©trique, 1657. Pourtant, il existe une dĂ©finition traditionnelle la vĂ©ritĂ© est l'adĂ©quation, la correspondance ou l'accord d'une reprĂ©sentation et de la chose reprĂ©sentĂ©e ». Pour dĂ©finir le concept de vĂ©ritĂ©, on a donc besoin de celui de rĂ©alitĂ©. La rĂ©alitĂ© est tout ce qui existe. Une proposition ou une reprĂ©sentation est vraie si et seulement si elle est en accord avec des objets rĂ©els. Dans l'AllĂ©gorie de la Caverne de Platon, les croyances des prisonniers sont fausses puisqu'elles ne correspondent pas au monde rĂ©el » mais seulement Ă  des illusions. pV = nRT » est vrai au sens strict ssi il y a des objets » dans la rĂ©alitĂ© la pression du gaz, le volume, la quantitĂ© de moles du gaz et la tempĂ©rature qui rendent cette expression vraie ». La rĂ©alitĂ© est un ensemble de faits ou de choses, la vĂ©ritĂ© est la propriĂ©tĂ© de pensĂ©es ou de phrases des jugements. La connaissance cherche donc des thĂ©ories vraies, c'est-Ă -dire les plus en accord avec la rĂ©alitĂ©. De la fausse monnaie est quelque chose de rĂ©el mais ce n'est pas vraiment ce que nous croyons, elle est qualifiĂ©e de fausse parce qu'elle crĂ©e des croyances fausses, des erreurs. Mais comment peut-on comparer les vraies reprĂ©sentations et les faits rĂ©els ? Ne connaissons-nous pas des faits que ce que nous pouvons en comprendre par l'intermĂ©diaire de nos thĂ©ories ? Cf. La Raison et la dĂ©monstration sur le problĂšme du critĂšre » de la vĂ©ritĂ© le dĂ©bat entre les Sceptiques et Descartes sur la vĂ©ritĂ©, la certitude et le doute Le critĂšre de cohĂ©rence formelle ou logique On peut ajouter Ă  la Correspondance l'idĂ©e de VĂ©ritĂ© comme CohĂ©rence. Il y a des thĂ©ories qu'on considĂšre comme vraies parce qu'elles sont dĂ©duites d'autres vĂ©ritĂ©s, mĂȘme si on ne peut pas connaĂźtre directement les faits rĂ©els. Par exemple, on n'a pas expĂ©rimentĂ© des faits sur un lointain passĂ© mais on peut se servir d'une forme de dĂ©duction rĂ©troactive Ă  partir de l'observation de faits actuels. Cf. La raison et la dĂ©monstration sur la notion de validitĂ© formelle. On peut ainsi dĂ©finir la vĂ©ritĂ© formelle d'une thĂ©orie que les propositions ne se contredisent pas les unes les autres par opposition Ă  sa vĂ©ritĂ© matĂ©rielle » qu'une thĂ©orie corresponde Ă  des faits. Une thĂ©orie vraie doit ĂȘtre cohĂ©rente, mais ce n'est pas suffisant. Plusieurs thĂ©ories distinctes peuvent ĂȘtre cohĂ©rentes et en accord avec ce qu'on croit savoir sans qu'on puisse toujours trancher. Doit-on supposer un autre critĂšre pour reconnaĂźtre une thĂ©orie vraie ? Le critĂšre pragmatiste » de la vĂ©ritĂ© Le philosophe et psychologue amĂ©ricain William James 1842-1910 a créé au dĂ©but du XX e siĂšcle une cĂ©lĂšbre dĂ©finition de la vĂ©ritĂ©, la dĂ©finition pragmatiste » du vrai. Pour James, on ne peut pas toujours savoir si une thĂ©orie correspond aux faits rĂ©els, mais on peut au moins savoir si elle nous convient, si elle semble fonctionner » pour les ĂȘtres humains, s'il y a des raisons pratiques pour y croire. A la mĂȘme Ă©poque, le mathĂ©maticien Henri PoincarĂ© 1854-1912 dĂ©fend que certaines hypothĂšses physiques doivent ĂȘtre acceptĂ©es comme de simples conventions commodes. Mais cette dĂ©finition confond les motifs psychologiques pour croire et la vĂ©ritĂ© objective. MĂȘme si une thĂ©orie semble ĂȘtre efficace et qu'on y croit, on peut encore se demander si elle est vraie. Un mĂ©dicament qu'on croirait efficace par simple effet placebo serait quand mĂȘme un faux mĂ©dicament s'il n'agit pas rĂ©ellement. Il faut donc bien un accord avec des faits rĂ©els et pas seulement la cohĂ©rence ou une convention pragmatique. La valeur de la vĂ©ritĂ© ne se rĂ©duit pas Ă  ce qui paraĂźt utile, car ce serait trop relatif. Mais on ne peut pas dĂ©montrer toutes nos opinions, il y a donc plusieurs degrĂ©s d'opinions plus ou moins vraisemblables ou plus ou moins fondĂ©es sur des arguments rationnels. II La valeur de la vĂ©ritĂ© La vĂ©ritĂ© a-t-elle nĂ©cessairement de la valeur ou faut-il dĂ©fendre l'illusion ? Friedrich Nietzsche p. 319 critique le fait que tous les philosophes disent vouloir chercher la vĂ©ritĂ© pour elle-mĂȘme parce qu'elle aurait plus de valeur que l'illusion. Cf. Aristote sur la valeur de la vie contemplative. Mais selon Nietzsche, il n'y a aucune preuve de cela il est peut-ĂȘtre faux que la vĂ©ritĂ© soit toujours Ă  rechercher. Nietzsche va donc plus loin que le pragmatisme pour lui, ce qui peut contribuer Ă  notre bonheur ou Ă  notre survie peut avoir plus de valeur que le concept de vĂ©ritĂ©. Cf. Cours sur le bonheur Bonheur et connaissance. Comme le dit Descartes, un bonheur fondĂ© sur l'illusion ne serait que temporaire, un faux bonheur. La vĂ©ritĂ© peut nous blesser sur le moment mais nous ne pourrions pas nous contenter d'illusions consolantes si nous savions en fait qu'elles sont fausses. La vĂ©ritĂ©, mĂȘme lorsqu'elle s'impose Ă  nous, peut nous libĂ©rer en nous libĂ©rant de nos prĂ©jugĂ©s Cours sur la libertĂ© II. II2 La VĂ©ritĂ© en Art Il y a des cas oĂč on peut en effet dĂ©fendre la valeur de l'illusion contre un souci de n'en rester qu'Ă  la rĂ©alitĂ© l'Art par exemple. Platon Ă©tait sans doute excessif dans la RĂ©publique quand il critique en l'artiste un simple imitateur de la rĂ©alitĂ© ou un illusionniste. Mais mĂȘme quand l'Art s'Ă©carte du rĂ©el, ne peut-on pas dire que c'est au contraire pour chercher encore la vĂ©ritĂ©, mais une expression nouvelle de la vĂ©ritĂ© qui n'Ă©tait pas connue dans l'expĂ©rience directe de la rĂ©alitĂ© ? Cf. Cours sur l'Art sur Hegel et III sur le statut de vĂ©ritĂ© subjective » des jugements esthĂ©tiques et de la critique en art. Le devoir de vĂ©racitĂ© a-t-il des limites ? On a vu qu'il faut chercher Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Mais a-t-on toujours le devoir de dire ce qu'on croit ĂȘtre la vĂ©ritĂ© ? Quand on prĂ©tend mentir pour de bonnes raisons, c'est souvent pour des prĂ©textes intĂ©ressĂ©s ou par lĂąchetĂ© cf. Cours sur le devoir moral Kant contre Benjamin Constant p. 318, mais on peut dĂ©fendre quand mĂȘme qu'on peut ne pas la dire dans n'importe quelle circonstance Ă  n'importe qui. III La recherche de la vĂ©ritĂ© et l'Ă©volution de la connaissance L'IdĂ©e de vĂ©ritĂ© absolue Cf. Introduction contre le Relativisme il y a des vĂ©ritĂ©s absolues et des vĂ©ritĂ©s relatives. Il y a certaines vĂ©ritĂ©s qui sont absolues, vraies de maniĂšre nĂ©cessaires et universelles. C'est par exemple le cas des vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques. Un thĂ©orĂšme dĂ©montrĂ© ne pourra jamais ĂȘtre rĂ©futĂ©. Mais cela ne veut pas dire que toute vĂ©ritĂ© absolue soit seulement une connaissance a priori ou bien une vĂ©ritĂ© objective car le Cogito de Descartes est un exemple d'une vĂ©ritĂ© certaine mais qui n'est connaissable que pour le Sujet qui en prend conscience. Les erreurs et les illusions La mĂ©thode scientifique cherche des moyens d'Ă©viter les erreurs. Pour Descartes dans les MĂ©ditations mĂ©taphysiques, IV, les erreurs ne viennent pas de limites de notre intelligence ou mĂȘme de nos sens, mais plutĂŽt du fait que nous voulons interprĂ©ter hĂątivement sans avoir assez d'information au lieu de suspendre notre jugement douter. En ce sens, l'erreur dĂ©pend de nous, elle est de notre faute. C'est encore plus clair avec l'illusion, qui est une erreur entretenue par nos dĂ©sirs. Cf. La religion Freud p. 317 Mais l'erreur n'a pas qu'un rĂŽle nĂ©gatif car il y a certaines thĂ©ories vraies qu'on ne peut atteindre qu'en ayant d'abord critiquĂ© et corrigĂ© nos prĂ©jugĂ©s et nos impressions. Comme le dit Hegel, en philosophie, une opinion excessive ou unilatĂ©rale peut ĂȘtre un moment nĂ©cessaire par lequel il fallait passer avant d'arriver Ă  la vĂ©ritĂ©. C'est ce que veut dire sa formule Ă©nigmatique Le Faux est un moment du Vrai » PhĂ©nomĂ©nologie de l'esprit, 1807. Comme le dit le philosophe des sciences Karl Popper, la mĂ©thode scientifique doit procĂ©der par conjectures et rĂ©futation, par le progrĂšs de l’esprit critique. Cf. La dĂ©monstration La vĂ©ritĂ© peut-elle changer ? Il y a des phrases qui sont vraies ou fausses relativement Ă  un lieu ou Ă  un temps. Mais cela ne veut pas dire que la VĂ©ritĂ© elle-mĂȘme change. Nos thĂ©ories sont plus ou moins vraies en se prĂ©cisant, en se meilleure thĂ©orie que ce soit en mathĂ©matiques ou dans les sciences empiriques est plus proche de la VĂ©ritĂ© en ce sens, mĂȘme si on doit admettre que sur les vĂ©ritĂ©s empiriques, on peut avoir plusieurs degrĂ©s de probabilitĂ© sans une vĂ©ritĂ© absolue cf. Bertrand Russell p. 313. Cela ne renonce pas pour autant au concept et Ă  la valeur de l'idĂ©e de VĂ©ritĂ©. Introduction On oppose gĂ©nĂ©ralement la discussion, l'Ă©change d'arguments Ă  l'Ă©change de coups, c'est-Ă -dire Ă  la violence. Ainsi, Il y aurait une diffĂ©rence de nature entre la discussion et la violence. La discussion serait pacifique et la violence ne le serait pas. Mais est-ce bien le cas ? On oppose Ă©galement la discussion au dialogue. Une discussion peut ĂȘtre violente et dĂ©boucher sur un Ă©change de coups, alors que le dialogue du grec dia, deux et logos, discours exclut normalement la violence. La parole serait immatĂ©rielle ; parler, ce n'est pas la mĂȘme chose qu'agir ou faire, donc la discussion exclurait la violence. On dit que deux personnes ont eu une violente ou une vive discussion, mais non qu'ils ont eu un dialogue violent. Il n'y a pas la violence d'un cĂŽtĂ© et les mots de l'autre, mais la violence peut rĂ©sider Ă©galement dans les mots, d'ailleurs elle commence avec les mots. Il y a des mots violents, les insultes ou les moqueries par exemple qui constituent des violences psychologiques. Le harcĂšlement moral ne s'accompagne pas forcĂ©ment de violences physiques, mais peut entraĂźner des consĂ©quences tout aussi graves. Selon l'OMS, la violence est l'utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces Ă  l'encontre des autres ou de soi-mĂȘme, contre un groupe ou une communautĂ©, qui entraĂźne ou risque fortement d'entraĂźner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problĂšmes de dĂ©veloppement ou un dĂ©cĂšs. La violence est observable chez les humains comme chez les animaux, ce qui indique sa dimension Ă©volutive et biologique. Chez l'animal, la violence est limitĂ©e par l'instinct, alors qu'elle est illimitĂ©e chez l'ĂȘtre humain, d'oĂč la nĂ©cessitĂ© de rĂ©guler la violence. Dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, cette rĂ©gulation s'opĂšre par le sacrĂ©. Dans les sociĂ©tĂ©s modernes, marquĂ©s par la division du travail entre individus fortement diffĂ©renciĂ©s, elle se fait pas le droit. Discuter, est-ce renoncer Ă  la violence ? Dans un premier temps, nous verrons que la discussion peut s'apparenter Ă  la violence, puis que le vrai dialogue implique la renonciation Ă  la violence et nous chercherons enfin quelles sont les conditions d'un dialogue authentique et non violent. 1. Discuter n'est pas forcĂ©ment renoncer Ă  la violence Discuter n'est pas forcĂ©ment renoncer Ă  la violence. On peut Ă©changer des paroles aussi violentes que des coups. Dans ce cas, les deux interlocuteurs demeurent des adversaires. Il s'agit de rendre parole pour parole, coup pour coup. Dans les "scĂšnes de mĂ©nage", les amants ou les Ă©poux ne cherchent pas Ă  dĂ©velopper des arguments, mais Ă  blesser et Ă  avoir le dernier mot. Et le dernier mot peut ĂȘtre "une parole qui tue", qui vous dĂ©truit psychologiquement, ce qui montre bien que la discussion peut ĂȘtre une forme de violence. Selon RenĂ© Girard La violence et le sacrĂ©, la violence provient d'un dĂ©sir d'appropriation d'un objet qui n'a de valeur que par le fait d'ĂȘtre dĂ©sirĂ© par l'autre, que RenĂ© Girard appelle le mĂ©diateur. Cette mimesis d'appropriation mimesis vient du grec imitation parce que les "doubles" s'imitent l'un l'autre engendre mĂ©caniquement la mimesis de rivalitĂ©, du fait que les deux protagonistes se dĂ©tournent de l' objet qu'ils dĂ©sirent pour s'intĂ©resser au mĂ©diateur qu'ils sont l'un pour l'autre. Cette mimesis d'appropriation existe aussi chez les animaux, comme on le voit par exemple dans le marquage du territoire ou la rivalitĂ© sexuelle. La diffĂ©rence avec l'homme, c'est que chez l'homme elle n'est pas rĂ©gulĂ©e par l'instinct, si bien qu'elle peut aller jusqu'Ă  la mort de l'autre et de proche en proche de la communautĂ© tout entiĂšre, d'oĂč les prĂ©cautions extrĂȘmes prises contre la violence mimĂ©tique dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles interdiction de l'inceste, exogamie, etc. et des pratiques qui nous paraissent incomprĂ©hensibles et contradictoires comme les tabous qui prohibent totalement tout ce qui pourrait entraĂźner la violence et les rituels qui la permettent sous la forme limitĂ©e du sacrifice. On peut rapprocher l'analyse de la violence que fait RenĂ© Girard de la "lutte pour la reconnaissance" de Hegel dans le passage de PhĂ©nomĂ©nologie de l'Esprit oĂč il est question de la "dialectique du maĂźtre et de l'esclave". Dans L'art d'avoir toujours raison Schopenhauer explique ironiquement comment s'y prendre pour avoir toujours le dernier mot. Il expose une sĂ©rie de stratagĂšmes permettant de l'emporter lors de controverses, indĂ©pendamment de la vĂ©ritĂ© du point de vue que l'on soutient. Schopenhauer cherche Ă  distinguer ces stratagĂšmes afin de pouvoir les dĂ©noncer. Schopenhauer nomme l'art d'avoir toujours raison "la dialectique Ă©ristique" Ă©ristique vient d'un mot grec qui signifie combat. La dialectique Ă©ristique est une technique de controverse qui repose sur la distinction entre la vĂ©ritĂ© et l'apparence de la vĂ©ritĂ©. Son but est de convaincre les auditeurs que l'on a raison, mĂȘme si l'on a objectivement tort en faisant passer l'apparence de la vĂ©ritĂ© pour la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme. Selon Pierre Bourdieu, notre maniĂšre de parler reflĂšte les positions de force et de domination qui traversent la sociĂ©tĂ©. Il ne suffit donc pas de renoncer Ă  la force dans la discussion pour Ă©chapper Ă  la violence qui peut ĂȘtre symbolique. 2. Le vrai dialogue implique la renonciation Ă  la violence Dans le Gorgias, CalliclĂšs affirme que "le beau et le juste selon la nature, c'est que pour bien vivre, il faut entretenir en soi-mĂȘme les plus fortes passions au lieu de les rĂ©primer, et qu'Ă  ces passions, quelques fortes qu'elles soient, il faut se mettre en Ă©tat de donner satisfaction par son courage et son intelligence, en leur prodiguant tout ce qu'elles dĂ©sirent". Autrement dit, le beau et le juste consistent Ă  se passer de la morale et Ă  faire ce qui nous plaĂźt. CalliclĂšs n'apprĂ©cie pas la philosophie et considĂšre le dialogue comme un jeu, c'est-Ă -dire qu'il ne peut dĂ©boucher sur aucune vĂ©ritĂ©. Il ne croit pas Ă  la maĂŻeutique. Il ne veut pas se laisser accoucher par Socrate de cet enfant plus beau que la violence, de cette vĂ©ritĂ© plus haute que la violence verbale au service de l'Ă©goĂŻsme et de la volontĂ© de puissance. il n'est pas convaincu par les dĂ©monstrations de Socrate et demeure dans son opinion initiale. CalliclĂšs s'oppose donc Ă  la discussion comme au dialogue et son refus est une forme de violence car il correspond bien au point de vue qu'il dĂ©fend le juste et le beau consistent Ă  se passer de la morale qui ne vaut que pour les faibles et Ă  faire ce qui nous plaĂźt. La discussion s'oppose Ă  la guerre et la guerre lui fait place sous la forme de pourparlers de paix, qui laissent la parole aux diplomates. Mais pour que les discussion dĂ©bouchent sur une paix durable, il faut que les interlocuteurs soient de bonne volontĂ© et n'aient pas "une idĂ©e derriĂšre la tĂȘte", comme Ă  Munich en 1938. La discussion implique la volontĂ© sincĂšre de se mettre d'accord, de faire des concessions et de renoncer Ă  la violence. 3. les conditions d'un dialogue authentique et non violent Le philosophe JĂŒrgen Habermas dĂ©veloppe de son cĂŽtĂ© l'idĂ©e d'un principe de discussion capable de remplacer l'ImpĂ©ratif catĂ©gorique. Kant pense qu'il est possible de se mettre d'accord rationnellement sur ce qui est juste et injuste, mais que l'Ă©valuation des normes s'opĂšre dans la conscience de chacun. Habermas considĂšre que l'accord rationnel sur le juste et l'injuste passe par le dialogue. Nous dĂ©terminons si une rĂšgle de conduite et d'action ou un comportement sont moraux par une discussion qui doit ressembler autant que possible Ă  une situation de libertĂ© de parole absolue et de renoncement aux comportements "stratĂ©giques" apparentĂ©s Ă  la "dialectique Ă©ristique" que dĂ©veloppe Schopenhauer dans l'art d'avoir toujours raison. Au lieu d'imposer mon point de vue personnel aux autres comme une vĂ©ritĂ© qui vaut aussi pour les autres, je dois soumettre mon opinion Ă  tous les autres afin d’examiner par la discussion sa prĂ©tention Ă  l’universalitĂ©, explique Habermas dans Morale et communication, ainsi s’opĂšre un glissement le centre de gravitĂ© ne rĂ©side plus dans ce que chacun souhaite faire valoir, sans ĂȘtre contredit, comme Ă©tant une vĂ©ritĂ© universelle, mais dans ce que tous peuvent unanimement reconnaĂźtre comme une vĂ©ritĂ© universelle. Karl-Otto Appel se demande comment mettre en place une discussion oĂč les Ă©changes ne soient pas dominĂ©s par l'instrumentalisation stratĂ©gique de la communication, mais plutĂŽt orientĂ©s vers l'entente et l'intercomprĂ©hension. Comment un responsable politique peut-il continuer Ă  faire valoir les exigences d'une discussion argumentĂ©e face Ă  la menace de l'usage de la violence ou Ă  l'instrumentalisation cynique du discours ? Pour Apel, il faut fonder une Ă©thique de la discussion. Le principe moral de la discussion permet de domestiquer par le dialogue public les violences et les rapports de force propres au systĂšme politique. Le nom de Karl-Otto Apel est souvent associĂ© Ă  celui de JĂŒrgen Habermas. Les deux hommes Ă©taient amis et s'estimaient mutuellement, mais n'Ă©taient pas toujours d'accord, tĂ©moignant du fait qu'une communication authentique repose avant tout sur une exigence de vĂ©ritĂ© qui dĂ©passe la personne, les intĂ©rĂȘts, les convictions et l'amour propre des deux interlocuteurs. Jaspers nommait l'absolu de la recherche de la vĂ©ritĂ© dans la communication existentielle "le combat par amour" liebender Kampf. Apel et Habermas mettent l'accent sur la notion de "communication" qu'ils placent au cƓur de leur rĂ©flexion sur la morale, sur la politique et sur le droit. Puisque l'homme est un "animal parlant", "zoon logikon" Aristote dont le comportement n'est pas rĂ©glĂ© par l'instinct, mais par la pensĂ©e et le langage, c'est Ă  travers la rĂ©flexion sur le langage que l'on pourra trouver les normes d'un conduite authentiquement humaine. Une telle conduite ne saurait ĂȘtre fondĂ©e, comme l'a montrĂ© Kant, sur la nĂ©cessitĂ© les lois de la nature, mais sur le devoir, non sur l'intĂ©rĂȘt ou mĂȘme le bonheur comme dans la pensĂ©e antique, mais sur la raison et la libertĂ©. Kant Ă©voque un individu seule face Ă  sa conscience, confrontĂ© Ă  la nĂ©cessitĂ© de se dĂ©cider en fonction de l'impĂ©ratif catĂ©gorique - le mĂȘme, formulĂ© de quatre façons diffĂ©rentes - et non d'un impĂ©ratif hypothĂ©tique centrĂ© sur l'intĂ©rĂȘt personnel "Agis seulement d'aprĂšs la maxime grĂące Ă  laquelle tu peux vouloir en mĂȘme temps qu'elle devienne une loi universelle." Fondements de la mĂ©taphysique des mƓurs. L'impĂ©ratif catĂ©gorique est indissociablement centrĂ© sur soi mĂȘme et sur autrui, comme le montre sa deuxiĂšme formulation "Agis de telle façon que tu traites l'humanitĂ©, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en mĂȘme temps comme fin et jamais simplement comme moyen." Apel et Habermas dĂ©veloppent cet aspect de la morale kantienne en montrant que le devoir moral s'inscrit dans un dialogue intersubjectif qui suppose la sincĂ©ritĂ© au moins dans l'intention, l'authenticitĂ©, la vĂ©racitĂ© et la justesse de la parole et dont ils se proposent de montrer les conditions de possibilitĂ©. Ils affirment par ailleurs que le "point de vue moral" ne concerne pas seulement les relations intersubjectives, mais aussi les relations entre les personnes en tant que citoyens, entre les citoyens et l'Etat pour la constitution et le maintien d'un authentique Etat de droit, ainsi qu'entre les Etats, comme l'avait fait Kant dans son Projet de paix perpĂ©tuelle. Apel et Habermas mettent donc l'accent sur le langage et sur la communication, en insistant sur la dimension intersubjective parce qu'elle est au cƓur de la rĂ©alitĂ© humaine, sur l'importance de la notion d'autrui, presque inexistante dans la pensĂ©e traditionnelle, y compris chez Descartes et qui va devenir essentielle Ă  partir de Hegel le conflit des consciences dans la dialectique du maĂźtre et de l'esclave - , dans la phĂ©nomĂ©nologie de Husserl et de ses continuateurs Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty et Emmanuel LĂ©vinas. Les deux hommes ont manifestĂ© un intĂ©rĂȘt commun pour la philosophie analytique Peirce, Russel, Ayer, Wittgenstein... et les thĂ©ories des actes de langage Austin, Searle selon lesquelles tout acte de parole implique une prĂ©tention Ă  la vĂ©ritĂ© et se sont aventurĂ©s sur un chemin esquissĂ© par Wittgenstein d'une Ă©thique fondĂ©e sur l'examen du langage et sur la valeur de vĂ©ritĂ© des propositions. RĂ©cusant la neutralitĂ© ou le scepticisme axiologique de la dĂ©marche logico-scientifique, Ă  la lumiĂšre des Ă©vĂ©nements passĂ©s le nazisme et la seconde guerre mondiale et rĂ©cents la guerre du Kosovo, ils ont rĂ©solument replacĂ© l'Ă©thique de la discussion au cƓur de la pensĂ©e. 4. D'oĂč provient le refus de discuter ? Mais d'oĂč provient le refus de discuter ? D'aprĂšs Hegel, d'une certaine forme de pensĂ©e qui considĂšre a priori que le dialogue est inutile parce qu'on rĂ©duit l'autre Ă  un seul de ses attributs. "Cet homme est mon valet" on peut dire que le maĂźtre du valet ne retient de son serviteur qu'un aspect particulier accidentel de sa personne. Il est un valet et toute autre chose qu'un valet, par exemple il possĂšde la facultĂ© d'observer et de raisonner qui peut ĂȘtre plus dĂ©veloppĂ©e que celle de son maĂźtre, comme en tĂ©moigne Jacques le fataliste de Diderot, Ɠuvre que cite favorablement Hegel. Hegel cite un autre exemple de pensĂ©e rĂ©ductrice, celle du soldat que l'on peut rouer de coups car on l'a prĂ©alablement dĂ©fini comme une "canaille". Il est par essence une canaille, mĂȘme s'il n'a rien fait pour mĂ©riter d'ĂȘtre puni et on peut donc le rouer de coup. "La violence de l'abstraction, commente Ari Simhon dĂ©bouche sur la violence rĂ©elle oĂč un homme, parce qu'il est rĂ©duit Ă  sa particularitĂ© de subordonnĂ©, Ă  sa qualitĂ© de soldat ordinaire et donc bastonnable, ouvre droit, par cette qualitĂ© qu'il est, de ce point de vue, Ă  la violence que peut exercer sur lui son supĂ©rieur. Ce faisant, c'est-Ă -dire en le bastonnant, cet officier pense abstraitement et, rĂ©duisant l'homme Ă  sa qualitĂ© de subordonnĂ©, puis le subordonnĂ© Ă  la qualitĂ© de bastonnable, se rĂ©duit lui-mĂȘme Ă  cette particularitĂ© d'ĂȘtre officier. Le mĂ©pris n'est pas voilĂ© pour celui dont on devine qu'il n'est alors, hĂ©gĂ©liennement, qu'une "espĂšce d'officier". Le refus de discuter provient du fait de ne pas considĂ©rer l'autre comme un interlocuteur valable. 5. Les enjeux actuels du problĂšme La cause principale de la violence dans la discussion ou dans l'absence de discussion est le fait de classer celui que l'on considĂšre comme un "adversaire" dans une catĂ©gorie bien dĂ©finie. Toute dĂ©termination dit Spinoza est une nĂ©gation. "Noir", "blanc", "femme", "LGBT", minoritĂ© opprimĂ©e, ces dĂ©termination sont pertinentes, mais incomplĂštes, unilatĂ©rales. Hegel nous invite Ă  les intĂ©grer dans un vision plus large qui les dĂ©passe sans les supprimer, bref, Ă  ne pas penser abstraitement, Ă  ne pas rĂ©duire un individu Ă  la couleur de sa peau, son genre, son orientation sexuelle. Le propre du discours raciste est de gĂ©nĂ©raliser, mais aussi dĂ©sormais celui d'un certain discours anti-raciste. "Tenaille identitaire. Pourquoi "tenaille" Ă©crit Gilles Clavreul, parce que ces propositions que tout oppose politiquement par exemple celle des suprĂ©matistes amĂ©ricains et des celle des "wokes", s'articulent nĂ©anmoins autour d'un mĂȘme axe. Elle prĂ©tendent rapporter ce que l'on dit Ă  ce que l'on pense et ce que l'on pense Ă  ce que l'on est. Ce faisant, le tout identitaire Ă©touffe petit Ă  petit la conversation dĂ©mocratique, rabattant le citoyen sur l'individu et l'individu sur ses attaches, sa naissance, son genre ou encore la religion dans laquelle il a Ă©tĂ© Ă©levĂ©, il assigne Ă  chacun des positions fixes et tue l'idĂ©e de dĂ©libĂ©ration collective. Second attribut de la tenaille la pression de la pince gauche accentue celle de la pince droite, et rĂ©ciproquement. Elles s'entre-alimentent dans une surenchĂšre d'anathĂšmes et de procĂšs en sorcellerie oĂč chacun est sommĂ© de prendre parti ou enrĂŽlĂ© de force dans l'un ou l'autre camp." Conclusion la violence ne s'oppose pas Ă  la discussion car certaines discussion peuvent ĂȘtre trĂšs violences, mĂȘme sans violence physique quand elles cherchent Ă  imposer son point de vue et Ă  discrĂ©diter ou Ă  dĂ©truire l'adversaire. Schopenhauer nomme l'art d'avoir toujours raison la dialectique Ă©ristique et cherche Ă  mettre en lumiĂšre ses procĂ©dĂ©s pour mieux les dĂ©noncer. Comme le montre le Gorgias de Platon, tout dialogue authentique implique la renonciation Ă  la violence et la volontĂ© sincĂšre de jouer le jeu du dialogue. Karl-Otto Appel et JĂŒrgen Habermas, trĂšs marquĂ©s par les tragiques Ă©vĂ©nements du XXĂšme siĂšcle tentent de mettre en place une Ă©thique de la discussion. Une des causes de la violence verbale, mais qui peut dĂ©boucher sur la violence physique est le fait de classer l'autre que l'on considĂšre a priori comme un "ennemi" dans une catĂ©gorie dĂ©finie a priori. Selon Gilles Clavreul, "le tout identitaire Ă©touffe petit Ă  petit la conversation dĂ©mocratique, rabattant le citoyen sur l'individu et l'individu sur ses attaches, sa naissance, son genre ou encore la religion dans laquelle il a Ă©tĂ© Ă©levĂ©, il assigne Ă  chacun des positions fixes et tue l'idĂ©e de dĂ©libĂ©ration collective." Devoir de philosophie . Douter, est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Dans l’usage courant le mot douter se rapporte Ă  une interrogation, un manque de certitude ou une mĂ©fiance quant ? la sincĂ©ritĂ© de quelque chose ou quelqu’un. Le doute revient ? admettre qu’on ne sait pas. Le verbe renoncer se rattache Ă  un abandon et un dĂ©sistement. La vĂ©ritĂ© a ici un sens plus complexe. On peut la dĂ©finir en disant que constat descriptif de la rĂ©alitĂ©. On viendra donc Ă  se demander Le doute dĂ©truit-il la vĂ©ritĂ© ? On verra tout d’abor est destructeur puis chemin de la vĂ©ritĂ©. Dans certains cas la p g itĂ© dogmatique -tre vue comme le . Par lĂ  on entend qu’elle est une affirmation considĂ©rĂ©e comme fondamentale, incontestable et intangible par une autoritĂ© politique, philosophique ou religieuse. Les premiĂšres personnes Ă  qui on pense lorsque l’on Ă©voque cela sont les fanatiques religieux. Quand on dit fanatisme, on Ă©voque obstination, entĂȘtement, croyance aveugle et acharnement sans limite. Le fanatisme nous rend sourd et compacte ce qui ne nous met dans une situation de renfermement par rapport Ă  l’extĂ©rieur et surtout vis-Ă -vis aux vis, idĂ©es ou remarques. La vĂ©ritĂ© devient abstraite car seule la notre reste vrai. CĂ©crivain français du 19Ăšme siĂšcle Victor Hugo d dit » Rien n’égale la puissance de surditĂ© volontaire des fanatismes. . par lĂ  l’écrivain appui le fait que les fanatiques ont une vision rĂ©duite de la vĂ©ritĂ©. En doutant de leurs idĂ©es religieuses tout est remit en question, voir dĂ©truit. La question a t-il un paradis oĂč l’on va aprĂšs la mort ? » peut engendrer une confusion considĂ©rable. Les croyants pourraient se poser des questions comme Pourquoi agir de telle ou telle façon si rien e nous attend aprĂšs ?. La croyance religieuse repose sur une certitude qui est la sienne et qui pour fonctionner, ne doit pas ĂȘtre douter. Cautre forme de vĂ©ritĂ© dogmatique est la superstition. La superstition se dĂ©finit comme un ensemble de croyances et de pratiques irrationnelles en contradiction avec l’ordre de la nature et la raison. C’est une relation inexplicable entre deux Ă©lĂ©ments qui ne sont pas logiques. Les gens rĂ©ellement superstitieux sont rares. Par exemple le numĂ©ro treize est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme un chiffre porte-malheur. Bien que cette superstition est idiculisĂ©e par beaucoup de personnes, certaines personnes annulent tout rendez-vous un vendredi treize. MĂȘme ceux qui ne croient pas en de telles superstitions, ne sont pas surpris lorsque pleins de malheurs se produisent un vendredi treize. Cette superstition devient donc une vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©ral incontestable qui n’a Ă©tĂ© en aucun cas dĂ©montrĂ©. La superstition religieuse existe aussi. Elle est en gĂ©nĂ©ra 2 OF s incontestable qui n’a Ă©tĂ© en aucun cas dĂ©montrĂ©. La superstition religieuse existe aussi. Elle est en gĂ©nĂ©ral plus dangereuse » que celle de fait commun comme le chiffre treize. Si cette superstition est brisĂ© » elle peut menĂ© au malheur et au dĂ©sespoir. Elle n’est elle aussi pas contestable. Le philosophe Kant dans son texte Les Maximes fondamentales de la raison accuse la superstition d’ĂȘtre un simple prĂ©jugĂ©. Pour lui la superstition a renoncĂ© ? faire un usage proprement rationnel de sa raison. Le philosophe conseil de ne pas s’enfermer dans sa logique qui n’est peut ĂȘtre pas la bonne. Dans les deux cas Ă©voquĂ©s le doute de la vĂ©ritĂ© est dĂ©vastateur. Il dĂ©truit une vĂ©ritĂ© qui est dite incontestable h. De ce fait elle disparaĂźt. Le doute n’est pas un renoncement Ă  la vĂ©ritĂ©, c’est au contraire une façon de le chercher. Platon affirmait que l’origine de la philosophie est l’étonnement, c’est-Ă -dire cette attitude qui consiste Ă  s’interroger, Ă  ne pas se satisfaire des rĂ©ponses toutes faites et des opinions. Le philosophe ne possĂšde pas la vĂ©ritĂ©, il la recherche. Certains philosophes comme Socrate par exemple pense que la reconnaissance de sa propre ignorance est la condition pour trouver la vĂ©ritĂ©. Le doute permet de trouver la vĂ©ritĂ© lorsqu’on parle d’illusion par exemple. ne illusion est une pparence trompeuse, une perception fausse, un jugement erronĂ©,
 Le philosophe Platon parle de cell 3 OF s une perception fausse, un jugement erroné . Le philosophe Platon parle de celle-ci dans le texte La RĂ©publique. Dans l’extrait du mythe de la caverne, Platon met en scĂšne des prisonniers ligotĂ©s de tel sorte qu’il tourne le dos Ă  la lumiĂšre et qu’ils ne voient que des ombres, sans savoir ce qu’elles sont. Ils sont par la suite libĂ©rĂ©. Les prisonniers souffrent d’éblouissement, d’excĂšs de lumiĂšre et de traumatisme. Page 1 sur 2 Finalement les sujets sont forcĂ©s e sortir physiquement et mentalement de la caverne. Une fois dehors ils s’habltuent Ă  la lumiĂšre. Grace une la rĂ©flexion et au doute, ils se rendent compte de l’illusion dont ils ont Ă©tĂ©s victimes. Ces hommes Ă©taient prisonniers des apparences car ils ne remettaient pas en doute ce qu’ils voyaient. Le doute relativement Ă  la connaissance est alors dĂ©fini comme le contraire de l’adhĂ©sion donnĂ© sans preuve Ă  une idĂ©e, le doute est le recul nĂ©cessaire de la rĂ©flexion pour s’habituer Ă  la lumiĂšre de la raison. Le doute progressif s’applique aux vĂ©ritĂ©s scientifiques. Celles-ci e sont pas seulement provisoires, elles font l’objet d’un questionnement permanent dans le but de les remettre en question et de les tester. Les savants partent toujours du principe que leurs thĂ©ories sont peut-ĂȘtre fausses et qu’ils doivent les renforcer en les soumettant Ă  des nouvelles expĂ©riences ou en les exposant Ă  d’autres thĂ©ories concurrentes. De ce point de vue, la vĂ©ritĂ© ne peut 4 OF S expĂ©riences ou en les exposant Ă  d’autres thĂ©ories concurrentes. De ce point de vue, la vĂ©ritĂ© ne peut jamais ĂȘtre dĂ©finitive au sens ou, si certaines thĂ©ories sont considĂ©rĂ©es comme vraies car on a pas montrĂ© qu’elles Ă©taient fausses, il n’en reste pas moins que le savoir absolu n’est pas atteint et que le progrĂšs de la connaissance en gĂ©nĂ©ral est susceptible d’aboutir a une remise en cause de que l’on considĂ©rait jusque lĂ  comme vrai. Selon Descartes l’idĂ©e devient vrais » lorsqu’elle est soumise ? l’examen du doute. A travers ce doute on dĂ©crypte un secret, on dĂ©couvre une rĂ©alitĂ© cachĂ©. Quand une vĂ©ritĂ© est dĂ©couverte elle prend son sens, sa puissance. Grace Ă  ces deux cas on voit que le doute peut ĂȘtre la dĂ©marche de la vĂ©ritĂ©. AprĂšs avoir vue le caractĂšre destructeur du doute sur la vĂ©ritĂ© et le contraire, son caractĂšre progressif on peut en conclure que la vĂ©ritĂ© Ă©voque une notion de dĂ©passement. Son cote dogmatique ne s’applique qu’à une toute petite partie de la population, alors que le doute qui nous mĂšne Ă  la vĂ©ritĂ© nous concerne tous. Mais la vĂ©ritĂ© est surtout en mouvement. Les philosophes Bachelard et Hegel pense tous les deux que la vĂ©ritĂ© n’est ni dĂ©finitive ni absolue. Elle a un caractĂšre inĂ©puisable , on peut toujours rajouter Ă  celle-ci. Elle est rectifiable de façon permanente.

douter est ce renoncer à la vérité